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Kayak de mer à l’île d’Orléans

Kayaks de mer  Saint-Laurent-de-l'Île d'Orlans 2023
Kayaks de mer Saint-Laurent-de-l’Île d’Orlans 2023

Dimanche 24 septembre 2023, la compagnie Quatre Natures   organisait un cours certifi de kayak de mer niveau 1 sur le fleuve Saint-Laurent, partir de l’île d’Orlans. L’inscription se faisant longtemps d’avance, on devait avoir un peu de chance lors de l’activit, car elle aurait lieu autant par beau temps que par mto pourrie.

Je tente donc ma chance. Heureusement, une journe incroyable attend les six tudiants en cette fin de septembre : plein soleil et une vingtaine de degrs Celsius. Comment doit-on se vêtir pour les circonstances ? On sait que la temprature du corps humain est de 37 degrs Celsius. Le kayakiste additionne la temprature de l’eau et celle de l’air et compare le total la temprature du corps humain. Le fleuve tant cette journe-l 18 degrs et l’air autour de 20 degrs, cela donne un total de 38. Ce chiffre tant lgèrement suprieur la temprature normale du corps, on peut porter des vêtements usuels pour les activits dans l’eau, et non pas une combinaison isothermique

L’avant-midi sert couvrir la thorie. Personne ne met un pied dans l’eau. L’instructeur discute de ce que le kayakiste doit obligatoirement avoir bord, de la qualit relative des diffrents quipements, de la prparation, des communications et frquences radio, de la scurit et de la prvention de l’hypothermie, etc.

Activit de kayak de mer  l'île d'Orlans (crdit photo Vadym Kravchenko)
Activit de kayak de mer l’île d’Orlans (crdit photo Vadym Kravchenko)

Après le dîner, on place d’abord les kayaks sur le gazon puis on apprend le vocabulaire reli chaque partie du kayak. Par la suite, l’tudiant s’installe dans l’embarcation et se familiarise avec les ajustements des cale-pieds du kayak, la façon de tenir la pagaie, l’installation de la jupette, etc. On apporte ensuite les embarcations sur la rive et la pratique du kayaking dbute.

Tout d’abord, on apprend les manœuvres de base. Comment embarquer et dbarquer, la trajectoire que la pagaie doit suivre dans l’eau selon que l’on veut avancer, reculer, tourner. On discute de la position correcte du corps, des bras et des poignets sur la pagaie et de l’importance de la rotation du bassin pour forcer adquatement. On ralise rapidement l’influence des vents de côt sur le kayak, spcialement lorsqu’il n’a pas de drive ou de gouvernail.

On considère le fleuve comme tant de niveau 2 pour la pratique du kayak. Le courant est important et on compose avec des mares de trois mètres. Le vent autour de l’île est galement plus fort qu’ Qubec. Le pratiquant de niveau 1 est invit se trouver des endroits de niveau 1 pour prendre de l’exprience et de ne jamais partir seul cette tape de son apprentissage.

Pendant les exercices, on aperçoit au large les navires porte-conteneurs et les diffrents bateaux de plaisance. Les plus gros bâtiments gnèrent des vagues qui prennent entre cinq et dix minutes avant d’atteindre la rive. Lorsque celles-ci approchent, l’instructeur avertit les kayakistes novices de se tourner face l’onde, de façon limiter les effets sur l’embarcation.

Le porte-conteneurs Hapag_Lloyd Quebec Express et le porte-Conteneurs MSC Paola s'apprêtent  contourner l'Île d'Orlans.
Le porte-conteneurs Hapag_Lloyd Quebec Express et le porte-Conteneurs MSC Paola s’apprêtent contourner l’Île d’Orlans.
Le navire BBC Manila transporte des pales d'oliennes sur le fleuve St-Laurent près de Qubec
Le navire BBC Manila transporte des pales d’oliennes sur le fleuve St-Laurent près de Qubec

Puis viennent les manœuvres d’urgence : quelle est la procdure pour sortir d’un kayak qui vient de chavirer ? Comment aider quelqu’un qui a chavir ?

Je n’ai pas eu le temps de me rendre cette tape du cours. J’ai chavir avant. Je ne me rappelle pas comment j’ai fait pour m’extirper du kayak et revenir la surface, mais on ne parle pas ici d’une mthode approuve. Le cerveau dtecte immdiatement le danger et s’organise pour que le corps sorte du kayak et que la tête ne reste pas trop longtemps sous l’eau.

Dans les minutes qui suivent, l’instructeur nous enseigne comment s’effectue la sortie classique d’un kayak chavir. Nous travaillons par groupes de deux. Au niveau 1, il n’est pas encore question d’utiliser la pagaie pour forcer la rotation du kayak.

Pour obtenir la certification KDM 1, tous doivent se pencher de côt pour que le kayak se renverse. Une fois submerg, l’tudiant se penche vers l’avant, dcroche la jupette attache au kayak, tape lentement trois fois sur la coque du kayak pour signaler qu’il est en contrôle de ce qu’il fait. On veut viter les ractions imprvisibles. Il se pousse ensuite hors du kayak en plaçant ses mains la hauteur des hanches sur la hiloire. Dès sa sortie de l’eau, il doit absolument se tenir le long de son kayak, grâce la ligne de vie. Le tout ne prend que quelques secondes. Ici et l, on entend un peu tousser la sortie de l’eau, mais sans plus. Une bonne gorge de fleuve Saint-Laurent renforce le système immunitaire.

Vient ensuite la rcupration de la personne dans l’eau. Comme nous travaillons en quipe, le ou la kayakiste en difficult s’accroche au-devant de notre kayak et demeure l, le temps que l’on rattrape son kayak, le monte sur notre embarcation, le vide de son eau, le retourne et le positionne correctement.

Kayak de mer de niveau 1 avec Quatre Natures (crdit photo Quatre Natures)
Kayak de mer de niveau 1 avec Quatre Natures (crdit photo Quatre Natures)

La personne accroche au kayak lâche ensuite sa prise, et selon la mthode enseigne, grimpe nouveau dans son embarcation pendant qu’on la tient solidement. L’important ici est de conserver son centre de gravit le plus bas possible. Si la personne ne se presse pas et procède par tapes, l’opration est un succès tous les coups. 

Quelques autres exercices suivent et le retour s’effectue vers la plage de l’île d’Orlans quelques heures plus tard. Une fois tous les participants schs et rhabills chaudement, le cours se termine par quelques notions de mto, dont la ncessit de consulter les prvisions et les radars mtorologiques ainsi que de revenir rapidement au bord lorsqu’il y a prsence de cellules orageuses.

On survole galement le calcul de la mare (règle des 12) et la façon d’attacher un kayak sur un toit d’auto. Combien de points de fixations ? Quels sont les quipements disponibles pour faciliter la tâche ? Où doit-on passer les harnais pour viter de briser le kayak ? Etc.

La remise du certificat KDM 1 se fait environ huit neuf heures après le dbut du cours, selon l’valuation de l’instructeur. J’ai not que lors du retour la maison, dans la chaleur de la voiture, je n’avais vraiment pas envie de me presser sur la route. Mais on revient vite la ralit quand on voit la vitesse laquelle les autos arrivent derrière soi.

Activit de kayak de mer sur le St-Laurent près de Rivière-du-Loup.
Activit de kayak de mer sur le St-Laurent près de Rivière-du-Loup.

Bref, une journe bien remplie dont on se souvient!

Cliquez sur le lien pour des photos de Qubec et de l’île d’Orlans en automne sur mon blogue.

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Histoires vécues comme spécialiste en information de vol (FSS): Iqaluit FSS

Iqaluit FSS et les pilotes bien endormis

Avion de ligne et cumulonimbus
Avion de ligne et cumulonimbus

Au dbut des annes ‘90,  alors que je suis en poste la station d’information de vol de Transports Canada Iqaluit et responsable des communications radio HF permettant le suivi des vols transocaniques, je reçois un appel d’un contrôleur des services de la circulation arienne qui me demande de tenter de rejoindre un gros porteur d’une compagnie internationale europenne.

Leurs pilotes ont pass 60 degrs Ouest sans communiquer avec l’Islande et il devient ncessaire de s’assurer que le temps de passage pour 70 degrs Ouest et l’altitude de l’aronef sont toujours valides.

Je tente de communiquer avec l’quipage en utilisant tous les moyens ma disposition, dont l’utilisation du système SELCAL, cens gnrer une alarme bord de l’appareil. Rien n’y fait. D’autres aronefs de grandes compagnies volant dans les parages sont mis contribution, en tentant des appels sur les frquences VHF d’urgence. Toujours aucune nouvelle.

Puis soudainement, environ une heure après que les pilotes auraient dû donner signe de vie, je reçois finalement une rponse mes appels continus. J’annonce l’quipage que tous les efforts ont t faits pour tenter de les rejoindre, mais sans succès. J’en profite pour leur demander immdiatement un rapport de position et une estimation pour le prochain point de compte-rendu obligatoire. D’une voix calme, le pilote me rpond qu’il ne sait pas pourquoi je n’ai pas reçu ses appels et il prpare immdiatement un rapport de position en bonne et due forme.

Il est trange qu’en cette journe où la rception HF est excellente, et où toutes les compagnies communiquent avec Iqaluit FSS sans aucun problème, cette compagnie arienne ait pu maintenir le silence pour une priode aussi longue.

Le rapport de position nous est transmis, et il devient vident qu’il s’agit de la plus pure improvisation. Si l’on en croit les donnes qui nous sont maintenant transmises, cet aronef russira parcourir 400 miles nautiques dans les prochaines dix minutes. Ce qui quivaut traverser une grande partie du Canada en une heure peine.

J’avise le pilote de refaire ses calculs puisque visiblement il n’a aucune ide de l’endroit où il se trouve. Il me revient avec de nouveaux chiffres, tout fait diffrents, et qui fonctionnent cette fois.

Je devine dsormais que dans la tranquillit de ce vol transatlantique, le sommeil a gagn l’quipage et le pilote automatique s’est charg de garder l’avion en vol pendant que l’quipage roupillait. Rveills ventuellement par les multiples appels, l’quipage n’a pas tenu compte du dplacement de l’aronef pendant cette heure où les pilotes dormaient et, soucieux de ne pas se faire prendre en dfaut, a transmis rapidement des calculs totalement errons.

L’histoire se termine tout de même de belle façon, puisque l’quipage, dsormais repos, a par la suite fourni les informations exactes lors des rapports de position subsquents, permettant de continuer le vol de façon scuritaire jusqu’ la destination.

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Histoires vécues comme spécialiste en information de vol (FSS): Rouyn-Noranda FSS

Les pilotes : du meilleur et du pire.

Octobre 1984. Les vacances annuelles sont arrives. La Floride est prvue au programme. Ce qui rend le voyage plus intressant, c’est que l’astronaute canadien Marc Garneau doit bientôt dcoller de la Floride bord de la navette spatiale Challenger et devenir ainsi le premier astronaute canadien avoir effectu une mission dans l’espace.

L'astronaute canadien Marc Garneau (range du haut, extrême droite) et les astronautes amricains choisis par la Nasa pour la mission 41-G avec la navette spatiale Challenger (de gauche  droite et de bas en haut: Jon A.McBride, Sally K. Ride, Kathryn D. Sullivan, David C. Leestma, Paul D.Scully-Power, Robert L. Crippen, Marc Garneau) sur carte postale aviation.
L’astronaute canadien Marc Garneau (range du haut, extrême droite) et les astronautes amricains choisis par la Nasa pour la mission 41-G avec la navette spatiale Challenger (de gauche droite et de bas en haut: Jon A.McBride, Sally K. Ride, Kathryn D. Sullivan, David C. Leestma, Paul D.Scully-Power, Robert L. Crippen, Marc Garneau) sur carte postale aviation.

Les billets d’avion sont achets et une journe durant le voyage sera rserve au dcollage. J’en profite pour tenter de prendre une photo partir de la plage de Cocoa Beach. Le dcollage aura lieu au petit matin, alors qu’il fait encore très sombre.

L’appareil-photo Pentax est rudimentaire et tous les rglages doivent être faits la main. L’ouverture et la vitesse d’obturation sont ajustes pour assurer une photo bien balance. Mais je ne me doute pas encore que la combustion des gaz illuminera un ciel alors très noir. Je crois, comme beaucoup de gens, que j’entendrai les rugissements des moteurs en guise d’avertissement que le dcollage vient d’avoir lieu.

Mais, la vitesse de la lumière tant plus grande que la vitesse du son, un grand changement s’effectue soudain dans la luminosit ambiante. J’ai peine le temps d’ajuster un peu les rglages de mon appareil photo que dj la navette vient d’entrer dans les nuages. Mais il reste tout de même une petite photo de l’ambiance en souvenir…

Navette Challenger au dcollage en 1984, avec Marc Garneau  bord
Navette Challenger au dcollage en 1984, avec Marc Garneau bord

Je venais d’assister un spectacle incroyable. Je savais qu’il y avait bord des pilotes au talent exceptionnel.

Cependant, deux mois auparavant, alors que j’tais en poste la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada Rouyn-Noranda (CYUY), j’avais assist un autre genre de performance. Une journe où j’coutais une frquence qui n’est pas normalement utilise pour les communications entre les pilotes et les services de la circulation arienne, j’ai entendu deux pilotes s’changer les questions et rponses de plusieurs examens crits servant russir une licence de pilote de ligne. Les commentaires des deux pilotes donnaient penser qu’ils seraient bien chanceux s’ils russissaient un tel examen.

J’ai pris le microphone et, sans me nommer, suis intervenu comme troisième interlocuteur-surprise. J’ai demand un des pilotes de rpter la question et la rponse qu’il venait de donner parce que je n’avais pas eu le temps de la copier.

Les deux pilotes ont t sidrs de raliser que d’autres personnes les coutaient s’changer les questions d’examen. Un des deux s’est exclam : « T’as entendu ça? » Ils ont tout de suite mis fin leur communication radio. Le simple fait d’utiliser des frquences radio pour des activits de cet ordre en disait long sur leur jugement. Et le jugement est une qualit essentielle de tout bon pilote…

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Histoires vécues en tant que FSS à Rouyn-Noranda

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Histoires vécues comme spécialiste en information de vol (FSS): Rouyn-Noranda FSS

Le Cessna 172 qui traînait un bloc de ciment de 100 kilos à Rouyn-Noranda.

Spcialiste en information de vol (FSS) au travail  Rouyn-Noranda vers 1986
Spcialiste en information de vol (FSS) au travail Rouyn-Noranda vers 1986

Durant une belle journe d’t de juillet l’aroport de Rouyn-Noranda (CYUY), un pilote d’un aroclub local contacte la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada pour obtenir les informations relatives un dcollage. Il volera avec un Cessna 172. Il obtient les dtails et commence circuler vers la piste. Je note rapidement que l’aronef semble traîner derrière lui un objet. L’utilisation des jumelles confirme la prsence d’un bloc de ciment d’une centaine de kilos attach par une corde, bloc qui sert normalement immobiliser l’avion après chaque vol.

Avion Cessna C172 C-GUCU  Rouyn-Noranda vers 1986
Avion Cessna C172 C-GUCU Rouyn-Noranda vers 1986

Il apparaît clair que le pilote n’a pas fait l’inspection de son avion avant de dmarrer le moteur, procdure obligatoire pour noter toutes anomalies. Traîner ce bloc de ciment sur l’asphalte doit certainement ncessiter plus de puissance de la part du moteur. Je demande au pilote : « Ne trouvez-vous pas qu’aujourd’hui il vous faut plus de puissance pour circuler? » Il me rpond qu’en effet il a not le besoin d’augmenter les rvolutions du moteur et que cela est probablement dû la grande chaleur et l’humidit.

Sans plus attendre, je lui rponds : « Avez-vous fait votre inspection avant-vol pour vous assurer que tout tait correct? » L, de toute vidence, il comprend que quelque chose cloche. Il immobilise l’aronef sur la voie de circulation, sort de l’appareil et constate l’norme bourde qu’il vient de commettre. Sans rien dire de compromettant sur les ondes puisqu’il sait que les communications radio sont enregistres, il m’annonce qu’il retourne l’aroclub parce qu’il a « oubli quelque chose »…

Le poste de travail de l’ancienne station d’information de vol de Transports Canada Rouyn-Noranda ne permettait qu’une vue partielle de la piste 08/26, mais une vue complète de la voie de circulation où se trouvait le Cessna 172 alors qu’il traînait son bloc de ciment.

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Histoires vécues en tant que FSS à Rouyn-Noranda

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Histoires vécues comme spécialiste en information de vol (FSS): Inukjuak FSS

Dans le doute, vaux mieux l’action que l’inaction.

(Histoire prcdente: en route vers la première mutation, Inukjuak)

La piste en sable mou d'Inukjuak, en 1982, et un Twin Otter d'Austin Airways quip de pneus ballons.
La piste en sable mou d’Inukjuak, en 1982, et un Twin Otter d’Austin Airways quip de pneus ballons.

Durant les premières journes où je travaille comme spcialiste en information de vol (FSS) pour Transports Canada la station d’information de vol d’Inukjuak (CYPH), en 1982, je reçois un appel radio provenant d’un bimoteur Beech 200. Le pilote de l’aronef immatricul aux Etats-Unis signale qu’il dsire atterrir Inukjuak pour une courte escale. Plusieurs passagers sont bord. Je lui donne donc les informations ncessaires et suis sa progression vers l’aroport, travers les communications radios subsquentes.

On tient pour acquis qu’un pilote voulant atterrir sur un aroport s’est inform au pralable de la longueur et de l’orientation de la piste, de même que de sa constitution (ciment, asphalte, gravier, gazon, sable). Ce sont des informations absolument essentielles, au même titre que de s’assurer qu’il y a suffisamment de carburant bord de l’aronef. Cela fait la diffrence entre un accident et un atterrissage russi. Le Beech 200 n’est pourtant pas l’appareil indiqu pour Inukjuak, avec sa piste en sable mou.

J’hsite lui demander s’il est au courant des caractristiques de la piste d’Inukjuak, parce que c’est une information qui est tellement lmentaire. Par contre, je n’ai aucune exprience comme spcialiste en information de vol et considère inimaginable que dès les premiers jours d’une nouvelle carrière, j’aie affaire un pilote qui n’a pas pris le temps de se prparer et va bientôt mettre sa vie et la vie de ses passagers en danger.

Mais si ce pilote est responsable de ce type d’avion, c’est qu’il a tout de même des centaines, sinon des milliers d’heures de vol son actif. Si je le questionne sur ses connaissances des caractristiques de la piste d’Inukjuak, j’aurais l’impression de lui dire que sa prparation n’est pas adquate, ou encore que l’avion est trop gros pour ses capacits.

L’aronef est maintenant en finale pour la piste, quelques miles de distance. N’y tenant plus, je pose la question fatidique : « Êtes-vous au courant que vous vous prparez atterrir sur une piste de 2000 pieds en sable mou? » Je m’attends recevoir un commentaire assez sec, mais le pilote me rpond, tout mollement : « OK, on va faire une approche manque et on va aller atterrir ailleurs. Est-ce que Kuujjuarapik est adquat? » Je rponds par l’affirmative et, dans les secondes suivantes, peux entendre l’appareil remettre les gaz et survoler la piste basse altitude.

À partir de cette journe, et pour les dcennies suivantes, je me suis promis de ne jamais rien tenir pour acquis. Dans le doute, vaux mieux l’action que l’inaction…

(Prochaine histoire: une visite la station d’information de vol d’Inukjuak (1982))

Pour lire les autres histoires vcues en tant que FSS Inukjuak, cliquez sur le lien suivant: Spcialiste en information de vol (FSS) Inukjuak

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Histoires vécues en tant que pilote et FSS: apprentissage du pilotage

Le vol de St-Jean-sur-Richelieu, Québec, vers Edmonton, Alberta, en 1981

(Histoire prcdente: des cellules orageuses imprvues)

Je me retrouvai donc aux commandes d’un Cessna 170B (roue de queue) sur un vol travers le Canada, de St-Jean-sur-Richelieu, Qubec vers Edmonton, Alberta. Je pilotais l’appareil en compagnie du propritaire qui, lui, n’avait pas encore termin son cours de pilote priv. L’avion volait bien, mais datait de 1952 et ne possdait absolument aucun instrument de navigation arienne, pas même un VOR ou un ADF. Et l’ère du GPS portatif n’tait pas encore arrive.

Quatorze cartes VFR 1:500, 000 couvrant le vol prvu furent plies, colles et numrotes. Je traçai les trajectoires prvues sur chaque carte, avec des points de repère spars de 10 miles entre eux. Cela faciliterait le suivi de notre progression, faute d’quipement de navigation. La prparation effectue, le dcollage se fit par une belle journe d’t de 1981.

Cartes VFR 1:500,000 ayant servies  la prparation et au suivi du vol vers Edmonton, Canada, en 1981
Cartes VFR 1:500,000 ayant servies la prparation et au suivi du vol vers Edmonton, Canada, en 1981

Il y eut des escales Gatineau, North Bay, Sudbury et Wawa.

Courte pause  Sudbury lors du vol VFR vers Edmonton en 1981
Courte pause Sudbury lors du vol VFR vers Edmonton en 1981

Par la suite, le tour du lac Suprieur fut effectu et les prochains points d’tape se succdèrent, via Thunder Bay et Fort Frances. Au-dessus des grandes tendues boises, sans aucun repère important, il fallait corriger la prcession gyroscopique frquemment de façon ne pas trop s’loigner de la trajectoire prvue. Parfois, lorsque cela facilitait la navigation, nous suivions une voie ferre, et d’autres moments des routes principales. Par endroit, les vents soufflaient tellement fort de l’ouest que notre dplacement par rapport au sol tait plus lent que celui des voitures.

De Fort Frances vers Kenora en 1981, en Cessna C170B
De Fort Frances vers Kenora en 1981, en Cessna C170B

La trajectoire suivie nous tenait volontairement l’cart des zones de trafic arien important. Nous avions choisi de voler au nord de la rgion de contrôle terminale de Winnipeg, vitant ainsi d’avoir trop changer avec le contrôle arien dans un anglais incertain au moyen d’une radio encore moins performante.

Cette option nous amena devoir traverser le lac Winnipeg, dans sa portion sud. Nous avions l’altitude requise pour être distance de vol plan du littoral, en cas de panne moteur. Cependant, la masse d’air froid au-dessus du lac nous faisait perdre graduellement plusieurs milliers de pieds, et ce, même si nous utilisions la puissance maximale. La descente non dsire se termina finalement, mais il fallait maintenant que le moteur tienne bon, sinon nous ne pourrions plus viter un amerrissage…

Traverse du lac Winnipeg avec un Cessna C170B en 1981
Traverse du lac Winnipeg avec un Cessna C170B en 1981

Près de Lundar au Manitoba, les vieux cadrans de l’appareil indiquèrent une perte importante de carburant. Le plein avait pourtant t effectu rcemment. Par mesure de scurit, il fallait poser l’avion sur la piste la plus proche, mais les vents de côt excdaient fortement les capacits de l’appareil. Une tentative fut tout de même effectue avec pour rsultat que seule la roue gauche accepta le contact avec le bitume. Dès que la roue droite entrait galement en contact avec la piste, l’avion se remettait voler.

Un champ tout près fut donc choisi pour effectuer un atterrissage de prcaution, histoire de vrifier l’tat du carburant. Un survol basse altitude fut effectu au-dessus des vaches et fils lectriques, et l’avion se posa sans problème une vitesse sol n’excdant pas 15 nœuds. Dans son pick-up rouge, un fermier vint nous rejoindre afin d’offrir son aide. Après avoir vrifi que les rservoirs taient pratiquement pleins et n’avaient besoin que de quelques litres d’essence, il tait temps de continuer le voyage. Les aiguilles des jauges essence ne seraient plus dsormais d’aucune utilit…

Atterrissage dans un champ de Lundar au Manitoba, en 1981, avec un Cessna C170B.
Atterrissage dans un champ de Lundar au Manitoba, en 1981, avec un Cessna C170B.

Dauphin fut survol et peu de temps après nous disions au revoir au Manitoba. Bienvenue en Saskatchewan! Si nous devions connaître une panne de moteur au-dessus de terrains aussi uniformes, les risques de problèmes l’atterrissage seraient pratiquement inexistants.

Près de Yorkton, Saskatchewan, en vol avec un Cessna C170B en 1981
Près de Yorkton, Saskatchewan, en vol avec un Cessna C170B en 1981

La mto se dgrada lentement. Nous devions dsormais nous poser Watson, en Saskatchewan, sur la piste la plus proche.

La surface d’atterrissage tait constitue de terre boueuse et de gazon, le tout dlimit par des petits panneaux de bois peint en rouge. Dès le touch des roues, la boue sur les pneus claboussa l’appareil et vint se coller sous les ailes.

La piste de Watson, Saskatchewan, en 1981
La piste de Watson, Saskatchewan, en 1981
Le motel King George  Watson, Saskatchewan en 1981
Le motel King George Watson, Saskatchewan en 1981

Finalement, le temps s’amliora et il fut possible de redcoller en direction de North Battleford, la dernière escale avant Edmonton. Le terrain en pente nous contraignit voler de plus en plus bas près d’Edmonton, sous un couvert de stratocumulus, limitant notre vision pour apercevoir l’avance le bon aroport parmi les trois disponibles (international, civil, militaire). Tout se passa bien quant au choix du bon aroport et de l’approche, mais on ne peut en dire autant des communications radio. Le son qui sortait du vieux haut-parleur tait pourri et l’anglais parl par le contrôleur beaucoup trop rapide pour notre niveau de comprhension. La combinaison de ces deux facteurs obligea le contrôleur rpter plus d’une fois ses instructions jusqu’ ce qu’il se dcide finalement ralentir le rythme et que nous puissions lui dire officiellement : « Roger! »

Après un court sjour Edmonton vint le moment du vol de retour vers St-Jean. Celui-ci se fit beaucoup plus facilement et rapidement, car les vents de l’ouest poussaient l’appareil. La vitesse-sol tait parfois le double de ce que nous avions russi obtenir lors de notre voyage vers Edmonton. Le trajet nous aura finalement pris vingt-cinq heures l’aller et dix-huit au retour.

Cessna C170B en vol au-dessus du Canada, t 1981.
Cessna C170B en vol au-dessus du Canada, t 1981.
En monte vers 9,500 pieds lors du retour vers St-Jean-sur-Richelieu, en 1981.
En monte vers 9,500 pieds lors du retour vers St-Jean-sur-Richelieu, en 1981.
VFR "on top" avec un Cessna C170B en 1981 au-dessus du Canada
VFR « on top » avec un Cessna C170B en 1981 au-dessus du Canada

Au-dessus de North Bay, le temps est idal. Mais nous devrons atterrir Ottawa en attendant que des cellules orageuses s’loignent de Montral et de St-Jean-sur-Richelieu. Après un grand total de quarante-trois heures de vol, le vieux Cessna 170B tait de nouveau pos St-Jean-sur-Richelieu.

(Prochaine histoire: la licence d’instructeur de vol)

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Histoires vécues en tant que pilote et FSS: apprentissage du pilotage

Vol de nuit accidentel à St-Jean-sur-Richelieu

(Histoire prddente: la licence de pilote priv)

Note: pour cette histoire vcue, tant donn que je n’avais pas de camra bord de l’aronef lors du vol de 1980, j’ai reproduit l’exprience sur un simulateur, en utilisant un Piper Cherokee, faute de pouvoir mettre la main sur un Grumman Cheetah.

Peu après l’obtention de ma licence de pilote priv, en 1980, on m’avait demand d’aller chercher un appareil stationn Earlton (CYXR) en Ontario, soit trois cents milles marins au nord-ouest de St-Jean-sur-Richelieu, et de le ramener St-Jean. Pour y aller, j’tais en compagnie d’un pilote d’exprience et nous avions donc quitt ensemble bord d’un monomoteur de type Grumman Cheetah (AA-5A). Pour le retour, chacun pilotait un avion, et nous nous suivions. Mon compagnon ouvrait la voie avec son appareil car il avait avec lui toutes les cartes de navigation VFR ncessaires et s’occupait de la route suivre jusqu’ St-Jean. Tout ce qu’il me demandait tait de le suivre.

Un beau dbut de soire au-dessus du parc de la Vrendrye.
Un beau dbut de soire au-dessus du parc de la Vrendrye.

En chemin, nous avions dû contourner un front froid et cela avait retard notre arrive pour St-Jean. Dès le dbut du voyage, on m’avait assur que nous arriverions avant la noirceur. Il me semblait maintenant que ce serait un peu juste.

Mon compagnon avait acclr lgèrement, de façon battre la nuit de vitesse. Les minutes passaient et deux constats s’imposaient : premièrement, le coucher de soleil tait magnifique. Deuxièmement, je n’avais pas mon annotation de vol de nuit. Ce coucher de soleil signifiait qu’il restait environ trente minutes avant la noirceur totale.

Je lui avais demand, via la radio, s’il croyait toujours que nous atteindrions St-Jean dans les dlais prvus. Il estimait dsormais que nous serions la limite.

Je m’tais inform de l’existence possible d’un bouton qui permettrait d’clairer les instruments la nuit. Le bouton ayant t trouv, les instruments avaient soudainement pris une couleur rosâtre. Il fallait maintenant connaître les instruments essentiels pour un vol de nuit. Il en avait nomm quelques-uns.

La nuit tombe sur la Rserve du parc de La Vrendrye.
La nuit tombe sur la Rserve du parc de La Vrendrye.

Les minutes passant, la pnombre s’tait installe. Il nous serait dsormais impossible de battre la nuit de vitesse, car nous n’avions pas encore travers la zone de contrôle de l’aroport international  Pierre-Elliott Trudeau de Montral.

En approchant de Montral, je tentais de communiquer avec mon compagnon, mais il ne rpondait plus.Le seul repère de navigation disponible dans cette nuit naissante tait le petit phare rotatif rouge situ sur la queue de son appareil. Etrangement, son intensit s’affaiblissait graduellement. Mon compagnon s’loignait, son appareil tant plus rapide que le mien.

Montral du haut des airs, la nuit, en monomoteur.
Montral en vue. C’est la première fois que je vois Montral du haut des airs la nuit. Je ne pensais pas que ce serait en pilotant un avion sans avoir une annotation de nuit.

J’avais augment la puissance et appauvri le mlange pour gagner quelques nœuds, tout en me concentrant sur le petit point rouge qui pourrait me diriger vers St-Jean-sur-Richelieu. Je n’tais pas trop content de ma performance. J’aurais dû insist dès le dbut pour avoir une copie des documents de navigation. Mais le vol paraissait si simple. Leçon apprise.

Nous passions maintenant travers la zone de contrôle de l’aroport international de Montral. Dans la nuit, les lumières stroboscopiques des gros appareils taient visibles, sur les approches l’atterrissage ou lors des dcollages. En abusant un peu du moteur, j’avais peu peu diminu la distance me sparant de mon compagnon. Je ne faisais que le suivre dans le plus grand silence, faute de documents qui fourniraient les frquences VHF locales utiliser.

Le feu clignotant rouge qui me prcdait au loin s’tait soudainement mis perdre de l’altitude dans la nuit. Nous devions approcher de St-Jean puisque la descente venait de commencer. Mon compagnon communiquait certainement avec la tour de contrôle pour annoncer ses intentions. Pourquoi ne pas en profiter pour lui demander des conseils sur la façon d’atterrir de nuit? La rponse avait t courte et hsitante, car il savait que les communications radio taient enregistres. Tout ce qu’il avait pu trouver rpondre tait: « Je ne sais pas trop quelles informations te donner, prends ton temps. » Le contrôleur arien avait entendu cela et s’tait empress de m’offrir la prsence des services d’urgence, une offre que j’avais poliment dcliner.

Un pilote d’hydravion en vol dans le secteur avait entendu la communication et dit au contrôleur : « Dites-lui d’allumer son phare d’atterrissage ». Je lui avais rpondu que ce dernier tait brûl. Cela avait t constat dès le dcollage de St-Jean, mais ça ne devait pas poser de problème puisque nous devions voler de jour seulement.

La première tape en vue d’un atterrissage exige de se situer par rapport l’aroport et aux trois pistes. Quand on n’a jamais vol de nuit, le spectacle est diffrent et demande un ajustement. Une fois la piste en service (piste 11) reconnue, tout ce qu’il me restait donc faire tait d’imaginer que l’instructeur qui m’avait form tait assis côt de moi. Il exigerait les bonnes positions dans le circuit, les bonnes hauteurs en fonction des diffrentes tapes, les bonnes vitesses et les degrs de volets appropris pour finalement terminer avec un angle d’approche adquat.

Tout ce que je savais du vol de nuit, l’poque, se rsumait un seul aspect minemment pratique : il y avait un bois au dbut de la piste 11 et je ne voulais pas arriver trop bas et accrocher le sommet d’arbres invisibles dans la nuit. Toutefois, arriver trop haut au-dessus du seuil de piste signifierait que les roues toucheraient trop loin après le seuil et que la longueur de piste restante serait insuffisante pour immobiliser l’avion de la façon idale, c’est–dire en un seul morceau.

En finale, bien que mon attention tait entièrement rserve aux procdures, je sentais tout de même que le rythme de mes battements de cœur tait plus rapide. En courte finale, tout s’tait pass rapidement. L’avion avait survol le bois, la piste s’tait rapproche rapidement et les deux roues du train principal avaient touch la piste dlicatement. Le freinage s’tait fait immdiatement et tout tait dsormais termin.

L’essentiel tait rgl. J’avais par la suite demand au contrôleur arien de me guider sur les voies de circulation jusqu’ l’aroclub. Il en avait finalement profit pour demander, un sourire dans la voix : « Est-ce que tu vas le suivre ton cours de vol de nuit?»!.

(Prochaine histoire: Atterrissage de nuit sur une patinoire).

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