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Biographies et autobiographies

Un monde au-delà des hommes.

Un monde au-delà des hommes.
Un monde au-delà des hommes.

Le roman « Un monde au-delà des hommes » passionnera spécialement les lecteurs dont les connaissances sur les premières expéditions en Antarctique s’avèrent limitées. Si vous ne savez pas qui du Norvégien Roald Amundsen ou du Britannique Robert Scott a atteint le pôle Sud en Antarctique le premier, évitez de faire la recherche avant d’ouvrir ce livre. Vous y gagnerez en intérêt.

À l’époque des grandes conquêtes des territoires encore vierges de la planète, les explorateurs risquaient leur vie pour la gloire de leur pays. On assiste donc ici à une course entre la Norvège et la Grande-Bretagne pour parvenir au pôle Sud en premier.

Ce roman historique ne contient que 134 pages, ce qui permet à l’autrice de se concentrer sur l’essentiel. Elle a divisé le livre en deux parties. La première porte sur Amundsen, la deuxième sur Scott. Les deux hommes ont utilisé des méthodes très différentes pour arriver à leur fin. Elle inclut en début de bouquin une carte montrant les trajets empruntés par les deux explorateurs et les endroits sélectionnés pour faire des arrêts.

L’autrice Catherine Hermary-Vieille traite de la préparation du voyage, des choix stratégiques quant aux objectifs, des obstacles rencontrés en chemin, sans oublier l’attitude mentale adoptée par chaque explorateur et membres de l’expédition.

Endos du roman "Un monde au-delà des hommes" par Catherine Hermary-Vieille.
Endos du roman « Un monde au-delà des hommes » par Catherine Hermary-Vieille.

Lors de ce voyage, un des deux chefs d’expédition utilisera des chiens de traîneaux comme moyen principal pour se déplacer tandis que l’autre tentera de progresser avec des mulets. Un n’aura qu’un objectif en tête, l’autre aura plusieurs buts à atteindre. Un se comportera en dirigeant flexible, l’autre sera plus intransigeant. Les choix et l’attitude de chaque explorateur auront un impact direct sur le succès de l’expédition.

Il faut noter que les deux concurrents ne commencent pas leur voyage vers l’Antarctique en même temps, ce qui occasionne un déséquilibre dès le départ quant à la date d’arrivée au pôle Sud. Mais, malgré tout, une fois que l’on connaît ce fait, il reste encore un continent gelé à traverser, des hommes à nourrir, des crevasses à éviter, des engelures à soigner. On doit aussi pouvoir s’en sortir vivant.

Un tel roman se lit en une journée. On pardonne certaines descriptions un peu sommaires et même une petite erreur comme celle de la page 19 où le nom du chien inuit « Funcha » apparaît deux fois dans la liste. Ces distractions ne diminuent pas l’intensité du récit. Il s’agit après tout d’histoires vécues par des hommes qui sont allés au bout d’eux-mêmes pour la gloire de leur pays.

Aujourd’hui, on assiste à une course similaire entre les pays pour envoyer des humains sur la planète mars. Quel pays arrivera en premier ? Et une fois qu’il y est, aura-t-il le droit de revendiquer une planète pour lui-même au détriment des autres humains de la Terre ?

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Titre : Un monde au-delà des hommes.

Autrice : Catherine Hermary-Vieille

© Éditions Albin Michel,

2023

ISBN : 978-2-226-44240-6

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Roman graphique et bandes dessinées

Le roman graphique Jours de sable

Le roman graphique "Jours de sable" par Aimée de Jongh.
Le roman graphique « Jours de sable » par Aimée de Jongh.

Le roman graphique « Jours de sable » se veut un rappel historique du fameux Dust Bowl qui a frappé le centre des États-Unis entre 1930 et 1940. Ce furent dix années de misère qui inspirèrent John Steinbeck   pour son œuvre « Les raisins de la colère».

Les tempêtes de sable et de poussière qui ont envahi une partie de l’Oklahoma, du Kansas, du Texas, du Nouveau-Mexique et du Colorado provenaient d’une multitude de causes combinées, dont la surutilisation du sol par les agriculteurs et des sécheresses à répétition.

Le Dust Bowl américain
Le Dust Bowl américain

En rajoutant les facteurs liés à la crise économique et aux multiples épidémies, on peut comprendre l’exode massif des ménages américains. Ils laissèrent tout derrière eux, incluant plusieurs membres de leur famille décédés des suites de complications respiratoires dues à la poussière. La plupart se dirigèrent vers la côte ouest, mais cet afflux important de la population ne fit qu’augmenter le chômage déjà présent dans cette région.

Une planche du roman graphique Jours de sable
Une planche du roman graphique Jours de sable

Le plus étrange, c’est que des décennies plus tard, les changements climatiques https://www.un.org/fr/climatechange/what-is-climate-change  vécus aujourd’hui dans ces mêmes états pourraient aider à la répétition du phénomène, sans qu’il couvre nécessairement une période aussi longue.

L’autrice Aimée de Jongh met en scène des personnes fictives, mais le scénario respecte la réalité vécue par la population. Dans son histoire, un jeune photographe quitte New York en 1937 avec le mandat d’aller faire un reportage sur le Dust Bowl. On lui a indiqué les sujets à couvrir, mais il prend conscience assez vite qu’il a affaire à un drame humain aux proportions insoupçonnées.

Le personnage principal du roman graphique tente de faire son travail dans la tempête de sable
Le personnage principal du roman graphique tente de faire son travail dans la tempête de sable

De demander à des gens qui souffrent et qui ont tout perdu de prendre la pose pour des médias de New York ne s’avère pas aussi simple qu’il l’avait cru. La situation se complique encore davantage lorsqu’il apprend à connaître ces personnes et qu’il peut lui-même expérimenter leurs difficultés.

En plus des cases habilement dessinées qui font le régal du lecteur, ce dernier a accès à de nombreuses photos d’époque glanées dans plusieurs musées, ainsi qu’à du contenu historique officiel. J’ai adoré ce bouquin gagnant de plusieurs prix en Europe.

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Titre : Jours de sable

Autrice : Aimée de Jongh

Éditions : Dargaud, 2022

ISBN : 978-2-5050-8254-5

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Environnement Renseignement

La Terre a soif.

La Terre a soif, par Erik Orsenna.
La Terre a soif, par Erik Orsenna.

J’apprécie Erik Orsenna pour son érudition, sa pensée cartésienne, sa poésie et sa capacité à rechercher le détail qui amusera le lecteur tout en l’informant. Dans son livre, l’auteur aborde avec un même confort une grande variété de thèmes portant sur l’histoire, la religion, la philosophie, l’environnement, les changements climatiques, les énergies renouvelables, la science pure, la politique et l’économie.

Étant d’abord un homme de terrain, il a rapidement reconnu la nécessité de développer et conserver des contacts politiques dans de très nombreux pays de façon à faciliter ses déplacements dans des zones souvent considérées comme problématiques. Le lecteur bénéficie de ces accès privilégiés.

Dans la « La Terre a soif », il nous présente le portrait de trente-trois fleuves à travers le monde. La liste n’est bien sûr pas exhaustive, car pressé par l’éditeur après des années de voyage et d’observations, il a bien fallu qu’il finisse par pondre son bouquin. Je sais bien que si cela ne tenait que de lui, il serait encore sur la route à accumuler des informations toutes plus intéressantes les unes que les autres.

Voici quelques-uns des fleuves dont il est question dans ce livre: Mississipi, St-Laurent, Nil, Loire, Congo, Gange, Mékong, Colorado et même les deux fleuves de Panama. Le plus petit des fleuves mentionnés dans le livre coule en Bretagne et se nomme Trieux, alors que le plus important est l’Amazone au Brésil.

Avec certains pays plus puissants comme la Chine ou Israël, la négociation pour l’administration équitable d’un cours d’eau s’avère difficile. Les barrages construits réduisent le débit en aval et les plus petits pays environnants s’arrangent avec ce qui reste. La captation des eaux assèche aussi les terres sur de grandes distances, affectant la production agricole.

Le transport maritime local doit également s’adapter à la diminution du débit, par exemple pour le canal de Panama : « Le manque d’eau, c’est justement la grande crainte de Panama. On se rappelle que le cœur du canal est le grand lac Gatún. S’il s’asséchait, les bateaux buteraient sur des rochers et du sable : ils ne pourraient plus transporter leur cargaison d’une mer à l’autre. Les camions devraient prendre le relais » (p.242).

À l’opposé, l’auteur montre qu’il y a moyen de gérer un important cours d’eau en en faisant bénéficier les pays riverains et cite en exemple la gestion du fleuve St-Laurent par les États-Unis et le Canada.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser quand il s’agit de traiter d’environnement et de rareté de l’eau, tout n’est pas que négatif dans ce livre. Au contraire, Erik Orsenna a compris que le lecteur en a un peu marre des propos alarmistes. L’auteur a donc conçu un bouquin très bien balancé où il est possible de faire évoluer la pensée du lecteur sans que ce dernier sente le besoin de prendre un antidépresseur à chaque chapitre.

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Titre : La Terre a soif

Auteur : Erik Orsenna

Éditions : Fayard

© 2022

ISBN : 978-2-213-72075-3

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Environnement Photos du Québec

Vague de chaleur à Québec en décembre 2022.

Le réchauffement global nous affecte tous.
Le réchauffement global nous affecte tous.

Fin décembre 2022. Il fait chaud à Québec. La ville a d’abord été balayée par une tempête qui a laissé des centaines de milliers de Québécois sans électricité, certains durant plus d’une semaine. Une vague de chaleur a par la suite envahi la province de Québec pendant plusieurs jours.

Un aspect positif de cet apport d’air chaud est qu’il a fait fondre l’épaisse couche de glace et de neige accumulée sur les toits des maisons au cours de la tempête du 23 décembre, remettant le compteur à zéro pour la portion restante de l’hiver à venir.

Mais pour ce qui est des sports d’hiver, c’est une autre histoire. Il fallait se promener en ville la dernière journée de 2022 pour constater les changements subis en seulement quelques jours.

Passant près de la patinoire publique entretenue par la municipalité sur le Parc des Champs-de-Bataille, j’ai saisi cette photo qui résume bien la situation : une pluie chaude qui tombe sur la neige et accélère la fonte au point où un épais brouillard s’installe, des flaques d’eau de plusieurs centimètres d’épaisseur recouvrant une couche de glace.

J’utilise d’ailleurs cette eau pour ajouter les reflets des patineurs dans la composition photographique. Heureusement pour eux, les sportifs bénéficient d’une patinoire mécaniquement refroidie pour continuer à pratiquer leur activité préférée.

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Photos du Canada Photos du Québec

La promenade Samuel-De Champlain en hiver.

Une partie de la promenade Samuel-De Champlain en hiver par -27C.
Une partie de la promenade Samuel-De Champlain en hiver par -27C.

La photo ci-dessus montre une partie de la promenade Samuel-De Champlain dans la ville de Québec. Les gens marchent sous une température de -27 C, mais avec le vent, l’effet ressenti sur la peau représente plutôt -40 C.

À l’endroit où je me trouvais, une falaise bloquait les derniers rayons du soleil. Mais un peu plus loin, le ciel parfaitement dégagé et le soleil sur l’horizon et dans l’axe du fleuve St-Laurent ont permis d’obtenir des contrastes de couleur étonnants.

La promenade Samuel-De Champlain avec la fonction "remplissage de contenu" de Adobe.
La promenade Samuel-De Champlain avec la fonction « remplissage de contenu » de Adobe.

J’ai utilisé la première photo pour me familiariser avec Adobe CC 2022 . La fonction « remplissage sensible au contenu» du logiciel permet d’effacer rapidement des éléments d’une photo sans que cela soit trop apparent. J’ai donc tenté l’expérience avec la personne qui se trouvait au premier plan. En quelques secondes, la dame est disparue sans laisser de trace. L’intelligence artificielle joue désormais un rôle de plus en plus grand dans la modification rapide et efficace des images.

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Romans

Une vie entière.

Livre "Une vie entière" de Robert Seethaler
Livre « Une vie entière » de Robert Seethaler

En fouillant à gauche et à droite dans les différentes librairies de Québec, je fais souvent de très belles découvertes, comme ce livre de Robert Seethaler, publié initialement en allemand sous le titre de ,,Ein ganzes Leben’’ et qui en français se traduit par « Une vie entière ».

C’est un petit livre de seulement 145 pages mais dont l’écriture tellement limpide a le pouvoir de propulser immédiatement le lecteur au début des années 1900, au beau milieu des montagnes autrichiennes. C’est la période où commence la construction des premiers téléphériques qui vont changer toute la dynamique de la société en permettant graduellement aux touristes de plus en plus nombreux d’occuper un territoire autrefois très peu achalandé.

L’auteur raconte la vie d’Andreas Egger, un homme simple et attachant dont la force de caractère lui permet de traverser n’importe quelle épreuve. Il ne se distingue pas par son intelligence, qui est somme toute assez ordinaire, mais plutôt par sa capacité de survie et son désir de toujours aller de l’avant. C’est un être que l’on aime et à qui l’on ne souhaite que du bien.

Voici ce que dit l’éditeur au sujet de Robert Seethaler : « Une vie entière, élu livre de l’année (2014) par les libraires d’outre-Rhin, confirme ainsi la profondeur de son talent d’écrivain, capable de mener avec une grande simplicité son lecteur au plus près de ses émotions ».

En cette période de pandémie, il s’agit d’une lecture très rafraîchissante pour tous!

Titre : Une vie entière

Auteur : Robert Seethaler

Éditions : Gallimard (Folio 6409)

© Sabine Wespieser éditeur, 2015, pour la traduction française.

ISBN 978-2-07-079343-3

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Biographies et autobiographies Géopolitique

Les alpinistes de Staline.

Couverture du livre "Les alpinistes de Staline" par Cédric Gras.
Couverture du livre « Les alpinistes de Staline » par Cédric Gras.

Il est toujours fascinant de se plonger dans la lecture d’un livre qui emprunte une nouvelle route, qui s’attaque à un sujet n’ayant pas été développé auparavant. Si en plus il s’agit d’un sujet portant sur un fait vécu et de surcroît sur un territoire très peu connu de la majorité des gens, l’intérêt est maximisé.

Le livre « Les alpinistes de Staline » nous présente la vie de deux alpinistes russes exceptionnels, Vitali et Evgueni Abalakov, qui eurent à affronter à la fois les blizzards et autres conditions météorologiques extrêmes des plus hautes montagnes de l’ex-URSS en même temps que la politique radicale stalinienne. C’est une étude du comportement humain dans un contexte extrêmement difficile.

Même si les frères Abalakov, héros nationaux, risquèrent leur vie dans cet environnement arctique pour porter les bustes de Lénine et Staline vers les plus hauts sommets des montagnes soviétiques, cela ne leur épargna pas les horreurs d’un régime stalinien qui luttait contre l’instabilité politique en désignant des coupables de conspiration et d’espionnage au hasard. Vitali Abalakov écopa ainsi de multiples années d’emprisonnement et de camp de travail et s’en sortit de justesse lorsque Staline passa finalement l’arme à gauche.

Voici de courts extraits du livre pour vous donner une idée du ton du livre : « La montagne (comme tout le reste) n’a jamais été aussi politisée et l’on pourrait en rire, ne seraient quelques dramatiques anecdotes. Lestée d’un buste de Staline, une cordée fait face dans ces années-là à une tempête tenace sur les pentes de l’Elbrouz. Voilà un grand dilemme : s’alléger du poids de la statuette ou bien s’en encombrer au péril de sa vie? Les alpinistes décident d’un commun accord d’abandonner provisoirement le fardeau (pardon, le grand « Staline »). Ils se promettent néanmoins de le récupérer à la prochaine accalmie et d’achever comme il se doit la mission. Le buste est solidement arrimé et l’endroit minutieusement balisé. La cordée redescend se mettre à l’abri. Elle écope de dix ans de camp. » (p.238).

« Autre fait divers, sur ce même Elbrouz, lors d’une [escalade] hivernale glaciale. Parvenu au sommet, un valeureux commissaire politique ôte ses gants afin de mieux extraire un buste de Lénine de son sac à dos. Les températures sont proprement arctiques et, le temps qu’il fixe le moulage fétiche au plus près du ciel, les doigts de l’encarté au Parti se vident de leur sang. Dans les heures qui suivent, les engelures colonisent les chairs. Il en est quitte pour des amputations une fois revenu dans la vallée ». (p.238-239)

Si vous en avez temporairement assez d’entendre parler de Trump et du Covid-19, filez le temps de quelques heures vers les montagnes de l’ex-URSS tout en en apprenant sur la vie des Russes durant l’ère stalinienne. À la lecture du livre, vous comprendrez mieux ce qu’il y a d’étonnant à ce qu’une partie de la population russe actuelle idolâtre de nouveau le communisme sous le gouvernement autoritaire de Staline. L’histoire est condamnée à se répéter quand on néglige les actes criminels associés à un régime en idéalisant le passé. Et cela ne s’applique pas seulement à la Russie, mais à tous les pays.

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Bonne lecture!

Titre : Les alpinistes de Staline

Auteur : Cédric Gras

©Éditions Stock, 2020

ISBN : 978 – 2 – 234 – 08613 – 5. 

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Pionniers de l'aviation

Hans Baur: J’étais le pilote de Hitler.

Couverture du livre Hans Baur: J'étais le pilote de Hitler
Couverture du livre Hans Baur: J’étais le pilote de Hitler

Le livre « J’étais le pilote de Hitler » qui relate une histoire vécue a initialement été publié en 1957. L’édition 2020 est présentée et annotée par Claude Quétel, et cela fait toute la différence. Cette fois, le lecteur comprend mieux qui est vraiment Hans Baur, un des fondateurs de la Lufthansa en 1926 et qui fût aussi le pilote de Hitler, mais également un officier nazi SS haut-gradé et un proche du Führer.

Les informations offertes par Hans Baur sont d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que nous avons affaire, au début de la carrière de Hans Baur, à un pionner de l’aviation. À l’époque, les avions ne contiennent pratiquement aucun instrument de navigation aérienne pouvant aider un pilote volant dans des conditions météorologiques difficiles. Les Alpes représentent un défi par beau temps, alors on peut s’imaginer que par mauvais temps et dans un avion peu équipé, le pilotage se complique grandement. Si en plus on ajoute les conditions verglaçantes, des pannes de moteur, des cabines qui ne sont pas chauffées et qui ne sont pas équipées d’appareils fournissant de l’oxygène supplémentaire aux pilotes, il y a alors des vols qui relèvent plus de l’exploit qu’autre chose. Cet aspect du livre est donc très intéressant.

J’ai également apprécié toutes les anecdotes de Hans Baur concernant les exigences de Hitler à son égard. Être pilote pour le Führer n’était pas une mince tâche. Hitler avait de très grandes attentes face à la performance et à la ponctualité de son pilote personnel, et ce dernier a certainement démontré des capacités hors du commun pour satisfaire son supérieur.

Là où il faut être circonspect, c’est que nous avons tout de même affaire à un pilote SS, qui était membre de l’organisation nazie avant qu’Hitler ne prenne le pouvoir. Il faut s’interroger sur ses valeurs personnelles et sur ce qui est omis dans le livre. Les massacres en règle perpétrés lors de l’opération Barbarossa en Russie, ou l’élimination de six millions de Juifs ne sont pas abordés, car le pilote SS soutient qu’il ne s’est jamais occupé de politique. Il transportait les passagers sans se poser de questions, mais il avait choisi le nazisme comme mouvement politique. Quand on est quotidiennement invité à la table d’Hitler et que l’on fait donc partie de son cercle rapproché, il est clair que le nazi que représente Hans Baur s’exprime sur autre chose que le pilotage.

L’expérience vécue dans les prisons russes est décrite comme inhumaine par Hans Baur, qui a dû y séjourner dix ans. Il parle du transport de prisonniers allemands dans des wagons à bestiaux, de très mauvaise nourriture, etc. Mais je n’ai pu m’empêcher de me demander sur quelle planète il vivait pour dénoncer sa condition de prisonnier tout en passant sous silence le traitement réservé par les Allemands aux Russes et à tous les gens qui ont été déportés et massacrés. Les Einsatzgruppen  n’étaient pas des enfants de chœur. D’ailleurs, Claude Quétel relève aussi cette remarque de Hans Baur, en ajoutant que « quoique très dures, les conditions de vie et de travail dans les camps soviétiques n’ont rien à voir – comme on le lit parfois – avec celles des camps de concentration allemands » (p.381).

Il y a aussi quelques imprécisions et parfois des faussetés que Claude Quétel n’hésite pas à relever. Il s’agit parfois d’erreurs anodines résultant d’une mémoire défaillante. Par contre, d’autres faits d’importance sont carrément inexacts. Comme dans ce passage où Baur dit que Hitler a décidé d’attaquer la Russie quatre semaines avant le début de la guerre, ce qui est faux. La conquête de l’Est et d’un espace vital est spécifiquement énoncée dans Mein Kampf et on parle d’un livre écrit lorsque Hitler est en prison en 1923 à la suite d’un coup d’État manqué.

Conclusion.

Le livre « J’étais le pilote de Hitler » est un livre très intéressant, un de plus sur l’Allemagne nazie. L’histoire de l’Allemagne est fascinante et complexe, depuis l’époque du Saint-Empire romain jusqu’à aujourd’hui. Mais il semble que ce sera toujours les douze années de la période nazie qui obtiendront le plus de succès en librairie. À tort ou à raison.

Bonne lecture!

Titre : J’étais le pilote de Hitler.

Auteur : Hans Baur

Éditions : Perrin

© 2020

ISBN : 978-2-262-08168-3

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Biographies et autobiographies Tragédie en mer

Magellan l’homme et son exploit

Il s’agit d’une nouvelle traduction de l’allemand du livre de Stefan Zweig  par la traductrice renommée Françoise Wuilmart. Cette nouvelle traduction était devenue nécessaire pour plusieurs raisons. D’abord, le traducteur initial du nom de Alzir Hella a fait le travail initial il y a près de soixante ans et il n’avait justement pas de formation de traducteur.

Couverture du livre "Magellan l'homme et son exploit"
Couverture du livre « Magellan l’homme et son exploit »

Le résultat, bien que correct, ne respectait pas complètement l’écriture de Stefan Zweig. La traductrice signale que lorsqu’il arrive à Zweig d’utiliser quatre adjectifs dans une phrase, Alzir Hella décide de n’en garder qu’un seul. Quand l’auteur est imprécis dans son écriture, M. Hella ajoute une explication. Comme le dit encore Françoise Wuilmart, en s’adressant à Alzir Hella : « […] il vous arrive de confondre l’Égypte et la Perse, ou, plus grave dans un récit de navigation, l’est et l’ouest. Enfin, Zweig clôture souvent un paragraphe ou un chapitre par une considération philosophique ou par un élan lyrique qui se répand sur plusieurs lignes. Vous les évacuez purement et simplement, et j’ai  l’impression que vous n’y voyez que d’inutiles fariboles qui ralentissent le flux de la narration. » (p.9)

Selon Françoise Wuilmart, le Zweig de Alzir Hella est « un journaliste viril à la voix autoritaire ». Elle préfère rendre à l’auteur sa grande sensibilité et en profite pour adapter la traduction à notre époque.

Le résultat du travail de Françoise Wuilmart est vraiment superbe. C’est un livre qu’on ne veut pas fermer tant il est intéressant. Zweig donne un véritable cours d’histoire et sait comment conserver notre attention à chaque page. Le lecteur navigue sur les mers avec l’équipage, vit les privations, les angoisses, les magouilles, les erreurs et les succès et, en permanence, la lutte pour la survie :  « Quant aux biscuits qui sont, avec les poissons qu’ils attrapent, leur seule pitance, ils se sont transformés depuis belle lurette en une poudre grise et sale où pullulent les vers, de surcroît empestée par les excréments des rats qui, devenus fous eux-mêmes, se ruent sur les quelques misérables miettes éparses […] ». (p.250)

Carte du monde Magellan-Elcano
Carte du monde Magellan-Elcano

Les considérations philosophiques ajoutées par Zweig ajoutent encore à la profondeur du texte et en font plus qu’un récit de voyage. Je cite en exemple certains des propos de Zweig qui s’appliquent à bien d’autres situations qu’au premier tour du monde effectué par le Portugais Magellan :

« La présence d’esprit et l’énergie d’une figure de second plan décident souvent du cours de l’histoire. » (p.55)

« L’histoire n’a jamais vu une seule grande victoire rassasier un vainqueur. » (p.66)

« Une vérité suprême peut toujours naître de l’erreur la plus grossière dès lors qu’un génie ou le hasard s’en mêlent. Dans le domaine scientifique, des centaines et des milliers d’inventions importantes sont le fruit d’hypothèses erronées. » (p.99)

« Dans la mémoire des grands exploits, le monde préfère toujours se focaliser sur les instants dramatiques ou pittoresques qui synthétisent les hauts faits du héros : César traversant le Rubicon, Napoléon au pont d’Arcole. L’effet pervers en sera que les années préparatoires, la lente gestation spirituelle, la patiente progression de l’organisation d’un fait historique, demeurent dans l’ombre. » (p.125)

« C’est la somme de tous les obstacles surmontés qui donne la mesure véritable, exacte de l’exploit et de l’humain qui l’a accompli. » (p.128)

« On sait d’expérience que le nationalisme est une corde que la main la plus maladroite sait faire vibrer sans trop de peine quand il le faut. » (p.132)

« Il est toujours plus facile d’exciter les masses, et même tout un peuple, que de les apaiser. » (p.133)

« C’est à son comportement dans les moments décisifs que l’on reconnaît le mieux le caractère d’un homme et c’est à l’heure du danger que sa force et ses facultés cachées se manifestent. » (p.173)

« […] Après une victoire totale, les dictateurs ont moins de peine à reconnaître leurs droits à d’autres humains, et après avoir assuré leur pouvoir, il leur est plus facile de leur laisser la parole. » (p.234)

« Le monde ne récompense jamais que le dernier de la série, celui qui a la chance d’achever une œuvre, et oublie tous ceux qui l’ont conçue et permise avec leur esprit et leur sang. » (p.331)

« Magellan a prouvé à tout jamais qu’une idée animée par le génie et résolument portée par la passion s’avère plus forte que tous les éléments réunis, et qu’un seul homme, malgré son passage éphémère sur terre, est toujours capable de transformer en réalité et en vérité impérissable ce qui n’était qu’une utopie pour des centaines de générations. » (p.340)

Titre : Magellan – l’homme et son exploit  .

Auteur : Stefan Zweig (traduction de Françoise Wuilmart)

Éditions : Robert Laffont

©2020

ISBN : 978-2-221-24683-2

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Photos du Canada Photos du Québec

La photographie à l’hiver 2020 dans le Vieux-Québec (4)

Tempête de neige du 7 février 2020 à la Place d'Youville dans la ville de Québec.
Tempête de neige du 7 février 2020 à la Place d’Youville dans la ville de Québec.

La photo ci-dessus représente Place d’Youville, dans la ville de Québec, lors de la tempête de neige du 7 février 2020.

La photo originale en couleurs ne montrait pratiquement qu’un voile blanc généralisé. Le traitement en photo en noir et blanc aide à accentuer les effets de la poudrerie dans cette scène hivernale. La transformation en noir et blanc est une technique de photographie très utile lorsqu’il s’agit de valoriser des éléments difficiles à détecter.

Le rehaussement subséquent au moyen d’un logiciel de traitement de l’image a également permis de mettre en valeur des éléments autrement secondaires.

Entre le banc de neige  au premier plan et les bâtiments de droite, les voitures avancent péniblement sur ce qui est encore visible de cette entrée vers le Vieux-Québec.

La rue St-Louis et le restaurant La Bûche dans le Vieux-Québec.
La rue St-Louis et le restaurant La Bûche dans le Vieux-Québec.

La scène ci-dessus montre la rue St-Louis à moitié bloquée par la neige. En ce vendredi soir, le carnaval de Québec vient de commencer. Cependant, tous ne sont pas en train de fêter. Le conducteur de la souffleuse à neige, à l’arrière-plan, est immobilisé. Les camions dans lesquels il soufflerait normalement la neige ont pris du retard.

Au premier plan, le restaurant La Bûche. J’y suis allé à quelques reprises depuis son ouverture. Toujours les mêmes excellentes recettes, un service impeccable et un kilo en trop après le repas. Un très bon restaurant de Québec, près du Château Frontenac. Et pour ceux que cela intéresse, ce qui se passe dans la cuisine est visible pour une partie des clients. (Non je ne suis pas payé pour cette publicité!)

Un cycliste circule sur un trottoir du Vieux-Québec durant la tempête de neige du 7 février 2020.
Un cycliste circule sur un trottoir du Vieux-Québec durant la tempête de neige du 7 février 2020.

Pour les plus courageux, le cyclisme hivernal constitue une façon alternative de progresser dans la météo extrême. La visibilité réduite force le cycliste ci-dessus à utiliser le trottoir pour sa propre protection. Cependant, gare à la descente des trottoirs au coin des rues où se trouvent souvent des plaques glacées. Étant souvent dans le Vieux-Québec pour faire de la photographie de nuit comme de jour, j’ai témoigné de pirouettes spectaculaires qui rendraient jaloux les acrobates élastiques du Cirque du Soleil.

Les photos ont été prises avec un appareil-photo plein format Canon 5DSr.