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Comportement humain

Discours religieux à Boston.

Deux mondes parallèles à Boston.
Deux mondes parallèles à Boston.

À l’avant-plan, des femmes discutent et un homme porte toute son attention sur son téléphone portable pendant que derrière eux, le prêcheur et ses ouailles tentent, à travers leur discours religieux, de ramener tout ce beau monde dans le droit chemin : deux mondes se côtoient dans ce parc de Boston. Si « le message, c’est le médium », comme le disait Marshall Mc Luhan, il faudrait possiblement revoir la méthode de communication, car le médium n’a pas l’air de très bien fonctionner!

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Romans Sujets controversés

La ballade de Rikers Island.

La ballade de Rikers Island par Régis Jauffret.
La ballade de Rikers Island par Régis Jauffret.

Pour avoir écrit ce livre sur l’affaire du Sofitel impliquant Dominique Strauss-Kahn (qui n’est jamais nommé explicitement dans le roman), Régis Jauffret et la maison d’édition du Seuil ont été poursuivis en diffamation et condamnés par un tribunal français. Ils sont allés en appel et ont de nouveau perdu. La Ballade de Rikers Island n’en reste pas moins très bien écrit, dans un style qui est assez unique. Ceci dit, il me semble que le livre aurait pu être abrégé sans nuire au propos.

Pour ceux qui l’ignoreraient, Rikers Island est une prison aux États-Unis où Dominique Strauss-Kahn (DSK) a fait un séjour immédiatement après une histoire d’agression sexuelle qui aurait impliqué le défendeur et une préposée aux chambres, Nafissatou Diallo, de l’hôtel Sofitel de New York.

Voici quelques citations qui donnent une idée du style littéraire de l’auteur, un style où l’humour, parfois assez noir, est souvent présent. Pour ce qui est des extraits les plus durs en ligne avec le propos immédiat du livre, je me suis gardé une petite gêne dans ma sélection, mais vous pouvez toujours trouver le livre en format poche dans de multiples librairies. Voici cependant quelques extraits (sauf le dernier) qui ne devraient pas trop froisser les âmes sensibles.

« [Dans la cellule] … un petit lavabo où une main ne pourrait pas prendre un bain » p.79

« [Sur la table] … un peigne minuscule bon à coiffer le dernier toupet d’un chauve » p.79

« Elle s’en va. J’ouvre l’ordinateur, j’écris une minuscule histoire de Parisien perdu dans le métro. Dimitri frappe à la porte tandis que le malheureux tombe du quai ». p.168

« Il faisait confiance à l’Amérique, une démocratie où le doute profite toujours à l’accusé à condition de n’avoir pas un profil d’islamiste bon à être torturé à Guantanamo ». p.183

« Après avoir braillé avec les hyènes, nos journalistes vont rentrer dans le rang. Quand ils seront revenus à de meilleurs sentiments, nous les inviterons à déjeuner. On profitera de leur bouche ouverte pour leur enfoncer notre part de vérité à grosses bouchées ». p.262

« Une cohorte de prisonniers tirée au cordeau. Il se trouvait toujours un toxicomane rendu fou par le manque prêt à vous égorger pour canaliser son trop-plein d’énergie ». p.313

Au sujet des journalistes : « Un bloc indifférent aux folliculaires agglutinés tout autour, porcelets charmeurs toujours réclamant confidences, impressions, prêts à leur servir leurs parents débités en amuse-gueule pour une bribe d’interview ». p.318

« Un blanc-bec à qui son costume noir donnait un air de singe habillé a bredouillé une muflerie ». p. 324

« Il ne se sentait aucune affinité avec la population de ce siècle qui acceptait le collier, le harnais, les coups de cravache de la société contre la promesse de pouvoir lécher ses plaies dans le camp de vacances des retraités. La retraite, cette religion, cet opium des besogneux, cet au-delà pour les damnés de la Terre du monde du travail, incapables de réclamer le bonheur du jour ». p.337

« L’avenir est une œuvre d’art, chaque journée une autre toile blanche. La jubilation de ne rien savoir du lendemain. Les petits bonheurs embusqués dans les replis des années en attente dans les coulisses ». p.392

« Elle le sème en traversant un groupe de mormons venus du Wyoming serrés les uns contre les autres par peur du malin qui hante les sous-sols des métropoles fornicatrices ». p.398

« Il s’en irait, pauvre hère trouvant refuge auprès d’une bergère dont il mangerait la soupe, tarauderait les creux, maltraiterait les bosses, attendant la nuit pour courir à l’étable profaner le troupeau afin de se donner le frisson de l’adultère ». p.90

Pour obtenir davantage d’informations sur le dossier Jauffret/Strauss-Kahn, les documents suivants sont utiles :

Le Devoir

hal.archives-ouvertes.fr

Ici.fr

bfmtv.com

Voici le lien pour d’autres romans et d’autres sujets controversés sur mon site.

Titre : La ballade de Rikers Island

Auteur : Régis Jauffret

Éditions : Seuil

©Régis Jauffret/Éditions du Seuil 2014

ISBN : 978-2-02-109759-7 (pour le grand format). Mais je sais que ce format est difficile à obtenir aujourd’hui. Cependant, le format poche est toujours en vente dans les librairies.

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Simulation de vol

Microsoft Flight Simulator 2020

En approche pour l'aéroport international de Narita, au Japon, avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.
En approche pour l’aéroport international de Narita, au Japon, avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.

Le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020 est vraiment un produit extrêmement intéressant. Microsoft profite de l’imagerie satellitaire offerte par Bing, ce qui permet à l’amateur de simulation de vol de survoler la planète « en réel », sans restriction. Avec en plus la météo et le trafic aérien en temps réel, l’immersion devient totale.

Au-dessus de New York en soirée avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.
Au-dessus de New York en soirée avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.

Pour télécharger les 128 gigaoctets du jeu en utilisant mon forfait internet actuel, j’ai eu besoin de quatorze heures. Je me souviens encore du moment où j’ai acheté un disque dur « d’une capacité incroyable » et qui pouvait contenir 30 mégaoctets de données. C’était la révolution informatique!

Bien sûr, le jeu demande une adaptation au niveau technologique. Il faut nécessairement un ordinateur performant, cela va de soi. Mais un aspect nouveau et très positif de ce simulateur est que l’on peut désormais utiliser une manette X-Box comme caméra en vol, avec en plus un palonnier et un volant pour plus de réalité. Cette caméra offre des possibilités incroyables et la manette X-Box en supplément est essentielle pour qui veut gagner en flexibilité pour effectuer des captures d’écran en vol.

Le Zlin Savage Cub en vol aux États-Unis avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.
Le Zlin Savage Cub en vol aux États-Unis avec le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.

Comme pour toute nouveauté, il faut s’adapter. Pour ma part, j’utilise les produits de la compagnie CH depuis des années et le nouveau simulateur a eu des problèmes a reconnaître les fonctions des produits CH. En lisant les commentaires sur différents sites, je réalise que plusieurs amateurs de simulation de vol ont eu le même problème. Voici donc, ci-dessous, les liens qui ont permis à un néophyte comme moi de régler les problèmes.

Un premier vidéo que je vous propose est en anglais. Son auteur utilise une méthode légèrement différente, mais super facile à comprendre et qui permet d’acquérir des connaissances supplémentaires lorsque l’on désire cartographier les commandes de pilotage de la compagnie CH.

Un autre vidéo vous donne accès aux produits de la compagnie CH. Vous y trouverez les liens qui vous permettent d’imprimer une représentation de vos commandes de vol CH. Vous pourrez ainsi trouver quelle commande correspond à quel numéro et apprendre à cartographier les commandes en fonction de vos besoins.

Voici deux autres liens pratiques pour les réponses aux diverses questions sur X-Box ou autres et sur les produits CH.

Vue aérienne de Québec sur le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.
Vue aérienne de Québec sur le simulateur de vol Microsoft Flight Simulator 2020.

Dans la capture d’écran ci-dessus, prise avec MSFS2020, on reconnaît la Ville de Québec, avec au loin à gauche le restaurant Le Concorde, suivi de l’Édifice G, le début des Plaines d’Abraham, le Château Frontenac, l’édifice Price et la basse-ville de Québec.

Bon vol!

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Romans

Le sympathisant

Le livre "Le sympathisant" de Viet Thanh Nguyen.
Le livre «Le sympathisant» de Viet Thanh Nguyen.

L’agent double du roman « Le sympathisant » est un homme seul que rien ne va détourner de son idéal politique, un peu comme pour le soldat japonais Hiro Onada que l’on retrouve dans un autre excellent livre intitulé « Au nom du Japon ».

« Le sympathisant » est un voyage entre le Saïgon de 1975 et la côte ouest-américaine des années » 80. Le roman décrit la vie d’un agent double dans la région où il est né, l’Indochine coloniale, puis plus tard dans la nouvelle existence qu’il s’est recréée aux États-Unis. Cet homme de l’ombre, en qui son général de l’armée du Sud Vietnam a parfaitement confiance, transmet par messages codés des informations aux communistes du Nord Vietnam.

L’intérêt du roman tient à la façon dont l’auteur présente les propos et pensées du personnage principal. Cet agent double anonyme est un parfait analyste du monde dans lequel il vit et n’hésite pas une seconde à commenter ses observations avec une grande acuité et aussi, parfois, avec un minimum de diplomatie. Les thèmes graves autant que l’humour et le cynisme ont souvent leur place, au grand plaisir du lecteur. En voici quelques passages :

« […] les mêmes hommes qui ricanent à l’idée que les licornes puissent exister croiront dur comme fer, les larmes aux yeux, dans l’existence d’une espèce encore plus rare, plus mythique, qu’on ne trouve que dans les ports les plus reculés ou dans les recoins sombres et cachés des tavernes les plus sordides : je veux parler de la fameuse prostituée au cœur d’or. Je puis vous assurer que si les prostituées ont quelque chose en or, ce n’est pas leur cœur. Que certains puissent ne pas le croire est un hommage aux grandes comédiennes. » (p.56-57)

« Je note simplement que l’apparition de prostituées indigènes au service de soldats étrangers est une conséquence inévitable de toute guerre d’occupation, un de ces vilains petits effets collatéraux de la défense de la liberté, que les femmes, sœurs, fiancées, mères, pasteurs et politiciens du fin fond de l’Amérique font tous mine d’ignorer, derrière leurs murs de sourires lustrés, en accueillant leurs soldats de retour au pays, prêts à soigner n’importe quelle maladie honteuse avec la pénicilline de la bonté américaine. » (p.57-58)

« Il avait cloué un beau tapis oriental au mur, à défaut, je suppose, d’un Oriental tout court. » (p.88)

« Une fois capturés, ces subversifs avaient une seule destination, mais nombreux étaient les chemins désagréables pour y parvenir. » (p.111)

« C’était là qu’était né le criminel de guerre Richard Nixon, et là que résidait John Wayne, un coin si férocement patriote que je pensais que l’agent orange avait été fabriqué ici, ou en tout cas baptisé en son honneur. » (p.126)

« Il parlait la bouche pleine et ouverte, envoyait de temps en temps un bout de riz sur ma joue, sur mes cils, ou dans mon propre bol, et mangeait avec un tel bonheur que je ne pus m’empêcher d’éprouver tendresse et pitié devant tant d’innocence. » (p.129)

« J’avais cru, naïvement, pouvoir détourner l’organisme hollywoodien de son objectif, la lobotomisation et le détroussement simultanés des spectateurs du monde entier. » (p.177)

« […] des pages centrales évoquaient les récents meurtres non élucidés de dissidents politiques et leurs corps criblés de balles jetés en pleine rue. Dans une situation troublante de ce genre, tous les corps criblés mènent à un cribleur en chef, le dictateur» (p.197)

« La mission d’un espion n’est pas de se cacher là où personne ne peut le voir, puisque lui-même ne pourra rien voir non plus. La mission d’un espion est de se cacher là où tout le monde peut le voir et où il peut tout voir. » (p.227)

« […] et un Blanc, grand et mince, portant un costume bleu pastel, une cravate à motifs cachemires aussi épaisse qu’Elvis Presley et une chemise couleur de l’urine après un repas d’asperges. » (p.258)

« Dans les négociations, comme dans les interrogatoires, le mensonge était non seulement acceptable, mais attendu. » (p.262)

« Elle m’insulta si copieusement, et avec une telle inventivité verbale, que je dus consulter autant ma montre que mon dictionnaire. » (p.292)

« Les journalistes sont toujours gênants quand ils sont indépendants. » (p.296)

« Je vais vous dire quel est mon rêve américain, dit-il en tenant le micro avec une délicatesse qu’on réserverait à un bâton de dynamite ». (p.302)

« Dehors s’étendrait un immense green de golf consommant plus d’eau qu’une métropole du tiers-monde, et des quatuors de banquiers virils y pratiqueraient ce sport dont la maîtrise exigeait à la fois la force brutale, et guerrière, requise pour éviscérer les syndicats et toute la finesse nécessaire à une bonne évasion fiscale. » (p.319)

« J’avais devant moi plusieurs spécimens représentatifs de la créature la plus dangereuse de tous les temps : le Blanc en costume-cravate ». (p.320)

Bonne lecture!

Titre : Le sympathisant

Auteur : Viet Thanh Nguyen

Éditions : Belfond, 2017

ISBN : 978-2-7144-7565-7

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Comportement humain Géopolitique

La stupidité et le pouvoir.

Durant la période turbulente que les États-Unis traversent actuellement, il est bon de se rappeler de la Troisième Loi fondamentale de la stupidité humaine définie par Carlo M. Cipolla: « Est stupide celui qui entraîne une perte pour un autre individu ou pour un groupe d’autres individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant éventuellement des pertes ». Les pertes peuvent être de tous genres, comme par exemple une diminution rapide de son réseau de support, une plus grande difficulté à avoir accès à des ressources financières, une perte de crédibilité ou même des poursuites civiles éventuelles face à des actes inappropriés.

Toujours selon M. Cipolla, « le potentiel dévastateur des gens stupides dépend de deux facteurs principaux. Premièrement, le facteur génétique […] et deuxièmement la position de pouvoir et d’éminence qu’il occupe dans la société» « […] Les créatures essentiellement stupides sont dangereuses et redoutables parce que les individus raisonnables ont du mal à imaginer et à comprendre les comportements déraisonnables. »

Pour en savoir un peu plus : le comportement humain.

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Biographies et autobiographies

J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond.

J'aurais pu devenir millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond.
J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond.

Avant de lire ce livre, je n’avais jamais entendu parler de John Muir. Et pourtant! Il a fondé le désormais célèbre Sierra Club et a été le créateur du parc national de Yosemite. C’était un génie, inventeur de machines complexes et, en même temps, un explorateur des milieux naturels comme il ne s’en fait plus aujourd’hui.

C’était un être intéressant à tous les points de vue, doté d’une énergie incroyable et d’une santé de fer. Il a parcouru à pied des milliers de kilomètres dans les forêts encore sauvages des États-Unis. Originaire de l’Écosse, il a quitté ce pays à l’âge de dix ans pour venir s’établir aux États-Unis avec sa famille.

Jeune adulte, c’était un travailleur infatigable qui n’hésitait pas à perdre plusieurs heures de précieux sommeil pour élaborer dans le sous-sol familial des pendules et autres machines faites de bois qui l’ont rendu célèbre.

En 1903, sa réputation de marcheur solitaire dans les forêts de Californie fit en sorte que même le président américain Théodore Roosevelt lui demanda la faveur de passer quelques jours en sa compagnie dans la grande « Sauvagerie » sans être dérangés. Là, ils discutèrent de l’urgente nécessité de protéger l’environnement et de créer des parcs nationaux.

L’auteur Alexis Jenni, écrivain français qui a reçu le prix Goncourt en 2011 pour « L’Art français de la guerre » y va de plusieurs observations personnelles et il se compare, bien humblement je dois le dire, à John Muir, car lui aussi possède cet intérêt profond pour le respect de la nature sans toutefois avoir la résistance extraordinaire de Muir.

À propos de la dette écologique, il écrit : « Le concept de la dette écologique est récent, un peu flou, mais très utile, car il vise à mesurer une variable cachée : il est des développements économiques spectaculaires qui se font par l’exploitation d’une ressource dont le coût n’est pas comptabilisé. On prend en compte le prix de l’exploitation, mais pas celui du manque, celui-ci constituant une dette écologique qui se paiera plus tard. Cela concerne l’eau, les forêts, la faune marine, tout ce que l’on prélève sans compter en estimant que c’est inépuisable ». (p.205)

Henry David Thoreau, dont la réputation n’est plus à faire, est également mentionné dans le livre, mais surtout dans le but de différencier l’intensité de l’expérience face à la nature entre Thoreau et Muir. Alors que Muir vécut pendant des années seul au cœur des forêts les plus sauvages d’Amérique, Thoreau vivait tout près de la ville et était considéré comme un ermite. Comme le dit l’auteur : « On comprend bien que “vie sauvage”, dans les deux cas, n’a vraiment pas le même sens. Muir est un peu enthousiaste, Thoreau un philosophe réfléchi et un peu barbant, l’un gambade dans les bois, parle aux écureuils, grimpe aux arbres les jours d’orage et court sur les glaciers; l’autre médite d’un air grave, enseigne, et accueille ses amis venus de Boston le dimanche recueillir quelques oracles. » (p.214)

C’est un livre très intéressant, facile d’accès, qui parle d’une période révolue où un citoyen pouvait sur un coup de tête décider de marcher droit devant lui sur des centaines de kilomètres à travers des forêts sauvages qui n’étaient pas encore devenues des propriétés privées.

Il faut toutefois noter que le Sierra Club a dû s’excuser en 2020 pour les propos racistes utilisés à l’époque par John Muir.

Cliquez sur Biographies pour avoir accès à d’autres biographies sur mon site web.

Titre : J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond  .

Auteur : Alexis Jenni

Éditions : Paulsen

© 2020

ISBN : 978-2-37502-089-0

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Histoire des villes

Le livre «Black Detroit»

Page couverture du livre Black Detroit de Herb Boyd.
Page couverture du livre Black Detroit de Herb Boyd.

Je traduis les propos de l’auteur au meilleur de ma connaissance, pour ceux qui ont de la difficulté avec la langue anglaise.

Comme l’auteur Herb Boyd l’écrit, « c’est le premier livre à considérer le Détroit noir à partir d’une perspective historique » (p.14). Si vous recherchez une personne de race noire qui a influencé l’histoire de Détroit, elle se trouve dans le livre.

L’auteur couvre l’arrivée des Noirs à Détroit via le « Chemin de fer clandestin», le type de travail qu’ils pouvaient trouver, la musique qu’ils ont créée, le besoin d’avoir leur propre église pour éviter le racisme, le travail chez Ford, l’influence des unions, les conditions pitoyables d’habitation, etc.

Évidemment, il y a plusieurs paragraphes sur le racisme, la répression policière et la violence inutile, les problèmes causés par le KKK et comment plusieurs Noirs ont réagi face à la menace, le Smith Act, la Guerre Civile Américaine et le désir d’en finir avec l’esclavage, la présence de Rosa Parks dans la ville et la visite de Détroit par Nelson Mandela en 1990.

Il n’y a pas seulement des informations sur l’histoire et le développement de Detroit, mais aussi des idées sur le futur de la ville et la façon dont elle devra gérer le fait que tellement de gens choisissent de vivre dans les banlieues au lieu de Détroit elle-même.

Étant donné que le combat pour l’égalité des droits, le racisme, la répression policière et les morts inutiles de tellement de Noirs ont continué d’être un problème aux États-Unis, j’ai choisi quelques citations du livre sur ces sujets.

J’ai choisi un paragraphe sur la visite de Nelson Mandela à Détroit. Quand Nelson Mandela a quitté les États-Unis pour retourner vers l’Afrique du Sud, son avion a dû faire un arrêt à Iqaluit, dans l’Arctique canadien. Je travaillais comme spécialiste en information de vol (FSS) à Iqaluit en 1990, j’ai donc pu les voir, lui et sa conjointe Winnie, en train d’assister à une cérémonie au milieu de la nuit dans dans le terminal de l’aéroport. Vous pouvez lire les histoires vécues à Iqaluit sur mon site web.

Détroit et le Canada

« En 1795, Détroit était sous juridiction britannique et la ville était de facto partie du Haut-Canada » (p.22)

 «  Le juge Woodward stipula plus tard dans un arrêté que si des noirs américains pouvaient obtenir leur liberté au Canada, ils ne pourraient être retournés en esclavage aux États-Unis. Deux des enfants de Denison […] profitèrent de cet arrêté en se sauvant vers le Canada pour quelques années pour ensuite retourner à Détroit en tant que citoyens libres. Leur cas fît jurisprudence et fût cité dans de nombreux appels pour l’émancipation des esclaves Afro- Américains. » (p.25)

Le Smith Act

« Le Smith Act  fût écrit de telle façon que les organisations de travailleurs et l’agitation pour l’égalité des droits soit compris comme sédition et trahison, la même chose que de se battre pour renverser le gouvernement par la force » (p.162)

La répression policière et la brutalité

« […] Vingt-cinq noirs avaient été tués alors qu’ils étaient en garde à vue au poste de police en 1925, huit fois le nombre tué sous supervision policière cette année-là à New York, ville dont la population noire était au moins deux fois plus importante. » (p.112) « Durant la première année d’opération du STRESS (Stop the Robberies and Enjoy Safe Streets –  « Arrêtez les vols et profitez de rues sécuritaires ») en tant qu’escadron de la mort / équipe SWAT [vers 1970], les forces policières de la ville avaient le plus haut nombre de civils tués par capita de tous les départements de police américains. Durant ses trois ans et demi d’existence, les policiers du STRESS tirèrent et tuèrent 24 hommes, 22 d’entre eux étant des Afro-Américains. […] Parmi les officiers du STRESS, aucun cas ne semblait autant problématique que celui du chef d’équipe Raymond Peterson. Avant qu’il soit assigné au STRESS, il avait accumulé un nombre record de plaintes. Durant ses deux premières années au sein de l’escouade, il prit part à neuf meurtres et trois fusillades avec blessures par balle. Les balles provenant du révolver de Peterson tuèrent cinq des victimes. Aucune accusation ne fût portée dans aucun chacun des cas. » (p.226-227)

Le policier Raymond Peterson condamné à Détroit dans les années '70.
Le policier Raymond Peterson condamné à Détroit dans les années ’70.

© Detroit Free Press March 23rd 1973

« [Vers 1999] l’embourgeoisement était une chose dont il fallait se soucier, mais la brutalité policière était une menace beaucoup plus immédiate pour les jeunes noirs de Détroit. Ils étaient pleinement conscients qu’il y avait peu de pitié à attendre de la police, pas plus que des conseillers d’école ou des agences de placement, et certainement pas des revendeurs de drogues ». (p.292)

« [Vers 2001] Détroit, selon les reportages de plusieurs journaux locaux, avait le nombre le plus élevé de tirs mortels parmi les grandes cités de la nation ». (p.300)

« À travers la nation durant les décennies précédentes, de 1999 à 2009, la violence par arme à feu avait enlevé la vie à des milliers de jeunes femmes et hommes noirs, et des centaines d’entre eux étaient des victimes non-armées d’une violence policière injustifiée. Peu de ces terribles tragédies furent aussi bouleversantes que le meurtre de Aiyana Jones, une jeune fille de sept ans, par un policier en mai 2010. Il était autour de minuit et Aiyana était endormie sur le divan avec sa grand-mère qui regardait la télévision. Aucune d’entre elles n’eût le temps de réagir au cognement à la porte ni à la grenade assourdissante lancée dans le salon par la police au début du raid.

                L’officier Joseph Weekley commença immédiatement à tirer à l’aveugle avec sa mitraillette MP5 à travers la fenêtre dans la fumée et le chaos. Une des balles entra dans la tête de Aiyana et ressorti par le cou. Elle fût tuée instantanément. L’équipe SWAT était venue pour chercher un suspect de meurtre qui vivait au deuxième étage, mais quitta avec seulement un enfant mort. […] » (p.327-328)

Éducation

« Ethelene Crockett , après avoir élévé trois enfants, obtint un diplôme de médecine de l’université Howard en 1942. Elle compléta son internat à l’hôpital Detroit Receiving, et parce que l’hôpital de Détroit n’acceptait pas de femme médecin Afro-Américaine, elle fit sa résidence à New-York. Finalement en 1952, elle fût acceptée à l’hôpital de Détroit, devenant la première femme dans son domaine de obstétrique et gynécologie à pratiquer dans l’état. » (p.163)

Pas de classe moyenne pour les jeunes noirs.

« Avec la route traditionnelle vers le succès dans la classe moyenne bloquée, les jeunes noirs de Détroit recherchèrent d’autres moyens de survie, spécialement à travers l’économie souterraine ». (p.254)

Nelson Mandela à Détroit

« Durant l’été de 1990, Nelson Mandela visita plusieurs villes des États-Unis après avoir passé vingt-sept années en prison. […] Quand Mandela et sa femme Winnie sortirent de l’avion [à Détroit], une des premières personnes qu’ils reconnurent fût Rosa Parks. Nelson Mandela dit que Parks avait été son inspiration durant de longues années alors qu’il était incarcéré à Robben Island et que son histoire avait inspiré les combattants pour la liberté de l’Afrique du Sud. » (p.268)

Le futur de Détroit

« La plupart des habitants de Détroit vivent dans des quartiers où le développement est inégal. Il y a des signes d’amélioration, mais dans l’ensemble les communautés sont aux prises avec le chômage, le crime et des écoles peu performantes. Détroit est une ville avec de grandes étendues de terres inhabitées où l’on trouve 31,000 maisons vacantes et dilapidées. Dans diverses localités de la ville, des organismes communautaires ont travaillé sans relâche pour maintenir leurs régions respectives contre une vague de négligence et de désinvestissement. L’administration municipale actuelle a essayé d’utiliser un assortiment de méthodes pour arrêter le déclin des quartiers, avec un succès modéré. Cette tâche gargantuesque a été aidée par l’aide massive de l’administration Obama, mais la ville a encore des obstacles majeurs à franchir avec une grande population pauvre, non qualifiée et semi-alphabétisée.

Titre : Black Detroit : A people’s history of self-determination.

Auteur : Herb Boyd

Édition : Amistad

© 2017

ISBN : 978-0-06-234662-9

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Géopolitique Sujets controversés

La réélection de Donald Trump en 2020.

Le président américain Donald Trump prépare sa réélection de l’automne 2020 en mettant en pratique une recette utilisée par la machine Daley, de Chicago. Le père et le fils Daley ont régné sur Chicago pendant des décennies en utilisant la répression policière.

Le policier Derek Chauvin, qui a tué l’Afro-Américain George Floyd, offre une occasion au président des États-Unis d’utiliser une recette éprouvée. Le meurtre ayant été suivi de manifestations et éventuellement de pillage, Trump s’est plaint de la faiblesse des dirigeants et a suggéré non seulement que les forces de l’ordre dominent la rue, mais que l’utilisation de l’armée serait possiblement requise contre la population.

Voici un court extrait d’un résumé du livre « Chicago » qui se trouve sur mon site web :

« L’exploitation des peurs raciales connaissait beaucoup de succès à Chicago. Daley défendait ses politiques en disant que “la plupart des gens s’inquiétaient bien plus d’une émeute des Noirs que d’un maire qui ordonne l’usage de la force létale pour y mettre un terme et qu’ils se reconnaissaient bien moins dans des manifestants pacifistes que dans les policiers qui les frappaient à coups de matraque. (p.319)

Couverture du livre "Histoire de Chicago" par Andrew Diamond et Pap Ndiaye
Couverture du livre «Histoire de Chicago» par Andrew Diamond et Pap Ndiaye

Les fortes tensions sociales et la violence inutile qui suivent la répression policière génèrent toujours plus de peur,  et c’est de cette peur dont profitent certains politiciens.

Les politiciens les plus conservateurs ont appris depuis longtemps que d’installer la peur dans la population est payant politiquement. C’est la méthode facile et expéditive. Le gouvernement s’occupe de “dominer” les ennemis réels et bien plus souvent fictifs et, ce faisant, rassure la population tout en diminuant les droits et libertés de la population américaine pour pouvoir agir à sa guise plus tard dans d’autres dossiers.

Même les généraux américains, habituellement silencieux, en sont rendus à faire des apparitions publiques pour tenter de sauver les valeurs américaines. Car selon plusieurs observateurs, il y a un glissement graduel vers un contrôle politique autoritaire inquiétant.

Le respect de la population Afro-Américaine était le principal facteur en jeu lors de la guerre de Sécession américaine qui dura quatre ans, entre 1861 et 1865 et fît 750,000 morts. Elle couta également la vie au président Lincoln. Le problème du respect des Afro-Américains est toujours d’actualité.

Tous ces gens que l’on voit en train de protester contre la mort de George Floyd représentent le côté non raciste des États-Unis. Il ne faut pas oublier qu’il existe une grosse partie de la population américaine qui rêve encore de conserver le pouvoir blanc traditionnel. Une population qui ne peut admettre que les États-Unis se transforment et dont la richesse provient de la mixité des cultures et des races. La solide base d’électeurs américains qui appuient Donald Trump, ce menteur pathologique qui peut dire tout et son contraire dans une même phrase, n’est pas prête à le laisser tomber.

D’autres facteurs non négligeables favorisent Trump lors des élections présidentielles américaines à l’automne 2020 : 1) une caisse électorale très bien garnie (les groupes de pression tels que la NRA sont de grands donateurs et influenceurs, 2) des candidats du Parti républicain qui approuvent la méthode Trump ou choisissent le silence quand ils ne sont pas d’accord, 3) un Joe Biden hésitant qui ne fera pas le poids au moment des confrontations lors des débats politiques télévisés, 4) une économie qui reprendra rapidement avec un chômage qui a déjà commencé à diminuer, juste à temps pour la campagne électorale. Les médias de droite se chargeront de passer sous silence l’affreux bilan occasionné par la pauvre gestion initiale du COVID-19, le temps que les élections soient passées.

Si j’ai tord dans ma prédiction, jamais je n’aurai été aussi content de mon erreur!

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Géopolitique Sujets controversés

Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.

Avec les divisions internes que vivent les États-Unis sous Donald Trump, les citoyens n’hésitent pas à passer leur message aux politiciens. En 2019 à Brookline, dans la région de Boston, une simple marche dans le quartier a rapidement permis de prendre les photos ci-dessous.

Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.
Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux.

Pour ceux qui ne comprennent pas suffisamment l’anglais, je traduis les messages. Dans la première photo, on peut lire : « Dans notre Amérique, tous les gens sont égaux. C’est l’amour qui gagne. La vie des Noirs compte. Les immigrants et les réfugiés sont bienvenus. Les handicaps sont respectés. Les femmes sont responsables de leur corps. Les gens et la planète ont davantage de valeur que le profit. La diversité est célébrée. »

Dans la photo ci-dessous, le message est clair : « Pas d’enfants dans des cages ».

Pas d'enfants dans des cages.
Pas d’enfants dans des cages.
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La pratique fait le maître.

Pratique de surf à Ogunquit
Pratique de surf à Ogunquit

Les vagues à Ogunquit n’étant pas très grosses, l’endroit est idéal pour apprendre le surf. Mais de petites vagues ne signifient pas nécessairement que l’apprentissage est facile. La pratique fait le maître.