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Roman graphique et bandes dessinées

Elon Musk : enquête sur un nouveau maître du monde.

Roman graphique Elon Musk par Darryl Cunningham, éditions Delcourt/Ancrages.
Roman graphique Elon Musk par Darryl Cunningham, éditions Delcourt/Ancrages.

La famille Musk

J’aime bien les histoires vécues et en particulier les enquêtes qui étudient le comportement humain. En lisant ce roman graphique sur Elon Musk, on réalise le haut niveau d’initiative du personnage et son appréciation du risque élevé dans toute entreprise. Cette qualité est également présente dans la généalogie familiale, en commençant par le grand-père. Cette famille agit toutefois clairement sans se préoccuper des normes sociales.

Ce qu’Elon désire surtout est d’orienter son talent et sa créativité pour avoir une influence sur la marche du monde, spécialement en ce qui concerne internet, les énergies renouvelables et l’espace. Le roman graphique, en plus de mentionner les succès de Musk, souligne cependant les zones d’ombre trop souvent occultées.

Spacex  

Considérant que l’humanité colonisera l’espace un jour, Elon Musk cherche à acheter une fusée, mais elles sont toutes trop chères. Une équipe de scientifiques de Spacex invente donc une fusée nommée Falcon 1, que la société réussit à mettre en orbite après six ans de travail. En 2011, Spacex construit la première fusée réutilisable au monde. Un an plus tard, la Falcon 9 équipée d’une capsule Dragon ravitaille la station spatiale internationale (SSI). Devant ce succès, le gouvernement réinjecte un autre 440 millions $ dans Spacex pour du développement. J’écris « un autre 440 millions $ » car ce n’est pas le premier investissement de l’État dans cette société.

Sociétés sauvées de justesse

À la lecture du livre, on réalise combien de fois les sociétés de Musk ont frôlé la catastrophe, mais ont été sauvées de justesse par la persévérance, beaucoup de chance, des relations gouvernementales au plus haut niveau et de belles promesses.

On n’a qu’à penser à Tesla et Spacex, deux entreprises en danger qui furent épargnées de la faillite par l’injection soudaine d’argent public sous la forme d’un contrat de 1,6 milliard de dollars en provenance de la NASA. Le tout précédé et suivi d’importants prêts du gouvernement américain : « Sans le soutien des contribuables américains, la fortune de Musk n’existerait pas ».

Le livre parle également d’une fraude possible alors que l’organisme de sécurité des marchés financiers (SEC) a déposé une plainte pour Tweets trompeurs quant à Tesla. Ces tweets auraient fait grimper l’action de 6 %. Un accord a eu lieu une semaine plus tard entre Musk et la SEC. Sur ce sujet, Musk n’admet ou ne dément pas les allégations. « Musk et Tesla durent payer une amende de 20 millions chacun et Musk dut quitter son poste de président du conseil d’administration de Tesla pour trois ans tout en restant P.-D.G. »

Une page du roman graphique Elon Musk: enquête sur un nouveau maître du monde.
Une page du roman graphique Elon Musk: enquête sur un nouveau maître du monde.

Promesses fantasques ou annonces sans fondement

Musk a du talent quand il s’agit de vanter ses produits. Mais l’auteur spécifie ceci : « Il est indéniable que Musk est déterminé, intraitable et qu’il possède un vrai don pour l’autopromotion. Cela dit, ce n’est pas un inventeur et encore moins un scientifique. »

Le bouquin énumère certaines promesses fantasques tout en soulignant que les médias aident Musk en transmettant des informations qui ne sont pas systématiquement vérifiables ou démontrées. Le résultat est que le lecteur moyen a l’impression qu’Elon Musk a développé Spacex et Tesla tout seul : « La légende du milliardaire “qui-s’est-fait-tout-seul” sera toujours plus séduisante que la banale réalité ».

Comme exemple de promesses fantasques, Musk annonce que toutes les recharges de batterie seront gratuites pour la Tesla Model S. Ce n’est que du vent. Il annonce aussi qu’une Tesla roulera en 2017 de façon autonome entre Los Angeles et New York. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a eu aucune concrétisation d’une telle promesse.

Il fait également d’autres déclarations osées en 2016 alors qu’il fonde Neuralink. Cette compagnie fait l’objet de critiques, car les recherches qu’elle finance sont mal maîtrisées. Elles génèrent de la souffrance animale inutile. En 2024, Elon Musk dévoile que « sa société a réussi l’implantation d’un appareil capable de “lire les pensées” dans le cerveau d’un individu […] ». Il ne fournit aucun détail sur le lieu de l’opération ni sur les résultats.

Musk fait également des annonces sans fondement quant à la vaccination et la virulence de la Covid-19. Alors qu’il déclare que ce virus a un taux de mortalité très bas et qu’il ne se fera pas vacciner, l’OMS annonce en 2023 que la planète en est à plus de trois millions de décès. Il change d’idée et se fait vacciner. Mais quel effet ont eu entretemps ses propos sur les Américains récalcitrants ?

Elon Musk, Twitter et X

« Depuis son rachat par Musk, Twitter (ou plutôt “X”) est un outil de promotion des intérêts, des préjugés et des théories du complot des partis de droite de la classe politique américaine. Ce parti pris a fait déferler sur le site un raz-de-marée de racisme, d’antisémitisme, de climatoscepticisme, de haine envers les LGBTQ+ et d’infox médicales. »

Elon Musk et le long-termisme

Le long-termisme et la colonisation de diverses planètes sont des thèmes chers à Elon Musk. Voici ce que le bouquin en dit : « Le long-termisme est une idéologie extrêmement dangereuse. C’est une religion séculaire bâtie autour de l’adoration de “la valeur à venir” et dont l’éthique vous absout de ne pas vous inquiéter des menaces telles que le changement climatique et la pauvreté mondiale, tout en faisant de vous une bonne personne, car vous vous préoccupez de l’avenir de l’humanité en tant que race ayant conquis d’autres planètes. »

« Personne ne devrait disposer du pouvoir discrétionnaire dont jouit Elon Musk, car il ne l’a pas mérité et il ne le doit pas à lui seul. Il ne comprend pas tout ce que son succès doit aux privilèges et à la chance. Résultat, il se croit bien plus intelligent qu’il ne l’est en réalité ».

Elon Musk et le président américain Donald Trump

Si l’attitude et les décisions qui caractérisent Elon Musk dans l’entrepreneuriat se transposent à l’État, il se pourrait qu’elles nuisent aux aspirations du président américain quant à sa vision de la politique américaine et des actions à prendre face aux défis à venir.

Par exemple, Musk est reconnu pour éviter la confrontation avec le président chinois, car la Chine constitue le deuxième plus grand marché pour Tesla. Mais Trump ne s’est pas gêné dans son premier mandat pour imposer des tarifs douaniers substantiels à la Chine. Musk a aussi « interféré directement dans le combat que mène l’Ukraine face à l’invasion russe ». Les intérêts stratégiques des deux individus pourraient diverger de façon importante à certains moments.

Mais, il faut également considérer que les actions des deux hommes puissent entrer en phase, ce qui signifierait des bouleversements beaucoup plus rapides et plus profonds que prévu.

Une chose est certaine : les solutions apportées aux difficultés américaines par le duo Trump/Musk surprendront les observateurs de la scène politique et économique. La famille Musk ne s’est jamais préoccupée de la poussière qu’elle soulève au moment d’aller de l’avant avec ses idées. Et l’analyse réductrice de Trump quant à la cause des problèmes américains n’aidera en rien à rassurer les différents acteurs nationaux et internationaux. On le constate avec les propos actuels sur le Groënland, le canal de Panama et le Canada.

Les pays visés par leurs initiatives devront s’attendre à tout et user de créativité, de combativité et de sang-froid pour imposer le respect et la mesure.

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Titre : Elon Musk — Enquête sur un nouveau maître du monde.

Auteur : Darryl Cunningham

Édition : Delcourt/Encrages, © 2024

ISBN : 978-2-413-08612-3

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Roman graphique et bandes dessinées

Un tournage en enfer – Au coeur d’Apocalypse Now.

Le roman graphique "Un tournage en enfer - Au coeur d'Apocalypse Now".
Le roman graphique « Un tournage en enfer – Au coeur d’Apocalypse Now ».

Le roman graphique « Un tournage en enfer : au cœur d’Apocalypse Now » nous plonge au centre de la création du fameux film de Francis Ford Coppola porté à l’écran en 1979. Comme le signale le réalisateur, « […] nous étions dans la jungle. Nous étions trop nombreux. Nous avions accès à trop d’argent et de matériel, et, peu à peu, nous sommes tous devenus fous… ».

Cela avait mal commencé. Dès le début, le réalisateur ne peut convaincre des acteurs bien connus de s’impliquer dans son film. Tour à tour, des comédiens comme Jack Nicholson, Al Pacino, Robert Redford et James Caan refusent de s’associer à l’aventure. Coppola poursuit ses recherches et les entrevues.

En tant que lecteurs, nous pénétrons sur les lieux de production et recevons les confidences des proches du cinéaste. Le tournage commence dans la jungle des Philippines, même si Coppola n’a encore aucune idée du scénario de la fin de son œuvre. Cela le hantera tout au long de la réalisation, lui causant des nuits blanches alors qu’il est déjà passablement épuisé.

Une planche du roman graphique de "Tournage en enfer - Apocalypse Now".
Une planche du roman graphique de « Tournage en enfer – Apocalypse Now ».

Les dépassements de coûts s’enchaînent et la pression des bailleurs de fonds s’accroît toujours davantage sur le metteur en scène. On lui demande de boucler son œuvre cinématographique au plus tôt, ce qu’il s’avère incapable d’accomplir. Coppola en vient à garantir les fonds requis en s’engageant à rembourser lui-même la dette si les recettes en salle n’atteignent pas $40 millions de dollars.

De plus, on a tenu pour acquis que le gouvernement américain fournirait les hélicoptères de combat nécessaires à l’action du film. Mais, au lendemain de la guerre du Vietnam, l’intérêt des politiciens américains pour ce genre de demande diminue. Le réalisateur doit se tourner vers le président des Philippines d’alors, Ferdinand Marcos, pour obtenir des hélicos et du personnel, moyennant certaines rétributions et compensations. Mais ces appareils quittent parfois la scène sur ordre de Marcos pour aller chasser les ennemis du régime. On prend encore du retard…

Une page du roman graphique "Un tournage en enfer".
Une page du roman graphique « Un tournage en enfer ».

On a pensé qu’Harvey Keitel serait le comédien idéal pour donner la réplique à Robert Duvall. De nombreuses séquences plus tard, l’évidence apparaît : l’homme ne fait pas le poids pour plusieurs raisons. On court à la catastrophe et on doit d’urgence contacter Martin Sheen   et le supplier de remplacer Keitel. On doit reprendre de multiples scènes avec le nouvel acteur, les retards s’accumulent, et donc les frais associés.

Toutes sortes d’autres embûches attendent le réalisateur et son équipe tout au long du tournage, dont la barrière de langue avec les Philippins et une tempête qui détruit le décor. L’usage généralisé de drogues et d’alcool par le personnel et les pilotes d’hélicoptères n’aide en rien la situation.

Les moustiques, la chaleur et les exigences constantes de Coppola épuisent des acteurs. Martin Sheen tombe gravement malade et on doit employer son frère pour certaines scènes secondaires. Plutôt que de n’utiliser que des figurants pour simuler des morts, un membre du personnel se rend à la morgue et revient avec un cadavre. Cela provoque l’arrivée des forces policières et on règle le problème avec de généreuses sommes d’argent.

Bien d’autres facteurs viennent encore retarder la clôture du tournage et en augmenter les coûts. Il faut citer en exemple les exigences de Marlon Brando.  On réussit à le ramener sur le plateau de tournage pour une journée supplémentaire, à condition de débourser 70 000 $ de plus que prévu.

Le tournage se termine finalement en 1977. L’équipe affrète un avion privé pour transporter 381 kilomètres de pellicule originale vers les États-Unis. Le montage du film s’avère cependant un calvaire. On dispose de trop de matériel à analyser. En 2001, Coppola présentera une mouture modifiée de sa production originale de 1979. Il livrera enfin en 2019 une dernière version de 182 minutes, Apocalype Now « Final cut » , soit plus de quarante ans après la sortie initiale.

Les recettes rencontreront les espérances du réalisateur et il gagnera finalement son pari. En tout, le film aura généré $140 millions à partir d’un budget total de $30 millions.

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Titre : Un tournage en enfer – Au cœur d’Apocalypse Now

Auteur : Florent Silloray

Éditions : Casterman

© Casterman 2023

ISBN : 978-2-203-21653-2

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Roman graphique et bandes dessinées

Warbirds : B-25 Mitchell : Tonnerre sur Tokyo

Bande dessinée de la série Warbirds: B-25 Mitchell - Tonnerre sur Tokyo
Bande dessinée de la série Warbirds: B-25 Mitchell – Tonnerre sur Tokyo

Cette bande dessinée publiée en 2023 constitue la troisième de la série Warbirds, aux éditions Soleil.

Le 18 avril 1942, quelques mois après le raid sur Pearl Harbor, seize bombardiers B-25B Mitchell décollent du nouveau porte-avions Hornet pour une attaque-surprise sur cinq villes japonaises. Il s’agit en fait d’une mission connue sous le nom de « Raid Doolittle ».

Ces machines qui ne sont pas conçues pour opérer à partir d’un porte-avions ne pourront rejoindre leurs cibles et revenir à bon port en sécurité, faute de carburant suffisant. Tous les pilotes en sont parfaitement conscients et se portent volontaires.

La flotte de seize appareils, commandée par Jimmy Doolittle, atteint avec succès son objectif visant à semer la confusion chez l’adversaire et montrer que le Japon demeure vulnérable pour des attaques-surprises. Les Japonais se demandent comment des bombardiers américains ont pu atteindre et frapper leur pays ? D’où sont-ils décollés ? Ils savent bien que les B-25 Mitchell ne sont pas conçus pour décoller d’un porte-avions et qu’ils demeurent incapables de s’y poser.

Le génie de l’intervention tient à la combinaison de multiples décisions très risquées qui, ensemble, surprennent l’ennemi. Premièrement, faute de pouvoir faire atterrir les avions sur le Hornet, on les installe avec une grue, en sachant bien que jamais ils ne reviendront sur le navire.

De plus, on entraîne les commandants de bord à décoller sur des distances impensables pour eux, au moyen d’une technique poussée à l’extrême. Le déplacement rapide du vaisseau améliore la composante de vent de face si indispensable pour des manœuvres aussi périlleuses.

Les pilotes doivent faire preuve d’une très grande maîtrise pour respecter la trajectoire de départ sur une plateforme qui bouge de gauche à droite en pleine tempête. On doit absolument éviter les bâtiments sur le côté du Hornet et l’écart disponible entre le bout de l’aile et la tour du navire ne dépasse pas deux mètres. Malgré tous les obstacles, l’ensemble des B-25 réussit à décoller. Ce sera une mission sans retour vers le Japon.

Doolittle pilote le premier B-25 qui décollera du porte-avions. Il ne bénéficie que d’une très petite portion du pont pour s’exécuter, car il y a encore quinze autres bombardiers qui attendent leur tour pour s’envoler. Le deuxième pilote à quitter le pont évite de justesse un amerrissage, alors que l’appareil s’enfonce légèrement et qu’une roue du train d’atterrissage touche à l’eau. Mais l’avion gagne juste assez de vitesse pour demeurer en l’air.

Les bombardiers et équipages connaissent des sorts différents, une fois les pilonnages effectués sur les objectifs japonais. Les auteurs concluent ainsi : « Le raid détruisit 112 bâtiments et fit 87 morts, en environ 6 minutes. […] La destruction de 15 des 16 B-25, incapables de rejoindre un terrain chinois pour s’y poser, fut tout de même à déplorer, le 16e B-25 ayant atterri sans encombre en URSS. À déplorer aussi la mort accidentelle de trois aviateurs (avions 3 et 6) et la capture de 8 autres (avions 6 et 16) par les Japonais, dont 4 ne revinrent jamais au pays, 3 ayant été exécutés comme “criminels de guerre” et le 4e étant mort en captivité. Bien pire encore, les Japonais se vengèrent des Chinois, qui avaient aidé tous les aviateurs survivants, en organisant le massacre d’environ 250 000 civils dans les provinces du Zhejiang et du Jiangxi alors sous leur contrôle. Ce qui laissera des traces… ».

Des tests d’atterrissage et de décollage sur un autre porte-avions, le Forrestal, ont aussi été effectués des décennies plus tard avec un C-130 Hercules. J’ai tenté de reprendre l’expérience en simulation de vol. Le vol se trouve dans la section « vols virtuels exigeants » de mon blogue. Le Forrestal n’étant pas disponible sous forme virtuelle, je me suis servi du porte-avions USS Enterprise.

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Titre : Warbirds : B-25 Mitchell : Tonnerre sur Tokyo

Auteurs : Richard D. Nolane et Vladimir Aleksic

Éditions : Soleil/D. Nolane/Aleksic

ISBN : 978-2-302-09745-2

© 2023

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Géopolitique Sujets controversés

La réélection de Donald Trump en 2020.

Le président américain Donald Trump prépare sa réélection de l’automne 2020 en mettant en pratique une recette utilisée par la machine Daley, de Chicago. Le père et le fils Daley ont régné sur Chicago pendant des décennies en utilisant la répression policière.

Le policier Derek Chauvin, qui a tué l’Afro-Américain George Floyd, offre une occasion au président des États-Unis d’utiliser une recette éprouvée. Le meurtre ayant été suivi de manifestations et éventuellement de pillage, Trump s’est plaint de la faiblesse des dirigeants et a suggéré non seulement que les forces de l’ordre dominent la rue, mais que l’utilisation de l’armée serait possiblement requise contre la population.

Voici un court extrait d’un résumé du livre « Chicago » qui se trouve sur mon site web :

« L’exploitation des peurs raciales connaissait beaucoup de succès à Chicago. Daley défendait ses politiques en disant que “la plupart des gens s’inquiétaient bien plus d’une émeute des Noirs que d’un maire qui ordonne l’usage de la force létale pour y mettre un terme et qu’ils se reconnaissaient bien moins dans des manifestants pacifistes que dans les policiers qui les frappaient à coups de matraque. (p.319)

Couverture du livre "Histoire de Chicago" par Andrew Diamond et Pap Ndiaye
Couverture du livre « Histoire de Chicago » par Andrew Diamond et Pap Ndiaye

Les fortes tensions sociales et la violence inutile qui suivent la répression policière génèrent toujours plus de peur,  et c’est de cette peur dont profitent certains politiciens.

Les politiciens les plus conservateurs ont appris depuis longtemps que d’installer la peur dans la population est payant politiquement. C’est la méthode facile et expéditive. Le gouvernement s’occupe de “dominer” les ennemis réels et bien plus souvent fictifs et, ce faisant, rassure la population tout en diminuant les droits et libertés de la population américaine pour pouvoir agir à sa guise plus tard dans d’autres dossiers.

Même les généraux américains, habituellement silencieux, en sont rendus à faire des apparitions publiques pour tenter de sauver les valeurs américaines. Car selon plusieurs observateurs, il y a un glissement graduel vers un contrôle politique autoritaire inquiétant.

Le respect de la population Afro-Américaine était le principal facteur en jeu lors de la guerre de Sécession américaine qui dura quatre ans, entre 1861 et 1865 et fît 750,000 morts. Elle couta également la vie au président Lincoln. Le problème du respect des Afro-Américains est toujours d’actualité.

Tous ces gens que l’on voit en train de protester contre la mort de George Floyd représentent le côté non raciste des États-Unis. Il ne faut pas oublier qu’il existe une grosse partie de la population américaine qui rêve encore de conserver le pouvoir blanc traditionnel. Une population qui ne peut admettre que les États-Unis se transforment et dont la richesse provient de la mixité des cultures et des races. La solide base d’électeurs américains qui appuient Donald Trump, ce menteur pathologique qui peut dire tout et son contraire dans une même phrase, n’est pas prête à le laisser tomber.

D’autres facteurs non négligeables favorisent Trump lors des élections présidentielles américaines à l’automne 2020 : 1) une caisse électorale très bien garnie (les groupes de pression tels que la NRA sont de grands donateurs et influenceurs, 2) des candidats du Parti républicain qui approuvent la méthode Trump ou choisissent le silence quand ils ne sont pas d’accord, 3) un Joe Biden hésitant qui ne fera pas le poids au moment des confrontations lors des débats politiques télévisés, 4) une économie qui reprendra rapidement avec un chômage qui a déjà commencé à diminuer, juste à temps pour la campagne électorale. Les médias de droite se chargeront de passer sous silence l’affreux bilan occasionné par la pauvre gestion initiale du COVID-19, le temps que les élections soient passées.

Si j’ai tord dans ma prédiction, jamais je n’aurai été aussi content de mon erreur!

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Renseignement

Les maîtres de l’air.

Il s’agit du livre qui a inspiré la nouvelle série de Tom Hanks et Steven Spielberg. « Les maîtres de l’air » est un livre de près de 700 pages dont le contenu est absolument fascinant. Très bien documenté, il raconte l’histoire des jeunes bombardiers américains qui ont fait partie de la 8e Air Force américaine ayant combattu l’Allemagne nazie. L’impact de l’arrivée de tous ces équipages et avions sur le sol britannique est décrit en détail…

Le lecteur constate combien d’équipages de bombardiers sont morts inutilement du fait que le commandement aérien croyait qu’une flotte de bombardiers B-17 pouvait effectuer des bombardements sans avoir besoin d’escorte pour assurer sa défense. On comprend mieux l’importance de l’arrivée des avions de chasse Mustang sur la sécurité des opérations.

Les stratégies d’attaque, de défense et les idées préconçues quant aux meilleurs types de bombardements y sont discutées en détail, très souvent en citant les acteurs de l’époque. Les choix des cibles, de même que les manquements importants dans le renseignement sont analysés.

J’ai cité quelques passages, au fur et à mesure de la lecture, pour vous donner une idée de l’intensité des propos :

Les maîtres de l'air page couverture
Les maîtres de l’air page couverture

« Les mitrailleurs de tourelle centrale, forcés d’y rester pendant des heures au-dessus du territoire ennemi, urinaient dans leurs vêtements; leur dos, leurs fesses et leurs cuisses gelaient « si violemment que les muscles se détachaient et mettaient les os à nu » » p.131

« Un agent du renseignement britannique a estimé que pour chaque aviateur abattu qu’on parvenait à évacuer [du territoire ennemi], un membre [des réseaux clandestins], français, belge ou néerlandais, était tué ou mourait sous la torture » p.141

« Alors que Rooney et quelques autres journalistes attendaient devant une tour de contrôle le retour d’une escadrille de bombardiers, la rumeur se répandit qu’un mitrailleur de tourelle ventrale était coincé dans sa bulle de plastique, sous l’appareil. « Le mécanisme, qui faisait tourner la bulle pour mettre le mitrailleur en position de tir ou le ramener à la position qui lui permettait de sortir et de remonter dans l’appareil, avait été touché et s’était bloqué. Le mitrailleur de tourelle ventrale était enfermé dans une cage en plastique. »

Juste avant l’atterrissage, le système hydraulique de la Forteresse [B-17], criblé de balles, a mal fonctionné, empêchant le pilote de sortir le train d’atterrissage. La commande manuelle du train d’atterrissage avait été détruite. Il allait devoir atterrir sur le ventre. « Il y eut huit minutes de discussions déchirantes entre la tour de contrôle, le pilote et l’homme piégé dans la tourelle ventrale. Il savait ce qui touche le sol en premier lorsqu’il n’y a pas de roues. Nous avons tous regardé avec horreur ce qui arrivait. Nous avons vu cet homme mourir, écrasé entre le béton de la piste et le ventre du bombardier. » p.169

Les maîtres de l'air quatrième de couverture
Les maîtres de l’air quatrième de couverture

« Seuls trente-trois des 178 Liberator [B-24] qui avaient été envoyés à Ploesti revinrent et furent en état de voler le lendemain. » p.257

« Certains bombardiers atterrissaient avec deux ou trois cents trous dans leur carlingue, et des hommes en plus mauvais état que leur avion : des bras et genoux arrachés, des yeux sortis de leur orbite, des poitrines ouvertes si larges que les médecins aériens pouvaient voir les poumons des morts » p.418

« La première semaine de juillet, 434 000 juifs hongrois avaient été envoyés à Auschwitz et près de 90% d’entre eux avaient été assassinés. » p.424

« Le 1er janvier, tandis que les Américains se battaient toujours dans des conditions arctiques dans les Ardennes, la BBC annonça que l’Armée rouge, installée sur les rives de la Vistule, se préparait à avancer. Près de quatre millions d’hommes et dix mille tanks formaient un front qui s’étendait de la mer Baltique jusqu’aux Balkans. » p.532

« L’ordre insensé de Hitler de combattre jusqu’au bout allait faire s’abattre sur l’Allemagne un véritable déluge de destruction dans les derniers mois de la guerre. La décision du gouvernement japonais de continuer à se battre après la chute des Philippines début 1945 allait rendre la fin de la guerre encore plus terrible pour la population de ses villes de papier et de bois, très vulnérables aux incendies. » p.535

« Même si le [Messerschmitt Me 262] avait malgré tout réussi à faire durer la guerre jusqu’à la fin de l’été 1945, c’est l’Allemagne, et non le Japon, qui aurait probablement été la cible des premières bombes atomiques, armes développées au départ par des équipes scientifiques, où les juifs étaient majoritaires, pour frapper les nazis. « Si les Allemands n’avaient pas capitulé, j’aurais apporté la bombe par ici, déclara après la guerre l’ancien pilote de la 8e Air Force Paul Tibbets, le commandant d’Enola Gay. […] Mes instructions étaient de créer une force de bombardement d’élite, […] et il était entendu que, une fois entraînée, elle serait divisée en deux groupes : un envoyé en Europe, et l’autre dans le Pacifique. Le Japon n’était pas la cible prioritaire. Tous nos plans initiaux prévoyaient que nous larguerions les bombes presque simultanément sur l’Allemagne et le Japon ». » p.588

« Aucun débarquement n’aurait été possible en 1944 sans les souffrances et les sacrifices de l’Armée rouge et de la population russe sur le front de l’Est de l’Allemagne, où moururent plus de citoyens et de soldats que sur tous les autres fronts de la guerre réunis. » p.606

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Bonne lecture.

Titre : Les maîtres de l’air : L’histoire des jeunes bombardiers qui risquèrent leur vie contre l’Allemagne nazie. ©2015 pour la traduction française

Titre original : Masters of the Air : America’s Bomber Boys Who Fought the Air War Against Nazi Germany. ©2006

Auteur : Donald L. Miller

Éditions : Michel Lafon

ISBN : 978-2-7499-2602-5

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Géopolitique Sujets controversés

Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.

Avec les divisions internes que vivent les États-Unis sous Donald Trump, les citoyens n’hésitent pas à passer leur message aux politiciens. En 2019 à Brookline, dans la région de Boston, une simple marche dans le quartier a rapidement permis de prendre les photos ci-dessous.

Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.
Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.

Pour ceux qui ne comprennent pas suffisamment l’anglais, je traduis les messages. Dans la première photo, on peut lire : « Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux. C’est l’amour qui gagne. La vie des Noirs compte. Les immigrants et les réfugiés sont bienvenus. Les handicaps sont respectés. Les femmes sont responsables de leur corps. Les gens et la planète ont davantage de valeur que le profit. La diversité est célébrée. »

Dans la photo ci-dessous, le message est clair : « Pas d’enfants dans des cages ».

Pas d'enfants dans des cages.
Pas d’enfants dans des cages.

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Géopolitique Sujets controversés

Les États-Unis, la sécurité nationale, l’acier et le Canada.

Le président américain Donald Trump adore soulever des doutes et avancer des faits inexacts pour tenter d’obtenir des avantages. Sa dernière invention est de dire que l’acier et l’aluminium en provenance du Canada pourraient constituer une menace à la sécurité nationale des États-Unis.

Donald Trump sait très bien que les États-Unis ne peuvent actuellement produire tout l’acier et l’aluminium dont ils ont besoin pour assurer leur croissance. Plutôt que de faire des rapports douteux entre les États-Unis, la sécurité nationale, l’acier et le Canada, je suggère au président de concentrer son attention sur les États-Unis, la sécurité nationale, l’acier et les attentats du 11 septembre 2001.

En effet, les bâtiments américains semblent très fragiles et bénéficieraient possiblement de beaucoup plus d’acier dans leur construction. Sinon, comment faut-il comprendre la chute du bâtiment 7, connu aussi sous WTC-7, une tour de 47 étages qui s’est effondrée d’elle-même sans avoir été touchée par un avion, lors des attentats du 11 septembre 2001? Les médias en ont vraiment très peu parlé, car il leur a été demandé d’être « patriotes ».

Donald Trump peut également diminuer le temps alloué aux tweets et consacrer un peu plus de temps à comprendre ce qui s’est passé avec les tours jumelles de New York, appelées WTC-1 et WTC-2, lors des attentats du 11 septembre 2001. Le meilleur acier du monde n’aurait rien pu faire contre la nanothermite qui a été trouvée dans les débris après la chute des tours.

Ayant des problèmes à comprendre comment deux avions font tomber trois tours, et se questionnant sur la chute libre des tours, des physiciens danois ont eu l’idée d’observer des débris du World Trade Center au microscope. Ils ont découvert de la nanothermite; celle-ci liquéfie littéralement l’acier. La découverte a été consignée dans le Open Physics Journal. Prenez quelques minutes pour comprendre de quoi il s’agit (la qualité du vidéo est bonne sauf pour les cinq premières secondes) :

Le président américain peut également demander à ses associés, avant qu’ils ne soient limogés à leur tour, de trouver des photos des restes d’un Boeing 757 qui aurait frappé le Pentagone. Aucune photo crédible n’a été mise de l’avant en 17 ans. Même des hauts gradés militaires ont soulevé cette absence de preuves.

L’usage que l’on fait de l’acier peut également porter atteinte à la sécurité nationale. Il y a 450 millions d’armes en circulation aux États-Unis. Je ne sais pas combien il faudra de tireurs fous dans les écoles américaines avant que les élus ne prennent leurs responsabilités.

Au lieu d’agir sur ces sujet délicats et d’intérêt national, il est plus facile d’inventer de nouvelles menaces provenant de l’extérieur des États-Unis.

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Géopolitique Sujets controversés

Les États-Unis en transition politique

En procédant très progressivement, Donald Trump est en train de mettre la table pour un changement de système politique aux États-Unis.

Comme il dit souvent tout haut ce qu’il pense vraiment (ses nombreux tweets en sont une preuve), sa dernière visite en Chine l’a convaincu qu’il est possible de changer le système politique américain.

Il a dit tout haut que ce n’est pas une mauvaise idée que de réfléchir à la possibilité de faire plus de deux mandats consécutifs, ce qui est interdit par la Constitution aux États-Unis. Pour se faire, il procède un peu comme Mussolini et change les façons de faire morceau par morceau.

Non seulement il attaque les institutions représentant la justice, comme le FBI, mais il s’en prend également aux médias qui ne disent pas comme lui. Nous sommes à deux doigts de voir la création d’un organisme de presse financé par Trump et qui deviendra le porte-parole du Président américain.

Trump crée des ennemis fictifs, en l’occurrence tous les gens des pays qui sont désormais interdits d’entrée aux États-Unis, alors que toutes les statistiques indiquent que les crimes et attentats sont bien davantage commis par des désaxés à la gâchette facile vivant déjà dans le pays. Et ils sont Américains.

Donald Trump veut devenir, pour la base qui le supporte envers et contre tous, le seul objet de la confiance du peuple. Le seul rempart qui protège des ennemis imaginaires qu’il plante dans la tête des gens. Il invente même un mur qui serait supposément payé par le Mexique, une proposition ridicule qui aurait dû faire rigoler dès le début et qui a pourtant convaincu les électeurs américains. C’est tout dire!

À travers les phrases creuses et les mensonges, que beaucoup des gens qui l’appuient n’ont pas l’intérêt, sinon la capacité de vérifier, il déforme la réalité et installe la peur de l’autre. Il compte sur la lâcheté de plusieurs élus républicains qui ont cessé de s’interroger sur les faits et gestes du Président pour ne se tourner que vers une nécessaire réélection.

Ceux qui prennent Donald Trump à la légère risquent de le payer cher. Combien s’étaient même aperçus que pour préparer sa campagne politique, Cambridge Analytica était déjà au travail?

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Géopolitique

La stabilité politique selon Donald Trump

La population de l’Iran vient de réélire un leader modéré. Bonne nouvelle pour le pays et les voisins. Au même moment, Donald Trump, en voyage au Moyen-Orient, renforce l’idée d’une nécessaire diminution des tensions politiques dans la région.

Mais du même coup, les États-Unis annoncent la signature d’un contrat d’une valeur de 350 milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite pour la livraison et l’entretien d’armements sur une période de dix ans. Et avant ce contrat, l’Arabie Saoudite était déjà au premier rang des pays de la planète qui dépensent le plus pour les armements.

L’Iran et l’Arabie Saoudite n’étant pas traditionnellement sur la même longueur d’onde, il est facile d’imaginer l’impact que ce contrat peut avoir sur les dirigeants Iraniens.

Si je ne m’entends pas bien avec mon voisin et que ce dernier signe un contrat de 350 milliards de dollars pour acquérir et entretenir des armes, je ne crois pas que ma réaction naturelle en sera une de compréhension et de stabilité, et encore moins de démilitarisation. Je vais tout d’abord me demander à quoi toutes ces armes pourraient éventuellement servir, et si je suis moindrement réaliste, j’imaginerai même qu’il y a des possibilités que mon voisin les utilise éventuellement contre moi.

Tous les pays du monde, même les pays dont on dit qu’ils sont « neutres », ont des intérêts stratégiques à défendre et promouvoir. Mais souhaiter une stabilité avec des contrats militaires de cette ampleur, c’est rêver en couleur.

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Photographie de rue

Photographie de rue: le floriste

Photographie de rue: le floriste
Photographie de rue: le floriste

La marijuana deviendra probablement légale au Canada en 2018. Pour l’instant, elle est donc toujours considérée comme une substance illégale par les autorités canadiennes.

Dans la photo ci-dessus, un revendeur de « plantes », improvisé « floriste », n’hésite pas à annoncer son commerce en Colombie-Britannique. Le « floriste » altère ainsi la réalité jusqu’à ce qu’elle le satisfasse.

Le « floriste » ci-dessus procède de la même façon que Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche, qui donne de nouvelles significations aux mots lors de certaines conférences de presse pour réussir à donner du sens à certaines promesses électorales de Donald Trump.

La photographie de rue est souvent non planifiée, comme c’est le cas ici. Par chance j’avais avec moi ce qu’il faut pour capturer la camionnette avant qu’elle ne s’éloigne trop.

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