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Le sympathisant

Le livre "Le sympathisant" de Viet Thanh Nguyen.
Le livre « Le sympathisant » de Viet Thanh Nguyen.

L’agent double du roman « Le sympathisant » est un homme seul que rien ne va dtourner de son idal politique, un peu comme pour le soldat japonais Hiro Onada que l’on retrouve dans un autre excellent livre intitul « Au nom du Japon ».

« Le sympathisant » est un voyage entre le Saïgon de 1975 et la côte ouest-amricaine des annes » 80. Le roman dcrit la vie d’un agent double dans la rgion où il est n, l’Indochine coloniale, puis plus tard dans la nouvelle existence qu’il s’est recre aux Etats-Unis. Cet homme de l’ombre, en qui son gnral de l’arme du Sud Vietnam a parfaitement confiance, transmet par messages cods des informations aux communistes du Nord Vietnam.

L’intrêt du roman tient la façon dont l’auteur prsente les propos et penses du personnage principal. Cet agent double anonyme est un parfait analyste du monde dans lequel il vit et n’hsite pas une seconde commenter ses observations avec une grande acuit et aussi, parfois, avec un minimum de diplomatie. Les thèmes graves autant que l’humour et le cynisme ont souvent leur place, au grand plaisir du lecteur. En voici quelques passages :

« […] les mêmes hommes qui ricanent l’ide que les licornes puissent exister croiront dur comme fer, les larmes aux yeux, dans l’existence d’une espèce encore plus rare, plus mythique, qu’on ne trouve que dans les ports les plus reculs ou dans les recoins sombres et cachs des tavernes les plus sordides : je veux parler de la fameuse prostitue au cœur d’or. Je puis vous assurer que si les prostitues ont quelque chose en or, ce n’est pas leur cœur. Que certains puissent ne pas le croire est un hommage aux grandes comdiennes. » (p.56-57)

« Je note simplement que l’apparition de prostitues indigènes au service de soldats trangers est une consquence invitable de toute guerre d’occupation, un de ces vilains petits effets collatraux de la dfense de la libert, que les femmes, sœurs, fiances, mères, pasteurs et politiciens du fin fond de l’Amrique font tous mine d’ignorer, derrière leurs murs de sourires lustrs, en accueillant leurs soldats de retour au pays, prêts soigner n’importe quelle maladie honteuse avec la pnicilline de la bont amricaine. » (p.57-58)

« Il avait clou un beau tapis oriental au mur, dfaut, je suppose, d’un Oriental tout court. » (p.88)

« Une fois capturs, ces subversifs avaient une seule destination, mais nombreux taient les chemins dsagrables pour y parvenir. » (p.111)

« C’tait l qu’tait n le criminel de guerre Richard Nixon, et l que rsidait John Wayne, un coin si frocement patriote que je pensais que l’agent orange avait t fabriqu ici, ou en tout cas baptis en son honneur. » (p.126)

« Il parlait la bouche pleine et ouverte, envoyait de temps en temps un bout de riz sur ma joue, sur mes cils, ou dans mon propre bol, et mangeait avec un tel bonheur que je ne pus m’empêcher d’prouver tendresse et piti devant tant d’innocence. » (p.129)

« J’avais cru, naïvement, pouvoir dtourner l’organisme hollywoodien de son objectif, la lobotomisation et le dtroussement simultans des spectateurs du monde entier. » (p.177)

« […] des pages centrales voquaient les rcents meurtres non lucids de dissidents politiques et leurs corps cribls de balles jets en pleine rue. Dans une situation troublante de ce genre, tous les corps cribls mènent un cribleur en chef, le dictateur. » (p.197)

« La mission d’un espion n’est pas de se cacher l où personne ne peut le voir, puisque lui-même ne pourra rien voir non plus. La mission d’un espion est de se cacher l où tout le monde peut le voir et où il peut tout voir. » (p.227)

« […] et un Blanc, grand et mince, portant un costume bleu pastel, une cravate motifs cachemires aussi paisse qu’Elvis Presley et une chemise couleur de l’urine après un repas d’asperges. » (p.258)

« Dans les ngociations, comme dans les interrogatoires, le mensonge tait non seulement acceptable, mais attendu. » (p.262)

« Elle m’insulta si copieusement, et avec une telle inventivit verbale, que je dus consulter autant ma montre que mon dictionnaire. » (p.292)

« Les journalistes sont toujours gênants quand ils sont indpendants. » (p.296)

« Je vais vous dire quel est mon rêve amricain, dit-il en tenant le micro avec une dlicatesse qu’on rserverait un bâton de dynamite ». (p.302)

« Dehors s’tendrait un immense green de golf consommant plus d’eau qu’une mtropole du tiers-monde, et des quatuors de banquiers virils y pratiqueraient ce sport dont la maîtrise exigeait la fois la force brutale, et guerrière, requise pour viscrer les syndicats et toute la finesse ncessaire une bonne vasion fiscale. » (p.319)

« J’avais devant moi plusieurs spcimens reprsentatifs de la crature la plus dangereuse de tous les temps : le Blanc en costume-cravate ». (p.320)

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Bonne lecture!

Titre : Le sympathisant

Auteur : Viet Thanh Nguyen

Editions : Belfond, 2017

ISBN : 978-2-7144-7565-7

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Comportement humain

Livre: Au nom du Japon

Livres: Au nom du Japon
Livres: Au nom du Japon

Même si la Seconde Guerre mondiale est termine et que l’armistice est sign en 1945, quatre Japonais continuent de se cacher sur l’île de Lubang, dans les Philippines, attendant l’ordre officiel de leur suprieur de rendre les armes. Ils ont t oublis l, dans la jungle, et continuent de survivre du mieux qu’ils le peuvent en vitant les patrouilles parties leur recherche pour leur dire que la guerre est termine. Ils continuent d’accumuler des informations sur l’île pour les services de renseignements en esprant être utiles au moment où aura lieu un ventuel dbarquement japonais qui chassera les Amricains de l’île. Les annes passent et il ne restera plus qu’un seul soldat japonais, Hiro Onada, qui rendra finalement les armes en 1974, trente ans plus tard!

Le livre est une leçon de survie en milieu hostile. La discipline et la dbrouillardise qui sont requises pour subsister et assurer leur scurit sont extrêmement impressionnantes. Onada, même s’il s’est enfonc progressivement dans une ralit alternative, fait preuve d’une tnacit absolument remarquable.

Voici un passage qui montre la ralit de la jungle : « […] Il y a galement beaucoup d’abeilles sur l’île. D’immenses essaims volent dans les zones broussailleuses au pied des montagnes. J’en ai vu qui faisaient trente mètres de large et cent de long, volant ici et l avec des changements de direction imprvisibles. Si nous rencontrions l’un de ces essaims, la seule chose faire tait de retourner dans les bois ou bien, si nous n’en avions pas le temps, de nous couvrir la tête avec la toile de notre tente ou nos vêtements et de nous allonger par terre. Si nous faisions le moindre mouvement, elles passeraient l’attaque. Nous devions respirer le plus doucement possible, jusqu’ ce que l’essaim soit pass. » (p.216)

En 1957, des bombardements dans le voisinage les rassurent que la guerre continue. Mais ce sont des exercices militaires de l’arme de l’air philippine, et non une attaque amricaine.

Onada et QAnon

Au fur et mesure que les annes passent, d’innombrables occasions seront offertes aux soldats pour raliser que la guerre est termine. Ils auront même ventuellement accès une radio. Peu importe : tout ce qui sera lu, entendu ou dcouvert par hasard ne sera, selon eux, que le fruit d’une dsinformation provenant de l’ennemi.

la lecture de cette histoire vcue, il est possible de faire un rapprochement entre le tmoignage d’Onada, le guerrier japonais isol dans sa jungle, et un adepte de QAnon : les deux ne peuvent accepter une dfaite et croient en une mission presque divine. Comme le dit si bien Onada lui-même : «  cette poque, Kozuka et moi avions dvelopp tellement d’ides fixes que nous tions incapables de comprendre tout ce qui en diffrait. Si quelque chose ne correspondait pas notre vision des choses, nous l’interprtions de façon lui donner la signification que nous voulions » (p.192).

Lorsqu’une personne est progressivement amene croire une ralit alternative et qu’elle dcide de s’y accrocher pour sa sant mentale ou physique, ou les deux, une même conclusion demeure : peu importe les preuves, les discours, les nouvelles ralits qui seront prsentes, cette personne continuera persister dans sa ligne de pense. Il faudra qu’un vnement dramatique se produise dans sa vie pour qu’elle dcide peut-être de changer de voie et de revenir la ralit objective.

Bonne lecture!

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Titre : Au nom du Japon

Auteur : Hiro Onada (traduit par Sbastien Raizer)

Editions : La manufacture de livres

© Hiro Onada, 1974. Rdit en 2020 pour la version française.

ISBN : 978-2-35887-268-3

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Biographies et autobiographies

J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond.

J'aurais pu devenir millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond.
J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond.

Avant de lire ce livre, je n’avais jamais entendu parler de John Muir. Et pourtant! Il a fond le dsormais clèbre Sierra Club et a t le crateur du parc national de Yosemite. C’tait un gnie, inventeur de machines complexes et, en même temps, un explorateur des milieux naturels comme il ne s’en fait plus aujourd’hui.

C’tait un être intressant tous les points de vue, dot d’une nergie incroyable et d’une sant de fer. Il a parcouru pied des milliers de kilomètres dans les forêts encore sauvages des Etats-Unis. Originaire de l’Ecosse, il a quitt ce pays l’âge de dix ans pour venir s’tablir aux Etats-Unis avec sa famille.

Jeune adulte, c’tait un travailleur infatigable qui n’hsitait pas perdre plusieurs heures de prcieux sommeil pour laborer dans le sous-sol familial des pendules et autres machines faites de bois qui l’ont rendu clèbre.

En 1903, sa rputation de marcheur solitaire dans les forêts de Californie fit en sorte que même le prsident amricain Thodore Roosevelt lui demanda la faveur de passer quelques jours en sa compagnie dans la grande « Sauvagerie » sans être drangs. L, ils discutèrent de l’urgente ncessit de protger l’environnement et de crer des parcs nationaux.

L’auteur Alexis Jenni, crivain français qui a reçu le prix Goncourt en 2011 pour « L’Art français de la guerre » y va de plusieurs observations personnelles et il se compare, bien humblement je dois le dire, John Muir, car lui aussi possède cet intrêt profond pour le respect de la nature sans toutefois avoir la rsistance extraordinaire de Muir.

propos de la dette cologique, il crit : « Le concept de la dette cologique est rcent, un peu flou, mais très utile, car il vise mesurer une variable cache : il est des dveloppements conomiques spectaculaires qui se font par l’exploitation d’une ressource dont le coût n’est pas comptabilis. On prend en compte le prix de l’exploitation, mais pas celui du manque, celui-ci constituant une dette cologique qui se paiera plus tard. Cela concerne l’eau, les forêts, la faune marine, tout ce que l’on prlève sans compter en estimant que c’est inpuisable ». (p.205)

Henry David Thoreau, dont la rputation n’est plus faire, est galement mentionn dans le livre, mais surtout dans le but de diffrencier l’intensit de l’exprience face la nature entre Thoreau et Muir. Alors que Muir vcut pendant des annes seul au cœur des forêts les plus sauvages d’Amrique, Thoreau vivait tout près de la ville et tait considr comme un ermite. Comme le dit l’auteur : « On comprend bien que “vie sauvage”, dans les deux cas, n’a vraiment pas le même sens. Muir est un peu enthousiaste, Thoreau un philosophe rflchi et un peu barbant, l’un gambade dans les bois, parle aux cureuils, grimpe aux arbres les jours d’orage et court sur les glaciers; l’autre mdite d’un air grave, enseigne, et accueille ses amis venus de Boston le dimanche recueillir quelques oracles. » (p.214)

C’est un livre très intressant, facile d’accès, qui parle d’une priode rvolue où un citoyen pouvait sur un coup de tête dcider de marcher droit devant lui sur des centaines de kilomètres travers des forêts sauvages qui n’taient pas encore devenues des proprits prives.

Il faut toutefois noter que le Sierra Club a dû s’excuser en 2020 pour les propos racistes utiliss l’poque par John Muir.

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Titre : J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond  .

Auteur : Alexis Jenni

Editions : Paulsen

© 2020

ISBN : 978-2-37502-089-0

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Biographies et autobiographies Tragédie en mer

Magellan l’homme et son exploit

Il s’agit d’une nouvelle traduction de l’allemand du livre de Stefan Zweig  par la traductrice renomme Françoise Wuilmart. Cette nouvelle traduction tait devenue ncessaire pour plusieurs raisons. D’abord, le traducteur initial du nom de Alzir Hella a fait le travail initial il y a près de soixante ans et il n’avait justement pas de formation de traducteur.

Couverture du livre "Magellan l'homme et son exploit"
Couverture du livre « Magellan l’homme et son exploit »

Le rsultat, bien que correct, ne respectait pas complètement l’criture de Stefan Zweig. La traductrice signale que lorsqu’il arrive Zweig d’utiliser quatre adjectifs dans une phrase, Alzir Hella dcide de n’en garder qu’un seul. Quand l’auteur est imprcis dans son criture, M. Hella ajoute une explication. Comme le dit encore Françoise Wuilmart, en s’adressant Alzir Hella : « […] il vous arrive de confondre l’Egypte et la Perse, ou, plus grave dans un rcit de navigation, l’est et l’ouest. Enfin, Zweig clôture souvent un paragraphe ou un chapitre par une considration philosophique ou par un lan lyrique qui se rpand sur plusieurs lignes. Vous les vacuez purement et simplement, et j’ai  l’impression que vous n’y voyez que d’inutiles fariboles qui ralentissent le flux de la narration. » (p.9)

Selon Françoise Wuilmart, le Zweig de Alzir Hella est « un journaliste viril la voix autoritaire ». Elle prfère rendre l’auteur sa grande sensibilit et en profite pour adapter la traduction notre poque.

Le rsultat du travail de Françoise Wuilmart est vraiment superbe. C’est un livre qu’on ne veut pas fermer tant il est intressant. Zweig donne un vritable cours d’histoire et sait comment conserver notre attention chaque page. Le lecteur navigue sur les mers avec l’quipage, vit les privations, les angoisses, les magouilles, les erreurs et les succès et, en permanence, la lutte pour la survie :  « Quant aux biscuits qui sont, avec les poissons qu’ils attrapent, leur seule pitance, ils se sont transforms depuis belle lurette en une poudre grise et sale où pullulent les vers, de surcroît empeste par les excrments des rats qui, devenus fous eux-mêmes, se ruent sur les quelques misrables miettes parses […] ». (p.250)

Carte du monde Magellan-Elcano
Carte du monde Magellan-Elcano

Les considrations philosophiques ajoutes par Zweig ajoutent encore la profondeur du texte et en font plus qu’un rcit de voyage. Je cite en exemple certains des propos de Zweig qui s’appliquent bien d’autres situations qu’au premier tour du monde effectu par le Portugais Magellan :

« La prsence d’esprit et l’nergie d’une figure de second plan dcident souvent du cours de l’histoire. » (p.55)

« L’histoire n’a jamais vu une seule grande victoire rassasier un vainqueur. » (p.66)

« Une vrit suprême peut toujours naître de l’erreur la plus grossière dès lors qu’un gnie ou le hasard s’en mêlent. Dans le domaine scientifique, des centaines et des milliers d’inventions importantes sont le fruit d’hypothèses errones. » (p.99)

« Dans la mmoire des grands exploits, le monde prfère toujours se focaliser sur les instants dramatiques ou pittoresques qui synthtisent les hauts faits du hros : Csar traversant le Rubicon, Napolon au pont d’Arcole. L’effet pervers en sera que les annes prparatoires, la lente gestation spirituelle, la patiente progression de l’organisation d’un fait historique, demeurent dans l’ombre. » (p.125)

« C’est la somme de tous les obstacles surmonts qui donne la mesure vritable, exacte de l’exploit et de l’humain qui l’a accompli. » (p.128)

« On sait d’exprience que le nationalisme est une corde que la main la plus maladroite sait faire vibrer sans trop de peine quand il le faut. » (p.132)

« Il est toujours plus facile d’exciter les masses, et même tout un peuple, que de les apaiser. » (p.133)

« C’est son comportement dans les moments dcisifs que l’on reconnaît le mieux le caractère d’un homme et c’est l’heure du danger que sa force et ses facults caches se manifestent. » (p.173)

« […] Après une victoire totale, les dictateurs ont moins de peine reconnaître leurs droits d’autres humains, et après avoir assur leur pouvoir, il leur est plus facile de leur laisser la parole. » (p.234)

« Le monde ne rcompense jamais que le dernier de la srie, celui qui a la chance d’achever une œuvre, et oublie tous ceux qui l’ont conçue et permise avec leur esprit et leur sang. » (p.331)

« Magellan a prouv tout jamais qu’une ide anime par le gnie et rsolument porte par la passion s’avère plus forte que tous les lments runis, et qu’un seul homme, malgr son passage phmère sur terre, est toujours capable de transformer en ralit et en vrit imprissable ce qui n’tait qu’une utopie pour des centaines de gnrations. » (p.340)

Titre : Magellan – l’homme et son exploit  .

Auteur : Stefan Zweig (traduction de Françoise Wuilmart)

Editions : Robert Laffont

©2020

ISBN : 978-2-221-24683-2

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Pionniers de l'aviation

Livres : Our Transatlantic Flight.

Notre vol transatlantique, par Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown
Notre vol transatlantique, par Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown

Je prends la libert de traduire la version anglaise du texte publi sur mon site web.

Avant 1949, Terre-Neuve s’appelait Dominion of Newfoundland et faisait partie du British Commonwealth. En 1949, Terre-Neuve et Labrador est devenue une province du Canada.

Le premier vol direct sans escale en direction est traverser l’Atlantique.

Le livre « Our transatlantic flight » raconte le vol historique qui a t accompli en 1919, juste après la Première Guerre mondiale, de Terre-Neuve vers l’Irlande. Il y avait un prix de 10,000 £ offert par Lord Northcliffe  en Grande-Bretagne pour quiconque russirait le premier vol sans escale en direction est travers l’Atlantique.

Un triomphe pour l’aviation britannique

Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown  , respectivement pilote et navigateur, ont crit l’histoire de leur vol historique dans ce livre publi en 1969. Les citations suivantes proviennent des pilotes eux-mêmes : «  Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, l’Atlantique a t travers en ligne directe, lors d’un vol sans escale qui a dur 15 heures 57 minutes. » (p.13) « Le vol fut un triomphe pour l’aviation britannique; le pilote et le navigateur taient tous les deux Britanniques, l’avion tait un Vickers-Vimy et les deux moteurs taient fabriqus par Rolls-Royce. » (p.13)

Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown
Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown

Comme pour toutes les grandes ralisations humaines, une très bonne planification de vol et un peu de chance ont t ncessaires pour faire de ce vol un succès. S’il y avait une panne moteur pendant le vol, même si la planification tait excellente, il n’y aurait qu’un seul rsultat: la descente vers la mer.

Pour se rendre Terre-Neuve en prparation pour le vol historique, Alcock et Brown montèrent bord d’un navire en Angleterre, initialement destination d’Halifax. Ils se dirigèrent ensuite vers Port aux Basques et arrivèrent finalement St.John’s. L, ils rejoignent un petit groupe d’aviateurs britanniques arrivs quelques jours auparavant et qui se prparaient galement pour la comptition. « Les soires se droulèrent principalement jouer aux cartes avec les autres concurrents l’hôtel Cochrane, ou visiter les cinmas voisins. St.John’s elle-même nous accueillit très bien. »(P.60)

Le transport maritime fût utilis pour transporter le biplan Vickers-Vimy Terre-Neuve le 4 mai. Il fût ensuite assembl. « Les journalistes reprsentant le Daily Mail, le New York Times et le New York World nous apportèrent souvent leur aide lorsque des effectifs supplmentaires taient ncessaires. »(P.61).

Pendant la construction de l’avion, de plus en plus de visiteurs venaient sur le site. Brown crit: « Bien que nous n’prouvions aucun souci tant que la foule se contentait de regarder, nous devions surveiller pour viter les petits dommages. Tester la fermet du tissu avec la pointe d’un parapluie tait un passe-temps favori des spectateurs […]. »(P.61)

Le Vickers-Vimy est rassembl  Quidi Vidi,  Terre-Neuve.
Le Vickers-Vimy est rassembl Quidi Vidi, Terre-Neuve.

Il fut difficile de trouver un terrain qui pourrait être improvis en arodrome: « Terre-Neuve est un endroit hospitalier, mais ses meilleurs amis ne peuvent pas prtendre qu’il est idal pour l’aviation. L’ensemble de l’île n’a aucun terrain qui pourrait être transform en un arodrome de première classe. Le quartier autour de St.John’s est particulièrement difficile. Une partie du pays est boise, mais pour l’ensemble, il prsente une surface onduleuse et sinueuse sur laquelle les avions ne peuvent pas rouler avec un quelconque degr de douceur. Le sol est mou et parsem de rochers, car seule une couche mince de terre recouvre la couche rocheuse. Un autre handicap est la prvalence de brouillards pais qui avancent vers l’ouest depuis la mer. »(P.59)

Ils ont test l’avion en vol le 9 juin Quidi Vidi. Pendant le court vol, l’quipage a pu apercevoir des icebergs près de la côte. Ils ont fait un deuxième essai le 12 juin et ont constat que l’metteur causait constamment des problèmes. Mais, au moins, les moteurs semblaient fiables …

Le dpart

Les deux hommes quittèrent Terre-Neuve le 14 juin 1919. Afin de combattre l’air froid en vol, ils portaient des vêtements chauffs lectriquement. Une batterie situe entre deux sièges fournissait l’nergie ncessaire.

Le Vickers-Vimy dcolle de Terre-Neuve en 1919.
Le Vickers-Vimy dcolle de Terre-Neuve en 1919.

Le dcollage court fut très difficile en raison du vent et de la surface accidente de l’arodrome. Brown crit : « Plusieurs fois, j’ai retenu mon souffle, de peur que le dessous de l’avion ne heurte un toit ou une cime d’arbre. Je suis convaincu que seul le pilotage intelligent d’Alcock nous a sauvs d’une catastrophe si tôt dans le voyage. »(P. 73)

Il leur a fallu 8 minutes pour atteindre 1000 pieds. peine une heure après le dpart et une fois au-dessus de l’ocan, le gnrateur est tomb en panne et l’quipage a t coup de tout moyen de communication.

Au fur et mesure que l’avion consommait de l’essence, le centre de gravit changeait et comme il n’y avait pas de compensation automatique sur la machine, le pilote devait exercer une pression permanente vers l’arrière sur la commande de contrôle.

Voler dans les nuages, le brouillard et la turbulence.

Pendant ce vol dans les nuages ​​et le brouillard, Brown, n’ayant quasiment pas de moyens pour faciliter la navigation, a eu de rels problèmes pour estimer la position de l’avion et limiter les erreurs de vol. Il a dû attendre une altitude plus leve et que la nuit vienne pour amliorer ses calculs : « J’attendais impatiemment la première vue de la lune, de l’toile Polaire et d’autres vieux amis de chaque navigateur. »(P.84). Le brouillard et les nuages ​​taient si pais qu’ils « coupaient parfois de la vue des parties du Vickers-Vimy. »(P.95)

Sans instruments appropris pour voler dans les nuages, ils comptaient sur un « compte-tours » pour tablir la vitesse de monte ou de descente. C’est assez prouvant. « Une augmentation soudaine des rvolutions indiquait que l’avion plongeait; une perte soudaine de rgime montrait qu’il grimpait dangereusement. »(P.176)

Mais cela ne suffit pas. Ils durent galement faire face des turbulences qui secouaient l’avion alors qu’ils ne pouvaient rien voir l’extrieur. Ils devinrent dsorients : « L’indicateur de vitesse fonctionnait mal et de fortes secousses m’empêchaient de tenir notre cap. La machine tanguait d’un côt l’autre et il tait difficile de savoir dans quelle position nous tions vraiment. Une vrille fut le rsultat invitable. D’une altitude de 4 000 pieds, nous avons rapidement tournoy vers le bas. […]. Mis part les changements de niveaux indiqus par l’anroïde, seul le fait que nos corps taient fermement presss contre les sièges indiquait que nous tombions. Comment et quel angle nous tombions, nous ne le savions pas. Alcock essaya de ramener l’avion en vol rectiligne, mais choua parce que nous avions perdu tout sens de ce qui tait horizontal. J’ai cherch dans tous les sens un signe extrieur, et je n’ai vu qu’une nbulosit opaque. »(P.88)

« Ce fut un moment de tension pour nous, et quand enfin nous sommes sortis du brouillard, nous nous sommes retrouvs au-dessus de l’eau un angle extrêmement dangereux. La huppe blanche des vagues tait trop près pour être l’aise, mais un rapide aperçu de l’horizon m’a permis de reprendre le contrôle de l’engin. »(P.40).

Le dgivrage d’une jauge installe l’extrieur du cockpit.

La neige et le grsil  continuaient de tomber. Ils ne ralisèrent pas quel point ils avaient eu de la chance de continuer voler dans un tel temps. De nos jours, il existe de nombreuses façons de dloger la glace d’une aile pendant que l’avion est en vol. Voici ce que Brown dit de leur situation : « […] Les côts suprieurs de l’avion taient entièrement recouverts d’une croûte de grsil. La neige fondue s’enfonça dans les charnières des ailerons et les bloqua, de sorte que pendant environ une heure la machine eut peine un contrôle latral. Heureusement, le Vickers-Vimy possède une grande stabilit latrale inhrente; et, comme les commandes de gouvernail de direction n’ont jamais t obstrues par le grsil, nous avons t capables de maintenir la bonne direction. »(P.95)

Après douze heures de vol, la vitre d’une jauge situe l’extrieur du cockpit est devenue obscurcie par l’accumulation de neige collante. Brown dû s’en occuper pendant qu’Alcock volait. « La seule façon d’atteindre la jauge tait de sortir du cockpit et de m’agenouiller sur le dessus du fuselage, tout en agrippant une traverse pour maintenir mon quilibre. […] Le violent afflux d’air, qui avait tendance me pousser en arrière, tait un autre inconfort. […] Jusqu’ la fin de la tempête, une rptition de cette performance, des intervalles assez frquents, a continu d’être ncessaire. »(P.94)

Afin de sauver leur peau, ils ont ventuellement excut une descente de 11 000 1 000 pieds et dans l’air plus chaud les ailerons ont recommenc fonctionner. Alors qu’ils continuaient leur descente en dessous de 1000 pieds au-dessus de l’ocan, ils taient toujours entours de brouillard. Ils ont dû faire du vol basse altitude extrême : « Alcock laissait l’avion descendre très graduellement, ne sachant pas si le nuage s’tendait jusqu’ la surface de l’ocan ni quel moment le train d’atterrissage de l’engin pourrait soudainement toucher les vagues. Il avait desserr sa ceinture de scurit et tait prêt abandonner le navire si nous heurtions l’eau […]. »(P.96)

L’arrive

Le vol transatlantique se termine en Irlande dans un marais.
Le vol transatlantique se termine en Irlande dans un marais.

Au dpart, personne en Irlande ne pensait que l’avion tait arriv d’Amrique du Nord. Mais quand ils ont vu des sacs postaux de Terre-Neuve, il y a eu « des acclamations et des poignes de main douloureuses » (p.102)

Manchette principale du Sunday Evening Telegraph en 1919.
Manchette principale du Sunday Evening Telegraph en 1919.

Ils furent acclams par la foule en Irlande et en Angleterre et reçurent leur prix de Winston Churchill.

John Alcock clbr par la foule
John Alcock clbr par la foule
Winston Churchill prsente le chèque du Daily Mail aux deux pilotes.
Winston Churchill prsente le chèque du Daily Mail aux deux pilotes.

Leur record resta incontest pendant huit ans jusqu’au vol de Lindbergh en 1927.

Le futur des vols transatlantiques.

Vers la fin du livre, les auteurs risquent une prdiction sur l’avenir du vol transatlantique. Mais l’aviation a fait un tel progrès en très peu de temps que, invitablement, leurs rflexions sur le sujet sont devenues obsolètes en quelques annes. Voici quelques exemples :

« Malgr le fait que les deux premiers vols outre-Atlantique ont t effectus respectivement par un hydravion et un avion, il est vident que l’avenir du vol transatlantique appartient au dirigeable. »(P.121)

« […] Le type d’avion lourd ncessaire pour transporter une charge conomique sur de longues distances ne serait pas capable de faire beaucoup plus que 85 90 milles l’heure. La diffrence entre cette vitesse et la vitesse actuelle du dirigeable de 60 milles l’heure serait rduite par le fait qu’un avion doit atterrir des stations intermdiaires pour le ravitaillement en carburant. »(P.123)

« Il n’est pas souhaitable de voler de grandes hauteurs en raison de la basse temprature; mais avec des dispositions appropries pour le chauffage, il n’y a aucune raison pour qu’un vol 10,000 pieds ne devienne pas commun. »(P.136)

L’ère de l’aviation.

Il y a une courte section dans le livre sur « l’ère de l’aviation ». J’ai choisi deux petits extraits concernant l’Allemagne et le Canada :

propos des excellents Zeppelins allemands : « Le nouveau type de Zeppelin — le Bodensee — est si efficace qu’aucune condition mtorologique, l’exception d’un fort vent de travers par rapport au hangar, ne l’empêche d’effectuer son vol quotidien de 390 miles entre Friedrichshafen et Staalsen, treize miles de Berlin. »(P.140)

Sur l’utilisation des avions par le Canada : « Le Canada a trouv une utilisation très russie des avions dans la prospection du bois du Labrador. Plusieurs avions sont revenus d’une exploration avec de prcieuses photographies et des cartes reprsentant des centaines de milliers de livres [£] de terres forestières. Des patrouilles ariennes de lutte contre les incendies sont galement envoyes au-dessus des forêts. » (p.142) et « Dj, la Gendarmerie cheval du nord-ouest du Canada [aujourd’hui la GRC] a captur des criminels au moyen de patrouilles ariennes. »(P.146)

Conclusion

Le Manchester Guardian dclarait, le 16 juin 1919 : « […] Pour autant qu’on puisse le prvoir, l’avenir du transport arien au-dessus de l’Atlantique n’est pas pour l’avion. Ce dernier peut être utilis de nombreuses reprises pour des exploits personnels. Mais de façon rendre l’avion suffisamment sûr pour un usage professionnel sur de telles routes maritimes, nous devrions avoir tous les cyclones de l’Atlantique marqus sur la carte et leur progression indique d’heure en heure. »(P.169)

Titre : Our transatlantic flight

Auteurs : Sir John Alcock et Sir Arthur Whitten Brown

Editions : William Kimber

© 1969

SBN : 7183-0221-4

Pour d’autres articles de ce genre sur mon site web: les pionniers de l’aviation

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Histoire des villes

Le livre « Black Detroit »

Page couverture du livre Black Detroit de Herb Boyd.
Page couverture du livre Black Detroit de Herb Boyd.

Je traduis les propos de l’auteur au meilleur de ma connaissance, pour ceux qui ont de la difficult avec la langue anglaise.

Comme l’auteur Herb Boyd l’crit, « c’est le premier livre considrer le Dtroit noir partir d’une perspective historique » (p.14). Si vous recherchez une personne de race noire qui a influenc l’histoire de Dtroit, elle se trouve dans le livre.

L’auteur couvre l’arrive des Noirs Dtroit via le « Chemin de fer clandestin», le type de travail qu’ils pouvaient trouver, la musique qu’ils ont cre, le besoin d’avoir leur propre glise pour viter le racisme, le travail chez Ford, l’influence des unions, les conditions pitoyables d’habitation, etc.

Evidemment, il y a plusieurs paragraphes sur le racisme, la rpression policière et la violence inutile, les problèmes causs par le KKK et comment plusieurs Noirs ont ragi face la menace, le Smith Act, la Guerre Civile Amricaine et le dsir d’en finir avec l’esclavage, la prsence de Rosa Parks dans la ville et la visite de Dtroit par Nelson Mandela en 1990.

Il n’y a pas seulement des informations sur l’histoire et le dveloppement de Detroit, mais aussi des ides sur le futur de la ville et la façon dont elle devra grer le fait que tellement de gens choisissent de vivre dans les banlieues au lieu de Dtroit elle-même.

Etant donn que le combat pour l’galit des droits, le racisme, la rpression policière et les morts inutiles de tellement de Noirs ont continu d’être un problème aux Etats-Unis, j’ai choisi quelques citations du livre sur ces sujets.

J’ai choisi un paragraphe sur la visite de Nelson Mandela Dtroit. Quand Nelson Mandela a quitt les Etats-Unis pour retourner vers l’Afrique du Sud, son avion a dû faire un arrêt Iqaluit, dans l’Arctique canadien. Je travaillais comme spcialiste en information de vol (FSS) Iqaluit en 1990, j’ai donc pu les voir, lui et sa conjointe Winnie, en train d’assister une crmonie au milieu de la nuit dans dans le terminal de l’aroport. Vous pouvez lire les histoires vcues Iqaluit sur mon site web.

Dtroit et le Canada

« En 1795, Dtroit tait sous juridiction britannique et la ville tait de facto partie du Haut-Canada » (p.22)

 «  Le juge Woodward stipula plus tard dans un arrêt que si des noirs amricains pouvaient obtenir leur libert au Canada, ils ne pourraient être retourns en esclavage aux Etats-Unis. Deux des enfants de Denison […] profitèrent de cet arrêt en se sauvant vers le Canada pour quelques annes pour ensuite retourner Dtroit en tant que citoyens libres. Leur cas fît jurisprudence et fût cit dans de nombreux appels pour l’mancipation des esclaves Afro- Amricains. » (p.25)

Le Smith Act

« Le Smith Act  fût crit de telle façon que les organisations de travailleurs et l’agitation pour l’galit des droits soit compris comme sdition et trahison, la même chose que de se battre pour renverser le gouvernement par la force » (p.162)

La rpression policière et la brutalit

« […] Vingt-cinq noirs avaient t tus alors qu’ils taient en garde vue au poste de police en 1925, huit fois le nombre tu sous supervision policière cette anne-l New York, ville dont la population noire tait au moins deux fois plus importante. » (p.112) « Durant la première anne d’opration du STRESS (Stop the Robberies and Enjoy Safe Streets –  « Arrêtez les vols et profitez de rues scuritaires ») en tant qu’escadron de la mort / quipe SWAT [vers 1970], les forces policières de la ville avaient le plus haut nombre de civils tus par capita de tous les dpartements de police amricains. Durant ses trois ans et demi d’existence, les policiers du STRESS tirèrent et tuèrent 24 hommes, 22 d’entre eux tant des Afro-Amricains. […] Parmi les officiers du STRESS, aucun cas ne semblait autant problmatique que celui du chef d’quipe Raymond Peterson. Avant qu’il soit assign au STRESS, il avait accumul un nombre record de plaintes. Durant ses deux premières annes au sein de l’escouade, il prit part neuf meurtres et trois fusillades avec blessures par balle. Les balles provenant du rvolver de Peterson tuèrent cinq des victimes. Aucune accusation ne fût porte dans aucun chacun des cas. » (p.226-227)

Le policier Raymond Peterson condamn  Dtroit dans les annes '70.
Le policier Raymond Peterson condamn Dtroit dans les annes ’70.

© Detroit Free Press March 23rd 1973

« [Vers 1999] l’embourgeoisement tait une chose dont il fallait se soucier, mais la brutalit policière tait une menace beaucoup plus immdiate pour les jeunes noirs de Dtroit. Ils taient pleinement conscients qu’il y avait peu de piti attendre de la police, pas plus que des conseillers d’cole ou des agences de placement, et certainement pas des revendeurs de drogues ». (p.292)

« [Vers 2001] Dtroit, selon les reportages de plusieurs journaux locaux, avait le nombre le plus lev de tirs mortels parmi les grandes cits de la nation ». (p.300)

«  travers la nation durant les dcennies prcdentes, de 1999 2009, la violence par arme feu avait enlev la vie des milliers de jeunes femmes et hommes noirs, et des centaines d’entre eux taient des victimes non-armes d’une violence policière injustifie. Peu de ces terribles tragdies furent aussi bouleversantes que le meurtre de Aiyana Jones, une jeune fille de sept ans, par un policier en mai 2010. Il tait autour de minuit et Aiyana tait endormie sur le divan avec sa grand-mère qui regardait la tlvision. Aucune d’entre elles n’eût le temps de ragir au cognement la porte ni la grenade assourdissante lance dans le salon par la police au dbut du raid.

                L’officier Joseph Weekley commença immdiatement tirer l’aveugle avec sa mitraillette MP5 travers la fenêtre dans la fume et le chaos. Une des balles entra dans la tête de Aiyana et ressorti par le cou. Elle fût tue instantanment. L’quipe SWAT tait venue pour chercher un suspect de meurtre qui vivait au deuxième tage, mais quitta avec seulement un enfant mort. […] » (p.327-328)

Education

« Ethelene Crockett , après avoir lv trois enfants, obtint un diplôme de mdecine de l’universit Howard en 1942. Elle complta son internat l’hôpital Detroit Receiving, et parce que l’hôpital de Dtroit n’acceptait pas de femme mdecin Afro-Amricaine, elle fit sa rsidence New-York. Finalement en 1952, elle fût accepte l’hôpital de Dtroit, devenant la première femme dans son domaine de obsttrique et gyncologie pratiquer dans l’tat. » (p.163)

Pas de classe moyenne pour les jeunes noirs.

« Avec la route traditionnelle vers le succès dans la classe moyenne bloque, les jeunes noirs de Dtroit recherchèrent d’autres moyens de survie, spcialement travers l’conomie souterraine ». (p.254)

Nelson Mandela Dtroit

« Durant l’t de 1990, Nelson Mandela visita plusieurs villes des Etats-Unis après avoir pass vingt-sept annes en prison. […] Quand Mandela et sa femme Winnie sortirent de l’avion [ Dtroit], une des premières personnes qu’ils reconnurent fût Rosa Parks. Nelson Mandela dit que Parks avait t son inspiration durant de longues annes alors qu’il tait incarcr Robben Island et que son histoire avait inspir les combattants pour la libert de l’Afrique du Sud. » (p.268)

Le futur de Dtroit

« La plupart des habitants de Dtroit vivent dans des quartiers où le dveloppement est ingal. Il y a des signes d’amlioration, mais dans l’ensemble les communauts sont aux prises avec le chômage, le crime et des coles peu performantes. Dtroit est une ville avec de grandes tendues de terres inhabites où l’on trouve 31,000 maisons vacantes et dilapides. Dans diverses localits de la ville, des organismes communautaires ont travaill sans relâche pour maintenir leurs rgions respectives contre une vague de ngligence et de dsinvestissement. L’administration municipale actuelle a essay d’utiliser un assortiment de mthodes pour arrêter le dclin des quartiers, avec un succès modr. Cette tâche gargantuesque a t aide par l’aide massive de l’administration Obama, mais la ville a encore des obstacles majeurs franchir avec une grande population pauvre, non qualifie et semi-alphabtise.

Cliquez sur le lien pour d’autres livres sur l’histoire des villes sur mon blogue.

Titre : Black Detroit : A people’s history of self-determination.

Auteur : Herb Boyd

Edition : Amistad

© 2017

ISBN : 978-0-06-234662-9

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Sujets controversés

L’extase totale — Le Troisième Reich, les Allemands et la drogue

L’auteur est un journaliste et documentariste allemand qui a travaill pour Stern et Der Spiegel. Il est galement l’auteur de quatre autres livres. Le titre original de son livre crit en allemand est : « Der totale Rausch. Drogen im Dritten Reich ».

La recherche effectue pour ce livre dmontre que durant les annes prcdant la Seconde Guerre mondiale, la population allemande utilisait rgulièrement des drogues pour supporter plus facilement la dfaite de la Première Guerre mondiale. La consommation de narcotiques tait banalise. Il fallait changer les habitudes de la population.

Couverture du livre "L'extase totale" par Normand Ohler
Couverture du livre « L’extase totale » par Normand Ohler

Hitler est alors prsent comme « un modèle de vie pure tous gards […], l’ascète, l’ennemi des drogues qui fait fi de ses propres besoins » (p.25). Mais s’il y a quelqu’un en Allemagne qui en vient utiliser rgulièrement des drogues et a même accès son fournisseur personnel, en l’occurrence le fameux docteur Morell, c’est bien Hitler.

Dans les documents prsents par l’auteur, Hitler est aussi dcrit comme le Patient A. « Hitler s’habitue aux piqûres rptition ainsi qu’ ces mystrieuses substances qui coulent dans ses veines pour soi-disant le revigorer ». (P.37.)

En 1937, les usines Temmler crent la première mthylamphtamine allemande, appele aussi pervitine. L’utilisation gnralise se rpand dans la population allemande de même que dans l’arme. La pervitine, c’est le coup de fouet artificiel qui dure plus de douze heures. C’est le remède artificiel qui « règle les problèmes » et qui tient aussi en veil le soldat allemand pendant plusieurs jours d’affile. « En consommer devient aussitôt aussi naturel que de prendre une tasse de caf » (p.44)

L’arme allemande, qui ne dort que tous les deux ou trois jours, fonce travers l’Europe. C’est le fameux Blitzkrieg. Les blinds ne s’arrêtent plus. Alors que les soldats allis doivent sommeiller tour de rôle, le soldat allemand fonce sans prendre de repos, nergis la mthamphtamine.

La Pologne est la première surprise. « […] pourvue de drogue foison, mais prive d’indications posologiques, la Wehrmacht fond sur le voisin polonais qui, lui, n’est pas dop et n’a pas ide de ce qui l’attend. » (p.63)

Trente-cinq millions de doses sont commandes pour l’arme et la Luftwaffe. « La Wehrmacht devient ainsi la première arme au monde tabler sur la drogue chimique […]. Une nouvelle forme de guerre va faire son apparition. » (p.76)

Peter Steinkamp, un historien de la mdecine, affirme que « le Blitzkrieg a t men grâce la mthamphtamine, pour ne pas dire qu’il tait fond sur l’usage de la mthamphtamine » (p.85)

Les officiers allemands n’obissent plus aux ordres, griss par les victoires rapides. « Guderian […] continue son offensive alors qu’il a formellement reçu l’ordre de faire halte » (p.86). C’est la même chose pour Rommel, qui n’obit plus aux ordres du gnral Hoth : « Il a perdu tout sens du danger [ce qui est] un symptôme typique d’une consommation excessive de mthamphtamine. Il poursuit son offensive de jour comme de nuit ». (P.88.) Hitler ne contrôle plus les gnraux des divisions blindes qui agissent maintenant de façon autonome.

Dcid reprendre le contrôle sur ses officiers, Hitler prendra alors une dcision qui vacue momentanment toute stratgie militaire. Il ordonne ses troupes de s’arrêter pendant dix jours, alors que celles-ci ont pratiquement termin d’encercler les Allis. Les officiers allemands insistent auprès d’Hitler pour achever la campagne militaire, mais « Hitler veut montrer l’arme de terre que c’est lui et personne d’autre qui mène cette guerre » (p.95). Dunkerque, « plus de 340,000 soldats français, belges et britanniques s’chappent ainsi par la mer » (p.95).

Endos du livre: L'extase totale par Normand Ohler
Endos du livre: L’extase totale par Normand Ohler

L’auteur cite de nombreux documents de recherche faisant tat des tmoignages de soldats et officiers consommant massivement des produits dopants. Cette consommation excessive est pratique jusqu’aux plus hauts niveaux de la hirarchie militaire. La population civile en consomme galement : « Il ne faut pas bien longtemps pour que le nombre de comprims qui ont atterri dans les estomacs et le sang des Allemands passe la barre des cent millions de doses » (p.114).

Un Hitler quotidiennement dop et au jugement altr commet une autre grave erreur stratgique quant aux combats qui font rage en Russie. Il interdit tout mouvement de repli des troupes allemandes sans son autorisation. La Wehrmacht subit ainsi de lourdes pertes face aux divisions d’lite russes « fraîchement arrives de Sibrie » (p.135).

Une autre erreur stratgique survient en dcembre 1941 alors que l’Allemagne dcide de dclarer la guerre aux Etats-Unis : « [L’Allemagne] est dj puise par les combats qu’elle mène sur les diffrents fronts tandis que le colosse industriel d’outre-Atlantique est, lui, prêt mener bataille » (p.139).

L’entêtement d’Hitler « ne pas vouloir cder un pouce des territoires conquis trouve ici une raison plus profonde : que les chemines fonctionnent le plus longtemps possible l’est, dans les champs d’extermination d’Auschwitz, Treblinka, Sobibor, Chelmno, Majdanek et Belzec. Tenir toutes les positions, jusqu’ ce que tous les Juifs aient t tus. S’loignant toujours un peu plus des lois humaines [Hitler] continue sa guerre contre les faibles » (p.140).

L’auteur poursuit son rcit quant aux autres erreurs de stratgie militaire d’Hitler. Il donne galement des prcisions quant la liaison troite qui lie le Dr Morell et Hitler, de même que des dtails pointus quant aux cocktails de mdicaments consomms quotidiennement par Hitler, dont l’Eucodal, la cocaïne et la morphine. Profitant de son lien troit avec le patient A, le Dr Morell en profite galement pour accroître son influence et sa fortune personnelle.

Le lecteur constate le dclin progressif du Führer et les consquences des dcisions dsespres de ce dernier. Il est tout de même tonnant que dans les biographies d’Hitler cette consommation aussi intensive de drogues et ses consquences soient peine soulignes.

Vers la fin du livre se trouvent des passages importants, particulièrement difficiles, sur certaines expriences effectues sur les prisonniers des camps de concentration.

Le livre « L’extase totale » permet de comprendre de façon diffrente la Seconde Guerre mondiale et la psychologie du peuple allemand cette poque. Il est extrêmement surprenant de constater quel point les drogues chimiques ont jou un rôle primordial avant et pendant ce conflit mondial. Même la comprhension du Blitzkrieg s’en trouve altre.

La technologie de pointe et la stratgie militaire allemande combine l’usage intensif de drogues chimiques par les troupes ont, dans un premier temps, donn un avantage important aux Allemands. Cependant, avec le temps, un manque de contrôle adquat sur ces drogues et une absence volontaire de sensibilisation quant aux effets secondaires de la pervitine et autres mixtures chimiques ont eu des consquences ngatives irrversibles sur un grand nombre de soldats et d’officiers et occasionn de graves erreurs de stratgie militaire. La drape idologique a galement occasionn la perte de millions de vies humaines.

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Titre : L’extase totale – Le Troisième Reich, les Allemands et la drogue
Auteur : Normand Ohler
Editions : La dcouverte
© 2016
ISBN : 978-2-7071-9072-7

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Renseignement

Les casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale (Bletchley Park)
Les casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale (Bletchley Park)

Ce livre raconte les oprations quotidiennes et les habitudes de vie des gens ayant travaill au dcodage des messages allemands Bletchley Park, en Angleterre, durant la Seconde Guerre mondiale. Le lecteur ralise rapidement l’impact incroyable de ces travailleurs de l’ombre sur l’issue des batailles les plus connues, telles les Bataille d’Angleterre et d’El Alamein, de même que sur le dbarquement comme tel. Mais par-dessus tout, il permet au lecteur de pntrer dans les baraquements pour tmoigner de la rigueur et du professionnalisme de ces hommes et femmes qui ont œuvr jour et nuit, malgr la grande tension et l’puisement, pour accomplir leur devoir.

Leurs efforts pour obtenir des rsultats frôlaient l’obsession. Même en dormant, les cerveaux taient au travail. On y apprend qu’une avance majeure a eu lieu après qu’un chercheur se soit rveill au beau milieu de la nuit avec la solution qu’il esprait trouver depuis longtemps. Naturellement, des noms comme ceux d’Alan Turing, John Herivel ou Dillwyn Knox reviennent frquemment. Mais ils sont accompagns d’une multitude d’autres personnes ayant toutes jou un rôle essentiel.

Bletchley Park tait d’une grande efficacit pour plusieurs raisons :

1. Une judicieuse combinaison des employs possdant les capacits et les formations les plus diverses : les comptences croises et la culture gnrale taient recherches. Les femmes et hommes travaillant au dcodage possdaient bien sûr une intelligence très suprieure et une grande capacit de concentration. Des connaissances dans plusieurs disciplines taient requises : il y avait des experts en mathmatique autant qu’en histoire, en lettres classiques ou en linguistique. Dillwyn Knox, une des vedettes de Bletchley, tait lui-même expert en vieux papyrus. L’association des intelligences donna lieu des innovations très importantes.

2. La capacit de maintenir le secret : les employs taient judicieusement slectionns et l’tanchit entre les bâtiments où ces derniers travaillaient tait totale. S’il y avait eu une taupe l’intrieur d’un bâtiment en particulier, il lui aurait t impossible de traverser d’un emplacement physique l’autre pour tenter de recueillir de l’information privilgie. L’existence d’un but commun et du sentiment profond de l’importance de ce qui devait être fait transcendait la fatigue du personnel et contribuait diminuer l’intensit des invitables conflits internes. Cela a même assur des annes de discrtion après que le conflit mondial ait t rgl.

3. Un traitement spcial pour les casseurs de codes : même si Bletchley servait essentiellement des fins militaires, il n’y avait pas de rgime militaire strict : « Au fil des annes et des siècles, nous pouvons constater que le renseignement britannique est en partie une affaire militaire, mais demeure surtout rgi par de talentueux civils ». Les casseurs de codes avaient besoin d’un traitement spcial : « […] On a jug très important que les “experts” aient suffisamment d’espace et de libert pour mener bien leurs raisonnements gniaux. Il ne fallait donc pas les perturber avec les restrictions et la discipline imposes tous les autres ». Cet objectif de prserver certains employs des contraintes inutiles a aujourd’hui t rpt avec succès dans les compagnies internationales voues l’innovation.

4. La collaboration entre les pays : il importe de mentionner la collaboration essentielle entre la Pologne, l’Angleterre et la France dans l’accumulation des rsultats visant craquer le code Enigma. Jusqu’ l’effondrement de la France, toutes les solutions trouves taient partages. D’ailleurs, les cryptanalystes polonais furent les premiers dchiffrer les codes de la première version de la machine Enigma, rsultats qu’ils partagèrent avec les deux autres pays.

5. L’importance du facteur chance dans le succès des oprations : l’lment chance devait jouer un rôle très important dans la capacit de Bletchley Park de demeurer en activit sur une longue priode. Malgr l’intensit des bombardements allemands, très peu de dommages furent infligs aux bâtiments où travaillaient les dcodeurs : « Cela tient du miracle que seules deux bombes aient touch Bletchley Park […]. En outre, une autre est tombe près de l’endroit où Knox et Lever travaillaient, mais n’a pas explos ». Par ailleurs, deux autres bombes sont tombes sur la proprit, galement sans exploser.

Il y avait malgr tout des obstacles l’efficacit, dont l’existence de paliers inutiles qui nuisaient aux oprations. L’information primaire commence être transforme dès qu’elle est relaye un premier niveau pour interprtation. Plus il y a de paliers travers lesquels l’information doit circuler et plus celle-ci est transforme. Il y a des gens qui deviennent maîtres dans l’art de protger leur statut et leur emploi et constituent ventuellement un palier inutile. De par leur niveau hirarchique plus lev, ils sont difficiles dloger. Cette situation n’a pu être vite non plus Bletchley Park. Comme l’crivait Knox l’poque, « […] Nous sommes actuellement encombrs d’officiers du renseignement qui malmènent nos rsultats et ne font aucun effort pour vrifier leurs corrections arbitraires ».

Un passage du livre m’ayant particulièrement touch est l’histoire de ces trois marins britanniques qui nagèrent jusqu’ un U-Boat, le U-559, alors qu’il avait commenc couler, et rcuprèrent une machine Enigma quatre rotors (la nouvelle version complexifie) de même que les cls Stark utilises. Les deux marins qui pntrèrent dans le U-Boat prirent, car ils n’eurent pas le temps d’en sortir temps. Le troisième, demeur l’extrieur, put ramener le matriel (plac judicieusement dans un sac tanche) vers son bateau. Mettre ainsi la main sur une machine Enigma et ses cls devait s’avrer capital pour neutraliser les forces allemandes sur les ocans.

Je termine avec une citation de Mavis Batey, qui rsume bien l’tat d’esprit des gens œuvrant Bletchley Park : « Vous faites ou non des choses, mais si vous n’agissez pas, personne ne le fera votre place ».

©2012 Ixelles Publishing SA
ISBN 978-2-87515-178-0
©Sinclair McKay 2010 (auteur), titre original anglais : The Secret Life of Bletchley Park