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Roman graphique et bandes dessinées

Le roman graphique Magnum Génération (s).

Le roman graphique Magnum Génération (s)
Le roman graphique Magnum Génération (s)

Au moyen de dessins et de superbes photographies, ce roman graphique relate les évènements qui ont contribué à la création de Magnum, la célèbre agence internationale de photographie.

Avant Magnum, on ne trouve que des photographes qui tentent de se faire connaître et de gagner un mince pécule face aux géants comme Time et autres médias qui dictent leurs volontés. Ces grandes compagnies recadrent les images originales, ne reconnaissent pas le droit d’auteur et engrangent des profits gigantesques sur le dos des photographes comme Robert Capa, David « Chim » Seymour,   Gerda Taro, Henri Cartier-Bresson et George Rodger. C’est en réaction aux abus que ces photographes créeront la nouvelle agence.

Le livre nous conscientise sur les risques énormes pris pour ramener des clichés des différents conflits planétaires. Robert Capa et Gerda Taro y perdront même la vie dans le feu de l’action.

Une page du roman graphique Magnum Generations
Une page du roman graphique Magnum Generations

On assiste à l’évolution de Magnum, son internationalisation et le changement de sa vocation première. D’un travail initialement axé sur la couverture des guerres, les photographes se tournent progressivement vers une diversification de leurs activités, autant pour accommoder les besoins spécifiques des médias que des productions cinématographiques.

L’agence les protège désormais des abus. Les photographes réalisent cependant qu’ils doivent demeurer à l’écoute des donneurs de contrats pour survivre financièrement. Ils se réservent tout de même une marge de manœuvre pour la création pure, selon la personnalité de chacun et chacune et l’humeur du jour.

De garder en vie cette agence constituée de professionnels aux ambitions différentes n’est pas une mince tâche. Elle connaît des crises, des schismes, des réinventions toutes essentielles à l’évolution de cette institution de renommée internationale.

Pour ceux qui ignorent tout de Magnum, ce roman graphique propose une première approche très accessible.

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Titre: Magnum Generation (s)

Scénario: JD Morvan

Dessin: Arnaud Locquet, Scietronc, Rafael Ortiz

Couleur: Hiroyuki Ooshima

Éditions: Caurette, ©2022

ISBN: 978-2-38289-028-8

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Roman graphique et bandes dessinées

Warbirds : B-25 Mitchell : Tonnerre sur Tokyo

Bande dessinée de la série Warbirds: B-25 Mitchell - Tonnerre sur Tokyo
Bande dessinée de la série Warbirds: B-25 Mitchell – Tonnerre sur Tokyo

Cette bande dessinée publiée en 2023 constitue la troisième de la série Warbirds, aux éditions Soleil.

Le 18 avril 1942, quelques mois après le raid sur Pearl Harbor, seize bombardiers B-25B Mitchell décollent du nouveau porte-avions Hornet pour une attaque-surprise sur cinq villes japonaises. Il s’agit en fait d’une mission connue sous le nom de « Raid Doolittle ».

Ces machines qui ne sont pas conçues pour opérer à partir d’un porte-avions ne pourront rejoindre leurs cibles et revenir à bon port en sécurité, faute de carburant suffisant. Tous les pilotes en sont parfaitement conscients et se portent volontaires.

La flotte de seize appareils, commandée par Jimmy Doolittle, atteint avec succès son objectif visant à semer la confusion chez l’adversaire et montrer que le Japon demeure vulnérable pour des attaques-surprises. Les Japonais se demandent comment des bombardiers américains ont pu atteindre et frapper leur pays ? D’où sont-ils décollés ? Ils savent bien que les B-25 Mitchell ne sont pas conçus pour décoller d’un porte-avions et qu’ils demeurent incapables de s’y poser.

Le génie de l’intervention tient à la combinaison de multiples décisions très risquées qui, ensemble, surprennent l’ennemi. Premièrement, faute de pouvoir faire atterrir les avions sur le Hornet, on les installe avec une grue, en sachant bien que jamais ils ne reviendront sur le navire.

De plus, on entraîne les commandants de bord à décoller sur des distances impensables pour eux, au moyen d’une technique poussée à l’extrême. Le déplacement rapide du vaisseau améliore la composante de vent de face si indispensable pour des manœuvres aussi périlleuses.

Les pilotes doivent faire preuve d’une très grande maîtrise pour respecter la trajectoire de départ sur une plateforme qui bouge de gauche à droite en pleine tempête. On doit absolument éviter les bâtiments sur le côté du Hornet et l’écart disponible entre le bout de l’aile et la tour du navire ne dépasse pas deux mètres. Malgré tous les obstacles, l’ensemble des B-25 réussit à décoller. Ce sera une mission sans retour vers le Japon.

Doolittle pilote le premier B-25 qui décollera du porte-avions. Il ne bénéficie que d’une très petite portion du pont pour s’exécuter, car il y a encore quinze autres bombardiers qui attendent leur tour pour s’envoler. Le deuxième pilote à quitter le pont évite de justesse un amerrissage, alors que l’appareil s’enfonce légèrement et qu’une roue du train d’atterrissage touche à l’eau. Mais l’avion gagne juste assez de vitesse pour demeurer en l’air.

Les bombardiers et équipages connaissent des sorts différents, une fois les pilonnages effectués sur les objectifs japonais. Les auteurs concluent ainsi : « Le raid détruisit 112 bâtiments et fit 87 morts, en environ 6 minutes. […] La destruction de 15 des 16 B-25, incapables de rejoindre un terrain chinois pour s’y poser, fut tout de même à déplorer, le 16e B-25 ayant atterri sans encombre en URSS. À déplorer aussi la mort accidentelle de trois aviateurs (avions 3 et 6) et la capture de 8 autres (avions 6 et 16) par les Japonais, dont 4 ne revinrent jamais au pays, 3 ayant été exécutés comme “criminels de guerre” et le 4e étant mort en captivité. Bien pire encore, les Japonais se vengèrent des Chinois, qui avaient aidé tous les aviateurs survivants, en organisant le massacre d’environ 250 000 civils dans les provinces du Zhejiang et du Jiangxi alors sous leur contrôle. Ce qui laissera des traces… ».

Des tests d’atterrissage et de décollage sur un autre porte-avions, le Forrestal, ont aussi été effectués des décennies plus tard avec un C-130 Hercules. J’ai tenté de reprendre l’expérience en simulation de vol. Le vol se trouve dans la section « vols virtuels exigeants » de mon blogue. Le Forrestal n’étant pas disponible sous forme virtuelle, je me suis servi du porte-avions USS Enterprise.

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Titre : Warbirds : B-25 Mitchell : Tonnerre sur Tokyo

Auteurs : Richard D. Nolane et Vladimir Aleksic

Éditions : Soleil/D. Nolane/Aleksic

ISBN : 978-2-302-09745-2

© 2023

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Roman graphique et bandes dessinées

Tsar par accident.

Tsar par accident: mythes et mesonges de Vladimir Poutine.
Tsar par accident: mythes et mesonges de Vladimir Poutine.

L’auteur Andrew S. Weiss a travaillé à la Maison-Blanche, au Pentagone, au département d’État, etc. Il signale : « Si à l’époque on m’avait dit qu’un ancien sous-officier du KGB – qui n’avait jamais vraiment brillé – un certain Vladimir Poutine […] – serait promu des arrière-salles du Kremlin directement à la tête du pays, je vous aurais dit d’aller vous faire soigner ». Il ajoute : « Ce que nous croyons savoir de lui est souvent un savant mélange de psychologie de comptoir et d’interprétations erronées de l’histoire millénaire de la Russie ». Sa mise en scène comme un dur à cuire « lui permet de passer pour plus intelligent – et plus compétent – qu’il ne l’est réellement. […] ».

Le roman graphique « Tsar par accident » raconte les hasards de la vie qui ont fait en sorte que Vladimir Poutine s’est retrouvé au pouvoir au moment où sa carrière plutôt sans éclats le destinait à un poste moins élevé. Mais on pourrait dire la même chose de certains dictateurs, présidents, rois et ministres de par le monde au cours des âges auxquels la chance a souri. Eux aussi ont su profiter des occasions favorables pour gravir des échelons trop importants pour leur talent naturel. La nation en paie alors le prix jusqu’au renversement, exil ou décès du personnage.

Il faut quand même donner à Poutine le fait qu’il s’obstine, qu’il s’accroche, malgré les revers et les refus. Pour accéder au KGB, on lui dit de faire des études ou d’entrer dans l’armée. Il s’exécute et reçoit son diplôme.

Il se retrouve donc au KGB en 1975. Mais ce ne sont pas les grandes missions dont il rêvait qui l’attendent, mais du travail de terrain local. Il n’impressionne pas ses supérieurs avec les résultats obtenus. À la suite d’une bagarre dans le métro, on le mute à Dresde en 1985 pour des missions vides de sens, faute de budget. En 1999, on apprend au président Clinton que Poutine sera le prochain président russe. Que s’est-il passé entre 1985 et 1999 pour que soudainement Poutine sorte à ce point de l’obscurité et soit propulsé comme président de la Russie ?

Il faut créditer son éthique de travail, mais avant toute chose sa loyauté envers ses patrons dans cette organisation qui privilégie les liens personnels. Eltsine, le président de l’époque, sentait sa fin venir et proposa un marché à Poutine. L’auteur écrit : « Il ferait de lui le président s’il acceptait de les protéger, lui et sa famille ».

Tout comme Hindenburg croyait pouvoir manipuler Hitler en lui permettant d’accéder aux hautes sphères du gouvernement, Eltsine pensait faire de même avec Poutine. Dans les deux cas, ce fut une erreur coûteuse pour l’Europe et le monde.

Le bouquin passe en revue la montée des oligarques russes, le rapprochement du pouvoir pour les amis de Poutine. Andrew Weiss souligne : « L’un des points que les étrangers ne saisissent pas toujours c’est que la Russie est une société qui fonctionne sur la base des liens personnels, plutôt que dans le cadre d’institutions ou d’un état de droit. »

Dans les années suivant la chute du Mur de Berlin, on constate la mainmise de secteurs importants de l’économie russe par des fonctionnaires et agents du KGB corrompus, de même que par la mafia. Comme l’écrit l’auteur : « Vladimir Koumarine, patron tout-puissant du gang notoire Tambov, faisait la loi dans le pays ».

Le support de Vladimir Poutine envers les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 le rapproche de George W. Bush et de son père George H. W. Bush avec lesquels il va même à la pêche à Kennebunkport. Il espérait ainsi relancer l’économie moribonde russe et gagner en liberté pour contrôler les médias russes.

Le plus étonnant pour moi demeure le fait que Poutine approuva durant cette période l’implantation hautement controversée de bases américaines et de l’OTAN à travers l’ex-Union soviétique (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan). Par ce geste, il recherchait une stabilisation avec l’Ouest. Les causes des attentats du 11 septembre 2001 étant encore discutées aujourd’hui à travers le monde, spécialement dans les cercles les plus informés, Poutine a dû réfléchir plus tard à la pertinence et aux conséquences de sa décision d’autoriser de nouvelles bases américaines et de l’OTAN près de la Russie.

Le président russe s’aperçoit rapidement qu’il ne pèse pas lourd dans la balance diplomatique face à un superpouvoir comme les États-Unis. On ne le reconnaît pas en tant que joueur sur lequel il faut compter. Dans l’optique d’une meilleure compréhension entre l’Occident et la Russie, l’auteur souligne l’importance de mieux appréhender les griefs des deux camps. Il signale que cela manque cruellement.

D’autant plus que le Kremlin a la certitude que « les revendications de changement politique sont toujours le fait de conspirations soutenues par les Occidentaux ». À force de se surveiller les unes les autres et tenter d’influer sur la gestion intérieure d’autres pays, toutes les grandes nations projettent leurs intentions et ne croient plus qu’une manifestation peut provenir de la base à partir d’un désir sérieux d’amélioration de certaines politiques détestables.

L’auteur effectue un retour sur les problèmes entourant la sécurité territoriale de la Russie à travers les époques, envahie tour à tour par les Mongols, Napoléon et Hitler : « [La Russie] se repose traditionnellement sur les territoires annexés pour faire tampon entre la mère patrie et toute menace extérieure ». Il traite également du conflit tchétchène, de la lutte contre le terrorisme, de l’ingérence politique dans les États voisins et de l’implication russe dans les élections américaines de 2016.

Andrew S. Weiss couvre large et d’autres thèmes trouvent leur place dans le bouquin : l’histoire de la Guerre froide, Trump, Snowden, Wikileaks, les JO de Sotchi et le travail de Maria Butina, une agente russe qui réussit à pénétrer les cercles supérieurs du parti républicain américain.

C’est sa croyance dans le déclin irréversible de l’Occident qui a permis à Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine. L’auteur conclut avec une remarque sur l’invasion de ce pays et le bombardement sans discernement des cibles civiles : « Le monde est en train de comprendre que Poutine n’a jamais été le stratégiste qu’il a prétendu être. C’est un improvisateur pris dans son propre piège ».

Je me permets une remarque concernant l’invasion de l’Ukraine. Ce pays doit recevoir des avions de combat des États alliés pour protéger son territoire, ce qui offusque profondément la Russie. J’aimerais tout de même rappeler le fait que lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique a accepté énormément d’aide provenant de l’extérieur pour sa défense sur le Front de l’Est. Pour ne citer qu’un seul appareil et pays, l’Union soviétique a obtenu 877 bombardiers B-25 Mitchell des États-Unis.

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Titre : Tsar par accident : mythes et mensonges de Vladimir Poutine

Auteur : Andrew S. Weiss et Brian « Box » Brown

Éditions : Rue de Sèvres

© 2022

ISBN : 978-2-81020-450-2

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Géopolitique

L’Allemagne et le réarmement

Vladimir Poutine affirme qu’il se sent coincé par l’OTAN. Pour améliorer sa position stratégique, il envahit l’Ukraine et rase toutes ses installations d’importance, qu’elles soient civiles ou militaires, en tuant et affamant au passage des milliers de personnes.

Les grandes puissances, et spécialement les dictatures, éprouvent une infinie difficulté à réfléchir de façon originale et intelligente quand elles savent qu’elles ont accès à une solution militaire. Les soldats et les bombes régleront rapidement ce différend qui perdure et on pourra passer à autre chose.

En adoptant un schème de pensée datant du Moyen, Vladimir Poutine a créé un effet rebond. De très nombreux pays voisins vivent maintenant dans la crainte d’une attaque injustifiée. Plutôt que de diminuer la capacité militaire des pays voisins comme il le souhaite, Poutine n’a réussi qu’à renforcer leur volonté de s’unir et se réarmer.

Par exemple, l’Allemagne devait développer, en partenariat avec d’autres pays, le prochain jet de combat à voler dans le ciel européen. Cela prendrait bien sûr des années à concevoir, mais on ne s’en souciait guère. Le pays avait clairement pris la voie du pacifisme depuis des décennies. L’invasion de l’Ukraine a tout changé. Les Allemands accélèrent tellement la cadence qu’ils commandent maintenant des appareils existants déjà sur le marché. Au diable la recherche, les délais et surtout le fait que l’avion proviendra des États-Unis.

Car le gouvernement allemand a retenu le F-35 américain. Ce jet militaire possède la caractéristique non négligeable de pouvoir transporter l’arme nucléaire de façon furtive.

La Russie devra désormais redoubler d’efforts pour surveiller dans le ciel d’Europe cet appareil performant, difficile à détecter et capable d’infliger de lourdes pertes en cas de conflit.

On a également constaté que la majorité des dommages en Ukraine provenaient d’attaques aériennes. Le système de défense antimissile Patriot n’étant efficace que sur une courte distance, les Allemands ont récemment visité Israël pour en connaître davantage sur le Arrow 3. Ce système d’interception défensif permet de détruire des missiles se trouvant à moyenne et longue portée, même ceux volant hors de l’atmosphère terrestre.

Un avion de combat furtif américain capable de transporter l’arme nucléaire et équipant les forces de l’air allemandes ? Un système de défense antimissile de longue portée sur le territoire allemand? Le pays était bien loin de toutes ces discussions au début de 2022. Les actions de Vladimir Poutine en Ukraine ont relancé la course aux armements pour de nombreux pays.

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Romans

« Papa » par Régis Jauffret

Le roman "Papa" de Régis Jauffret.
Le roman « Papa » de Régis Jauffret.

Autant Sorj Chalandon, dans son roman « Enfant de salaud », que Régis Jauffret dans « Papa » tentent de saisir la personnalité énigmatique de leur père. Celui de Sorj Chalandon aurait été résistant et traître à la fois, alors que le père de Régis Jauffret aurait été filmé en sortant d’une séance d’interrogatoire de la Gestapo, la terreur sur le visage. Où se situe la vérité ? Qui sont vraiment ces pères ?

Dans un texte précédent, j’ai présenté le livre « Enfant de salaud ». Au tour maintenant du roman « Papa » de Régis Jauffret.

Comme on peut s’y attendre avec Régis Jauffret, le style d’écriture diffère radicalement. L’auteur est lauréat du prix Goncourt de la nouvelle (2018) pour son roman « Microfictions 2018 ». Son sens de la synthèse, de l’humour noir et même du cynisme fait de ce retour dans le passé du père une aventure littéraire autant qu’historique. Le lecteur comprend rapidement que l’auteur se fait plaisir en présentant ses découvertes. Il ajoute même un peu de fiction au besoin.

Fidèle à mon habitude quand il s’agit de Régis Jauffret, je présenterai son livre à travers des citations choisies. En effet, l’intérêt du livre réside autant dans le contenu que dans la façon dont Régis s’exprime pour éclairer son propos. Voici donc quelques citations susceptibles de donner le ton du bouquin :

« Elle me raccompagne ravie, limite hilare, en me donnant de légères tapes dans le dos ».

« — J’ai communié.

Quelqu’un m’a fait remarquer en sortant que je n’étais pas croyant.

   — Justement, une hostie ou des chips.

      J’ai souri mais après ce blasphème je n’en menais pas large. Quand on a été éduqué religieusement on conserve toujours dans un repli de son cerveau la terreur de Dieu ».  

« Il venait d’avoir un AVC qui loin de le handicaper semblait l’avoir ragaillardi ».

« Elle me raconta que l’humidité avait fait sauter le bois de placage [du cercueil]. Ne restait plus qu’une caisse de planches noircies. Je n’étais pas d’humeur assez badine pour appeler la dame des pompes funèbres afin de faire jouer la garantie éternelle dont jouit sans doute ce genre de produits métaphysiques ».

« Un de ces souvenirs de bonheur qui vous donnent raison de n’être jamais entré chez un armurier pour acheter de quoi vous tirer une balle dans la tête ».

« […] Alfred avait pour consigne de serrer les dents pendant le coït sans émettre un soupir tandis qu’elle demeurerait aussi stoïque que lorsque sans anesthésie le dentiste taquinait une de ses molaires du bout de sa fraise ».

 « Par l’entremise du vaste pavillon en cuivre d’un gramophone perché sur un piédestal dont on avait volé la statue, Édith Piaf gueulait “J’ai dansé avec l’amour” tandis que du sous-sol montaient les cris des martyrs ».

« Écrire sur soi-même est une forme d’incontinence ».

« On est condescendant avec les sourds sans statut ni talent mais on préfère les fréquenter parcimonieusement. Quand on ne les a pas aperçus assez tôt pour s’être planqué derrière un engin de chantier ou un homme volumineux, on les salue de loin en filant ».

« Si je n’avais pas vu ces images, tu serais resté dans les égouts de ma mémoire ».

« Si je dure aussi longtemps que Madeleine, je serai un centenaire qui ruminera inopinément son père dans son cerveau desséché comme un raisin de Corinthe tandis qu’un aide-soignant bâti comme un colosse balancera jambes en l’air mon corps décharné pour changer ma couche ».

« Minable descendante de protozoaires devenus difficultueusement êtres multicellulaires pourvus d’encéphale, l’humanité n’a aucun motif de pavoiser ».

« C’est héroïque en temps de guerre d’assumer le rôle de bourreau quitte à se tromper parfois puisque dans les situations extrêmes le doute ne profite jamais à l’accusé ».

« Il discourait du matin au soir. La moindre personne connue de lui rencontrée dans la rue se voyait douchée de langage comme un imprudent sur une jetée un jour de tempête par une déferlante. À son bureau, tout le monde en était trempé. Si bien qu’on le fuyait mais il parvenait toujours à trouver quelqu’un qui par gentillesse se laissait inonder ».

« Je ne l’ai jamais entendu non plus parler de sa journée. Il avait fait beau, il avait neigé, il avait plu, un chamois avait traversé la piste en queue-de-pie, un homme touché par l’orage s’était enflammé, une dame était tombée dans une crevasse en chantant une cantate de Jean-Sébastien Bach ».

« Pendant ce temps, Jean-Jacques et Honoré entreprirent les sœurs rouges comme de la viande bleue de se retrouver en présence de deux garçons dont les pantalons à la mode du temps moulaient l’appareil génital dont elles redoutaient par avance la piqûre ».

Bonne lecture !

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Titre : Papa

Auteur : Régis Jauffret

Éditions : Roman/Seuil, 2020.

ISBN : 978-2-02-145035-4

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Guerre Romans

Enfant de salaud.

Roman "Enfand de salaud" de Sorj Chalandon
Roman « Enfand de salaud » de Sorj Chalandon

Sorj Chalandon est journaliste et a travaillé des décennies durant aux journaux français Libération et Canard enchaîné. Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreux prix : Albert Londres (1988), Médicis (2006), Grand Prix de l’Académie française (2011), Goncourt des Lycéens (2013) et son plus récent prix, le Goncourt 2021 des lecteurs de 20 Minutes.  

« Enfant de salaud » est l’histoire vécue de l’auteur qui tente de faire la lumière sur le passé extrêmement nébuleux de son père durant la Seconde Guerre mondiale, au moment où les Allemands occupent la France.

Ayant eu accès aux archives officielles, il découvre progressivement que son père a traversé la guerre en s’engageant dans cinq armées qu’il a toutes désertées. Il a servi l’ennemi de toutes les façons, mais s’est toujours ménagé des portes de sortie en s’assurant que les quelques gestes qu’il posait pour la France soient répertoriés quelque part, en cas d’enquête lorsque la guerre serait terminée.

Le chef de la Sûreté nationale de Lille qui a interrogé le père au lendemain de la guerre dit de lui : « Cet individu est un menteur, doué d’une imagination étonnante. Il doit être considéré comme très dangereux et traité comme tel. »

Entre les réflexions et les découvertes du fils sur le passé et la psychologie du père, le lecteur assiste en parallèle au procès de Klaus Barbie, ce psychopathe et grand criminel de guerre nazi qui est mort en prison en France en 1991. Des passages du livre glacent le sang, même si on sait un peu à quoi s’attendre quand il est question de nazis, de SS et des membres de la Gestapo.

Lorsque le survivant d’un camp de concentration, Isaac Lathermann,  s’avance à la barre lors du procès de Barbie, il annonce que « [dans les camps], à hauteur d’homme, il n’y avait plus d’écorce aux arbres, tout avait été mangé. Plus d’herbe non plus. Mangée, elle aussi ».

Heureusement, le lecteur ne navigue pas en territoire aussi sombre tout au long du roman. Il découvre la résistante incroyable qu’est Lise Lesèvre   qui, même torturée pendant des jours par Klaus Barbie, ne lâche pas une seule information. Un exemple phénoménal de courage, de détermination et de patriotisme.

« Enfant de salaud » est le voyage intérieur de l’auteur sur plusieurs décennies. Le fait que le livre porte sur une histoire vécue rend la lecture encore plus captivante.

Bonne lecture.

Titre : Enfant de salaud

Auteur : Sorj Chalandon

Éditions : Grasset et Fasquelle, 2021.

ISBN : 978-2-246-82815-0

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Romans

Le sympathisant

Le livre "Le sympathisant" de Viet Thanh Nguyen.
Le livre « Le sympathisant » de Viet Thanh Nguyen.

L’agent double du roman « Le sympathisant » est un homme seul que rien ne va détourner de son idéal politique, un peu comme pour le soldat japonais Hiro Onada que l’on retrouve dans un autre excellent livre intitulé « Au nom du Japon ».

« Le sympathisant » est un voyage entre le Saïgon de 1975 et la côte ouest-américaine des années » 80. Le roman décrit la vie d’un agent double dans la région où il est né, l’Indochine coloniale, puis plus tard dans la nouvelle existence qu’il s’est recréée aux États-Unis. Cet homme de l’ombre, en qui son général de l’armée du Sud Vietnam a parfaitement confiance, transmet par messages codés des informations aux communistes du Nord Vietnam.

L’intérêt du roman tient à la façon dont l’auteur présente les propos et pensées du personnage principal. Cet agent double anonyme est un parfait analyste du monde dans lequel il vit et n’hésite pas une seconde à commenter ses observations avec une grande acuité et aussi, parfois, avec un minimum de diplomatie. Les thèmes graves autant que l’humour et le cynisme ont souvent leur place, au grand plaisir du lecteur. En voici quelques passages :

« […] les mêmes hommes qui ricanent à l’idée que les licornes puissent exister croiront dur comme fer, les larmes aux yeux, dans l’existence d’une espèce encore plus rare, plus mythique, qu’on ne trouve que dans les ports les plus reculés ou dans les recoins sombres et cachés des tavernes les plus sordides : je veux parler de la fameuse prostituée au cœur d’or. Je puis vous assurer que si les prostituées ont quelque chose en or, ce n’est pas leur cœur. Que certains puissent ne pas le croire est un hommage aux grandes comédiennes. » (p.56-57)

« Je note simplement que l’apparition de prostituées indigènes au service de soldats étrangers est une conséquence inévitable de toute guerre d’occupation, un de ces vilains petits effets collatéraux de la défense de la liberté, que les femmes, sœurs, fiancées, mères, pasteurs et politiciens du fin fond de l’Amérique font tous mine d’ignorer, derrière leurs murs de sourires lustrés, en accueillant leurs soldats de retour au pays, prêts à soigner n’importe quelle maladie honteuse avec la pénicilline de la bonté américaine. » (p.57-58)

« Il avait cloué un beau tapis oriental au mur, à défaut, je suppose, d’un Oriental tout court. » (p.88)

« Une fois capturés, ces subversifs avaient une seule destination, mais nombreux étaient les chemins désagréables pour y parvenir. » (p.111)

« C’était là qu’était né le criminel de guerre Richard Nixon, et là que résidait John Wayne, un coin si férocement patriote que je pensais que l’agent orange avait été fabriqué ici, ou en tout cas baptisé en son honneur. » (p.126)

« Il parlait la bouche pleine et ouverte, envoyait de temps en temps un bout de riz sur ma joue, sur mes cils, ou dans mon propre bol, et mangeait avec un tel bonheur que je ne pus m’empêcher d’éprouver tendresse et pitié devant tant d’innocence. » (p.129)

« J’avais cru, naïvement, pouvoir détourner l’organisme hollywoodien de son objectif, la lobotomisation et le détroussement simultanés des spectateurs du monde entier. » (p.177)

« […] des pages centrales évoquaient les récents meurtres non élucidés de dissidents politiques et leurs corps criblés de balles jetés en pleine rue. Dans une situation troublante de ce genre, tous les corps criblés mènent à un cribleur en chef, le dictateur» (p.197)

« La mission d’un espion n’est pas de se cacher là où personne ne peut le voir, puisque lui-même ne pourra rien voir non plus. La mission d’un espion est de se cacher là où tout le monde peut le voir et où il peut tout voir. » (p.227)

« […] et un Blanc, grand et mince, portant un costume bleu pastel, une cravate à motifs cachemires aussi épaisse qu’Elvis Presley et une chemise couleur de l’urine après un repas d’asperges. » (p.258)

« Dans les négociations, comme dans les interrogatoires, le mensonge était non seulement acceptable, mais attendu. » (p.262)

« Elle m’insulta si copieusement, et avec une telle inventivité verbale, que je dus consulter autant ma montre que mon dictionnaire. » (p.292)

« Les journalistes sont toujours gênants quand ils sont indépendants. » (p.296)

« Je vais vous dire quel est mon rêve américain, dit-il en tenant le micro avec une délicatesse qu’on réserverait à un bâton de dynamite ». (p.302)

« Dehors s’étendrait un immense green de golf consommant plus d’eau qu’une métropole du tiers-monde, et des quatuors de banquiers virils y pratiqueraient ce sport dont la maîtrise exigeait à la fois la force brutale, et guerrière, requise pour éviscérer les syndicats et toute la finesse nécessaire à une bonne évasion fiscale. » (p.319)

« J’avais devant moi plusieurs spécimens représentatifs de la créature la plus dangereuse de tous les temps : le Blanc en costume-cravate ». (p.320)

Bonne lecture!

Titre : Le sympathisant

Auteur : Viet Thanh Nguyen

Éditions : Belfond, 2017

ISBN : 978-2-7144-7565-7

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Comportement humain

Livre: Au nom du Japon

Livres: Au nom du Japon
Livres: Au nom du Japon

Même si la Seconde Guerre mondiale est terminée et que l’armistice est signé en 1945, quatre Japonais continuent de se cacher sur l’île de Lubang, dans les Philippines, attendant l’ordre officiel de leur supérieur de rendre les armes. Ils ont été oubliés là, dans la jungle, et continuent de survivre du mieux qu’ils le peuvent en évitant les patrouilles parties à leur recherche pour leur dire que la guerre est terminée. Ils continuent d’accumuler des informations sur l’île pour les services de renseignements en espérant être utiles au moment où aura lieu un éventuel débarquement japonais qui chassera les Américains de l’île. Les années passent et il ne restera plus qu’un seul soldat japonais, Hiro Onada, qui rendra finalement les armes en 1974, trente ans plus tard!

Le livre est une leçon de survie en milieu hostile. La discipline et la débrouillardise qui sont requises pour subsister et assurer leur sécurité sont extrêmement impressionnantes. Onada, même s’il s’est enfoncé progressivement dans une réalité alternative, fait preuve d’une ténacité absolument remarquable.

Voici un passage qui montre la réalité de la jungle : « […] Il y a également beaucoup d’abeilles sur l’île. D’immenses essaims volent dans les zones broussailleuses au pied des montagnes. J’en ai vu qui faisaient trente mètres de large et cent de long, volant ici et là avec des changements de direction imprévisibles. Si nous rencontrions l’un de ces essaims, la seule chose à faire était de retourner dans les bois ou bien, si nous n’en avions pas le temps, de nous couvrir la tête avec la toile de notre tente ou nos vêtements et de nous allonger par terre. Si nous faisions le moindre mouvement, elles passeraient à l’attaque. Nous devions respirer le plus doucement possible, jusqu’à ce que l’essaim soit passé. » (p.216)

En 1957, des bombardements dans le voisinage les rassurent que la guerre continue. Mais ce sont des exercices militaires de l’armée de l’air philippine, et non une attaque américaine.

Onada et QAnon

Au fur et à mesure que les années passent, d’innombrables occasions seront offertes aux soldats pour réaliser que la guerre est terminée. Ils auront même éventuellement accès à une radio. Peu importe : tout ce qui sera lu, entendu ou découvert par hasard ne sera, selon eux, que le fruit d’une désinformation provenant de l’ennemi.

À la lecture de cette histoire vécue, il est possible de faire un rapprochement entre le témoignage d’Onada, le guerrier japonais isolé dans sa jungle, et un adepte de QAnon : les deux ne peuvent accepter une défaite et croient en une mission presque divine. Comme le dit si bien Onada lui-même : « À cette époque, Kozuka et moi avions développé tellement d’idées fixes que nous étions incapables de comprendre tout ce qui en différait. Si quelque chose ne correspondait pas à notre vision des choses, nous l’interprétions de façon à lui donner la signification que nous voulions » (p.192).

Lorsqu’une personne est progressivement amenée à croire à une réalité alternative et qu’elle décide de s’y accrocher pour sa santé mentale ou physique, ou les deux, une même conclusion demeure : peu importe les preuves, les discours, les nouvelles réalités qui seront présentées, cette personne continuera à persister dans sa ligne de pensée. Il faudra qu’un événement dramatique se produise dans sa vie pour qu’elle décide peut-être de changer de voie et de revenir à la réalité objective.

Bonne lecture!

Titre : Au nom du Japon

Auteur : Hiro Onada (traduit par Sébastien Raizer)

Éditions : La manufacture de livres

© Hiro Onada, 1974. Réédité en 2020 pour la version française.

ISBN : 978-2-35887-268-3

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Pionniers de l'aviation

Hans Baur: J’étais le pilote de Hitler.

Couverture du livre Hans Baur: J'étais le pilote de Hitler
Couverture du livre Hans Baur: J’étais le pilote de Hitler

Le livre « J’étais le pilote de Hitler » qui relate une histoire vécue a initialement été publié en 1957. L’édition 2020 est présentée et annotée par Claude Quétel, et cela fait toute la différence. Cette fois, le lecteur comprend mieux qui est vraiment Hans Baur, un des fondateurs de la Lufthansa en 1926 et qui fût aussi le pilote de Hitler, mais également un officier nazi SS haut-gradé et un proche du Führer.

Les informations offertes par Hans Baur sont d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que nous avons affaire, au début de la carrière de Hans Baur, à un pionner de l’aviation. À l’époque, les avions ne contiennent pratiquement aucun instrument de navigation aérienne pouvant aider un pilote volant dans des conditions météorologiques difficiles. Les Alpes représentent un défi par beau temps, alors on peut s’imaginer que par mauvais temps et dans un avion peu équipé, le pilotage se complique grandement. Si en plus on ajoute les conditions verglaçantes, des pannes de moteur, des cabines qui ne sont pas chauffées et qui ne sont pas équipées d’appareils fournissant de l’oxygène supplémentaire aux pilotes, il y a alors des vols qui relèvent plus de l’exploit qu’autre chose. Cet aspect du livre est donc très intéressant.

J’ai également apprécié toutes les anecdotes de Hans Baur concernant les exigences de Hitler à son égard. Être pilote pour le Führer n’était pas une mince tâche. Hitler avait de très grandes attentes face à la performance et à la ponctualité de son pilote personnel, et ce dernier a certainement démontré des capacités hors du commun pour satisfaire son supérieur.

Là où il faut être circonspect, c’est que nous avons tout de même affaire à un pilote SS, qui était membre de l’organisation nazie avant qu’Hitler ne prenne le pouvoir. Il faut s’interroger sur ses valeurs personnelles et sur ce qui est omis dans le livre. Les massacres en règle perpétrés lors de l’opération Barbarossa en Russie, ou l’élimination de six millions de Juifs ne sont pas abordés, car le pilote SS soutient qu’il ne s’est jamais occupé de politique. Il transportait les passagers sans se poser de questions, mais il avait choisi le nazisme comme mouvement politique. Quand on est quotidiennement invité à la table d’Hitler et que l’on fait donc partie de son cercle rapproché, il est clair que le nazi que représente Hans Baur s’exprime sur autre chose que le pilotage.

L’expérience vécue dans les prisons russes est décrite comme inhumaine par Hans Baur, qui a dû y séjourner dix ans. Il parle du transport de prisonniers allemands dans des wagons à bestiaux, de très mauvaise nourriture, etc. Mais je n’ai pu m’empêcher de me demander sur quelle planète il vivait pour dénoncer sa condition de prisonnier tout en passant sous silence le traitement réservé par les Allemands aux Russes et à tous les gens qui ont été déportés et massacrés. Les Einsatzgruppen  n’étaient pas des enfants de chœur. D’ailleurs, Claude Quétel relève aussi cette remarque de Hans Baur, en ajoutant que « quoique très dures, les conditions de vie et de travail dans les camps soviétiques n’ont rien à voir – comme on le lit parfois – avec celles des camps de concentration allemands » (p.381).

Il y a aussi quelques imprécisions et parfois des faussetés que Claude Quétel n’hésite pas à relever. Il s’agit parfois d’erreurs anodines résultant d’une mémoire défaillante. Par contre, d’autres faits d’importance sont carrément inexacts. Comme dans ce passage où Baur dit que Hitler a décidé d’attaquer la Russie quatre semaines avant le début de la guerre, ce qui est faux. La conquête de l’Est et d’un espace vital est spécifiquement énoncée dans Mein Kampf et on parle d’un livre écrit lorsque Hitler est en prison en 1923 à la suite d’un coup d’État manqué.

Conclusion.

Le livre « J’étais le pilote de Hitler » est un livre très intéressant, un de plus sur l’Allemagne nazie. L’histoire de l’Allemagne est fascinante et complexe, depuis l’époque du Saint-Empire romain jusqu’à aujourd’hui. Mais il semble que ce sera toujours les douze années de la période nazie qui obtiendront le plus de succès en librairie. À tort ou à raison.

Bonne lecture!

Titre : J’étais le pilote de Hitler.

Auteur : Hans Baur

Éditions : Perrin

© 2020

ISBN : 978-2-262-08168-3

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Géopolitique Sujets controversés

La réélection de Donald Trump en 2020.

Le président américain Donald Trump prépare sa réélection de l’automne 2020 en mettant en pratique une recette utilisée par la machine Daley, de Chicago. Le père et le fils Daley ont régné sur Chicago pendant des décennies en utilisant la répression policière.

Le policier Derek Chauvin, qui a tué l’Afro-Américain George Floyd, offre une occasion au président des États-Unis d’utiliser une recette éprouvée. Le meurtre ayant été suivi de manifestations et éventuellement de pillage, Trump s’est plaint de la faiblesse des dirigeants et a suggéré non seulement que les forces de l’ordre dominent la rue, mais que l’utilisation de l’armée serait possiblement requise contre la population.

Voici un court extrait d’un résumé du livre « Chicago » qui se trouve sur mon site web :

« L’exploitation des peurs raciales connaissait beaucoup de succès à Chicago. Daley défendait ses politiques en disant que “la plupart des gens s’inquiétaient bien plus d’une émeute des Noirs que d’un maire qui ordonne l’usage de la force létale pour y mettre un terme et qu’ils se reconnaissaient bien moins dans des manifestants pacifistes que dans les policiers qui les frappaient à coups de matraque. (p.319)

Couverture du livre "Histoire de Chicago" par Andrew Diamond et Pap Ndiaye
Couverture du livre « Histoire de Chicago » par Andrew Diamond et Pap Ndiaye

Les fortes tensions sociales et la violence inutile qui suivent la répression policière génèrent toujours plus de peur,  et c’est de cette peur dont profitent certains politiciens.

Les politiciens les plus conservateurs ont appris depuis longtemps que d’installer la peur dans la population est payant politiquement. C’est la méthode facile et expéditive. Le gouvernement s’occupe de “dominer” les ennemis réels et bien plus souvent fictifs et, ce faisant, rassure la population tout en diminuant les droits et libertés de la population américaine pour pouvoir agir à sa guise plus tard dans d’autres dossiers.

Même les généraux américains, habituellement silencieux, en sont rendus à faire des apparitions publiques pour tenter de sauver les valeurs américaines. Car selon plusieurs observateurs, il y a un glissement graduel vers un contrôle politique autoritaire inquiétant.

Le respect de la population Afro-Américaine était le principal facteur en jeu lors de la guerre de Sécession américaine qui dura quatre ans, entre 1861 et 1865 et fît 750,000 morts. Elle couta également la vie au président Lincoln. Le problème du respect des Afro-Américains est toujours d’actualité.

Tous ces gens que l’on voit en train de protester contre la mort de George Floyd représentent le côté non raciste des États-Unis. Il ne faut pas oublier qu’il existe une grosse partie de la population américaine qui rêve encore de conserver le pouvoir blanc traditionnel. Une population qui ne peut admettre que les États-Unis se transforment et dont la richesse provient de la mixité des cultures et des races. La solide base d’électeurs américains qui appuient Donald Trump, ce menteur pathologique qui peut dire tout et son contraire dans une même phrase, n’est pas prête à le laisser tomber.

D’autres facteurs non négligeables favorisent Trump lors des élections présidentielles américaines à l’automne 2020 : 1) une caisse électorale très bien garnie (les groupes de pression tels que la NRA sont de grands donateurs et influenceurs, 2) des candidats du Parti républicain qui approuvent la méthode Trump ou choisissent le silence quand ils ne sont pas d’accord, 3) un Joe Biden hésitant qui ne fera pas le poids au moment des confrontations lors des débats politiques télévisés, 4) une économie qui reprendra rapidement avec un chômage qui a déjà commencé à diminuer, juste à temps pour la campagne électorale. Les médias de droite se chargeront de passer sous silence l’affreux bilan occasionné par la pauvre gestion initiale du COVID-19, le temps que les élections soient passées.

Si j’ai tord dans ma prédiction, jamais je n’aurai été aussi content de mon erreur!