Une visite d’une seule journée à l’île d’Orléans pour une session de photographie a suffi à capturer une très grande variété de conditions nuageuses en avril 2024. Au printemps, lorsque l’air humide et instable traverse la chaîne de montagnes au nord du fleuve St-Laurent, on peut s’attendre à tout sur l’île d’Orléans. Ci-dessus, un amateur de planche aérotractée exerce son art entre les averses localisées. Tout ce qui compte pour lui, ce sont les forts vents.
À quelques kilomètres de la route du Mitan, de belles maisons et un peu de ciel bleu contrastent avec les averses ayant lieu ailleurs sur l’île. On peut constater que la couche nuageuse n’est jamais bien épaisse.
Ci-dessus, un cumulus bourgeonnant (TCU) en provenance du nord s’approche du fleuve St-Laurent en fin d’après-midi. Il traversera possiblement le fleuve en direction de l’île, s’il n’a pas entretemps perdu un peu de sa vigueur à cause de la subsidence, ce phénomène qui force l’air à se compresser et se réchauffer lorsqu’il est forcé de descendre le long d’une chaîne de montagnes.
La forme des nuages de la photo ci-dessus donne une bonne indication de la force des vents aujourd’hui. On l’entend siffler à travers les cordages et entre les mâts des voiliers de la marina de la municipalité de St-Jean, île d’Orléans. Lors de ma visite, quelques propriétaires préparaient leur voilier pour les journées plus chaudes du mois de mai.
J’apprécie beaucoup la scène ci-dessus, mais j’admets que certains pourront lui trouver un côté sombre, sinon sinistre. C’est d’ailleurs cet aspect un peu dérangeant qui a attiré mon attention et que j’ai tenté de capturer.
Dans cette dernière photo, le ciel est pratiquement dégagé, ce qui permet d’exploiter pleinement les contrastes. Un traitement pseudo-HDR permet de faire ressortir la peinture d’une embarcation qui a connu de meilleures années.
Le tour de L’Îsle-aux-Coudres en vélo représente un bon exercice et même unprojet de photographiepour les amateurs de photographie de paysage. Les informations suivantes vous aideront donc autant pour l’exercice que pour la planification d’un voyage de photographie…
Le traversier se prend à St-Joseph-de-la-Rive, juste en bas de la côte des Éboulements. Le transport est gratuit, mais il faut s’assurer d’être dans la file d’attente trente minutes avant le départ : si vous arrivez trop à la dernière minute, vous devrez prendre le prochain traversier, une heure plus tard. Le trajet ne prend qu’une quinzaine de minutes jusqu’à L’Îsle-aux-Coudres.
Une fois rendu sur l’île avec la voiture, vous montez la côte jusqu’à la première intersection et vous voyez immédiatement une église à gauche : c’est là que les automobilistes qui transportent des vélos se stationnent, et ce gratuitement.
La distance à couvrir n’étant que de 23 kilomètres, le tour de L’Îsle-aux-Coudres en vélo n’est pas vraiment difficile. Il n’y a que quelques côtes à gravir et elles peuvent être montées à pied à côté du vélo si le défi s’avère trop important. Le long de la route, vous trouverez ici et là des haltes pour vous reposer, des petites boutiques d’artisanat et quelques restaurants.
Faire le tour de l’île durant la basse saison est idéal si vous n’appréciez pas rouler en présence de trop nombreuses voitures. J’y ai été en septembre et je n’ai vraiment pas été incommodé par la circulation. La photo ci-dessus montre la vue que l’on a à l’automne, à partir du côté sud de l’île. Pendant plusieurs kilomètres, le cycliste bénéficie d’une vue parfaite du fleuve St-Laurent et la route est directement sur le bord des berges.
Il y a de beaux points de vue tout au long du trajet. Ci-dessus, une vue des montagnes au loin qui se trouvent sur la rive nord du St-Laurent.
Le vent est le facteur principal à considérer lorsque vous faites le tour de l’île. Dans la photo ci-dessus, le vent est suffisamment fort pour que la fumée de cheminée du navire MSC Annick aille dans la même direction que le bateau, plutôt que de se perdre graduellement vers l’arrière.
C’est donc dire que lors des jours de grands vents, il y a un côté de l’île où vous devrez faire plus d’efforts en tant que cycliste, mais vous serez ensuite récompensé avec un bon vent de dos dans la seconde portion du trajet.
Une dernière photo prise lors du trajet de retour en traversier. Les vents forts en altitude ont visiblement un effet sur la structure des nuages.
Bonne randonnée, et possiblement bonne session photo!
Le Queen Mary 2 effectue annuellement quelques visites dans le Port de Québec durant la période automnale. Inutile de dire qu’il attire toujours son lot de curieux. Le navire transporte 2620 passagers qui ont tôt fait d’envahir le Vieux-Québec.
Pour photographier ce superbe navire et l’architecture des maisons du Vieux-Québec, il valait la peine d’attendre la tombée du jour, au moment où les couleurs sont beaucoup plus douces. J’aurais pu choisir de faire un plus gros plan du Queen Mary 2, mais, ce faisant, la photo aurait été moins dynamique, car la ruelle du quartier Petit-Champlain et ses piétons auraient été absents de la scène.
La portion de ciel dans la photo est volontairement réduite, car elle ne présente que peu de détails par rapport à tous les autres sujets dans la scène. Le devant du Queen Mary 2 a délibérément été situé dans le coin supérieur droit de la photo puisque c’est vers cette portion de l’image que l’œil termine son inspection de ce qui se passe dans une scène.
Il fallait voir le nombre de badauds installés sur la terrasse Dufferin, la plupart avec un appareil-photo à la main, tentant de capturer la scène. Toutes ces personnes en déplacement sur la terrasse de bois faisaient cependant en sorte que cette dernière vibrait continuellement. L’usage d’un trépied, normalement efficace pour figer toute photo, n’était ici utile qu’à condition que le temps de pose soit passablement réduit par rapport à ce qu’il aurait normalement dû être, pour éviter le flou de bougé à basse vitesse. L’ISO fût donc augmentée en conséquence.
Tout de même, la photo, prise avec un appareil-photo plein format Canon 5DSR, représente bien l’atmosphère qui régnait en ce soir d’automne 2016 dans le Vieux-Québec.
Pour d’autres photos de navires affichées sur le présent site, cliquez sur le lien suivant:
J’ai passé quelques jours à Montréal en juin 2016, le temps de prendre quelques photos de la ville et du port. Je n’avais jamais vu autant de projets de construction en marche simultanément. On pouvait sentir l’empressement que tout soit terminé pour les fêtes du 375e anniversaire de Montréal, en 2017. Voici donc 2 % des photos prises (en fichiers RAW et JPEG) durant la session de photographie.
La photo ci-dessus représente Habitat 67, créé pour l’exposition universelle de 1967 par l’architecte Moshe Safdie. Vous pouvez cliquer sur le lien ci-joint si vous désirez des détails supplémentaires concernant la conception et la construction d’Habitat 67 : Moshe Safdie et Habitat 67
En ce qui concerne la prise de photo, il était préférable d’attendre juste avant la nuit, pour pouvoir bénéficier d’une meilleure luminosité et permettre de mettre en évidence les reflets des sources lumineuses provenant des habitations. Plusieurs bateaux sont passés au moment des différentes prises de photos, ce qui a nui à chaque fois à l’homogénéité des reflets. Éventuellement, après plusieurs essais, j’ai pu bénéficier d’un moment où le plan d’eau était redevenu calme. L’ISO est au minimum, car cela limite le bruit numérique lors du recadrage de la photo.
Une exposition de quelques secondes a permis d’aplatir la surface de l’eau et de donner préséance aux reflets lumineux plutôt qu’aux vagues. Je me suis assuré que l’on voit les remorqueurs devant les habitations, car il me semblait qu’ils ajoutaient du dynamisme à la scène. Comme d’habitude, l’usage d’un trépied, d’un déclencheur à distance et du verrouillage du miroir ont permis de réduire les vibrations de l’appareil-photo. Liveview a été activé et la mise au point a été faite manuellement pour assurer la netteté de l’image.
La photo ci-dessous montre les silos à grains abandonnés du Vieux-Port de Montréal. Ils sont protégés depuis 1996 et se verront probablement attribuer un nouveau rôle dans la prochaine année, juste à temps pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017.
Le vraquier Venture (autrefois Balder), construit en 2002 et appartenant à la compagnie CSL, était amarré au quai. J’ai donc tenté quelques photos, dont une photo avec un objectif grand-angle Canon 14 mm 2.8L.
Avoir un accès privilégié aux installations portuaires où le transbordement des cargaisons s’effectue aurait été vraiment intéressant, mais, étant donné que ce n’était pas le cas, il s’agissait alors de tenter de saisir à distance les activités du port, tout d’abord avec les voies ferrées, les trains et les bateaux au loin. L’usage d’un filtre polarisant a permis de faire ressortir les couleurs du côté ombragé des wagons. Le vénérable bâtiment de la brasserie Molson se devait d’être inclus dans la composition.
Ensuite, profitant de l’absence du filtre passe-bas et des capacités de grossissement très importantes fournies par le capteur plein format de 50.6 mégapixels de l’appareil-photo DSLR Canon 5DSR, il a été possible de capturer une partie des installations du port en recadrant le tout ultérieurement, sans perte de qualité, à l’aide d’un logiciel de traitement d’image. La photo a été prise avec un téléobjectif Canon EF 24-70 mm f/2.8L USM réglé à 70 mm.
Comme il n’y a actuellement aucun appareil-photo qui a toutes les qualités, peu importe la marque, l’acquéreur d’un nouvel appareil-photo doit faire des choix : le type de capteur, le nombre de mégapixels, le poids de l’appareil, le format, la rapidité et la précision du focus automatique de même que son suivi, le nombre d’images par seconde, la performance lors de faible luminosité, la possibilité de grands ou de très grands grossissements tout en maintenant la qualité de l’image, des fonctions vidéos avancées, une communication électronique avec d’autres appareils, un grand choix d’objectifs, etc. La liste est longue…
Le Canon 5DS(R) : un appareil-photo spécialisé
Le photographe heureux avec un Canon 5DS ou 5DSR est celui qui désire un appareil-photo spécialisé capable d’offrir non seulement des images nettes de qualité mais également des grossissements d’image d’une très grande qualité. Cet appareil-photo permet davantage de créativité car le montant de recadrage possible dépasse pour l’instant tout ce qui est offert sur le marché pour un DSLR de ce format.
Test de grossissement avec le Canon 5DSR
Voici un exemple de ce que cela signifie : la photo ci-dessous montre le M jaune du restaurant McDonald’s photographié avec un objectif 50mm.
Par la suite, une autre photo a été prise avec un téléobjectif Canon EF 70-200mm f/2.8L IS II USM réglé à une focale de 200mm.
Mais le grossissement peut se poursuivre en utilisant seulement la résolution incroyable du Canon 5DSR. La photo suivante montre le résultat après un recadrage à partir de la photo prise à 200mm: le M prend maintenant la hauteur de la photo sans que la qualité de l’image en souffre.
De ma position sur une colline voisine, le M jaune était à peine visible à l’œil nu. En utilisant un téléobjectif avec une focale à 200mm suivi d’un recadrage, j’ai pu obtenir le résultat ci-haut. Il est donc possible de photographier un élément à peine détectable sans téléobjectif et de le transformer en sujet principal occupant l’espace vertical d’une photo sans perte de qualité.
J’ai choisi le 5DSR car l’effet du filtre passe-bas est neutralisé dans le modèle R pour offrir encore plus de netteté, au détriment d’un effet de moiré occasionnel sur certaines photos. C’est le compromis avec lequel doivent également vivre les utilisateurs des appareils-photos Nikon.
Repenser la photographie
Le capteur de 50.6 mégapixels du Canon 5DS ou 5DSR permet une nouvelle approche de la photographie pour ceux qui n’ont pas accès à un appareil-photo moyen format beaucoup plus dispendieux, plus encombrant et qui ne donne pas nécessairement des photos bien supérieures.
Lorsque je commence une session photo à l’extérieur, il me semble que je transporte désormais un grand téléobjectif de qualité mais sans son poids ni son coût d’acquisition. De nouvelles possibilités se présentent : beaucoup d’opportunités manquées par le passé, faute de résolution photographique suffisante, deviennent maintenant accessibles.
Désormais, la photographie de personnes sur la rue est beaucoup moins compliquée : il n’y a plus de regards suspicieux, de pose artificielle ou de têtes qui se détournent. C’est un appareil-photo idéal pour saisir les gens dans leur naturel sans les indisposer et sans que, de votre côté, vous sentiez que vous les dérangez.
La photo ci-dessous a été prise alors que je me trouvais à au moins 300 mètres de la scène, un peu après le coucher du soleil. Pour ceux qui sont de Québec, j’étais positionné sur la muraille de l’autre côté du Chemin St-Louis, près de la porte du même nom. La photo a été éclaircie légèrement afin que les détails soient plus facilement visibles, au risque d’augmenter le grain photographique. Le temps était brumeux en cette première journée chaude de mai 2016, ce qui est visible par le manque de détails de l’arrière-plan au fur et à mesure que la distance augmente.
Mais ce ne sont pas là les seules possibilités de l’appareil. La compagnie, dans son vidéo promotionnel en anglais en indique plusieurs autres :
Comment profiter au maximum des capacités d’un capteur plein format de 50.6 mégapixels
Pour rapprocher un sujet en profitant totalement des capacités du capteur de 50.6 mégapixels du Canon 5DSR, il est certain qu’il ne doit y avoir aucune vibration. Le photographe utilise donc un trépied, un déclencheur à distance et le verrouillage du miroir. Cela permet d’utiliser un ISO très petit tout en évitant les photos floues.
La fonction verrouillage est bien pensée, avec une possibilité de choisir que le déclenchement soit entièrement automatisé en fonction d’un temps que le photographe a choisi (0 à 2 secondes). Cela évite les vibrations secondaires.
Mais pour assurer une photo encore meilleure, le photographe utilise nécessairement Liveview et se sert du grossissement de 16X disponible sur cette caméra (10X sur mon Canon 5D MKII) pour faire la mise au point manuellement. Il est alors possible de voir à l’écran les moindres vibrations causées par le vent. J’ai pu me rendre compte que la courroie de l’appareil-photo flottant légèrement au vent occasionnait des vibrations minimes. Chaque détail pris en considération augmente la qualité du résultat final.
Il faut donc prendre soin de s’assurer d’immobiliser la courroie et même de diminuer légèrement la hauteur du trépied lorsque le vent souffle. Ces précautions vous permettront de rapprocher un sujet d’une façon incroyable tout en conservant la qualité initiale de l’image offerte par le capteur grand format.
Effet de mirage supérieur (mirage froid)
La photo ci-dessous montre un navire aidé par deux remorqueurs de la compagnie Ocean en route vers le Port de Québec. Le navire étant encore très éloigné du Port, il est possible de voir l’effet exagéré de mirage supérieur (mirage froid) occasionné par une inversion de température immédiatement au-dessus de l’eau. Les embarcations sont déformées mais le très grand rapprochement n’a pas causé de perte de qualité de l’image. Il a plutôt permis d’accentuer l’effet du phénomène atmosphérique.
Une fois plus près du Port de Québec, l’effet de mirage froid s’est atténué, telle que le montre la photo ci-dessous :
Le Canon 5DS ou 5DSR sans trépied et sans verrouillage de miroir.
Bien entendu, le trépied n’est pas obligatoire si vous n’entendez pas effectuer de très grands grossissements. Une photo à main levée donnera d’excellents résultats à condition de se rappeler que ce DSLR Canon est un outil spécialisé et non un appareil-photo normal.
Autant de mégapixels sur un capteur de cette taille nécessitent que le photographe ajuste sa façon de faire. Mais, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous, il est tout à fait possible de prendre un avion en mouvement, même en fin de journée (11 mai à 19:49), lorsque les paramètres de l’appareil-photo sont correctement ajustés. Une vitesse d’obturation plus élevée que ce que vous auriez normalement utilisé devient ici primordiale.
La photo ci-dessous montre un Bombardier DHC-8-402NG (C-GSJZ) d’Air Canada Express en finale pour la piste 29 de l’aéroport international Jean-Lesage de Québec (CYQB).
Le Maersk Pembroke à main levée
La photo ci-dessous montre le navire porte-conteneurs Maersk Pembroke photographié à main levée avec un téléobjectif Canon 70-200 f2.8L IS II USM au printemps 2016 près de Québec. La focale n’est que de 140mm et la vitesse d’obturation de 1/1000. L’objectif Canon était muni d’un filtre polarisant et la photo a été au moment où le navire approchait du Quai des Cageux.
Les couleurs produites par le Canon 5DSR
Le traitement numérique de l’image et des couleurs produites par le Canon 5DSR nécessite quelques changements par rapport à ce qui était nécessaire avec le Canon 5D MKII. J’en suis encore à découvrir l’appareil-photo à ce niveau, alors je réserverai mes commentaires pour une chronique ultérieure.
Photographie de nuit
Voici deux photos prises en soirée dans la Ville de Québec. La photo ci-dessous demandait une focale de 200mm, un ISO à 4000 et une vitesse de 1/30 pour pouvoir observer autre chose que des traînées de lumière. Heureusement, la circulation était au ralenti…
La photo ci-dessous, prise avec une focale de 200mm, a nécessité une exposition d’un peu plus d’une seconde avec un ISO à 800. J’ai profité du fait que les voitures étaient arrêtées sur un feu rouge pour prendre le cliché, de façon à ce qu’elles soient clairement visibles.
Les images par seconde du Canon 5DS(R)
Le Canon 5DSR est jusqu’à présent un appareil impressionnant. J’aurais apprécié que la compagnie Canon offre une capacité plus élevée d’images par seconde (7 au lieu de 5) pour en faire un appareil plus polyvalent.
L’appareil-photo permet en effet d’utiliser des fichiers plus petits que 50.6 MP, les deux autres options étant 28MP et 12 MP. S’il peut donner 5 images par seconde avec des fichiers RAW de 50.6 mégapixels, on se doute bien qu’il peut offrir davantage de vitesse pour des fichiers plus petits. Mais l’appareil est limité à cinq images par seconde, histoire de ne pas nuire aux autres modèles Canon existants qui font partie d’une catégorie similaire…
Cependant, la compagnie affirme que la rafale dure plus longtemps avec des fichiers plus petits. C’est au moins ça de gagné. Il ne suffirait possiblement que d’une nouvelle version firmware pour améliorer encore l’appareil…
Pour d’autres photos de nuit, cliquez sur le lien suivant sur mon site :
Pour donner une impression d’activité frénétique dans le Port de Québec, en cette tranquille journée du printemps 2015, je me suis servi, pour la photographie, d’un appareil-photo Canon 5D MKII muni d’un objectif Canon 70-200 f2.8L IS II USM.
La confusion vient du fait que la photo est extrêmement chargée par des détails de tous ordres. Il règne une atmosphère de chaos. Tout d’abord, le spectateur doit lire de nombreux mots, dont l’importance varie de façon très significative pour lui: POLICE, CANADA, OCEAN, Sécurité Maritime, Maritime Security, GRC, RCMP, MEGA, Sea Tel, et une partie du mot Coast.
Il y a, dans un deuxième temps, de très nombreuses lignes verticales de formats différents qui interfèrent avec les multiples lignes horizontales. Les réservoirs de la BUNGE, au dernier plan, sont eux-mêmes des lignes verticales, mais beaucoup plus larges que les autres.
La perspective compressée obtenue grâce au zoom fait en sorte que tous les objets semblent collés les uns sur les autres. On se demande comment le pauvre navigateur fait pour manœuvrer à travers aussi peu d’espace .
Ce qui se passe vraiment dans la scène: il s’agit d’un matin très calme, ou tout est pratiquement immobile. Il n’y a qu’un seul bateau en mouvement et son capitaine a tout l’espace désiré pour quitter le Bassin Louise et se diriger vers le fleuve St-Laurent sans risquer de heurter quoi que ce soit.
Pour d’autres photos de bateaux ou de navires affichées sur le présent site, cliquez sur le lien suivant:
(Histoire précédente : des raisins et des bleuets à Inukjuak)
Plusieurs bateaux naviguent le long des côtes de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava lorsque l’été arrive. Parfois, les spécialistes en information de vol (FSS) de Transports Canada à Inukjuak (CYPH) sont autorisés à monter à bord, le temps de quelques photos, comme cela a été le cas pour les deux photos ci-dessus.
Lorsque les navires effectuent de très longs trajets pour finalement atteindre les petits villages de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava, ils frappent régulièrement des petits morceaux de glace dans leur avancée. C’est à l’équipage de déterminer si la coque du bateau est suffisamment résistante pour emprunter le passage désiré.
Malheureusement, il n’est pas toujours possible de juger correctement de la situation et la coque du navire se brise alors sous l’impact avec le glacier. La photo ci-dessous montre le navire Kanguk, au large d’Inukjuak, à l’automne 1982, sa coque endommagée durant son voyage vers un des petits villages de la côte.
(Prochaine histoire : en route vers la deuxième mutation : Rouyn-Noranda FSS)
Le Port de Québec constitue un endroit idéal pour les amateurs de photographie. Le brouillard, les glaces, les remorqueurs et navires de toutes sortes offrent toujours une multitude de possibilités. En mars 2015, lors d’une superbe journée, j’ai pu croquer cette photo d’une partie du Coriolis II dans le Bassin Louise. L’utilisation d’un objectif fixe Canon 14mm 2.8L a été nécessaire pour éviter les déformations dans cette photo grand-angle. La caméra utilisée était une Canon 5D MKII.
Vous devez constamment décider de la combinaison idéale entre les choix suivants : l’ouverture, la vitesse d’obturation et l’ISO. Ces trois facteurs sont constamment reliés et le choix de l’un affecte immédiatement les deux autres…
Vous êtes face à un paysage dans lequel tous les plans sont importants. Vous décidez que l’ouverture est ce qui importe le plus. Le choix de l’ouverture en premier est très populaire. Vous choisissez donc F16, qui devrait vous procurer une belle profondeur de champ. Cependant, cette ouverture laisse entrer peu de lumière. Il faut donc compenser quelque part. S’il n’y a pas vraiment de mouvement dans la photo, et que vous avez un trépied à votre disposition, vous pouvez alors choisir une vitesse lente, ce qui permettra à plus de lumière d’entrer dans l’appareil photo. Ce faisant, vous n’aurez pas besoin d’augmenter l’ISO de façon importante et vous éviterez ainsi d’ajouter du bruit sur votre photo.
Dans la photo ci-dessous, l’ouverture est à F16. La végétation dans le coin gauche nous amène vers les personnages et par la suite vers le quai des Cageux. Enfin nous arrivons au pont de Québec, le plus grand pont de type cantilever au monde.
Si vous décidez que la vitesse est prioritaire pour votre photo, il y aura un prix à payer au niveau de l’ISO. Ce dernier devra être augmenté pour améliorer la sensibilité à la lumière, mais cette action occasionnera du même coup une augmentation de la grosseur du grain dans la photo (le bruit). De même, la profondeur de champ sera affectée, car une vitesse rapide laisse entrer peu de lumière et donc on ne peut choisir également une ouverture à F16. Vous trouverez donc des zones qui semblent hors focus autour de votre sujet principal.Il faut faire les compromis permettant que la qualité de la photo soit acceptable. Avec un peu de pratique, vous pouvez limiter la vitesse d’obturation à condition de suivre exactement le mouvement du sujet avec votre appareil-photo.
La photo ci-dessous représente un problème un peu particulier: elle a été prise alors que j’étais sur un bateau balloté par les vagues. L’aigle se trouvant loin et voyageant en direction inverse de notre bateau, sa vitesse relative augmentait. La photo a été prise à main levée avec une focale de 400 mm, une vitesse de 1/1600 et l’ISO à 5000. Naturellement, le grain en souffre un peu mais il s’agissait d’un compromis pour capturer l’oiseau en vol.
Il commence à faire sombre et vous désirez une photo de la plus grande qualité possible.Vous décidez alors que l’ISO est l’élément déterminant pour votre photo. Vous ne faites aucun compromis et choisissez ISO 50 car il vous procurera un grain très petit (bruit minimal). Cela exige beaucoup de lumière, car plus l’ISO est bas et moins il est sensible à la lumière. Pour vous assurer que la photo ne sera pas floue, un trépied est absolument nécessaire, car le temps d’exposition sera long. Dans la photo ci-dessus, l’obturateur a été ouvert pendant 10 secondes, avec une ouverture de 9.0, une focale à 200 mm et 50 ISO. Il n’y a que les petites branches agitées par le vent qui sont floues.
Note: en général, il est préférable d’utiliser un trépied le plus souvent possible, même en plein jour, pour obtenir des photos de qualité optimale. Si vous achetez un trépied, il est préférable d’en acquérir un qui soit suffisamment lourd pour ne pas bouger lorsqu’il vente. Un trépied léger est bien plaisant à transporter mais ne permet pas d’obtenir de bons résultats quand le temps est venteux. Il est certain que la photo du Queen Mary ne serait pas aussi précise si un trépied léger avait été utilisé. Dans ce cas-ci, le temps d’ouverture de dix secondes aurait signifier que l’appareil-photo se fait secouer légèrement pendant toute la période de pose.
S’il n’y avait qu’un livre à lire pour en apprendre davantage sur les dessous du commerce maritime, ce serait « Ninety percent of everything », de Rose George. Le New York Times dit de ce livre qu’il garde continuellement l’intérêt du lecteur par son actualité et sa profondeur en pénétrant un monde vaste, périlleux et largement inconnu.
Ce livre contient de véritables révélations. L’auteure a été autorisée à monter à bord du Maersk Kendal, un navire porte-conteneurs, pour effectuer le voyage de Rotterdam vers Singapour, en passant par le canal de Suez. Le lecteur apprend donc ce qui se passe lors des opérations quotidiennes sur ces immenses navires. Mais il y a plus : du fait que le livre est extrêmement bien documenté, des rapprochements sont établis entre des faits marquants de l’histoire maritime et des évènements d’actualité.
Maersk est la plus grande compagnie du Danemark et ses ventes sont équivalentes à 20% du produit national brut du pays. La flotte de Maersk compte plus de 600 navires. Ses revenus en 2011 s’établissaient à 60 milliards de dollars, ce qui la place juste sous Microsoft.
Le commerce maritime s’est accru de 400% depuis 1970. Une majorité de navires (68%) voguent sous des pavillons de complaisance, tels que ceux du Panama ou du Liberia. Cela permet des réductions de taxes et l’embauche de travailleurs étrangers faiblement rémunérés. Les travailleurs sont également moins protégés car les lois d’un pays spécifique diffèrent de celles qui s’appliquent une fois les navires rendus en eau internationale. Les statistiques montrent que 2000 marins périssent en mer annuellement. Sur la liste noire des pavillons de complaisance : Corée du Nord, Lybie, Sierra Leone et Montenegro.
Selon l’International Transport Workers’Federation (ITF) [ma traduction] « l’industrie du commerce maritime et des pêches autorisent des abus incroyables contre les droits des marins et pêcheurs. Ces employés sont continuellement obligés de travailler dans des conditions qui ne seraient pas acceptées dans une société civilisée ». Un exemple frappant : une compagnie de Manille exige que des marins chercheurs d’emplois travaillent gratuitement pendant des mois avant de leur offrir un emploi. Il vaut la peine de lire ce livre, ne serait-ce que pour prendre connaissance de l’histoire que vécurent les marins du MV Philipp. Le propriétaire de ce navire, Vega Reederei en Allemagne, ne payait ses marins philippins que le tiers du salaire entendu.
Étant donné qu’un navire porte-conteneurs peut décharger et recharger des milliers de conteneurs en moins de 24 heures, l’équipage n’a plus le temps de quitter le bateau pour profiter des escales dans les différents pays comme cela se faisait autrefois. Un marin est confiné au bateau pendant des mois.
Il n’y a pas moyen de savoir véritablement ce qui se trouve dans les conteneurs. Les États-Unis reçoivent annuellement 17 millions de conteneurs et ne peuvent en inspecter physiquement que 5%. En Europe, le pourcentage se situe entre 1 et 3%. Il est clair que ce moyen de transport est donc favorisé pour le trafic d’armes, de drogues et d’humains. Des armes illégales sont régulièrement envoyées en pièces détachées, à travers plusieurs conteneurs, et réassemblées une fois à destination.
Lorsqu’un navire porte-conteneurs passe par le canal de Suez ou de Panama, il n’y a plus de repos autorisé pour le personnel. Le capitaine peut être en éveil jusqu’à 36 heures d’affilée. Le canal de Suez est surnommé Marlboro Canal à cause des paquets de cigarettes remis aux douaniers, à la police, aux gardes de sécurité et divers autres représentants officiels pour éviter que le bateau ne soit immobilisé pour les raisons les plus invraisemblables. Les frais de transit, quant à eux, avoisinent $300,000 pour un navire de la taille du Maersk Kendal.
Le lecteur trouve également dans le livre des détails étonnants concernant le naufrage de plusieurs navires, dont le Danny FII et le Erika. Il prend connaissance des obligations devant être respectées par les compagnies lorsqu’un accident maritime survient. Les organismes et conventions dictant ces procédures sont UNCLOS, SOLAS et MARPOL.
L’Organisation Maritime Internationale (IMO) considère que le transport maritime contribue de façon relativement faible aux émissions atmosphériques. Cependant, si on considère ce commerce à l’échelle mondiale, il vient alors en tête des émetteurs de gaz à effet de serre. Les quinze plus gros navires ont été la cause, en 2009, d’une pollution égale à 760 millions de voitures. Il est intéressant de noter que 70% de la pollution se situe en-dedans de 250 miles des côtes où se trouvent les routes les plus fréquentées par les bateaux. À Los Angeles, la moitié de tout le smog causé par le dioxyde de souffre provient des bateaux.
Une section du livre porte sur le piratage en mer. Encore ici, Rose George y va d’informations extrêmement pertinentes. Elle explique quelles sont les proies les plus faciles pour les pirates Somaliens et Yéménites et signale que la cargaison n’offre pas d’intérêt véritable pour les pirates. Ils ne désirent que la rançon. Le chapitre traite de l’aventure du Maersk Alabama, du piratage récent du MV Golden Blessing, du corridor international de transit recommandé (IRTC) le long de la côte du Yémen, de la protection obtenue par le EU-NAVFOR, des comportements des pirates une fois à bord des navires et des effets sur l’équipage, avant et pendant les longues négociations.
Elle divulgue des détails étonnants quant aux façons de procéder pour les négociations lors des situations de K&R (Kidnap and ransom). Les négociateurs, travaillant souvent à partir de Londres, connaissent les habitudes et exigences particulières des pirates ou ravisseurs de chaque région problématique, que ce soit au niveau des montants demandés ou du temps requis pour mettre fin à une crise. Résoudre une crise trop rapidement fait augmenter les enchères. Si un propriétaire accepte de payer un fort montant dans un court délai, là encore les sommes demandées vont augmenter. Les négociateurs respectent donc les barèmes établis.
Il y a tant de sujets intéressants dans ce livre. Ainsi, le lecteur pourra également en apprendre davantage sur l’aide offerte par de rares volontaires envers des marins dans le besoin, lors de certaines escales. Il est également possible de s’informer sur la pollution par le bruit dans les océans, une pollution en augmentation et qui affecte grandement les mammifères marins. De même, une section très intéressante couvre les sauvetages en mer et les prouesses des marins de la marine marchande en période de conflit.
Bref, un livre que je recommande vivement. Vous ne pourrez plus voir passer un navire porte-conteneurs sans penser à «Ninety percent of everything».