Le peintre allemand Otto Mueller cre la toile « Deux filles nues » en 1919. À travers cette œuvre qui survit tous les dangers, nous suivons le destin d’une Allemagne en volution et les diffrents acqureurs du tableau au cours des dcennies.
L’auteur use de beaucoup d’imagination pour nous prsenter la vie du couple Mueller en dbut de bouquin. Le peintre dcède en 1930 et le tableau change une première fois de main trois ans plus tard. À cette poque, l’inflation fait rage en Allemagne et l’insatisfaction de la population mène la nomination d’Adolf Hitler la chancellerie par Hindenburg.
Entre 1933 et 1946, le tableau survit miraculeusement la censure et la destruction des œuvres qualifies de dgnres par les nazis. Des milliers d’œuvres d’art moderne allemand sont incendies par les autorits.
Les pogroms se multiplient travers l’Allemagne. On saisit les tableaux de proprit juive. Lorsque la Gestapo impose la mise aux enchères d’une partie de la collection d’Ismar Littmann, (lien allemand, lien anglais) elle slectionne 64 œuvres dont 53 sont immdiatement brûles.
Durant la même priode, une exposition itinrante intitule « Entartete Kunst » (« Art dgnr ») est commande par Joseph Goebbels et 730 œuvres voyagent entre Munich et d’autres grandes villes de l’Allemagne. Situation ironique, cet art dgnr attire en fin de compte trois fois plus de visiteurs que pour le savoir-faire allemand considr acceptable et dont les œuvres sont prsentes dans les bâtiments voisins.
Jusqu’en 1946, la peinture « Deux filles nues » change maintes reprises de possesseur et continue de survivre aux bombardements, la destruction organise et aux vols d’œuvres d’art oprs par les nazis.
Après la guerre, on modifie le nom du tableau. Il passe de Zwei Mädchenakte (« Deux filles nues ») Zwei weibliche Halbakte (« Deux demi-nus fminins ») et effectue le tour de l’Allemagne et du monde. En 1976, il est expos au muse Ludwig de Cologne. Les anciens propritaires Ruth et Chaim Haller sont finalement runifis avec leur tableau en 1999. Ruth est la fille d’Ismar Littmann dont il est question en dbut d’article.
Le muse restitue officiellement l’œuvre aux propritaires, mais, dans la même anne, fait une offre de rachat qui est accepte par les Haller. On retrouve aujourd’hui le tableau expos dans la section expressionniste du muse Ludwig de Cologne.
À travers sa recherche considrable et la publication de son roman graphique, l’auteur souligne l’importance de demeurer alerte face aux censures politiques et culturelles qui ressurgissent rgulièrement.
À la fin du livre se trouve la chronologie des vnements de même que les biographies des acteurs principaux. L’auteur cherche toutes les manières pour ne pas nous montrer de quoi l’air le tableau « Deux filles nues » jusqu’ ce que l’on soit rendu pratiquement la fin du rcit ! Une façon très habile de conserver notre curiosit.
Le roman graphique « Le murmure de la mer » se veut un hommage au travail de l’quipage de l’Ocean Viking, ce navire de sauvetage du groupe SOS Mditerrane. Sa mission consiste secourir les migrants quittant le nord de l’Afrique, particulièrement l’enfer libyen.
Ces derniers se retrouvent en surnombre sur des embarcations de fortune et drivent pendant des jours au milieu d’une mer Mditerrane parfois dchaîne. Souvent, les radeaux frôlent les plateformes ptrolières libyennes. De jour comme de nuit, les garde-côtes poursuivent les migrants et les ramènent en Lybie de brutale façon.
Après que sa première tentative de participer un sauvetage ait t bloque, l’auteur monte bord de l’Ocean Viking en 2020 comme journaliste, dessinateur et membre d’quipage. Il participe directement aux oprations de rcupration et relate son exprience travers de très beaux croquis et de touchantes photos.
Le lecteur constate la très grande discipline et les prparatifs requis pour effectuer des sauvetages de façon ordonne et scuritaire pour tous. La sentimentalit n’a pas sa place quand on procède la rcupration de migrants en crise. Toute procdure non respecte peut engendrer des dcès supplmentaires, incluant ceux des membres d’quipage.
Nous tmoignons des succès et des checs de l’quipage dans ses tentatives de rescaper le plus de gens possible. Les marins de l’Ocean Viking font face des blocages administratifs de l’Italie qui cherche limiter l’arrive considrable de rfugis.
Parmi ces tentatives de nuire aux interventions de secours, on note en premier l’obligation du navire de rester quai pendant de longues priodes pour les raisons les plus diverses.
Vient ensuite l’obligation de transfrer les nouveaux migrants dans des ports loigns de la position du Ocean Viking. Ces ports sont volontairement choisis par le gouvernement italien pour engendrer des frais de carburant et des dlais importants entre chaque opration de secours. Ces tracasseries empêchent le sauvetage de milliers de rfugis.
On doit cependant se questionner sur la participation des autres Etats au moment d’admettre les migrants. Est-ce l’affaire seulement de l’Italie ? L’infortune des habitants de pays dfavoriss cause d’une dictature impitoyable, des changements climatiques ou de la pauvret acclre par le pillage des richesses demeure la responsabilit de tous.
Une fois les rfugis sur le bateau, l’quipage doit encore s’activer les scuriser, les soigner, les prparer pour un transfert vers leur prochaine terre d’accueil. On connaît tous l’histoire de ces navires qui ont rcupr des centaines d’Africains en difficult et qui demeurent immobiliss pendant des semaines en attendant une autorisation pour transfrer les rescaps sur un nouveau territoire. Pourtant, le droit de la mer est clair : tout capitaine de vaisseau qui apprend que des êtres humains sont en pril sur un plan d’eau doit porter assistance.
Bref, une lecture passionnante et informative qui augmente notre connaissance des dfis que doivent relever les quipages qui dcident de porter secours aux personnes en danger sur la mer Mditerrane.
Le roman graphique « La disparition de Josef Mengele » constitue une très belle surprise pour moi, autant au niveau du scnario que du graphisme. Tous ceux qui s’intressent aux histoires vcues dvoreront ce bouquin tant il reprsente une mine d’or d’informations tonnantes sur la vie, ou plutôt la survie, du criminel nazi en Amrique Latine.
Qui lui fournit l’argent dont il a besoin ? Comment assure-t-il sa protection ? Mène-t-il une vie de pacha ? Comment se comporte-t-il l’tranger ? Sa rflexion sur les races connaît-elle un semblant d’volution ou demeure-t-elle sclrose ? Pourquoi l’Argentine favorise-t-elle la venue de ces assassins en fuite ?
Pour la population en gnral, il y a deux catgories de criminels nationaux-socialistes: la première concerne les noms les plus mdiatiss lors du tribunal de Nuremberg. La deuxième implique les criminels nazis qui se sont enfuis l’tranger, grâce des soutiens politiques ou familiaux. Josef Mengele fait partie des deux groupes. Il se terre en Amrique latine et sait que plusieurs organisations le recherchent srieusement, dont le Mossad isralien.
Comment demeure-t-il en libert sur une si longue priode? On comprend vite que le Mossad ne se concentre pas seulement sur les criminels nazis en fuite. Le bouquin nous prsente quelques autres priorits pour l’agence, dont une très urgente : l’limination d’anciens scientifiques allemands qui travaillent en Egypte crer des armes dchets radioactifs destins dtruire Israël. Les services secrets doivent choisir entre Mengele, une menace passe, ou un danger plus immdiat. Les ressources des agences de renseignement tant limites, ces dernières doivent s’ajuster et parer au plus pressant.
Des nazis se fondent dans le nouveau gouvernement allemand de l’poque.
Il y a cependant une troisième catgorie dont la population n’a que très peu entendu parler et dont on discute galement dans le roman graphique : il s’agit de nazis qui ont rintgr le nouveau gouvernement allemand quelques annes après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, les puissances allies de l’poque que sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Union sovitique administrent les zones d’occupation du territoire allemand après la Seconde Guerre mondiale. Mais les tensions entre l’Est et l’Ouest s’accroissent rapidement. On s’accuse mutuellement d’expansionnisme imprialiste ou communiste.
Pour offrir une rsistance mieux organise face l’Union sovitique, on doit rapidement redonner l’Allemagne son autonomie. Les anciens nazis possèdent une exprience de gouvernance tout de suite disponible.
Si les Allis adoptent la position tranche d’empêcher les nazis d’atteindre des fonctions essentielles dans l’appareil public de la future Rpublique de Bonn, on doit alors trouver et former des personnes sans ou avec peu d’exprience pour remplir les tâches plus complexes. Le temps manque autant que la volont d’aller au fond des choses.
De très nombreux nazis dnichent donc du travail au sein d’organismes du gouvernement. De fil en aiguille, certains de ces anciens nazis recycls en agents de l’Etat feront partie des cercles rapprochs qui protgeront les criminels de guerre les plus importants enfuis l’tranger. Josef Mengele tire profit de ce support en haut lieu.
Mais plusieurs autres Allemands, galement haut placs, agiront dans le sens contraire, en tentant de dbusquer les plus grands criminels, au risque de leur propre sant et scurit. Une de ces personnes nous est prsente dans le livre : Fritz Bauer. Cet homme contacte le Mossad avec des informations qui mènent ventuellement la capture d’Adolf Eichmann. Ce dernier subit son procès en Israël et connaît sa sentence : la pendaison.
Mengele lit les journaux et se doute bien que sa fin ressemblera celle d’Eichmann. Le roman graphique l’expose comme un animal traqu, qui parle tout seul. Il loigne par ses propos racistes et passistes les gens qui pourraient le plus l’aider dans les dernières annes de sa vie. Il dprit lentement et meurt sur une plage du Brsil en 1979. Mais on ne l’apprend officiellement qu’en 1985.
Le livre couvre une priode de plusieurs dcennies. On y trouve notamment un bref rsum des actions de Mengele comme mdecin Auschwitz. Il n’est pas seul, même s’il demeure le plus connu pour la population. En effet, de très nombreux adjoints scientifiques effectuent des expriences sur les humains, dont un deviendra recteur l’universit de Münster après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les auteurs mentionnent au passage cette ide d’un quatrième Reich poursuivie par Mengele et ses semblables. Bref, le lecteur ne s’ennuie pas avec ce roman graphique très habilement construit.
L’auteur Andrew S. Weiss a travaill la Maison-Blanche, au Pentagone, au dpartement d’Etat, etc. Il signale : « Si l’poque on m’avait dit qu’un ancien sous-officier du KGB – qui n’avait jamais vraiment brill – un certain Vladimir Poutine […] – serait promu des arrière-salles du Kremlin directement la tête du pays, je vous aurais dit d’aller vous faire soigner ». Il ajoute : « Ce que nous croyons savoir de lui est souvent un savant mlange de psychologie de comptoir et d’interprtations errones de l’histoire millnaire de la Russie ». Sa mise en scène comme un dur cuire « lui permet de passer pour plus intelligent – et plus comptent – qu’il ne l’est rellement. […] ».
Le roman graphique « Tsar par accident » raconte les hasards de la vie qui ont fait en sorte que Vladimir Poutine s’est retrouv au pouvoir au moment où sa carrière plutôt sans clats le destinait un poste moins lev. Mais on pourrait dire la même chose de certains dictateurs, prsidents, rois et ministres de par le monde au cours des âges auxquels la chance a souri. Eux aussi ont su profiter des occasions favorables pour gravir des chelons trop importants pour leur talent naturel. La nation en paie alors le prix jusqu’au renversement, exil ou dcès du personnage.
Il faut quand même donner Poutine le fait qu’il s’obstine, qu’il s’accroche, malgr les revers et les refus. Pour accder au KGB, on lui dit de faire des tudes ou d’entrer dans l’arme. Il s’excute et reçoit son diplôme.
Il se retrouve donc au KGB en 1975. Mais ce ne sont pas les grandes missions dont il rêvait qui l’attendent, mais du travail de terrain local. Il n’impressionne pas ses suprieurs avec les rsultats obtenus. À la suite d’une bagarre dans le mtro, on le mute Dresde en 1985 pour des missions vides de sens, faute de budget. En 1999, on apprend au prsident Clinton que Poutine sera le prochain prsident russe. Que s’est-il pass entre 1985 et 1999 pour que soudainement Poutine sorte ce point de l’obscurit et soit propuls comme prsident de la Russie ?
Il faut crditer son thique de travail, mais avant toute chose sa loyaut envers ses patrons dans cette organisation qui privilgie les liens personnels. Eltsine, le prsident de l’poque, sentait sa fin venir et proposa un march Poutine. L’auteur crit : « Il ferait de lui le prsident s’il acceptait de les protger, lui et sa famille ».
Tout comme Hindenburg croyait pouvoir manipuler Hitler en lui permettant d’accder aux hautes sphères du gouvernement, Eltsine pensait faire de même avec Poutine. Dans les deux cas, ce fut une erreur coûteuse pour l’Europe et le monde.
Le bouquin passe en revue la monte des oligarques russes, le rapprochement du pouvoir pour les amis de Poutine. Andrew Weiss souligne : « L’un des points que les trangers ne saisissent pas toujours c’est que la Russie est une socit qui fonctionne sur la base des liens personnels, plutôt que dans le cadre d’institutions ou d’un tat de droit. »
Dans les annes suivant la chute du Mur de Berlin, on constate la mainmise de secteurs importants de l’conomie russe par des fonctionnaires et agents du KGB corrompus, de même que par la mafia. Comme l’crit l’auteur : « Vladimir Koumarine, patron tout-puissant du gang notoire Tambov, faisait la loi dans le pays ».
Le support de Vladimir Poutine envers les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 le rapproche de George W. Bush et de son père George H. W. Bush avec lesquels il va même la pêche Kennebunkport. Il esprait ainsi relancer l’conomie moribonde russe et gagner en libert pour contrôler les mdias russes.
Le plus tonnant pour moi demeure le fait que Poutine approuva durant cette priode l’implantation hautement controverse de bases amricaines et de l’OTAN travers l’ex-Union sovitique (Ouzbkistan, Tadjikistan, Kirghizistan). Par ce geste, il recherchait une stabilisation avec l’Ouest. Les causes des attentats du 11 septembre 2001 tant encore discutes aujourd’hui travers le monde, spcialement dans les cercles les plus informs, Poutine a dû rflchir plus tard la pertinence et aux consquences de sa dcision d’autoriser de nouvelles bases amricaines et de l’OTAN près de la Russie.
Le prsident russe s’aperçoit rapidement qu’il ne pèse pas lourd dans la balance diplomatique face un superpouvoir comme les Etats-Unis. On ne le reconnaît pas en tant que joueur sur lequel il faut compter. Dans l’optique d’une meilleure comprhension entre l’Occident et la Russie, l’auteur souligne l’importance de mieux apprhender les griefs des deux camps. Il signale que cela manque cruellement.
D’autant plus que le Kremlin a la certitude que « les revendications de changement politique sont toujours le fait de conspirations soutenues par les Occidentaux ». À force de se surveiller les unes les autres et tenter d’influer sur la gestion intrieure d’autres pays, toutes les grandes nations projettent leurs intentions et ne croient plus qu’une manifestation peut provenir de la base partir d’un dsir srieux d’amlioration de certaines politiques dtestables.
L’auteur effectue un retour sur les problèmes entourant la scurit territoriale de la Russie travers les poques, envahie tour tour par les Mongols, Napolon et Hitler : « [La Russie] se repose traditionnellement sur les territoires annexs pour faire tampon entre la mère patrie et toute menace extrieure ». Il traite galement du conflit tchtchène, de la lutte contre le terrorisme, de l’ingrence politique dans les Etats voisins et de l’implication russe dans les lections amricaines de 2016.
Andrew S. Weiss couvre large et d’autres thèmes trouvent leur place dans le bouquin : l’histoire de la Guerre froide, Trump, Snowden, Wikileaks, les JO de Sotchi et le travail de Maria Butina, une agente russe qui russit pntrer les cercles suprieurs du parti rpublicain amricain.
C’est sa croyance dans le dclin irrversible de l’Occident qui a permis Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine. L’auteur conclut avec une remarque sur l’invasion de ce pays et le bombardement sans discernement des cibles civiles : « Le monde est en train de comprendre que Poutine n’a jamais t le stratgiste qu’il a prtendu être. C’est un improvisateur pris dans son propre piège ».
Je me permets une remarque concernant l’invasion de l’Ukraine. Ce pays doit recevoir des avions de combat des Etats allis pour protger son territoire, ce qui offusque profondment la Russie. J’aimerais tout de même rappeler le fait que lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Union sovitique a accept normment d’aide provenant de l’extrieur pour sa dfense sur le Front de l’Est. Pour ne citer qu’un seul appareil et pays, l’Union sovitique a obtenu 877 bombardiers B-25 Mitchell des Etats-Unis.
Ce nouvel album des aventures de Blake et Mortimer constitue une très belle surprise. C’est la première fois que Jos-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Antoine Aubin travaillent ensemble et le rsultat de cette collaboration en a tonn plus d’un.
Depuis plusieurs annes, les combinaisons d’auteurs et de dessinateurs se succèdent pour assurer un rythme constant de publication, c’est–dire une bande dessine de Blake et Mortimer par anne.
Pour Dargaud-Lombard, il s’agit d’une source de revenus non ngligeable, cette srie ayant des adeptes travers le monde depuis plusieurs dcennies.
« Huit heures Berlin » nous plonge dans la guerre froide, au moment où le mur de Berlin vient d’être construit. Les lecteurs plus âgs connaissent les vnements entourant la construction du mur, mais pour les plus jeunes il s’agira gnralement d’une première approche de cette priode.
Tout y est dans cet album : quelques notions d’histoire et de politique, les reconstitutions d’poque quant l’architecture extrieure, le mobilier, les vhicules, les couleurs judicieusement choisies par Laurence Croix et surtout un scnario suffisamment bien ficel pour empêcher le lecteur de prvoir le droulement de l’intrigue.
On se promène entre l’Allemagne et les anciens pays du bloc communiste, on marche dans un tunnel cr l’poque par l’Occident pour couter les conversations ayant lieu Berlin-Est, on pnètre dans un ancien asile supposment abandonn depuis longtemps. De plus, comme toujours dans cette bande dessine, le mlange entre le rel et la science-fiction ajoute l’intrêt.
Les auteurs s’efforcent de rajeunir un peu le vieux Mortimer sans toutefois perdre en chemin les inconditionnels. Les femmes obtiennent parfois un rôle positif, parfois ngatif, mais elles ne sont plus des potiches tenant un sac main. Difficile imaginer qu’on aurait pu voir un jour dans un album de cette srie un nu sur un calendrier de garage. Quel scandale ! Ça n’aurait pas pass l’poque où Edgar P. Jacobs travaillait avec Herg pour les albums Tintin…
Bref, un beau succès que ce vingt-neuvième album de la srie. Il est vident que ce trio de crateurs se verra confier d’autres albums.
Il est toujours fascinant de se plonger dans la lecture d’un livre qui emprunte une nouvelle route, qui s’attaque un sujet n’ayant pas t dvelopp auparavant. Si en plus il s’agit d’un sujet portant sur un fait vcu et de surcroît sur un territoire très peu connu de la majorit des gens, l’intrêt est maximis.
Le livre « Les alpinistes de Staline » nous prsente la vie de deux alpinistes russes exceptionnels, Vitali et Evgueni Abalakov, qui eurent affronter la fois les blizzards et autres conditions mtorologiques extrêmes des plus hautes montagnes de l’ex-URSS en même temps que la politique radicale stalinienne. C’est une tude du comportement humain dans un contexte extrêmement difficile.
Même si les frères Abalakov, hros nationaux, risquèrent leur vie dans cet environnement arctique pour porter les bustes de Lnine et Staline vers les plus hauts sommets des montagnes sovitiques, cela ne leur pargna pas les horreurs d’un rgime stalinien qui luttait contre l’instabilit politique en dsignant des coupables de conspiration et d’espionnage au hasard. Vitali Abalakov copa ainsi de multiples annes d’emprisonnement et de camp de travail et s’en sortit de justesse lorsque Staline passa finalement l’arme gauche.
Voici de courts extraits du livre pour vous donner une ide du ton du livre : « La montagne (comme tout le reste) n’a jamais t aussi politise et l’on pourrait en rire, ne seraient quelques dramatiques anecdotes. Leste d’un buste de Staline, une corde fait face dans ces annes-l une tempête tenace sur les pentes de l’Elbrouz. Voil un grand dilemme : s’allger du poids de la statuette ou bien s’en encombrer au pril de sa vie? Les alpinistes dcident d’un commun accord d’abandonner provisoirement le fardeau (pardon, le grand « Staline »). Ils se promettent nanmoins de le rcuprer la prochaine accalmie et d’achever comme il se doit la mission. Le buste est solidement arrim et l’endroit minutieusement balis. La corde redescend se mettre l’abri. Elle cope de dix ans de camp. » (p.238).
« Autre fait divers, sur ce même Elbrouz, lors d’une [escalade] hivernale glaciale. Parvenu au sommet, un valeureux commissaire politique ôte ses gants afin de mieux extraire un buste de Lnine de son sac dos. Les tempratures sont proprement arctiques et, le temps qu’il fixe le moulage ftiche au plus près du ciel, les doigts de l’encart au Parti se vident de leur sang. Dans les heures qui suivent, les engelures colonisent les chairs. Il en est quitte pour des amputations une fois revenu dans la valle ». (p.238-239)
Si vous en avez temporairement assez d’entendre parler de Trump et du Covid-19, filez le temps de quelques heures vers les montagnes de l’ex-URSS tout en en apprenant sur la vie des Russes durant l’ère stalinienne. À la lecture du livre, vous comprendrez mieux ce qu’il y a d’tonnant ce qu’une partie de la population russe actuelle idolâtre de nouveau le communisme sous le gouvernement autoritaire de Staline. L’histoire est condamne se rpter quand on nglige les actes criminels associs un rgime en idalisant le pass. Et cela ne s’applique pas seulement la Russie, mais tous les pays.
Il s’agit du livre qui a inspir la nouvelle srie de Tom Hanks et Steven Spielberg. « Les maîtres de l’air » est un livre de près de 700 pages dont le contenu est absolument fascinant. Très bien document, il raconte l’histoire des jeunes bombardiers amricains qui ont fait partie de la 8e Air Force amricaine ayant combattu l’Allemagne nazie. L’impact de l’arrive de tous ces quipages et avions sur le sol britannique est dcrit en dtail…
Le lecteur constate combien d’quipages de bombardiers sont morts inutilement du fait que le commandement arien croyait qu’une flotte de bombardiers B-17 pouvait effectuer des bombardements sans avoir besoin d’escorte pour assurer sa dfense. On comprend mieux l’importance de l’arrive des avions de chasse Mustang sur la scurit des oprations.
Les stratgies d’attaque, de dfense et les ides prconçues quant aux meilleurs types de bombardements y sont discutes en dtail, très souvent en citant les acteurs de l’poque. Les choix des cibles, de même que les manquements importants dans le renseignement sont analyss.
J’ai cit quelques passages, au fur et mesure de la lecture, pour vous donner une ide de l’intensit des propos :
« Les mitrailleurs de tourelle centrale, forcs d’y rester pendant des heures au-dessus du territoire ennemi, urinaient dans leurs vêtements; leur dos, leurs fesses et leurs cuisses gelaient « si violemment que les muscles se dtachaient et mettaient les os nu » » p.131
« Un agent du renseignement britannique a estim que pour chaque aviateur abattu qu’on parvenait vacuer [du territoire ennemi], un membre [des rseaux clandestins], français, belge ou nerlandais, tait tu ou mourait sous la torture » p.141
« Alors que Rooney et
quelques autres journalistes attendaient devant une tour de contrôle le retour
d’une escadrille de bombardiers, la rumeur se rpandit qu’un mitrailleur de
tourelle ventrale tait coinc dans sa bulle de plastique, sous l’appareil.
« Le mcanisme, qui faisait tourner la bulle pour mettre le mitrailleur en
position de tir ou le ramener la position qui lui permettait de sortir et de
remonter dans l’appareil, avait t touch et s’tait bloqu. Le mitrailleur de
tourelle ventrale tait enferm dans une cage en plastique. »
Juste avant l’atterrissage, le système hydraulique de la Forteresse [B-17], cribl de balles, a mal fonctionn, empêchant le pilote de sortir le train d’atterrissage. La commande manuelle du train d’atterrissage avait t dtruite. Il allait devoir atterrir sur le ventre. « Il y eut huit minutes de discussions dchirantes entre la tour de contrôle, le pilote et l’homme pig dans la tourelle ventrale. Il savait ce qui touche le sol en premier lorsqu’il n’y a pas de roues. Nous avons tous regard avec horreur ce qui arrivait. Nous avons vu cet homme mourir, cras entre le bton de la piste et le ventre du bombardier. » p.169
« Seuls trente-trois des 178 Liberator [B-24] qui avaient t envoys Ploesti revinrent et furent en tat de voler le lendemain. » p.257
« Certains bombardiers
atterrissaient avec deux ou trois cents trous dans leur carlingue, et des hommes
en plus mauvais tat que leur avion : des bras et genoux arrachs, des
yeux sortis de leur orbite, des poitrines ouvertes si larges que les mdecins
ariens pouvaient voir les poumons des morts » p.418
« La première semaine de juillet, 434 000 juifs hongrois avaient t envoys Auschwitz et près de 90% d’entre eux avaient t assassins. » p.424
« Le 1er janvier, tandis que les Amricains se battaient toujours dans des conditions arctiques dans les Ardennes, la BBC annonça que l’Arme rouge, installe sur les rives de la Vistule, se prparait avancer. Près de quatre millions d’hommes et dix mille tanks formaient un front qui s’tendait de la mer Baltique jusqu’aux Balkans. » p.532
« L’ordre insens de Hitler de combattre jusqu’au bout allait faire s’abattre sur l’Allemagne un vritable dluge de destruction dans les derniers mois de la guerre. La dcision du gouvernement japonais de continuer se battre après la chute des Philippines dbut 1945 allait rendre la fin de la guerre encore plus terrible pour la population de ses villes de papier et de bois, très vulnrables aux incendies. » p.535
« Même si le [Messerschmitt Me 262] avait malgr tout russi faire durer la guerre jusqu’ la fin de l’t 1945, c’est l’Allemagne, et non le Japon, qui aurait probablement t la cible des premières bombes atomiques, armes dveloppes au dpart par des quipes scientifiques, où les juifs taient majoritaires, pour frapper les nazis. « Si les Allemands n’avaient pas capitul, j’aurais apport la bombe par ici, dclara après la guerre l’ancien pilote de la 8e Air Force Paul Tibbets, le commandant d’Enola Gay. […] Mes instructions taient de crer une force de bombardement d’lite, […] et il tait entendu que, une fois entraîne, elle serait divise en deux groupes : un envoy en Europe, et l’autre dans le Pacifique. Le Japon n’tait pas la cible prioritaire. Tous nos plans initiaux prvoyaient que nous larguerions les bombes presque simultanment sur l’Allemagne et le Japon ». » p.588
« Aucun dbarquement n’aurait t possible en 1944 sans les souffrances et les sacrifices de l’Arme rouge et de la population russe sur le front de l’Est de l’Allemagne, où moururent plus de citoyens et de soldats que sur tous les autres fronts de la guerre runis. » p.606
Cliquez sur le lien pour d’autres articles portant sur le renseignement sur mon blogue.
Comme il s’agit d’un livre crit en anglais, j’ai dû prendre la libert de traduire les citations pour faciliter la vie aux lecteurs unilingues francophones.
« Patrick Cockburn a not l’mergence d’ISIS beaucoup plus tôt que toute autre personne et crit sur ce sujet avec une profondeur telle qu’elle se trouve dans une catgorie part. » – Press Gazette Journalist of the Year Judges
Le livre nous prsente une image plus large de ce qui se produit au Moyen-Orient. Il donne de la profondeur aux nouvelles des grands rseaux. Le lecteur prend ainsi connaissance du côt moins mdiatis de chaque histoire, ce qui aide acqurir une meilleure comprhension des diffrents conflits.
Des nouvelles plus ou moins exactes, et parfois des mensonges.
L’auteur dvoile la facilit avec laquelle les mensonges peuvent être fabriqus sur un champ de bataille. Il dmontre galement que les informations peuvent être plus ou moins exactes, comme dans le cas où un journaliste pralablement « choisi » voyage protg par une arme, ou encore lorsque des journalistes se fient des informations de seconde main non vrifies pour prparer les nouvelles du soir.
Il semble galement passablement difficile pour un rseau de nouvelles de refuser de diffuser une histoire lorsque des doutes subsistent son sujet, spcialement lorsque les comptiteurs ont dcid de diffuser cette même nouvelle.
J’ai plac les citations du livre en italique tant donn qu’elles offrent d’excellents rsums. Certaines sont de l’auteur lui-même, d’autres proviennent de sources qu’il a trouves pour crire son livre. L’auteur soulève tellement de sujets qu’il m’est impossible de tout couvrir dans un rsum. Je tenterai d’être aussi bref que possible pour prsenter la perspective la plus large possible du contenu du livre.
La peur.
La peur est le facteur principal derrière plusieurs dcisions politiques irrationnelles. La peur amène une radicalisation des politiques, des religions et de la propagande. Elle est souvent relie un très petit groupe d’individus qui dirigent un pays, un tat ou une rgion lorsque ces derniers croient qu’ils peuvent perdre le pouvoir politique leur offrant des privilèges indus par rapport au reste de la population. Plus les avantages sont grands, plus grande est la peur.
Les « solutions » politiques, la plupart du temps irrationnelles, crent des tensions ou aggravent des problèmes existants et aident seulement accroître l’instabilit.
L’Arabie Saoudite aidait initialement ISIS cause de sa peur des jihadistes oprant l’intrieur de leur pays et galement cause de sa peur du pouvoir chiite l’extrieur du pays. En ce qui concerne la Turquie, elle a plus peur des Kurdes qu’elle ne craint ISIS. Pour une longue priode, la Turquie a donc laiss sa frontière permable avec la Syrie : cela a permis ISIS de compter sur une base arrière en cas de repli obligatoire temporaire.
L’auteur dit : « Il y a quelque chose d’hystrique et d’exagr propos de la peur que l’Arabie Saoudite entretient quant l’expansionnisme chiite, tant donn que les chiites ne sont puissants que dans la poigne de pays où ils sont en majorit ou en forte minorit. Sur cinquante-sept pays musulmans, seulement quatre ont une majorit chiite. » (p.102)
La dmonisation des religions autres que le Wahhabisme.
Dans le cas de l’Arabie Saoudite, la dmonisation des religions autres que le Wahhabisme et l’talage de la haine travers les mdias sociaux ont cr un territoire fertile la croissance d’ISIS.
L’auteur dit : « […] Les Saoudiens doivent srieusement s’attaquer rformer leur système d’ducation qui dmonise actuellement les chiites, sufis, chrtiens, Juifs et autres sectes et religions. Ils doivent cesser de prêcher la haine au moyen de tellement de stations satellites et ne pas offrir de passe-droit aux prêcheurs de haine sur les mdias sociaux »(p.107)
« La « Wahhabisation » de l’Islam sunnite est un des plus dangereux dveloppements de notre ère » (p.108)
L’argent favorise la polarisation entre Sunnites et Chiites.
« ISIS n’aurait pu croître en popularit sans le soutien financier de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Emirats Arabes Unis et de la Turquie. Etant donn qu’ISIS se nourrit des tensions entre les sunnites et les chiites, tout ce qui augmente la tension entre sunnites et chiites bnficie au groupe terroriste : « Il n’y a aucun doute qu’une propagande wahhabite bien finance a contribu a l’accroissement d’un conflit de plus en plus violent entre sunnites et chiites » (p.99)
« Un aspect crucial de la monte du Wahhabisme est le pouvoir financier et politique de l’Arabie Saoudite. Le Dr Allawi dit que si, par exemple, un musulman pieux veut fonder un sminaire au Bangladesh, il n’y a pas beaucoup d’endroits où il pourra obtenir 20,000£ autres que l’Arabie Saoudite. Mais si la même personne veut s’opposer au Wahhabisme, il devra alors le combattre avec des ressources limites » (p.108)
« Cette polarisation entre deux groupes religieux n’a fait que s’intensifier travers la guerre chaude et froide que se livrent les Etats-Unis et la Russie. Des mandataires taient ici au travail, avec l’Arabie Saoudite et les monarchies du golfe Persique, supportes par les Etats-Unis, face l’Iran, la Syrie et le Hezbollah au Liban appuys par la Russie » (p.71)
Une propagande qui a fait qu’Al-Qaïda est apparue plus forte et efficace qu’elle ne l’tait en ralit, en rfrence aux attaques du 11 septembre 2001.
Plusieurs sections du livre font rfrence, un moment ou l’autre, aux attaques du 11 septembre 2001. Voici quelques-unes des observations de l’auteur (en italique). J’ai galement ajout des commentaires personnels clairement identifis comme tels :
L’instant Pearl Harbor des attentats du 11 septembre 2001.
L’auteur crit : « Le choc des attentats du 11 septembre 2001 a gnr un « moment » Pearl Harbor aux Etats-Unis où la rvulsion et la peur du public ont pu être manipules pour implmenter un agenda noconservateur prexistant en pointant Saddam Hussein et en envahissant l’Irak » (p.100).
Note : les cinq paragraphes suivants constituent un commentaire personnel sur « l’instant Pearl Harbor » :
Un « instant Pearl Harbor » signifie qu’afin que les Amricains approuvent une attaque en sol tranger, ils devaient voir quelque chose de terrible se produire aux Etats-Unis. Par exemple, avant la destruction vidente de navires de guerre Pearl Harbor par les Japonais, les Amricains avaient refus de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale.
Durant les attentats du 11 septembre 2001, et même plus tard, les quatre-vingts camras du Pentagone n’ont pas pu capturer quoi que ce soit ressemblant de près ou de loin un Boeing 757 frappant le bâtiment. Vous deviez croire que les choses s’taient produites exactement comme vous le disaient les nouvelles tant donn qu’il n’y avait pas de photos ni de vidos d’un Boeing en morceaux sur le terrain du Pentagone.
Les mdias ont plutôt jou et rejou les scènes vidos où les tours jumelles du World Trade Center s’crasent complètement jusqu’au sol après avoir t touches par un seul avion chacune, même si les bâtiments taient construits pour rsister des impacts multiples, travers un design « moustiquaire », une leçon apprise travers ce qui tait arriv des annes plus tôt avec l’Empire State Building.
Des gens ont cru que les bâtiments s’taient crass cause de la chaleur trop leve, mais plusieurs ont nglig le rapport de la FEMA mis plus tard affirmant que la temprature ne s’tait pas leve plus de 300 ou 400 degrs l’intrieur du bâtiment, des centaines de degrs en moins que ce qui tait ncessaire pour faire fondre l’acier.
La chute libre des tours jumelles du World Trade Center a constitu « l’instant Pearl Harbor » ncessaire pour provoquer la peur et faciliter l’implmentation d’un agenda noconservateur prexistant. Les lecteurs amricains n’auraient pas approuv une guerre en règle l’tranger si les bâtiments taient demeurs debout après un seul impact. C’est un peu comme si le monde devait croire que le World Trade Center a t bâti en utilisant la pire ingnierie amricaine tout en ne retenant aucune leçon du pass. Pour plus d’infos sur ce sujet spcifique:
En 2001, Al-Qaïda tait une organisation sans grande efficacit.
Patrick Cockburn est un parmi très peu de journalistes qui n’a pas peur de prsenter Al-Qaïda telle qu’elle tait en 2001, une organisation mergente qui tait loin d’être capable de planifier et excuter des attaques aussi complexes que celles du 11 septembre 2001. (Cela explique aussi pourquoi, peu de temps après les attaques, les nouvelles internationales ont prsent une vido de Ben Laden niant sa responsabilit pour les attaques. Une vido qui n’a jamais t remontre. Mais plusieurs millions de personnes l’ont vue avant qu’elle ne soit censure subsquemment par les grands rseaux).
« Au moment de 9/11, Al-Qaïda tait une petite organisation gnralement inefficace »(p.59). L’auteur utilise en anglais le terme « ineffectual », qui rfère l’incapacit de produire un effet dsir.
L’implmentation de l’agenda noconservateur.
Cela signifie en ralit que l’agenda prexistant noconservateur amricain ne pouvait compter sur l’exprience d’Al-Qaïda. Il a plutôt fallu l’aide d’une ou plusieurs organisations exprimentes pour le financement, la planification et l’excution des attaques du 11 septembre 2001. Seulement après les faits Al-Qaïda a-t-elle pu être blâme tant donn qu’elle tait maintenant bien connue des Amricains, après toute la propagande des mdias. Un lien artificiel a par la suite t fait avec l’Irak, permettant une invasion que soixante pour cent des lecteurs amricains ont autorise.
Soixante pour cent des lecteurs amricains ont t induits en erreur.
L’auteur crit : « Le nom Al-Qaïda a toujours t utilis de façon lastique pour identifier un ennemi. En 2003 et en 2004 en Irak, alors que l’opposition irakienne l’occupation amricaine et britannique s’accentuait, les autorits amricaines ont attribu presque toutes les attaques Al-Qaïda alors que plusieurs taient le fait de groupes nationalistes et baathistes. Une telle propagande a aid persuader près de soixante pourcent des lecteurs amricains avant l’invasion en Irak qu’il y avait une connexion entre Saddam Hussein et les responsables de 9/11, malgr une absence complète de preuves sur le sujet. En Irak, et travers le monde musulman, ces accusations ont grandement bnfici Al-Qaïda en exagrant son rôle dans sa rsistance l’occupation amricaine et britannique » (p.53)
La chute de Mosul.
ISIS n’a eu besoin que de 6000 combattants pour gagner la Bataille de Mosul. Pourtant, le groupe arm faisait face un million de soldats irakiens. Comment cela a-t-il t possible? L’auteur voit trois raisons :
1. La coopration des sunnites irakiens, qui sentaient qu’ils taient mieux protgs par ISIS que par les chiites. 2. Une corruption tous les niveaux dans l’arme irakienne : « Comme un ancien ministre l’a dit, « le gouvernement irakien est une kleptocratie institutionnalise ». Un autre politicien qui ne veut pas être nomm a dit « […] Les gens donnent de l’argent pour faire partie de l’arme [pour obtenir un salaire] – mais ce sont des investisseurs, pas des soldats » (p.77) 3. Le fait que l’arme irakienne ne soit dsormais plus une arme nationale, tant donn que les soldats sunnites bien entraîns ont t mis de côt.
Syrie : le prsident Bachar Assad n’tait pas aussi faible qu’on le croyait.
Autant le monde extrieur que l’opposition percevaient le prsident Assad comme beaucoup plus faible qu’il ne l’tait en ralit. Tous pensaient qu’il serait dfait sans l’aide d’une campagne arienne organise.
Une omission majeure quant la guerre en Syrie.
« Les Etats-Unis et autres pouvoirs occidentaux ont chou prvoir qu’en supportant une rvolte arme en Syrie, ils dstabiliseraient invitablement l’Irak et provoqueraient une nouvelle ronde d’une guerre civile sectaire » (p.73)
Cinq diffrents conflits en Syrie.
Le conflit syrien est extrêmement compliqu tant donn qu’il y a plusieurs intrêts politiques et religieux en jeu : « La crise syrienne comprend cinq diffrents conflits qui s’infectent entre eux et s’exacerbent mutuellement. La guerre a commenc avec une rvolte populaire vritable contre une dictature brutale et corrompue, mais elle a vite t mlange au conflit entre sunnites et alawites, pour ensuite dgnr dans un conflit rgional global entre chiites et sunnites avec d’un côt une alliance reprsente par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et les tats sunnites et, de l’autre côt, l’Iran, l’Irak et les chiites libanais. En plus de tout cela, il y a eu un renouveau dans la guerre froide entre Moscou et l’Occident, exacerbe par le conflit en Libye et de façon rcente s’aggravant encore cause de la crise en Ukraine » (p.94)
En Syrie, c’est un choix entre Assad ou ISIS.
ISIS est la plus importante force d’opposition en Syrie. Si Bachar Assad tombe, ISIS prend sa place : « Les Syriens ont le choix entre une dictature violente, dans laquelle le pouvoir est monopolis par la prsidence et des services de scurit brutaux, ou une opposition qui tire en plein visage des enfants pour un blasphème mineur et envoie des photos de soldats dcapits aux parents des victimes ». (p.81)
Les victoires octroyes par Dieu.
« L’attrait de l’Etat islamique pour les musulmans sunnites de Syrie, d’Irak et d’ailleurs dans le monde vient en partie du sentiment que ses victoires sont octroyes par Dieu et invitables, donc toute dfaite endommage sa prtention un support divin » (p.159)
La solution au conflit syrien viendra de l’extrieur du pays.
« Plusieurs Syriens voient maintenant une solution leur guerre civile comme tant largement entre les mains des Etats-Unis, de la Russie, de l’Arabie Saoudite et de l’Iran. En cela, ils sont probablement corrects ».
Notes supplmentaires.
La guerre ne concerne jamais que le « combat ». Il y a toujours un processus politique sous-jacent qui est en marche. Donc, même si un pays semble militairement dfait, d’normes efforts politiques devront être faits si l’on veut crer un nouvel ordre stable.
« La conviction qu’un gouvernement toxique est la base de tout ce qui est mauvais est la position publique de la plupart des oppositions, mais il est dangereux de se fier l’agenda personnel de toute personne. »
« Un gouvernement ou une arme peut tenter de maintenir le secret en interdisant les journalistes, mais il devra payer le prix tant donn que l’absence de nouvelles est remplace par de l’information fournie par leurs ennemis».