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Roman graphique et bandes dessinées

La fortune de Poutine.

Roman graphique: La fortune de Poutine.
Roman graphique: La fortune de Poutine.

Ce roman graphique relate des événements entourant la montée au pouvoir de Vladimir Poutine et l’établissement de sa fortune personnelle. Cette dernière se bâtit à travers l’exfiltration de sommes colossales appartenant au peuple russe et qui sont redirigées vers des sociétés-écrans et des paradis fiscaux.

Étant donné que le récit s’étale sur plusieurs décennies, le lecteur se familiarise avec une multitude de noms de compagnies et de personnages clés dans le domaine politique et économique.

On y trouve également, comme pour d’autres grandes puissances, des règlements de compte politique et des magouilles économiques.

La structure de fonctionnement du pouvoir en Russie diverge du système politique occidental. Les relations tissées avec le président y jouent un rôle beaucoup plus important qu’à l’Ouest. Les avantages sont accordés en échange d’une fidélité indéfectible. On mentionne entre autres les liens entre Silvio Berlusconi et Poutine.

L’échelle des sorties d’argent de la Russie à des fins discrètes surprend. Pour ne citer qu’un exemple, l’auteur note la création de l’opération Luch (une fuite de capitaux estimée à 50 milliards de dollars) en 1990 pour parer aux changements provoqués par Gorbatchev. Il s’agissait de piger dans les fonds secrets du KGB à l’étranger pour enrichir une caisse pouvant servir à assurer la survie du parti et d’autres intérêts particuliers.

« Depuis que Poutine est arrivé au pouvoir, le montant global d’argent sale sorti de Russie et blanchi par les banques de l’Ouest a été au minimum de 1 000 000 000 $ (mille milliards de dollars) ! ».

L’Occident n’a donc pas les mains propres face à ce qui se passe en Russie. Quand il y a de l’argent rapide à faire et que des actionnaires s’attendent à un bilan déraisonnable, la vertu s’efface devant le sens pratique. Parmi les complicités européennes : Danske Bank, SEB et Swedbank, Crédit Suisse, Banca Intesa, Deutsche Bank Russia, Appleby-Estera (cabinet de services offshore), Chypre (cabinets de services financiers), Price Waterhouse Coopers.

Le lecteur constate également l’accumulation des suicides de responsables de tout acabit au cours des années. Par exemple, l’auteur note les suicides déguisés de Nikolai Kruchina, Georgy Pavlov et Dimitri Lissovolik. Ces hommes à l’équilibre précaire avaient tous la fâcheuse habitude de prendre l’air sur un balcon trop élevé pour leur capacité. Le KGB doutait de la fiabilité de ces hommes qui géraient les fonds secrets du parti à l’Ouest.

L’empoisonnement (par le poison Novitchok) est aussi une méthode privilégiée pour aplanir les différends politiques. Mais cet état de fait est déjà connu des Occidentaux, car la plupart des opérations manquées ou réussies font l’objet de nombreux articles dans les médias. Par exemple, cela a été le cas pour Navalny et Skripal. Pour Iouchtchenko, le gagnant des élections présidentielles en Ukraine, un autre poison fût utilisé, mais la source n’a pu être confirmée.

Sous Poutine, les oligarques peuvent conserver les fortunes acquises à travers les nombreuses privatisations, mais il n’est plus question pour eux de s’immiscer dans les affaires politiques. Le bouquin s’attarde aussi sur la détérioration du rapport entre Poutine et des oligarques comme Berezovski (retrouvé pendu dans sa salle de bain à Londres) et Khodorkovski.

Si un dévoué collaborateur change de camp, il peut, dans le meilleur des cas, survivre en quittant le pays et en demeurant apolitique. Autrement, son avion peut exploser en vol, comme pour Prigojine.

Le bouquin montre comment Ivan Rybkyn, un opposant politique de Poutine en 2004, s’est désisté suite à une promenade improvisée en fourgonnette. Il semblerait qu’il ait été saisi et rentré de force dans le véhicule. Cette expérience et les discussions probables qui ont eu lieu durant la balade ont suffi à convaincre le candidat qu’il n’avait pas vraiment le feu sacré pour la politique.

Page du roman graphique "La fortune de Poutine".
Page du roman graphique « La fortune de Poutine ».

Dans les années 90, le clan mafieux Tambov protège Poutine et Sobchak et participe à la gestion du port de Saint-Pétersbourg. Cela n’empêche pas un « accident » de la route impliquant les filles et la conjointe de Vladimir Poutine. Ceux qui sont insatisfaits de leur part du gâteau font monter les enchères et Poutine doit réunir les familles pour qu’elles s’arrangent entre elles. Pragmatique, il envoie tout de même ses filles en Allemagne pour leur sécurité. Le gardien légal est Matthias Warnig, un ancien de la STASI.

L’auteur signale que de l’argent russe a servi à influer sur le résultat du Brexit (51,89 %), ceci dans le but de fragiliser l’Europe. Ensuite, comme nous le savons déjà, la Russie a influencé le résultat du vote dans les états clés des États-Unis pour aider à l’élection de Donald Trump.

Le roman graphique se termine par un dossier documentaire, avec photos, dessins et références pour ceux qui désirent obtenir davantage d’informations.

Et la fortune de Poutine dans tout ça ? Selon les recherches effectuées par les auteurs, elle s’établirait entre 150 et 250 milliards d’euros.

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Titre : La fortune de Poutine

Auteurs : Yvonnick Denoël et Gildas Java

Édition : Nouveau monde graphic, © 2024

ISBN : 978-2-38094-501-0

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Simulation de vol

Tour du monde en simulation de vol (9)

L'Antonov 225 décolle de l'aéroport Antonov (UKKM) en Ukraine, direction Sochi en Russie.
L’Antonov 225 décolle de l’aéroport Antonov (UKKM) en Ukraine, direction Sochi en Russie.

Aujourd’hui, l’Antonov 225 renaît pour une autre étape dans ce tour du monde en simulation de vol. Dans la réalité, cet appareil à été détruit par la Russie au moment de son invasion en Ukraine. Au moment d’écrire ces lignes, la guerre persiste toujours entre ces deux nations. Mais dans le mode virtuel, nous avons plus de latitude pour modifier le cours des événements et simuler la paix.

Nous quittons donc l’aéroport Antonov en Ukraine (UKKM), survolons la Crimée pour ensuite faire escale à Sotchi en Russie (code d’aéroport URSS). La destination sera l’aéroport de Lublin (EPLB), en Pologne.

La météo se présente bien, avec un ciel dégagé pour l’arrivée à Sotchi. Le paysage autour de Sotchi est splendide et il est préférable d’y atterrir lorsqu’il fait beau.

Le décollage s’accomplit sans problème, mais il faut vite s’habituer à la lourdeur de l’Antonov 225. Le poids de l’appareil fait en sorte que chaque fois que le pilote effectue une manœuvre avec les commandes de vol, il ne se passe initialement rien. Puis, l’appareil commence doucement à obéir. On doit donc s’attendre à des délais et anticiper le résultat des manœuvres.  

Navigraph sert pour la navigation. Bien entendu, j’ai prévu de dévier du parcours initial pour survoler la Crimée et poursuivre vers Sotchi.

Le triangle rose indique la position de l'Antonov 225 arrivant au-dessus de la Crimée dans son vol vers la Russie et la Pologne.
Le triangle rose indique la position de l’Antonov 225 arrivant au-dessus de la Crimée dans son vol vers la Russie et la Pologne.

Ci-dessous les champs labourés de l’Ukraine. On considère l’Ukraine comme le grenier du monde.

L'Antonov 225 au-dessus des champs cultivés de l'Ukraine.
L’Antonov 225 au-dessus des champs cultivés de l’Ukraine.

La Crimée est une très belle région vue des airs, mais âprement disputée au sol. Un pilote dirait qu’aujourd’hui, ça secoue plus en bas qu’en haut.

L'Antonov 225 arrive au-dessus de la Crimée lors de son vol vers la Russie suivi d'un retour vers la Pologne.
L’Antonov 225 arrive au-dessus de la Crimée lors de son vol vers la Russie suivi d’un retour vers la Pologne.

Quelques minutes plus tard, le vol au-dessus de la mer d’Azov   commence en direction de Sotchi.

L’approche est spectaculaire avec les montagnes environnantes. Comme pour tous les gros appareils, il faut stabiliser l’Antonov longtemps d’avance pour éviter de surcorriger en finale.

Antonov 225 en longue finale pour la piste 06 à l'aéroport de Sochi (USSR), Russie.
Antonov 225 en longue finale pour la piste 06 à l’aéroport de Sochi (USSR), Russie.

L’avion-cargo s’arrête sur une distance extrêmement courte pour un poids aussi important. Quand la poussée est inversée sur six réacteurs, nul besoin de régler le freinage au maximum, spécialement à Sotchi. Nous faisons une courte escale.

L'Antonov 225 stationné pour une courte escale à l'aéroport de Sochi (USSR), Russie.
L’Antonov 225 stationné pour une courte escale à l’aéroport de Sochi (USSR), Russie.

Juste après notre arrivée, un jet militaire russe Soukhoï 27 effectue une passe à basse altitude près de la tour. L’avion de combat a été créé à l’époque en réponse à la construction du F-15 américain.

Un Sukhoi Su-27 fait une passe à basse altitude à l'aéroport de Sochi (USSR), Russie.
Un Sukhoi Su-27 fait une passe à basse altitude à l’aéroport de Sochi (USSR), Russie.

Le vol reprend en fin d’après-midi. Ci-dessous, l’Antonov 225 se trouve en finale pour la piste 25 de l’aéroport de Lublin en Pologne.

Antonov 225 en finale pour la piste 25 à l'aéroport de Lublin, Pologne.
Antonov 225 en finale pour la piste 25 à l’aéroport de Lublin, Pologne.

Les inverseurs de poussée permettent à l’appareil de sortir dans la voie de circulation en milieu de piste.

L'Antonov 225 utilisant les inverseurs de poussée au moment de l'atterrissage à l'aéroport de Lublin (EPLB) en Pologne.
L’Antonov 225 utilisant les inverseurs de poussée au moment de l’atterrissage à l’aéroport de Lublin (EPLB) en Pologne.

Nous recevons un peu d’aide pour le stationnement.

Aide au stationnement pour l'Antonov 225 à l'aéroport de Lublin, Pologne.
Aide au stationnement pour l’Antonov 225 à l’aéroport de Lublin, Pologne.

La prochaine étape de ce tour du monde en simulation de vol se fera avec un appareil plus petit en direction de l’Allemagne. Un survol de Göttingen est prévu avec un hélicoptère immatriculé D-JORG. Le trajet se terminera à l’aéroport de Paderborn Lippstadt (EDLP).

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Simulation de vol

Tour du monde en simulation de vol (8).

Tours de béton signées OMA à Stockholm avec Microsoft Flight Simulator.
Tours de béton signées OMA à Stockholm avec Microsoft Flight Simulator.

L’étape 8 de ce tour du monde en simulation de vol s’effectue entre l’aéroport de Stockholm-Bromma en Suède vers l’aéroport international Antonov (Hostomel) en Ukraine (UKKM), où se trouve l’Antonov 225 virtuel.

Le seul exemplaire au monde de cet appareil a été détruit au début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022. Personne ne peut cependant empêcher un avion virtuel de survivre aux attaques (même informatiques). Notez que la totalité du montant d’achat de l’appareil virtuel dans la boutique Microsoft est réservée à la reconstruction éventuelle du vrai avion.

Jet militaire F-14D Tomcat prêt pour le départ à l'aéroport de Stockholm-Bromma en Suède avec Microsoft Flight Simulator.
Jet militaire F-14D Tomcat prêt pour le départ à l’aéroport de Stockholm-Bromma en Suède avec Microsoft Flight Simulator.

Pour le voyage, un survol rapide de la Biélorussie sera nécessaire. Pour l’occasion, un F-14 Tomcat décommissionné et sans armements devrait faire l’affaire.

F-14D Tomcat au décollage de l'aéroport virtuel de Stockholm-Bromma (ESSB) en Suède en simulation de vol.
F-14D Tomcat au décollage de l’aéroport virtuel de Stockholm-Bromma (ESSB) en Suède en simulation de vol.

Le vol s’effectuera à une vitesse supérieure au mur du son.

Carte Navigraph pour un vol entre ESSB et l'aéroport international Antonov (UKKM).
Carte Navigraph pour un vol entre ESSB et l’aéroport international Antonov (UKKM).

La carte Navigraph ci-dessus indique le trajet prévu. Le triangle rose montre le F-14 entrant en Biélorussie.

F-14D Tomcat en plongée pour une passe à basse altitude et haute vitesse au-dessus de la Biélorussie.
F-14D Tomcat en plongée pour une passe à basse altitude et haute vitesse au-dessus de la Biélorussie.

Un changement dans l’itinéraire s’impose pour quelques minutes, avec un piqué vers le territoire biélorusse. Mais, comme disent les militaires, ce vol « n’a jamais eu lieu ».

F-14D Tomcat effectuant une passe à basse altitude et haute vitesse en Biélorussie.
F-14D Tomcat effectuant une passe à basse altitude et haute vitesse en Biélorussie.

Nous ne sommes évidemment pas invités à exécuter une passe à grande vitesse. Mais il semble que cela devient la norme dans cette partie du monde ces dernières années et donc, pourquoi pas nous ?

F-14D Tomcat en vol pour l'aéroport de Kiev (Hostomel) UKKM en simulation de vol.
F-14D Tomcat en vol pour l’aéroport de Kiev (Hostomel) UKKM en simulation de vol.

Le vol vers l’aéroport international Antonov se poursuit à vitesse maximale. Nous serons bientôt arrivés.

F-14D Tomcat tourne en finale pour l'aéroport international Antonov (Hostomel) (UKKM) en simulation de vol.
F-14D Tomcat tourne en finale pour l’aéroport international Antonov (Hostomel) (UKKM) en simulation de vol.

Ci-dessus, le F-14 effectue un dernier virage en descente pour l’approche finale vers l’aéroport Antonov, avec le train d’atterrissage sorti et les volets ajustés. Dans la vraie vie, la piste a été endommagée par les Ukrainiens eux-mêmes pour empêcher les Russes d’établir facilement une tête de pont dans leur pays. Mais nous sommes en mode virtuel, tout nous est permis.

Un F-14D Tomcat et des soldats Ukrainiens à l'aéroport international Antonov (Hostomel) (UKKM) en simulation de vol.
Un F-14D Tomcat et des soldats Ukrainiens à l’aéroport international Antonov (Hostomel) (UKKM) en simulation de vol.

Au moment du roulage au sol, nous croisons quelques soldats de l’armée ukrainienne qui saluent l’arrivée des pilotes étrangers.

L'Antonov 225 et des soldats Ukrainiens à l'aéroport international Antonov (UKKM) avec Microsoft Flight Simulator.
L’Antonov 225 et des soldats Ukrainiens à l’aéroport international Antonov (UKKM) avec Microsoft Flight Simulator.

L’Antonov 225 virtuel se trouve dans son hangar, l’endroit même où il a été détruit en début de conflit. J’utiliserai cet appareil pour la prochaine étape du tour du monde, en effectuant un vol au-dessus de la Crimée et un atterrissage en Russie pour finalement terminer l’étape en Pologne.    Il ne faut quand même pas laisser l’Antonov 225 virtuel en Russie, question de principe.

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Roman graphique et bandes dessinées

Roman graphique : Wagner

Roman graphique "Wagner", l'histoire secrète des mercenaires de Poutine.
Roman graphique « Wagner », l’histoire secrète des mercenaires de Poutine.

« Wagner » est un roman graphique de qualité, fruit d’une recherche sérieuse basée sur de très nombreuses sources connues ou confidentielles.

Grâce au fait qu’une grande concentration de données pertinentes se retrouve dans un seul volume, le lecteur comprend rapidement et mieux le rôle international de ce groupe de mercenaires que supporte Vladimir Poutine et qui a pu s’implanter progressivement au Mali, en Centrafrique, en Lybie et en Syrie, avant d’attaquer les Ukrainiens.

On y trouve les noms de multiples compagnies, sociétés et fondations (société Concord, IRA [Internet Research Agency], SEWA Security Services, Lobaye Invest, M-Finance, M-Invest, Meroe Gold, Midas Resources, First Industrial Company, International Global Logistic [IGL], Alpha Development, Marko Mining, Prime Security, etc.) et une foule d’intervenants ayant joué un rôle majeur dans le partage du contrôle des ressources naturelles (mines, forêts, etc) en Centrafrique et au Mali.

Le bouquin montre comment le manque de clairvoyance de certains politiciens et des services de renseignements permet à Wagner de s’implanter sans trop de difficultés en Afrique. Il éclaire ainsi le départ précipité des Français au Mali et des Chinois au sud de Bamako.

Les dirigeants africains et la douane ferment les yeux sur les opérations de transfert de l’or et du diamant vers la Russie. Mais je n’ai pas besoin de creuser bien loin dans ma mémoire pour souligner que de nombreuses grandes puissances ont pu bénéficier d’un traitement similaire dans d’autres endroits sur notre belle planète.

Le scénariste et dessinateur Thierry Chavant prend soin de ne pas censurer outre mesure les actions des mercenaires de Wagner qui se prennent parfois pour des soldats. Les dessins explicites éclairent les crimes commis par ces tueurs, dont les viols, la torture et l’élimination systématique de centaines de personnes à la fois.

Malgré ces méthodes radicales, les mercenaires n’ont pas la vie facile face à des opposants bien déterminés. Wagner perdra de nombreux combattants en Afrique en se mesurant aux jihadistes, mais beaucoup moins qu’en Ukraine où ce sera littéralement une débâcle pour le groupe, avec des dizaines de milliers de morts et de blessés.

Même Evgueni Prigojine et Dmitri Outkine y laisseront leur vie quand le jet privé dans lequel ils se trouvent explosera au-dessus de la Russie. La question que je me pose encore aujourd’hui : comment peut-on être assez innocent pour continuer de survoler la Russie en toute quiétude après avoir tenté de s’emparer du pouvoir par la force ?

Le livre confirme que la géostratégie internationale a deux visages : un côté acceptable, où les diplomates et hommes d’affaires s’activent pour obtenir des avantages pour eux ou pour leur pays. Mais il y a aussi ce travail dans l’ombre, beaucoup plus violent et où les grands principes s’effacent devant le désir de gagner de nouveaux territoires avec les richesses qui s’y trouvent. Et là, tous les moyens sont bons pour arriver au but, qu’il s’agisse de financement obscur, de menaces, d’exécutions sommaires, de renversement de gouvernement et même d’esclavage moderne.

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Titre : Wagner

Enquête : Matthieu Olivier et Benjamin Roger

Scénario et dessin : Thierry Chavant

Couleur : Mathilda

Auteurs : Thierry Chavant

Éditions : Les arènes BD

© 2024

ISBN : 979-10-375-1111-9

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Roman graphique et bandes dessinées

Tsar par accident.

Tsar par accident: mythes et mesonges de Vladimir Poutine.
Tsar par accident: mythes et mesonges de Vladimir Poutine.

L’auteur Andrew S. Weiss a travaillé à la Maison-Blanche, au Pentagone, au département d’État, etc. Il signale : « Si à l’époque on m’avait dit qu’un ancien sous-officier du KGB – qui n’avait jamais vraiment brillé – un certain Vladimir Poutine […] – serait promu des arrière-salles du Kremlin directement à la tête du pays, je vous aurais dit d’aller vous faire soigner ». Il ajoute : « Ce que nous croyons savoir de lui est souvent un savant mélange de psychologie de comptoir et d’interprétations erronées de l’histoire millénaire de la Russie ». Sa mise en scène comme un dur à cuire « lui permet de passer pour plus intelligent – et plus compétent – qu’il ne l’est réellement. […] ».

Le roman graphique « Tsar par accident » raconte les hasards de la vie qui ont fait en sorte que Vladimir Poutine s’est retrouvé au pouvoir au moment où sa carrière plutôt sans éclats le destinait à un poste moins élevé. Mais on pourrait dire la même chose de certains dictateurs, présidents, rois et ministres de par le monde au cours des âges auxquels la chance a souri. Eux aussi ont su profiter des occasions favorables pour gravir des échelons trop importants pour leur talent naturel. La nation en paie alors le prix jusqu’au renversement, exil ou décès du personnage.

Il faut quand même donner à Poutine le fait qu’il s’obstine, qu’il s’accroche, malgré les revers et les refus. Pour accéder au KGB, on lui dit de faire des études ou d’entrer dans l’armée. Il s’exécute et reçoit son diplôme.

Il se retrouve donc au KGB en 1975. Mais ce ne sont pas les grandes missions dont il rêvait qui l’attendent, mais du travail de terrain local. Il n’impressionne pas ses supérieurs avec les résultats obtenus. À la suite d’une bagarre dans le métro, on le mute à Dresde en 1985 pour des missions vides de sens, faute de budget. En 1999, on apprend au président Clinton que Poutine sera le prochain président russe. Que s’est-il passé entre 1985 et 1999 pour que soudainement Poutine sorte à ce point de l’obscurité et soit propulsé comme président de la Russie ?

Il faut créditer son éthique de travail, mais avant toute chose sa loyauté envers ses patrons dans cette organisation qui privilégie les liens personnels. Eltsine, le président de l’époque, sentait sa fin venir et proposa un marché à Poutine. L’auteur écrit : « Il ferait de lui le président s’il acceptait de les protéger, lui et sa famille ».

Tout comme Hindenburg croyait pouvoir manipuler Hitler en lui permettant d’accéder aux hautes sphères du gouvernement, Eltsine pensait faire de même avec Poutine. Dans les deux cas, ce fut une erreur coûteuse pour l’Europe et le monde.

Le bouquin passe en revue la montée des oligarques russes, le rapprochement du pouvoir pour les amis de Poutine. Andrew Weiss souligne : « L’un des points que les étrangers ne saisissent pas toujours c’est que la Russie est une société qui fonctionne sur la base des liens personnels, plutôt que dans le cadre d’institutions ou d’un état de droit. »

Dans les années suivant la chute du Mur de Berlin, on constate la mainmise de secteurs importants de l’économie russe par des fonctionnaires et agents du KGB corrompus, de même que par la mafia. Comme l’écrit l’auteur : « Vladimir Koumarine, patron tout-puissant du gang notoire Tambov, faisait la loi dans le pays ».

Le support de Vladimir Poutine envers les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 le rapproche de George W. Bush et de son père George H. W. Bush avec lesquels il va même à la pêche à Kennebunkport. Il espérait ainsi relancer l’économie moribonde russe et gagner en liberté pour contrôler les médias russes.

Le plus étonnant pour moi demeure le fait que Poutine approuva durant cette période l’implantation hautement controversée de bases américaines et de l’OTAN à travers l’ex-Union soviétique (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan). Par ce geste, il recherchait une stabilisation avec l’Ouest. Les causes des attentats du 11 septembre 2001 étant encore discutées aujourd’hui à travers le monde, spécialement dans les cercles les plus informés, Poutine a dû réfléchir plus tard à la pertinence et aux conséquences de sa décision d’autoriser de nouvelles bases américaines et de l’OTAN près de la Russie.

Le président russe s’aperçoit rapidement qu’il ne pèse pas lourd dans la balance diplomatique face à un superpouvoir comme les États-Unis. On ne le reconnaît pas en tant que joueur sur lequel il faut compter. Dans l’optique d’une meilleure compréhension entre l’Occident et la Russie, l’auteur souligne l’importance de mieux appréhender les griefs des deux camps. Il signale que cela manque cruellement.

D’autant plus que le Kremlin a la certitude que « les revendications de changement politique sont toujours le fait de conspirations soutenues par les Occidentaux ». À force de se surveiller les unes les autres et tenter d’influer sur la gestion intérieure d’autres pays, toutes les grandes nations projettent leurs intentions et ne croient plus qu’une manifestation peut provenir de la base à partir d’un désir sérieux d’amélioration de certaines politiques détestables.

L’auteur effectue un retour sur les problèmes entourant la sécurité territoriale de la Russie à travers les époques, envahie tour à tour par les Mongols, Napoléon et Hitler : « [La Russie] se repose traditionnellement sur les territoires annexés pour faire tampon entre la mère patrie et toute menace extérieure ». Il traite également du conflit tchétchène, de la lutte contre le terrorisme, de l’ingérence politique dans les États voisins et de l’implication russe dans les élections américaines de 2016.

Andrew S. Weiss couvre large et d’autres thèmes trouvent leur place dans le bouquin : l’histoire de la Guerre froide, Trump, Snowden, Wikileaks, les JO de Sotchi et le travail de Maria Butina, une agente russe qui réussit à pénétrer les cercles supérieurs du parti républicain américain.

C’est sa croyance dans le déclin irréversible de l’Occident qui a permis à Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine. L’auteur conclut avec une remarque sur l’invasion de ce pays et le bombardement sans discernement des cibles civiles : « Le monde est en train de comprendre que Poutine n’a jamais été le stratégiste qu’il a prétendu être. C’est un improvisateur pris dans son propre piège ».

Je me permets une remarque concernant l’invasion de l’Ukraine. Ce pays doit recevoir des avions de combat des États alliés pour protéger son territoire, ce qui offusque profondément la Russie. J’aimerais tout de même rappeler le fait que lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique a accepté énormément d’aide provenant de l’extérieur pour sa défense sur le Front de l’Est. Pour ne citer qu’un seul appareil et pays, l’Union soviétique a obtenu 877 bombardiers B-25 Mitchell des États-Unis.

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Titre : Tsar par accident : mythes et mensonges de Vladimir Poutine

Auteur : Andrew S. Weiss et Brian « Box » Brown

Éditions : Rue de Sèvres

© 2022

ISBN : 978-2-81020-450-2

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Géopolitique

Vladimir Poutine et l’Allemagne.

La guerre contre l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine aura finalement eu un effet inespéré : le réveil de l’Allemagne quant à sa sécurité nationale et sa responsabilité envers l’OTAN. Les Allemands ont annoncé qu’ils vont désormais investir massivement pour se doter de forces militaires dignes de ce nom. Le chancelier allemand Olaf Scholz a parlé de dépenses de l’ordre de 100 milliards d’euros au cours des prochaines années.

L’invasion injustifiée de l’Ukraine par la Russie a certainement fait remonter de vieux souvenirs en Allemagne. Avec l’Opération Barbarossa de 1941, les Allemands avaient attaqué par surprise la Russie, malgré une parole donnée, ce qui avait donné lieu à la plus grande bataille de tous les temps. Ce seul conflit avait provoqué la mort de millions de personnes.

Une entente de non-agression entre deux pays ne demeure valide que jusqu’au moment où un des deux partenaires change d’idée. Cela ne vaut pas davantage. Les Allemands l’ont montré à la Russie en 1941 et ils deviennent susceptibles de se faire jouer le même tour des décennies plus tard. Leur désintérêt pour la protection de leur territoire les a placés soudainement dans une position vulnérable.

L’Allemagne se doit d’accroître son autonomie face à une attaque potentielle, spécialement du fait que la plupart des membres de l’OTAN ne prennent pas leur responsabilité au niveau des dépenses militaires. De plus, elle ne peut plus vraiment compter sur l’intervention des États-Unis.  La politique extérieure des Américains et leur vision de l’OTAN risquent désormais de changer aux quatre ans, selon que Trump ou un de ses alliés est élu ou non. Ce n’est rien pour sécuriser l’Europe. Poutine a sonné la fin de la récréation.

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Photographie aviation

Le Twin Otter Series 400 de la compagnie Viking à Victoria en Colombie-Britannique

Twin Otter Series 400 stationné à Victoria, Colombie-Britannique, en 2016
Twin Otter Series 400 stationné à Victoria, Colombie-Britannique, en 2016

De passage à Victoria en 2016, j’en ai profité pour visiter les installations de Viking Air Ltd, la compagnie canadienne qui produit aujourd’hui le fameux Twin Otter Series 400. Cette compagnie est passablement méconnue des Canadiens car sa production est pratiquement toute destinée à l’exportation. Sur les cent avions construits jusqu’à présent, seulement deux ont été achetés par une compagnie canadienne. Viking assure également le service pour les Twin Otter des séries 100 à 300 en activité à travers le monde.

Au premier plan, un Twin Otter Series 400 fabriqué par Viking à Victoria, Colombie-Britannique. Au second plan, un bombardier d'eau CL-215 récemment acquis par Viking et qui sera possiblement modifié en CL-415.
Au premier plan, un Twin Otter Series 400 fabriqué par Viking à Victoria, Colombie-Britannique. Au second plan, un bombardier d’eau CL-215 récemment acquis par Viking et qui sera possiblement modifié en CL-415.

Début 2016, Bombardier et Viking ont conclu une entente commerciale qui fait en sorte que c’est maintenant Viking qui est le nouveau propriétaire des brevets et plans de fabrication des bombardiers d’eau CL-215 et CL-415. Viking s’occupe non seulement du service pour les aéronefs existants mais évalue également la possibilité de relancer la production de ces appareils. Tout dépendra de la demande. Mais avec des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes qui favorisent un nombre accru de feux de forêts dévastateurs, il est permis de croire que nous verrons d’ici quelques années les premiers bombardiers d’eau fabriqués par Viking.

À Victoria, un Twin Otter Series 400 sur flotteurs fabriqué par Viking a été acheté par Reignwood Air. Il est prêt à être livré en Chine (2016).
À Victoria, un Twin Otter Series 400 sur flotteurs fabriqué par Viking a été acheté par Reignwood Air. Il est prêt à être livré en Chine (2016).

Avec les changements actuellement en cours dans la règlementation en Chine, Viking est confiant de voir augmenter ses commandes de Twin Otter Series 400 sur flotteurs. La compagnie recevra en 2016, à leurs installations de Victoria, le premier simulateur de vol essentiellement destiné à la formation de pilotes opérant le Twin Otter sur flotteurs.

Un Twin Otter Series 400 de Viking, à Victoria, prêt à être livré en Russie
Un Twin Otter Series 400 de Viking, à Victoria, prêt à être livré en Russie

Pour l’instant, la Russie demeure le plus important client de Viking, malgré quelques soubresauts reliés à la crise politique entre ce pays et l’Ukraine et la dévaluation du rouble qui ont forcé un ralentissement de la cadence de production des appareils destinés aux compagnies russes. La situation se stabilisant au niveau politique, l’embauche a repris chez Viking et le nombre d’employés atteindrait aujourd’hui au moins 350 employés, si ma mémoire est bonne.

Turbo Otter DHC-3T C-GVTO à Victoria, Canada, en 2016
Turbo Otter DHC-3T C-GVTO à Victoria, Canada, en 2016

La plupart des Canadiens ignorent aujourd’hui qu’une compagnie canadienne a repris la production des fameux Twin Otter et se prépare possiblement à relancer la production des CL-415. Plusieurs associent Viking à une compagnie qui transporte des passagers dans la région de Vancouver. Entretemps, quelques CL-215s récemment acquis par Viking seront possiblement convertis dans la version plus puissante du CL-415. Il ne faudra cependant qu’une bonne commande de Harbour Air ou d’une autre compagnie canadienne bien connue pour que le nom de Viking devienne aussi connu que celui de Bombardier ou De Havilland.

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Terrorisme

The Rise of Islamic State: ISIS and the new Sunni revolution

Comme il s’agit d’un livre écrit en anglais, j’ai dû prendre la liberté de traduire les citations pour faciliter la vie aux lecteurs unilingues francophones.

« Patrick Cockburn a noté l’émergence d’ISIS beaucoup plus tôt que toute autre personne et écrit sur ce sujet avec une profondeur telle qu’elle se trouve dans une catégorie à part. » – Press Gazette Journalist of the Year Judges

Le livre nous présente une image plus large de ce qui se produit au Moyen-Orient. Il donne de la profondeur aux nouvelles des grands réseaux.  Le lecteur prend ainsi connaissance du côté moins médiatisé de chaque histoire,  ce qui aide à acquérir une meilleure compréhension des différents conflits.

Première de couverture du livre "The Rise of Islamic State" de Patrick Cockburn
Première de couverture du livre « The Rise of Islamic State » de Patrick Cockburn

Des nouvelles plus ou moins exactes, et parfois des mensonges.

L’auteur dévoile la facilité avec laquelle les mensonges peuvent être fabriqués sur un champ de bataille. Il démontre également que les informations peuvent être plus ou moins exactes, comme dans le cas où un journaliste préalablement « choisi » voyage protégé par une armée, ou encore lorsque des journalistes se fient à des informations de seconde main non vérifiées pour préparer les nouvelles du soir.

Il semble également passablement difficile pour un réseau de nouvelles de refuser de diffuser une histoire lorsque des doutes subsistent à son sujet, spécialement lorsque les compétiteurs ont décidé de diffuser cette même nouvelle.

J’ai placé les citations du livre en italique étant donné qu’elles offrent d’excellents résumés. Certaines sont de l’auteur lui-même, d’autres proviennent de sources qu’il a trouvées pour écrire son livre. L’auteur soulève tellement de sujets qu’il m’est impossible de tout couvrir dans un résumé. Je tenterai d’être aussi bref que possible pour présenter la perspective la plus large possible du contenu du livre.

La peur.

La peur est le facteur principal derrière plusieurs décisions politiques irrationnelles. La peur amène une radicalisation des politiques, des religions et de la propagande. Elle est souvent reliée à un très petit groupe d’individus qui dirigent un pays, un état ou une région lorsque ces derniers croient qu’ils peuvent perdre le pouvoir politique leur offrant des privilèges indus par rapport au reste de la population. Plus les avantages sont grands, plus grande est la peur.

Les « solutions » politiques, la plupart du temps irrationnelles, créent des tensions ou aggravent des problèmes existants et aident seulement à accroître l’instabilité.

L’Arabie Saoudite aidait initialement ISIS à cause de sa peur des jihadistes opérant à l’intérieur de leur pays et également à cause de sa peur du pouvoir chiite à l’extérieur du pays. En ce qui concerne la Turquie, elle a plus peur des Kurdes qu’elle ne craint ISIS. Pour une longue période, la Turquie a donc laissé sa frontière perméable avec la Syrie : cela a permis à ISIS de compter sur une base arrière en cas de repli obligatoire temporaire.

L’auteur dit : « Il y a quelque chose d’hystérique et d’exagéré à propos de la peur que l’Arabie Saoudite entretient quant à l’expansionnisme chiite, étant donné que les chiites ne sont puissants que dans la poignée de pays où ils sont en majorité ou en forte minorité. Sur cinquante-sept pays musulmans, seulement quatre ont une majorité chiite. » (p.102)

La démonisation des religions autres que le Wahhabisme.

Dans le cas de l’Arabie Saoudite, la démonisation des religions autres que le Wahhabisme et l’étalage de la haine à travers les médias sociaux ont créé un territoire fertile à la croissance d’ISIS.

L’auteur dit : « […] Les Saoudiens doivent sérieusement s’attaquer à réformer leur système d’éducation qui démonise actuellement les chiites, sufis, chrétiens, Juifs et autres sectes et religions. Ils doivent cesser de prêcher la haine au moyen de tellement de stations satellites et ne pas offrir de passe-droit aux prêcheurs de haine sur les médias sociaux »(p.107)

« La « Wahhabisation » de l’Islam sunnite est un des plus dangereux développements de notre ère » (p.108)

L’argent favorise la polarisation entre Sunnites et Chiites.

« ISIS n’aurait pu croître en popularité sans le soutien financier de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de la Turquie. Étant donné qu’ISIS se nourrit des tensions entre les sunnites et les chiites, tout ce qui augmente la tension entre sunnites et chiites bénéficie au groupe terroriste : « Il n’y a aucun doute qu’une propagande wahhabite bien financée a contribué a l’accroissement d’un conflit de plus en plus violent entre sunnites et chiites » (p.99)

« Un aspect crucial de la montée du Wahhabisme est le pouvoir financier et politique de l’Arabie Saoudite. Le Dr Allawi dit que si, par exemple, un musulman pieux veut fonder un séminaire au Bangladesh, il n’y a pas beaucoup d’endroits où il pourra obtenir 20,000£ autres que l’Arabie Saoudite. Mais si la même personne veut s’opposer au Wahhabisme, il devra alors le combattre avec des ressources limitées » (p.108)

« Cette polarisation entre deux groupes religieux n’a fait que s’intensifier à travers la guerre chaude et froide que se livrent les États-Unis et la Russie. Des mandataires étaient ici au travail, avec l’Arabie Saoudite et les monarchies du golfe Persique, supportées par les États-Unis, face à l’Iran, la Syrie et le Hezbollah au Liban appuyés par la Russie » (p.71)

Quatrième de couverture du livre de Patrick Cockburn "The Rise of Islamic State"
Quatrième de couverture du livre de Patrick Cockburn « The Rise of Islamic State »

Une propagande qui a fait qu’Al-Qaïda est apparue plus forte et efficace qu’elle ne l’était en réalité, en référence aux attaques du 11 septembre 2001.

Plusieurs sections du livre font référence, à un moment ou l’autre, aux attaques du 11 septembre 2001. Voici quelques-unes des observations de l’auteur (en italique). J’ai également ajouté des commentaires personnels clairement identifiés comme tels :

L’instant Pearl Harbor des attentats du 11 septembre 2001.

L’auteur écrit : « Le choc des attentats du 11 septembre 2001 a généré un « moment » Pearl Harbor aux États-Unis où la révulsion et la peur du public ont pu être manipulées pour implémenter un agenda néoconservateur préexistant en pointant Saddam Hussein et en envahissant l’Irak » (p.100).

Note : les cinq paragraphes suivants constituent un commentaire personnel sur « l’instant Pearl Harbor » :

Un « instant Pearl Harbor » signifie qu’afin que les Américains approuvent une attaque en sol étranger, ils devaient voir quelque chose de terrible se produire aux États-Unis. Par exemple, avant la destruction évidente de navires de guerre à Pearl Harbor par les Japonais, les Américains avaient refusé de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale.

Durant les attentats du 11 septembre 2001, et même plus tard, les quatre-vingts caméras du Pentagone n’ont pas pu capturer quoi que ce soit ressemblant de près ou de loin à un Boeing 757 frappant le bâtiment. Vous deviez croire que les choses s’étaient produites exactement comme vous le disaient les nouvelles étant donné qu’il n’y avait pas de photos ni de vidéos d’un Boeing en morceaux sur le terrain du Pentagone.

Les médias ont plutôt joué et rejoué les scènes vidéos où les tours jumelles du World Trade Center s’écrasent complètement jusqu’au sol après avoir été touchées par un seul avion chacune, même si les bâtiments étaient construits pour résister à des impacts multiples, à travers un design « moustiquaire », une leçon apprise à travers ce qui était arrivé des années plus tôt avec l’Empire State Building.

Des gens ont cru que les bâtiments s’étaient écrasés à cause de la chaleur trop élevée, mais plusieurs ont négligé le rapport de la FEMA émis plus tard affirmant que la température ne s’était pas élevée à plus de 300 ou 400 degrés à l’intérieur du bâtiment, des centaines de degrés en moins que ce qui était nécessaire pour faire fondre l’acier.

La chute libre des tours jumelles du World Trade Center a constitué « l’instant Pearl Harbor » nécessaire pour provoquer la peur et faciliter l’implémentation d’un agenda néoconservateur préexistant. Les électeurs américains n’auraient pas approuvé une guerre en règle à l’étranger si les bâtiments étaient demeurés debout après un seul impact. C’est un peu comme si le monde devait croire que le World Trade Center a été bâti en utilisant la pire ingénierie américaine tout en ne retenant aucune leçon du passé. Pour plus d’infos sur ce sujet spécifique:

Sujets controversés

En 2001, Al-Qaïda était une organisation sans grande efficacité.

Patrick Cockburn est un parmi très peu de journalistes qui n’a pas peur de présenter Al-Qaïda telle qu’elle était en 2001, une organisation émergente qui était loin d’être capable de planifier et exécuter des attaques aussi complexes que celles du 11 septembre 2001. (Cela explique aussi pourquoi, peu de temps après les attaques, les nouvelles internationales ont présenté une vidéo de Ben Laden niant sa responsabilité pour les attaques. Une vidéo qui n’a jamais été remontrée. Mais plusieurs millions de personnes l’ont vue avant qu’elle ne soit censurée subséquemment par les grands réseaux).

« Au moment de 9/11, Al-Qaïda était une petite organisation généralement inefficace »(p.59). L’auteur utilise en anglais le terme « ineffectual », qui réfère à l’incapacité de produire un effet désiré.

L’implémentation de l’agenda néoconservateur.

Cela signifie en réalité que l’agenda préexistant néoconservateur américain ne pouvait compter sur l’expérience d’Al-Qaïda. Il a plutôt fallu l’aide d’une ou plusieurs organisations expérimentées pour le financement, la planification et l’exécution des attaques du 11 septembre 2001. Seulement après les faits Al-Qaïda a-t-elle pu être blâmée étant donné qu’elle était maintenant bien connue des Américains, après toute la propagande des médias. Un lien artificiel a par la suite été fait avec l’Irak, permettant une invasion que soixante pour cent des électeurs américains ont autorisée.

Soixante pour cent des électeurs américains ont été induits en erreur.

L’auteur écrit : « Le nom Al-Qaïda a toujours été utilisé de façon élastique pour identifier un ennemi. En 2003 et en 2004 en Irak, alors que l’opposition irakienne à l’occupation américaine et britannique s’accentuait, les autorités américaines ont attribué presque toutes les attaques à Al-Qaïda alors que plusieurs étaient le fait de groupes nationalistes et baathistes. Une telle propagande a aidé à persuader près de soixante pourcent des électeurs américains avant l’invasion en Irak qu’il y avait une connexion entre Saddam Hussein et les responsables de 9/11, malgré une absence complète de preuves sur le sujet. En Irak, et à travers le monde musulman, ces accusations ont grandement bénéficié à Al-Qaïda en exagérant son rôle dans sa résistance à l’occupation américaine et britannique » (p.53)

La chute de Mosul.

ISIS n’a eu besoin que de 6000 combattants pour gagner la Bataille de Mosul. Pourtant, le groupe armé faisait face à un million de soldats irakiens. Comment cela a-t-il été possible? L’auteur voit trois raisons :

1. La coopération des sunnites irakiens, qui sentaient qu’ils étaient mieux protégés par ISIS que par les chiites.
2. Une corruption à tous les niveaux dans l’armée irakienne : « Comme un ancien ministre l’a dit, « le gouvernement irakien est une kleptocratie institutionnalisée ». Un autre politicien qui ne veut pas être nommé a dit « […] Les gens donnent de l’argent pour faire partie de l’armée [pour obtenir un salaire] – mais ce sont des investisseurs, pas des soldats » (p.77)
3. Le fait que l’armée irakienne ne soit désormais plus une armée nationale, étant donné que les soldats sunnites bien entraînés ont été mis de côté.

Syrie : le président Bachar Assad n’était pas aussi faible qu’on le croyait.

Autant le monde extérieur que l’opposition percevaient le président Assad comme beaucoup plus faible qu’il ne l’était en réalité. Tous pensaient qu’il serait défait sans l’aide d’une campagne aérienne organisée.

Une omission majeure quant à la guerre en Syrie.

« Les États-Unis et autres pouvoirs occidentaux ont échoué à prévoir qu’en supportant une révolte armée en Syrie, ils déstabiliseraient inévitablement l’Irak et provoqueraient une nouvelle ronde d’une guerre civile sectaire » (p.73)

Cinq différents conflits en Syrie.

Le conflit syrien est extrêmement compliqué étant donné qu’il y a plusieurs intérêts politiques et religieux en jeu : « La crise syrienne comprend cinq différents conflits qui s’infectent entre eux et s’exacerbent mutuellement. La guerre a commencé avec une révolte populaire véritable contre une dictature brutale et corrompue, mais elle a vite été mélangée au conflit entre sunnites et alawites, pour ensuite dégénéré dans un conflit régional global entre chiites et sunnites avec d’un côté une alliance représentée par les États-Unis, l’Arabie Saoudite et les états sunnites et, de l’autre côté, l’Iran, l’Irak et les chiites libanais. En plus de tout cela, il y a eu un renouveau dans la guerre froide entre Moscou et l’Occident, exacerbée par le conflit en Libye et de façon récente s’aggravant encore à cause de la crise en Ukraine » (p.94)

En Syrie, c’est un choix entre Assad ou ISIS.

ISIS est la plus importante force d’opposition en Syrie. Si Bachar Assad tombe, ISIS prend sa place : « Les Syriens ont le choix entre une dictature violente, dans laquelle le pouvoir est monopolisé par la présidence et des services de sécurité brutaux, ou une opposition qui tire en plein visage des enfants pour un blasphème mineur et envoie des photos de soldats décapités aux parents des victimes ». (p.81)

Les victoires octroyées par Dieu.

« L’attrait de l’État islamique pour les musulmans sunnites de Syrie, d’Irak et d’ailleurs dans le monde vient en partie du sentiment que ses victoires sont octroyées par Dieu et inévitables, donc toute défaite endommage sa prétention à un support divin » (p.159)

La solution au conflit syrien viendra de l’extérieur du pays.

« Plusieurs Syriens voient maintenant une solution à leur guerre civile comme étant largement entre les mains des États-Unis, de la Russie, de l’Arabie Saoudite et de l’Iran. En cela, ils sont probablement corrects ».

Notes supplémentaires.

La guerre ne concerne jamais que le « combat ». Il y a toujours un processus politique sous-jacent qui est en marche. Donc, même si un pays semble militairement défait, d’énormes efforts politiques devront être faits si l’on veut créer un nouvel ordre stable.

« La conviction qu’un gouvernement toxique est à la base de tout ce qui est mauvais est la position publique de la plupart des oppositions, mais il est dangereux de se fier à l’agenda personnel de toute personne. »

« Un gouvernement ou une armée peut tenter de maintenir le secret en interdisant les journalistes, mais il devra payer le prix étant donné que l’absence de nouvelles est remplacée par de l’information fournie par leurs ennemis ».

Titre: The Rise of Islamic State (Publié initialement sous le titre: The Jihadis return: ISIS and the failure of the global war on terror par OR Books ©2014)
Auteur: Patrick Cockburn
Éditions: Verso
©2015
ISBN-13: 978-1-78478-040-1

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Anthologies

Anthologies: le diable à 37,000 pieds

Le diable à 37,000 pieds
Le diable à 37,000 pieds

Il y a sept articles très intéressants, de la catégorie « Non-Fiction », dans cette anthologie. Parus entre 2009 et 2013 dans des revues telles que The New Yorker, Vanity Fair, Esquire, Men’s Journal ou Q2U.S, ils permettent au lecteur de faire un peu de rattrapage sur des histoires survenues un peu partout sur la planète.

Ce sont des récits qui ont captivé les médias et pour cause : on y parle de collision de deux aéronefs en plein vol, de vols de bijoux par le groupe international des Pink Panthers, d’opération clandestine ratée par le Mossad, d’animaux sauvages échappés de leur enclos et qui se dirigent vers une petite ville américaine, d’un jeune bien nanti qui quitte les États-Unis à destination de la Libye pour combattre les hommes de Kadhafi. On y présente également Apollo Robbins, le roi des pickpockets et, finalement, vient l’histoire invraisemblable du tournage d’un film débuté en 2006 en Ukraine et qui n’est toujours pas prêt d’être mis à l’affiche.

Le diable à 37,000 pieds

Le récit nous renseigne sur tous les éléments qui se sont conjugués pour qu’une collision en vol devienne inévitable : un équipage nouvellement formé sur un type d’appareil où la numérisation des informations et la programmation rendent la gestion du vol plus compliqué qu’autre chose; des contrôleurs aériens qui font passer leurs attentes avant leur jugement; des pilotes fatigués, sous pression et qui font preuve de nonchalance; des passagers qui dérangent les membres d’équipage par leur visites dans le cockpit.

Il est paradoxal de constater que la très grande précision offerte par les équipements modernes de navigation est celle-là même qui augmente les chances que deux aéronefs puissent se toucher en vol.

Pink Panthers

Un titre accrocheur qui nous renvoie immédiatement à la série de films où Peter Sellers tenait la vedette. Mais l’article est bien davantage une présentation des circonstances qui ont favorisé la naissance et le développement international des Pink Panthers.
Les différents groupes ont dévalisé plus de 152 bijouteries depuis 2002 et engrangé tout près de 250 millions de dollars. On y apprend que la plupart des membres des Pink Panthers proviennent des Balkans et que les différents groupes opèrent à partir de l’Italie, la France, la Belgique, la Hollande, le Danemark et la Suisse.

L’auteur en profite pour expliquer comment fonctionnait le régime mafieux mis en place par Milosevic en Serbie, un État transformé en entreprise criminelle : « En mars 2001, peu après la chute du régime, on découvrit, dans un coffre loué par des fonctionnaires municipaux à une banque de Belgrade, plus de 660 kilos d’héroïne pure à 93%, représentant une valeur d’environ 100 millions de dollars en vente au détail ».

Le Monténégro est également associé à un banditisme important et c’est à cet endroit que l’auteur en profite pour nous faire vivre une rencontre entre lui et un ancien Pink Panthers. La collaboration des politiciens et des services frontaliers est essentielle pour permettre aux différents groupes criminalisés de survivre et prospérer.

Opération Dubaï

En janvier 2010, une équipe du Mossad débarque à Dubaï dans le but d’éliminer Mahmoud al-mabhouh. Les agents de cette équipe font partie d’une division très secrète nommée « Césarée ». Bien que le but soit atteint, la mission se révèle un fiasco du fait que très rapidement, il est permis d’établir qui sont les auteurs de l’assassinat, ce qui met Israël dans l’embarras.

L’article relate le déroulement général des opérations à Dubaï et met l’accent sur des erreurs importantes qui n’auraient jamais dû se produire et qui ont endommagé la réputation d’efficacité du Mossad.

Voici quelques-unes de ces erreurs :

1. Des agents sont assis pendant des heures dans le hall d’hôtel, attirant ainsi l’attention.

2. Deux membres de l’équipe se dirigent vers les toilettes de l’hôtel, se mettent une perruque et des lunettes de soleil, et tout cela alors que leur transformation est filmée par une caméra de surveillance positionnée tout près de la porte des W.C.

3. Le responsable de la planification de l’opération clandestine souffre d’un égo démesuré en n’acceptant aucune critique ou divergence d’opinion.

4. La nonchalance est poussée au point d’équiper les membres de l’équipe avec des cartes prépayées Payoneer, cartes qui sont surtout utilisées aux États-Unis et dont on trouve, comme directeur, Yuval Tal, un vétéran d’un commando d’élite des Forces de défense d’Israël. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas laisser clairement une carte d’affaire en couleur sur laquelle est inscrit « Mossad »?

5. Le responsable des opérations sous-estime également grandement la capacité et la volonté des enquêteurs de Dubaï à trouver les coupables derrière le décès de Mahmoud al-mabhouh.

6. Tous les appels téléphoniques effectués par les agents transitent par le même standard téléphonique situé en Autriche.
Un accroissement du nombre d’activités de l’agence a certainement contribué au relâchement quant au respect du protocole de sécurité. Meir Dagan dût éventuellement démissionner et les relations entre le Mossad et les autres services de renseignements occidentaux furent affectées.

La désertion des animaux du zoo

Voici un récit enlevant d’un incident très médiatisé. Fin 2011, à Zanesville, dans l’Ohio, le propriétaire d’une cinquantaine d’animaux sauvages se donne la mort, non sans avoir auparavant ouvert les cages des animaux sauvages dont il a la garde sur sa propriété privée.

L’auteur nous fait vivre la surprise initiale des habitants des fermes environnantes, de même que toute l’organisation qui s’est mise en branle pour réagir au plus tôt aux lions, tigres et ours qui se promènent maintenant en liberté. Une histoire très bien écrite et qui tient le lecteur en haleine du début à la fin.

Vacances de printemps arabe

Il s’agit de l’histoire d’un Américain qui abandonne le milieu cossu dans lequel il vit pour aller rejoindre en vitesse un groupe de révolutionnaires lors de la crise Libyenne. Ce genre d’histoire racontant de façon humoristique l’aventure de l’Américain en Libye était peut-être amusant en 2012, mais avec les nombreux départs de jeunes occidentaux allant rejoindre ISIS ces dernières années, ce type de récit a perdu de son lustre.

Le roi des pickpockets

Cette histoire porte sur le parcours tumultueux d’Apollo Robbins, un pickpocket aujourd’hui internationalement connu du fait de ses multiples apparitions à la télévision. Il a notamment participé à l’émission « Brain Games » de National Geographic.

Un tournage pris dans l’engrenage

À travers le récit des exigences d’un directeur de film sur un plateau de Kharkov en Ukraine, le lecteur est amené à prendre conscience du contrôle exagéré qu’un humain peut exercer sur ses semblables et sur la facilité avec laquelle les gens sont prêts à accepter un direction totalitaire dans leur vie. Et tout cela alors que le film lui-même porte sur le totalitarisme vécu en Russie, à Moscou plus précisément, lors des années cinquante et soixante.

Titre : Le diable à 37000 pieds
Éditions du sous-sol, Paris ©2011, 2012,2013 pour la traduction française
Anthologie poche de la revue Feuilleton (Non-Fiction)
ISBN : 978-2-36468-036-4

Version Anglaise originale :
The Devil at 37,000 Feet: paru dans Vanity Fair, ©2009, William Langewiesche
The Pink Panthers: paru dans The New Yorker, ©2010, David Samuels
The Dubaï Job: paru dans Q2U.S, ©2011, Ronen Bergman
Animals: paru dans Esquire, ©2012, Chris Jones
Arab Spring Break : paru dans Men’s Journal, ©2012, Joshua Davis
A Pickpocket’s Tale: paru dans The New Yorker, ©2013, Adam Green
The Movie Set That Ate Itself: paru dans Q2U.S, ©2011, Michael Idov