Le roman graphique « Un tournage en enfer : au cœur d’Apocalypse Now » nous plonge au centre de la cration du fameux film de Francis Ford Coppola port l’cran en 1979. Comme le signale le ralisateur, « […] nous tions dans la jungle. Nous tions trop nombreux. Nous avions accès trop d’argent et de matriel, et, peu peu, nous sommes tous devenus fous… ».
Cela avait mal commenc. Dès le dbut, le ralisateur ne peut convaincre des acteurs bien connus de s’impliquer dans son film. Tour tour, des comdiens comme Jack Nicholson, Al Pacino, Robert Redford et James Caan refusent de s’associer l’aventure. Coppola poursuit ses recherches et les entrevues.
En tant que lecteurs, nous pntrons sur les lieux de production et recevons les confidences des proches du cinaste. Le tournage commence dans la jungle des Philippines, même si Coppola n’a encore aucune ide du scnario de la fin de son œuvre. Cela le hantera tout au long de la ralisation, lui causant des nuits blanches alors qu’il est dj passablement puis.
Les dpassements de coûts s’enchaînent et la pression des bailleurs de fonds s’accroît toujours davantage sur le metteur en scène. On lui demande de boucler son œuvre cinmatographique au plus tôt, ce qu’il s’avère incapable d’accomplir. Coppola en vient garantir les fonds requis en s’engageant rembourser lui-même la dette si les recettes en salle n’atteignent pas $40 millions de dollars.
De plus, on a tenu pour acquis que le gouvernement amricain fournirait les hlicoptères de combat ncessaires l’action du film. Mais, au lendemain de la guerre du Vietnam, l’intrêt des politiciens amricains pour ce genre de demande diminue. Le ralisateur doit se tourner vers le prsident des Philippines d’alors, Ferdinand Marcos, pour obtenir des hlicos et du personnel, moyennant certaines rtributions et compensations. Mais ces appareils quittent parfois la scène sur ordre de Marcos pour aller chasser les ennemis du rgime. On prend encore du retard…
On a pens qu’Harvey Keitel serait le comdien idal pour donner la rplique Robert Duvall. De nombreuses squences plus tard, l’vidence apparaît : l’homme ne fait pas le poids pour plusieurs raisons. On court la catastrophe et on doit d’urgence contacter Martin Sheen et le supplier de remplacer Keitel. On doit reprendre de multiples scènes avec le nouvel acteur, les retards s’accumulent, et donc les frais associs.
Toutes sortes d’autres embûches attendent le ralisateur et son quipe tout au long du tournage, dont la barrière de langue avec les Philippins et une tempête qui dtruit le dcor. L’usage gnralis de drogues et d’alcool par le personnel et les pilotes d’hlicoptères n’aide en rien la situation.
Les moustiques, la chaleur et les exigences constantes de Coppola puisent des acteurs. Martin Sheen tombe gravement malade et on doit employer son frère pour certaines scènes secondaires. Plutôt que de n’utiliser que des figurants pour simuler des morts, un membre du personnel se rend la morgue et revient avec un cadavre. Cela provoque l’arrive des forces policières et on règle le problème avec de gnreuses sommes d’argent.
Bien d’autres facteurs viennent encore retarder la clôture du tournage et en augmenter les coûts. Il faut citer en exemple les exigences de Marlon Brando. On russit le ramener sur le plateau de tournage pour une journe supplmentaire, condition de dbourser 70 000 $ de plus que prvu.
Le tournage se termine finalement en 1977. L’quipe affrète un avion priv pour transporter 381 kilomètres de pellicule originale vers les Etats-Unis. Le montage du film s’avère cependant un calvaire. On dispose de trop de matriel analyser. En 2001, Coppola prsentera une mouture modifie de sa production originale de 1979. Il livrera enfin en 2019 une dernière version de 182 minutes, Apocalype Now « Final cut » , soit plus de quarante ans après la sortie initiale.
Les recettes rencontreront les esprances du ralisateur et il gagnera finalement son pari. En tout, le film aura gnr $140 millions partir d’un budget total de $30 millions.
Le roman graphique « La disparition de Josef Mengele » constitue une très belle surprise pour moi, autant au niveau du scnario que du graphisme. Tous ceux qui s’intressent aux histoires vcues dvoreront ce bouquin tant il reprsente une mine d’or d’informations tonnantes sur la vie, ou plutôt la survie, du criminel nazi en Amrique Latine.
Qui lui fournit l’argent dont il a besoin ? Comment assure-t-il sa protection ? Mène-t-il une vie de pacha ? Comment se comporte-t-il l’tranger ? Sa rflexion sur les races connaît-elle un semblant d’volution ou demeure-t-elle sclrose ? Pourquoi l’Argentine favorise-t-elle la venue de ces assassins en fuite ?
Pour la population en gnral, il y a deux catgories de criminels nationaux-socialistes: la première concerne les noms les plus mdiatiss lors du tribunal de Nuremberg. La deuxième implique les criminels nazis qui se sont enfuis l’tranger, grâce des soutiens politiques ou familiaux. Josef Mengele fait partie des deux groupes. Il se terre en Amrique latine et sait que plusieurs organisations le recherchent srieusement, dont le Mossad isralien.
Comment demeure-t-il en libert sur une si longue priode? On comprend vite que le Mossad ne se concentre pas seulement sur les criminels nazis en fuite. Le bouquin nous prsente quelques autres priorits pour l’agence, dont une très urgente : l’limination d’anciens scientifiques allemands qui travaillent en Egypte crer des armes dchets radioactifs destins dtruire Israël. Les services secrets doivent choisir entre Mengele, une menace passe, ou un danger plus immdiat. Les ressources des agences de renseignement tant limites, ces dernières doivent s’ajuster et parer au plus pressant.
Des nazis se fondent dans le nouveau gouvernement allemand de l’poque.
Il y a cependant une troisième catgorie dont la population n’a que très peu entendu parler et dont on discute galement dans le roman graphique : il s’agit de nazis qui ont rintgr le nouveau gouvernement allemand quelques annes après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, les puissances allies de l’poque que sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Union sovitique administrent les zones d’occupation du territoire allemand après la Seconde Guerre mondiale. Mais les tensions entre l’Est et l’Ouest s’accroissent rapidement. On s’accuse mutuellement d’expansionnisme imprialiste ou communiste.
Pour offrir une rsistance mieux organise face l’Union sovitique, on doit rapidement redonner l’Allemagne son autonomie. Les anciens nazis possèdent une exprience de gouvernance tout de suite disponible.
Si les Allis adoptent la position tranche d’empêcher les nazis d’atteindre des fonctions essentielles dans l’appareil public de la future Rpublique de Bonn, on doit alors trouver et former des personnes sans ou avec peu d’exprience pour remplir les tâches plus complexes. Le temps manque autant que la volont d’aller au fond des choses.
De très nombreux nazis dnichent donc du travail au sein d’organismes du gouvernement. De fil en aiguille, certains de ces anciens nazis recycls en agents de l’Etat feront partie des cercles rapprochs qui protgeront les criminels de guerre les plus importants enfuis l’tranger. Josef Mengele tire profit de ce support en haut lieu.
Mais plusieurs autres Allemands, galement haut placs, agiront dans le sens contraire, en tentant de dbusquer les plus grands criminels, au risque de leur propre sant et scurit. Une de ces personnes nous est prsente dans le livre : Fritz Bauer. Cet homme contacte le Mossad avec des informations qui mènent ventuellement la capture d’Adolf Eichmann. Ce dernier subit son procès en Israël et connaît sa sentence : la pendaison.
Mengele lit les journaux et se doute bien que sa fin ressemblera celle d’Eichmann. Le roman graphique l’expose comme un animal traqu, qui parle tout seul. Il loigne par ses propos racistes et passistes les gens qui pourraient le plus l’aider dans les dernières annes de sa vie. Il dprit lentement et meurt sur une plage du Brsil en 1979. Mais on ne l’apprend officiellement qu’en 1985.
Le livre couvre une priode de plusieurs dcennies. On y trouve notamment un bref rsum des actions de Mengele comme mdecin Auschwitz. Il n’est pas seul, même s’il demeure le plus connu pour la population. En effet, de très nombreux adjoints scientifiques effectuent des expriences sur les humains, dont un deviendra recteur l’universit de Münster après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les auteurs mentionnent au passage cette ide d’un quatrième Reich poursuivie par Mengele et ses semblables. Bref, le lecteur ne s’ennuie pas avec ce roman graphique très habilement construit.
Lorsqu’ils entendent le nom de Mohammed Ben Salmane (MBS), la plupart des gens ne ragissent pas, faute de pouvoir l’associer quoi que ce soit. Si on leur dit que c’est lui qui a fait dcouper un journaliste en petits morceaux et mis dans des sacs poubelle dans l’ambassade d’Arabie Saoudite en Turquie, cela rsonne davantage.
Le roman graphique « MBS — L’enfant terrible d’Arabie Saoudite » nous prsente la vie de ce dirigeant implacable qui tente de tisser des liens avec les grandes puissances. En ngociant son appui avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde ou la France, il cherche positionner son pays comme un joueur majeur sur l’chiquier mondial.
Le livre constitue galement une première approche très intressante de l’histoire de l’Arabie Saoudite, spcialement en ce qui a trait la famille Saoud et son règne. On ralise l’importance des alliances et des manœuvres radicales pour atteindre un jour le pouvoir suprême.
La stabilit intrieure et de la rgion demeure une priorit de tous les instants pour MBS. Il doit mnager la chèvre et le chou sur plusieurs plans. Même s’il dsire moderniser la socit et plaire la jeunesse, il doit en même temps viter de trop mcontenter les religieux Wahhabites. Ces derniers bnficient d’un prestige ancestral et possèdent une influence marque sur la façon dont le peuple se comporte et rflchit.
Quant la façon d’imposer ses ides, MBS n’a rien invent. Comme la plupart des dirigeants des grands pays de ce monde, il a appris utiliser les mdias et ne mnage aucune dpense pour obtenir les rsultats escompts.
Les patrons des organismes de renseignements et de nouvelles connaissent très bien les limites l’intrieur desquelles ils peuvent oprer. Vous ne verrez pas de photos des conjointes ni d’articles qui permettraient d’clairer la population sur la vie nocturne du leader et de ses amis.
Ce roman graphique conserve l’intrêt en intercalant des anecdotes surprenantes et des informations pertinentes accessibles tous. Comme on peut le lire au verso du bouquin « Ce prince ambitieux se trouve être notre alli au Moyen-Orient : ptrole, lutte antiterroriste, paix isralo-arabe, vente d’armes… nous avons besoin de lui. Mais quel sera le prix payer ? »
Il est toujours fascinant de se plonger dans la lecture d’un livre qui emprunte une nouvelle route, qui s’attaque un sujet n’ayant pas t dvelopp auparavant. Si en plus il s’agit d’un sujet portant sur un fait vcu et de surcroît sur un territoire très peu connu de la majorit des gens, l’intrêt est maximis.
Le livre « Les alpinistes de Staline » nous prsente la vie de deux alpinistes russes exceptionnels, Vitali et Evgueni Abalakov, qui eurent affronter la fois les blizzards et autres conditions mtorologiques extrêmes des plus hautes montagnes de l’ex-URSS en même temps que la politique radicale stalinienne. C’est une tude du comportement humain dans un contexte extrêmement difficile.
Même si les frères Abalakov, hros nationaux, risquèrent leur vie dans cet environnement arctique pour porter les bustes de Lnine et Staline vers les plus hauts sommets des montagnes sovitiques, cela ne leur pargna pas les horreurs d’un rgime stalinien qui luttait contre l’instabilit politique en dsignant des coupables de conspiration et d’espionnage au hasard. Vitali Abalakov copa ainsi de multiples annes d’emprisonnement et de camp de travail et s’en sortit de justesse lorsque Staline passa finalement l’arme gauche.
Voici de courts extraits du livre pour vous donner une ide du ton du livre : « La montagne (comme tout le reste) n’a jamais t aussi politise et l’on pourrait en rire, ne seraient quelques dramatiques anecdotes. Leste d’un buste de Staline, une corde fait face dans ces annes-l une tempête tenace sur les pentes de l’Elbrouz. Voil un grand dilemme : s’allger du poids de la statuette ou bien s’en encombrer au pril de sa vie? Les alpinistes dcident d’un commun accord d’abandonner provisoirement le fardeau (pardon, le grand « Staline »). Ils se promettent nanmoins de le rcuprer la prochaine accalmie et d’achever comme il se doit la mission. Le buste est solidement arrim et l’endroit minutieusement balis. La corde redescend se mettre l’abri. Elle cope de dix ans de camp. » (p.238).
« Autre fait divers, sur ce même Elbrouz, lors d’une [escalade] hivernale glaciale. Parvenu au sommet, un valeureux commissaire politique ôte ses gants afin de mieux extraire un buste de Lnine de son sac dos. Les tempratures sont proprement arctiques et, le temps qu’il fixe le moulage ftiche au plus près du ciel, les doigts de l’encart au Parti se vident de leur sang. Dans les heures qui suivent, les engelures colonisent les chairs. Il en est quitte pour des amputations une fois revenu dans la valle ». (p.238-239)
Si vous en avez temporairement assez d’entendre parler de Trump et du Covid-19, filez le temps de quelques heures vers les montagnes de l’ex-URSS tout en en apprenant sur la vie des Russes durant l’ère stalinienne. À la lecture du livre, vous comprendrez mieux ce qu’il y a d’tonnant ce qu’une partie de la population russe actuelle idolâtre de nouveau le communisme sous le gouvernement autoritaire de Staline. L’histoire est condamne se rpter quand on nglige les actes criminels associs un rgime en idalisant le pass. Et cela ne s’applique pas seulement la Russie, mais tous les pays.
L’agent double du roman « Le sympathisant » est un homme seul que rien ne va dtourner de son idal politique, un peu comme pour le soldat japonais Hiro Onada que l’on retrouve dans un autre excellent livre intitul « Au nom du Japon ».
« Le sympathisant » est un voyage entre le Saïgon de 1975 et la côte ouest-amricaine des annes » 80. Le roman dcrit la vie d’un agent double dans la rgion où il est n, l’Indochine coloniale, puis plus tard dans la nouvelle existence qu’il s’est recre aux Etats-Unis. Cet homme de l’ombre, en qui son gnral de l’arme du Sud Vietnam a parfaitement confiance, transmet par messages cods des informations aux communistes du Nord Vietnam.
L’intrêt du roman tient la façon dont l’auteur prsente les propos et penses du personnage principal. Cet agent double anonyme est un parfait analyste du monde dans lequel il vit et n’hsite pas une seconde commenter ses observations avec une grande acuit et aussi, parfois, avec un minimum de diplomatie. Les thèmes graves autant que l’humour et le cynisme ont souvent leur place, au grand plaisir du lecteur. En voici quelques passages :
« […] les mêmes hommes qui ricanent l’ide que les licornes puissent exister croiront dur comme fer, les larmes aux yeux, dans l’existence d’une espèce encore plus rare, plus mythique, qu’on ne trouve que dans les ports les plus reculs ou dans les recoins sombres et cachs des tavernes les plus sordides : je veux parler de la fameuse prostitue au cœur d’or. Je puis vous assurer que si les prostitues ont quelque chose en or, ce n’est pas leur cœur. Que certains puissent ne pas le croire est un hommage aux grandes comdiennes. » (p.56-57)
« Je note simplement que l’apparition de prostitues indigènes au service de soldats trangers est une consquence invitable de toute guerre d’occupation, un de ces vilains petits effets collatraux de la dfense de la libert, que les femmes, sœurs, fiances, mères, pasteurs et politiciens du fin fond de l’Amrique font tous mine d’ignorer, derrière leurs murs de sourires lustrs, en accueillant leurs soldats de retour au pays, prêts soigner n’importe quelle maladie honteuse avec la pnicilline de la bont amricaine. » (p.57-58)
« Il avait clou un beau tapis oriental au mur, dfaut, je suppose, d’un Oriental tout court. » (p.88)
« Une fois capturs, ces subversifs avaient une seule destination, mais nombreux taient les chemins dsagrables pour y parvenir. » (p.111)
« C’tait l qu’tait n le criminel de guerre Richard Nixon, et l que rsidait John Wayne, un coin si frocement patriote que je pensais que l’agent orange avait t fabriqu ici, ou en tout cas baptis en son honneur. » (p.126)
« Il parlait la bouche pleine et ouverte, envoyait de temps en temps un bout de riz sur ma joue, sur mes cils, ou dans mon propre bol, et mangeait avec un tel bonheur que je ne pus m’empêcher d’prouver tendresse et piti devant tant d’innocence. » (p.129)
« J’avais cru, naïvement, pouvoir dtourner l’organisme hollywoodien de son objectif, la lobotomisation et le dtroussement simultans des spectateurs du monde entier. » (p.177)
« […] des pages centrales voquaient les rcents meurtres non lucids de dissidents politiques et leurs corps cribls de balles jets en pleine rue. Dans une situation troublante de ce genre, tous les corps cribls mènent un cribleur en chef, le dictateur. » (p.197)
« La mission d’un espion n’est pas de se cacher l où personne ne peut le voir, puisque lui-même ne pourra rien voir non plus. La mission d’un espion est de se cacher l où tout le monde peut le voir et où il peut tout voir. » (p.227)
« […] et un Blanc, grand et mince, portant un costume bleu pastel, une cravate motifs cachemires aussi paisse qu’Elvis Presley et une chemise couleur de l’urine après un repas d’asperges. » (p.258)
« Dans les ngociations, comme dans les interrogatoires, le mensonge tait non seulement acceptable, mais attendu. » (p.262)
« Elle m’insulta si copieusement, et avec une telle inventivit verbale, que je dus consulter autant ma montre que mon dictionnaire. » (p.292)
« Les journalistes sont toujours gênants quand ils sont indpendants. » (p.296)
« Je vais vous dire quel est mon rêve amricain, dit-il en tenant le micro avec une dlicatesse qu’on rserverait un bâton de dynamite ». (p.302)
« Dehors s’tendrait un immense green de golf consommant plus d’eau qu’une mtropole du tiers-monde, et des quatuors de banquiers virils y pratiqueraient ce sport dont la maîtrise exigeait la fois la force brutale, et guerrière, requise pour viscrer les syndicats et toute la finesse ncessaire une bonne vasion fiscale. » (p.319)
« J’avais devant moi plusieurs spcimens reprsentatifs de la crature la plus dangereuse de tous les temps : le Blanc en costume-cravate ». (p.320)
Cliquez sur le lien pour d’autres romans sur mon blogue.
Il s’agit d’une nouvelle traduction de l’allemand du livre de Stefan Zweig par la traductrice renomme Françoise Wuilmart. Cette nouvelle traduction tait devenue ncessaire pour plusieurs raisons. D’abord, le traducteur initial du nom de Alzir Hella a fait le travail initial il y a près de soixante ans et il n’avait justement pas de formation de traducteur.
Le rsultat, bien que correct, ne respectait pas complètement l’criture de Stefan Zweig. La traductrice signale que lorsqu’il arrive Zweig d’utiliser quatre adjectifs dans une phrase, Alzir Hella dcide de n’en garder qu’un seul. Quand l’auteur est imprcis dans son criture, M. Hella ajoute une explication. Comme le dit encore Françoise Wuilmart, en s’adressant Alzir Hella : « […] il vous arrive de confondre l’Egypte et la Perse, ou, plus grave dans un rcit de navigation, l’est et l’ouest. Enfin, Zweig clôture souvent un paragraphe ou un chapitre par une considration philosophique ou par un lan lyrique qui se rpand sur plusieurs lignes. Vous les vacuez purement et simplement, et j’ai l’impression que vous n’y voyez que d’inutiles fariboles qui ralentissent le flux de la narration. » (p.9)
Selon Françoise Wuilmart, le Zweig de Alzir Hella est « un journaliste viril la voix autoritaire ». Elle prfère rendre l’auteur sa grande sensibilit et en profite pour adapter la traduction notre poque.
Le rsultat du travail de Françoise Wuilmart est vraiment superbe. C’est un livre qu’on ne veut pas fermer tant il est intressant. Zweig donne un vritable cours d’histoire et sait comment conserver notre attention chaque page. Le lecteur navigue sur les mers avec l’quipage, vit les privations, les angoisses, les magouilles, les erreurs et les succès et, en permanence, la lutte pour la survie : « Quant aux biscuits qui sont, avec les poissons qu’ils attrapent, leur seule pitance, ils se sont transforms depuis belle lurette en une poudre grise et sale où pullulent les vers, de surcroît empeste par les excrments des rats qui, devenus fous eux-mêmes, se ruent sur les quelques misrables miettes parses […] ». (p.250)
Les considrations philosophiques ajoutes par Zweig ajoutent encore la profondeur du texte et en font plus qu’un rcit de voyage. Je cite en exemple certains des propos de Zweig qui s’appliquent bien d’autres situations qu’au premier tour du monde effectu par le Portugais Magellan :
« La prsence d’esprit et l’nergie d’une figure de second plan dcident souvent du cours de l’histoire. » (p.55)
« L’histoire n’a jamais vu une seule grande victoire rassasier un vainqueur. » (p.66)
« Une vrit suprême peut toujours naître de l’erreur la plus grossière dès lors qu’un gnie ou le hasard s’en mêlent. Dans le domaine scientifique, des centaines et des milliers d’inventions importantes sont le fruit d’hypothèses errones. » (p.99)
« Dans la mmoire des grands exploits, le monde prfère toujours se focaliser sur les instants dramatiques ou pittoresques qui synthtisent les hauts faits du hros : Csar traversant le Rubicon, Napolon au pont d’Arcole. L’effet pervers en sera que les annes prparatoires, la lente gestation spirituelle, la patiente progression de l’organisation d’un fait historique, demeurent dans l’ombre. » (p.125)
« C’est la somme de tous les obstacles surmonts qui donne la mesure vritable, exacte de l’exploit et de l’humain qui l’a accompli. » (p.128)
« On sait d’exprience que le nationalisme est une corde que la main la plus maladroite sait faire vibrer sans trop de peine quand il le faut. » (p.132)
« Il est toujours plus facile d’exciter les masses, et même tout un peuple, que de les apaiser. » (p.133)
« C’est son comportement dans les moments dcisifs que l’on reconnaît le mieux le caractère d’un homme et c’est l’heure du danger que sa force et ses facults caches se manifestent. » (p.173)
« […] Après une victoire totale, les dictateurs ont moins de peine reconnaître leurs droits d’autres humains, et après avoir assur leur pouvoir, il leur est plus facile de leur laisser la parole. » (p.234)
« Le monde ne rcompense jamais que le dernier de la srie, celui qui a la chance d’achever une œuvre, et oublie tous ceux qui l’ont conçue et permise avec leur esprit et leur sang. » (p.331)
« Magellan a prouv tout jamais qu’une ide anime par le gnie et rsolument porte par la passion s’avère plus forte que tous les lments runis, et qu’un seul homme, malgr son passage phmère sur terre, est toujours capable de transformer en ralit et en vrit imprissable ce qui n’tait qu’une utopie pour des centaines de gnrations. » (p.340)
Le titre est une traduction de l’anglais « Airline Pilots Special 747 Flight Committee ».
Je me suis procur ce pli premier jour il y a trente ans. Il n’avait pas vraiment de valeur montaire mais certainement une valeur historique pour quiconque s’intresse l’aviation et l’histoire de la poste arienne.
Suite de nombreux dtournements d’avions dans diffrents pays, des dtournements qui auraient facilement pu être vits, les pilotes en eurent assez de cette situation et dcidèrent de prendre les choses en main. Les pilotes et politiciens ensemble firent en sorte de progressivement changer la situation.
Des lois internationales furent modifies et la scurit accrue, autant aux aroports que dans les avions.
Le site de l’OACI traitant de ce vol est en anglais. Voici tout de même une portion du texte, pour les personnes bilingues.
“The series of skyjacking incidents, several of them desperate and dramatic, was a great and particular concern for the Air Line Pilots Association (ALPA, Member of IFALPA, the largest airline pilot union in the world representing pilots from U.S. and Canadian airlines); ALPA sought an innovative step and an extraordinarily direct method to intensively lobby influential politicians from all over the world, as the fundamental problem in advancing a solution to the skyjacking problem laid in the realm of politics. A Boeing 747 sponsored by ALPA was rented from Pan Am and nearly 300 United Nations personnel flew on Saturday 6 November 1971 on a short international flight from New York to Montral, being the home of ICAO; the aircraft was piloted by Captain Stanley L. Doepke of Pan Am. More than 30 crewmembers who had been skyjacked placed these world political leaders in a controlled and dramatic situation where they could hear their stories. All the international politicians from the UN General Assembly who accepted ALPA’s hospitality on the Montral excursion went home vowing immediate action by their countries. A special first day cover was issued to commemorate this unique event and a medal was given to the UN Delegates. More information on this issue can be obtained by clicking on the following link: Hijacked Pilots Urge UN Action.
However, even with these two new Conventions signed in 1971, the issue on sanctions was not sufficiently addressed and a few terrorist actions early in 1972 gave rise to grave concern and threat to the safety of civil aviation; it was felt that perpetrators of such acts were not or not appropriately brought to justice. Because governments had failed to deal adequately with such hijacking, the International Federation of Airline Pilots’ Associations (IFALPA) called for a world-wide 24-hour shutdown of services by pilots on 19 June 1972. The United States pressed in the ICAO Council for rapid action to complete the work on a convention which would provide for sanctions against states that did not punish hijackers. The ICAO Council adopted on 19 June 1972 a Resolution which directed the Legal Committee to convene immediately a special Subcommittee to work on the preparation of an international convention to look at this issue of sanctions.”
Le slogan politique de Donald Trump « Make America great again » (rendre l’Amrique sa grandeur) ne fait aucun sens lorsqu’analys en fonction de ses paroles et actions.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si votre plateforme politique ne prsente pas un plan d’action dtaill pour la population. Des formules faciles telles que « Regardez-moi cette foule! », « Nous allons construire un mur! » et « J’aurais bien aim lui casser la gueule! » ne sont pas des promesses pour un futur glorieux.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si vos ides conomiques impliquent d’isoler les Etats-Unis de ses partenaires commerciaux de longue date. Les Etats-Unis ont cr 255,000 emplois dans le seul mois de juillet (2016). Pour un pays qui, selon Trump, cède tout l’avantage de ses partenaires commerciaux, cela semble un peu contradictoire. Une plateforme populiste n’aidera pas les Amricains grandir et comprendre comment fonctionnent les affaires.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en accroissant les tensions entre groupes ethniques l’intrieur des Etats-Unis.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en mentant constamment. Plusieurs dclarations de Trump se sont avres mensongères.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si les quelques propositions gnrales que vous mettez de l’avant se contredisent entre elles. Donald Trump promet d’abaisser le dficit amricain (23 trillions de dollars) et, du même coup, rpète qu’il dpensera des milliards et des milliards de dollars pour remettre jour la capacit militaire du pays. Ceci est totalement contradictoire et implique que la population amricaine devra payer pour les nouvelles dpenses en même temps qu’elle absorbe les fortes compressions budgtaires. Etant donn que les riches Amricains ne veulent pas payer davantage, et que les Amricains les plus pauvres sont peine capables de survivre, cela implique qu’une classe moyenne en train de disparaître s’occupera de rgler la note. Cela ne rendra pas l’Amrique sa grandeur, mais crera plutôt la crise interne la plus grave qui ait jamais frapp les Etats-Unis.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en tant impoli et brusque, en insultant et vous moquant de quiconque ne partage pas vos ides. Cette attitude n’aide pas rendre l’Amrique sa grandeur.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en tant condescendant envers les prisonniers de guerre. Pendant que certains Amricains taient faits prisonniers de guerre, Donald Trump profitait d’une vie confortable dans la scurit de sa demeure.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en abaissant le dbat politique un niveau jamais atteint auparavant.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en considrant que la dictature est synonyme de leadership. Vu sous cet angle, Hitler serait un grand leader et nous connaissons tous les consquences de ses actions. Offrez la prsidence un go gigantesque et hors de contrôle et les Amricains, autant que le reste du monde, en paieront le prix.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en ridiculisant le Mexique, un voisin extrêmement important. Ce pays est un partenaire commercial majeur des Etats-Unis et a galement une culture fantastique, pour quiconque est suffisamment curieux pour ouvrir un bouquin et s’instruire sur le sujet. Mais cela prend de la curiosit et le sentiment qu’il y a d’autres personnes importantes sur cette planète autre que soi-même.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si les candidats rpublicains la vice-prsidence et la prsidence se contredisent l’un et l’autre sur des sujets très importants la tlvision nationale, et si le candidat la vice-prsidence se retrouve incapable de dfendre les positions du candidat la prsidence.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si le candidat rpublicain la prsidence ne comprend pas les consquences qui dcoulent d’une attitude nationaliste populiste. Les Allemands sont passs travers cette exprience dans le pass. J’ai inclus un vido qu’il vaut vraiment la peine d’couter jusqu’au bout :
Esprons que le ressentiment actuel exprim envers l’afflux de plus d’un million de rfugis accepts rcemment en Allemagne ne favorisera pas la monte de l’extrême droite et une rptition des erreurs du pass.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en gouvernant par la peur. Cela n’offre pas un futur prometteur. Vous avez alors une population qui a besoin de plusieurs armes feu par personne pour pouvoir se sentir en scurit et bien dormir la nuit.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si vous poussez la population s’armer plus que tout autre pays dans le monde. Les tueries entre Amricains placent le pays en première position pour la violence dans le monde. Vous pouvez redonner de la grandeur l’Amrique en rduisant le nombre d’armes en circulation et en augmentant le contrôle quant l’acquisition de ces armes.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur si vous ne comprenez pas bien, en tant que prsident, ce qui se passe rellement en Syrie en 2016. Rsumer la situation de façon simpliste ne fait qu’augmenter la confusion. En Syrie, il y a des crimes de guerre qui sont perptrs. La population civile et les hôpitaux sont dlibrment bombards pour protger et amliorer les positions stratgiques militaires.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en disant qu’Hillary Clinton sera envoye en prison si vous devenez prsident des Etats-Unis. Ceci se fait sous les rgimes autoritaires autour de la planète et ne constitue en rien une promesse qui aidera amliorer la crdibilit des Etats-Unis dans le monde libre.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en dstabilisant les allis de l’OTAN ou en disant que vous utiliseriez la bombe nuclaire contre l’Europe si cela tait ncessaire.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en promettant que vous mettrez de l’avant des rformes sur les impôts des socits qui feront en sorte que cela nuise vos propres entreprises. Quelqu’un qui s’est battu pour maintenir ses hôtels et casinos en vie ne changera pas soudainement d’ide une fois lu prsident des Etats-Unis. Il ne mettra pas en place des mesures qui mettront en danger ce qu’il a pris tant de temps sauvegarder. Cela ne fait pas de sens. La personne qui est la mieux place pour modifier une loi qui risque de nuire des entreprises est celle qui ne possède pas elle-même ces entreprises.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en lisant quelqu’un qui dteste les frquents breffages. Être prsident des Etats-Unis requiert d’être disponible, intress et capable d’couter les multiples breffages quotidiens. Vous devez avoir la personnalit pour accepter cela, même si vous voudriez plutôt être ailleurs.
Vous ne pouvez pas rendre l’Amrique sa grandeur en demeurant silencieux sur la façon de diminuer de façon raliste les diffrences de revenus entre Amricains. Je ne parle pas d’galit de revenus, mais d’une diminution des extrêmes entre riches et pauvres. Cela aiderait certainement remettre de l’avant le « rêve amricain », abaisserait les tensions sociales et le taux de criminalit et donnerait davantage de sens au slogan « Redonner l’Amrique sa grandeur… ». Mais nous n’en sommes pas encore l…
Cliquez sur le lien pour d’autres articles sur des sujets controverss sur mon blogue.
Les dbats politiques tlviss de 2016 sur CNN entre Hillary Clinton et Donald Trump ont mis de l’avant le racisme aux Etats-Unis. La ville de Chicago y a t mentionne, car elle dtient le record national pour le nombre de morts violentes. Le livre « Histoire de Chicago » permet, entre autres, de mieux comprendre ce qui alimente les ingalits sociales entre Noirs et Blancs depuis la cration de cette ville.
Le lecteur comprend que ce ne sont pas les dficiences culturelles qui sont la base des problèmes, mais plutôt le racisme institutionnalis et les choix conomiques des diffrentes administrations municipales.
La ville s’est construite avec en toile de fond la couleur de la peau qui dtermine le type d’emploi que quelqu’un peut occuper. Eventuellement, même la planification urbaine a t pense de sorte que les Blancs et les Noirs soient spars : le mur artificiel que constitue la Dan Ryan Expressway ou le Dearborn Park en sont de bons exemples.
En 2016, les sondages montrent, de façon surprenante, un appui très important au candidat rpublicain la prsidence des Etats-Unis, Donald Trump. Trump connaît bien Chicago et il y a fait construire sa « Trump Tower ».
Le candidat du Parti rpublicain reprend dans sa plateforme politique certains des lments qui ont fait la popularit et le succès de la famille Daley qui a rgn sur Chicago durant des dcennies : l’exploitation de la peur entre les groupes ethniques pour bâtir et maintenir un pouvoir politique, l’ide de construire un mur et l’utilisation de la torture comme solutions simplistes des problèmes complexes.
Ce populisme plaît une certaine classe d’lecteurs amricains qui sont très facilement effrays par les diffrences entre les gens et les cultures.
Bref « Histoire de Chicago » est un livre qui est toujours d’actualit et dont les auteurs ne craignent pas de soulever des sujets politiquement dlicats.
Chicago
Chicago devint un territoire des Etats-Unis avec le trait de Paris en 1783. Il s’en suivit une appropriation des terres des Indiens au moyen des manœuvres les plus diverses, dont la signature de contrats alors que les autochtones taient ivres. Vers 1830, après l’loignement dfinitif des Indiens, la fièvre spculative commença.
Le rail
À partir des annes 1860, Chicago fit en sorte de devenir le centre travers lequel s’arrêtaient les grandes compagnies ferroviaires du pays. La ville se dveloppa très rapidement. Les passagers, le btail, les crales et autres marchandises devaient dsormais transiter par Chicago. La ville dpendait du train pour croître et les compagnies de train dpendaient de Chicago pour être profitables.
L’accroissement rapide de la population de Chicago fut essentiellement dû la migration en provenance de l’Europe (Irlandais, Allemands, Polonais, Italiens). La dynamique changeante et souvent violente entre tous les groupes ethniques prsents Chicago est vraiment bien dtaille dans le livre.
Les grands magasins
Un peu avant 1900, on assiste la cration des grands magasins, avec la possibilit de commander par catalogue et payer par crdit. De nouvelles catgories d’employs et de gestionnaires s’ajoutent au monde ouvrier et aident former la classe moyenne.
L’immigration des Noirs vers Chicago
À partir de 1910, l’immigration des Noirs en provenance du sud des Etats-Unis augmente. Chicago tait une ville abolitionniste. Cela ne veut pas dire qu’elle tait en faveur de l’galit raciale, mais plutôt contre l’esclavage. En fait, Chicago est progressivement devenue la ville la plus sgrgue des Etats-Unis.
Les Noirs arrivaient en masse en provenance du sud des Etats-Unis, non pas seulement pour des raisons conomiques, mais galement pour chapper la violence raciale et la sgrgation qui svissaient dans de nombreux Etats. Bien que loin d’être idale, la situation Chicago tait meilleure que dans le sud du pays.
La Première Guerre mondiale rduisit de façon importante le nombre d’immigrants en provenance de l’Europe. Cela constitua un srieux problème pour une ville qui recevait de nombreux contrats militaires et avait besoin d’un très grand nombre d’employs pour ses diffrentes usines. Cela favorisa galement la « grande migration », « c’est–dire l’intensification spectaculaire de la migration des Afro-Amricains vers les grands centres urbains du Nord-Est et du Middle West […] » (p.143)
Les abattoirs de Chicago
Chicago tait reconnue pour le nombre très lev de ses abattoirs, et en particulier les abattoirs de porc. La senteur et la pollution occasionnes par cette activit taient pouvantables. Des laboratoires de chimie permettaient l’utilisation de toutes les parties de l’animal. À ce sujet, l’crivain Georges Duhamel disait dans son livre : À Chicago, « on utilise tout, sauf le cri des porcs » (p.63).
Les travailleurs noirs n’avaient pas le droit de travailler dans l’industrie sidrurgique de Chicago et devaient se contenter des abattoirs où ils taient engags comme travailleurs manuels. Mais l encore, ils n’avaient pas accès des emplois qualifis.
La Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, Chicago tait en concurrence avec d’autres grandes villes amricaines pour obtenir de juteux contrats militaires. Elle ne mnagea pas ses efforts pour montrer son support au gouvernement amricain et elle finit par profiter de milliards de dollars pour la construction de tanks, tracteurs, torpilles, obus et avions (dont le bombardier B -29).
Pour compenser le manque de main-d’œuvre, tant donn que beaucoup d’hommes s’taient enrôls en tant que volontaires et taient partis la guerre, les femmes entrèrent massivement sur le march du travail. Les employeurs y virent l’occasion d’augmenter les profits en rduisant le salaire des femmes, qui n’tait plus que 65 % de celui des hommes pour un travail comparable. Cela reprsente la façon dont les femmes ont t remercies pour leurs efforts et leur collaboration.
Transformation de l’conomie de Chicago
Chicago a vcu une profonde transformation durant les annes 70. L’ordre industriel s’est termin avec la fermeture des abattoirs en 1971, en même temps que les aciries approchaient aussi de leur fin. S’en est suivie une ouverture sur l’international et le dveloppement d’une nouvelle conomie base sur les services spcialiss tels que la finance, l’immobilier, l’assurance, le marketing, la publicit et les services juridiques.
Le maire de Chicago, Richard M. Daley, a favoris la venue d’une classe socioprofessionnelle de crateurs dans la ville (design, arts, musique, etc.) en traitant cette classe comme un autre « groupe ethnique » qui avait besoin d’un espace privilgi pour s’exprimer.
Le dveloppement des grands ensembles durant les annes 1960 -1970
Durant les annes 1960-1970, Chicago connaît une transformation importante de son paysage. On assiste de grands dveloppements (Magnificent Mile, Sandburgh Village, Marina City, Lake Point Tower, Dearborn Park) qui se concentrent dans les quartiers où vivent les Blancs, dans le nord de la ville. Le Chicago Tribune dit de Dearborn Park qu’il est « une forteresse rserve aux Blancs et destine protger le quartier financier contre les Noirs ».
L’administration Daley doit lutter contre l’exode vers les banlieues et favorise alors la construction de gratte-ciels pour conserver les Blancs dans le centre-ville et percevoir davantage de taxes foncières. Deux Bourses d’change sont cres, le Chicago Board of Trade (CBOT) et le Chicago Mercantile Exchange (CME). La cration de ces deux nouvelles Bourses et des grands ensembles ne changent en rien la dynamique entre Blancs et Noirs.
La sgrgation raciale
Bien que Martin Luther King ait t une figure dominante dans la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, les auteurs mentionnent que les Noirs de Chicago n’ont pas attendu un grand leader pour promouvoir leurs droits et qu’ils avaient dj commenc se mobiliser des annes plus tôt.
Les ides de Martin Luther King quant l’intgration des Noirs ne plaisaient pas tous les Noirs, spcialement les politiciens noirs de Chicago qui bnficiaient d’un traitement favorable de la machine Daley en favorisant le statu quo.
Le Chicago du maire Richard M. Daley connaissait beaucoup de succès. Pour se maintenir au pouvoir, la machine Daley « tablait sur le maintien de communauts spares et concurrentes » (p.322-323). La sparation entre Blancs et Noirs tait entretenue et planifie. Il y avait et il y a toujours deux Chicago.
Une autoroute, la Dan Ryan Expressway a même t positionne de façon crer un mur artificiel entre le quartier de Daley, Bridgeport et celui de la Black Belt : « C’tait l’obstacle le plus massif que la ville pouvait construire, dfaut de construire un mur, pour sparer le South Side blanc de la Black Belt » (p.259).
Le fonctionnement de la machine Daley
On ne peut pas parler de Chicago sans souligner l’importance de la machine politique de la famille Daley : « Par leur contrôle autoritaire de la “machine”, Richard J. Daley et son fils Richard M. Daley, chacun dans son propre style, ont domin la scène politique de Chicago pendant quarante-trois ans, entre 1955 et 2011.
Pendant cette priode qui vit le dveloppement puis le dclin du mouvement moderne des droits civiques, la ghettoïsation d’normes pans du West Side et du South Side, une vague massive d’immigration en provenance d’Amrique latine et la mtamorphose de la ville de gant de l’industrie en centre de l’conomie mondiale de services, c’est tout juste si Chicago a connu une seule lection municipale lgitime ou un seul vrai dbat au conseil municipal » (p.16)
Il y avait une corruption rampante et des budgets clandestins au sein de l’administration Daley. La Mairie attribuait en toute opacit des quartiers favoriss des sommes d’argent rserves aux quartiers dfavoriss.
« […] Tandis que les gros hommes d’affaires, les hommes de la pègre et tous ceux ayant des liens avec la famille Daley s’enrichissaient, les Noirs et les Latinos dmunis taient abattus aux coins des rues ou torturs dans des arrière-salles de commissariat » (p.394)
Les cabinets d’avocats et les entrepreneurs versaient d’normes sommes d’argent en change de contrats importants. La machine Daley ne manquait jamais d’argent.
Les tensions raciales et les politiques muscles de rpression du maire Daley
« Dès les annes 1930, Chicago tait devenu, selon l’historien Frank Donner “la capitale nationale de la rpression policière” » (p.321)
La migration noire dans les annes 1940 et 1950 effraie la population de Chicago qui se sent assige, ce qui augmente des tensions raciales dj prsentes et entretenues. Il devient plus facile d’accepter davantage de policiers que de logements sociaux.
Les tactiques muscles du maire Daley sont le plus videntes lors de la Convention dmocrate de 1968, alors que les policiers et 7000 soldats de la Garde nationale tombèrent « bras raccourcis sur la foule [de 10,000 jeunes manifestants] dans une explosion de violence aveugle ». (p.315).
L’exploitation des peurs raciales connaissait beaucoup de succès Chicago. Daley dfendait ses politiques en disant que « la plupart des gens s’inquitaient bien plus d’une meute des Noirs que d’un maire qui ordonne l’usage de la force ltale pour y mettre un terme et qu’ils se reconnaissaient bien moins dans des manifestants pacifistes que dans les policiers qui les frappaient coups de matraque ». (p.319)
La propagande des mdias et la police de la machine Daley taient efficaces pour convaincre les Noirs de ne pas changer l’ordre tabli. La torture tait pratique courante au commissariat de la zone 2 dans le South Side, entre 1972 et 1991.
L’arrive prochaine du Noir Harold Washington la mairie, durant les annes » 80, attisa encore davantage les craintes que tout change dans la façon de faire Chicago. Tout tait organis pour miner la candidature de Washington, mais il finit malgr tout par l’emporter, grâce au vote noir.
Il y avait beaucoup de mouvements politiques de gauche qui avaient chacun leurs objectifs et qui n’ont pas su s’unir sous une même bannière progressiste. Cela a laiss la marge de manœuvre ncessaire la machine Daley. Cette dernière travaillait en coopration avec les autorits fdrales pour organiser la rpression d’Etat.
Problèmes sociaux dans les quartiers dfavoriss
La canicule de 1995 fit 739 victimes Chicago. La prcarit sociale favorisa une augmentation du nombre de dcès, mais il fut plus simple de dterminer que les victimes de la chaleur taient responsables de leur sort.
Les Noirs et les Latinos croyaient et croient toujours que leurs problèmes d’coles et de quartiers proviennent de dficiences culturelles. En tentant de saisir la nature relle de leurs problèmes, ils ngligent les aspects du racisme soutenu et les choix conomiques des diffrentes administrations depuis la cration de la ville.
« Le recensement de 1980 indiqua que dix des seize quartiers les plus pauvres des Etats-Unis se trouvaient Chicago, dans la Black Belt, bien entendu » (p.334)
En 2002, Chicago tait la capitale amricaine des meurtres avec 647 victimes. En 2008-2009, la ville dtenait le record de meurtres d’lèves d’coles publiques lis des gangs.
Il existe aujourd’hui deux Chicago
Chicago profite aujourd’hui de l’existence de quartiers ethniques bien dfinis qui attirent les touristes en quête d’exotisme. Cependant, les politiques de sgrgation raciale en place ont fait en sorte d’isoler les quartiers Noirs et en 2016 Chicago a toujours la triste rputation d’être la capitale des homicides aux Etats-Unis.
« La situation de Chicago ressemble de plus en plus un scnario de science-fiction. Alors qu’une partie de la ville possède une capacit conomique qui la classe parmi les cinq premières du monde, l’autre partie est fige dans une situation d’austrit qui pourrait bien devenir irrversible » (p.443)
« The Psychopath Test » est un livre très intressant pour ceux qui veulent dmystifier ce qui se cache derrière le terme « psychopathe » ou « sociopathe ». L’auteur s’intresse galement aux approximations et drives lorsqu’il s’agit de diagnostiquer une maladie mentale chez un individu. Et, malgr le sujet très srieux, le tout est crit avec une pointe d’humour et de drision, l’auteur revenant souvent sur ses inscurits et nvroses.
Le thème de la psychopathie est celui qui porte le livre, mais les sujets traits couvrent un spectre assez large et sont tous intressants, sinon surprenants. De nombreux cas ayant t passablement mdiatiss sont rappels la mmoire, mais avec de nouveaux dtails permettant de mieux saisir le fond de chaque histoire.
Les erreurs de diagnostic
Le lecteur apprend avec tonnement combien il est facile de faire des erreurs dans le diagnostic d’une maladie mentale. De même, il y a plusieurs maladies mentales qui peuvent être attribues des individus aussitôt que leur comportement n’est pas considr comme tout fait standard. Comme ce qui est standard et acceptable varie au courant des annes et travers les diffrentes socits, il est alors vident que beaucoup de mauvais diagnostics sont poss.
Il est particulièrement dsolant de constater que des maladies mentales sont attribues de jeunes enfants alors que vritablement les symptômes de ces maladies sont connus pour ne devenir apparents qu’ l’adolescence ou l’âge adulte.
Feindre la folie pour viter une peine de prison n’est pas ncessairement avis…
L’auteur montre qu’une interprtation personnelle assez large, par les diffrents « spcialistes », des critères de vrification portant sur beaucoup de maladies mentales est susceptible d’envoyer un individu dans un institut psychiatrique où il sera lourdement mdicament pour une longue priode.
Une histoire particulièrement intressante est celle d’un homme qui a feint la folie après un crime violent pour viter d’être envoy en prison, pensant qu’il serait plac dans une institution psychiatrique où la vie est relativement agrable. On l’a plutôt laiss plus d’une dcennie l’hôpital psychiatrique de Broadmoor en Angleterre, un endroit où sont emprisonns les tueurs en srie et les pdophiles. La liste de Robert Hare, servant dterminer si une personne est psychopathe, lui a jou un bien mauvais tour puisque les « spcialistes » ont considr qu’il rencontrait la plupart des critères. Il a ensuite fallu qu’il se dbatte pendant des annes pour prouver qu’il tait victime d’erreurs d’interprtation…
Des sances de psychothrapies passablement bizarres
L’auteur survole galement quelques-uns des essais les plus bizarres pour tenter de gurir des patients, des expriences qui taient voues l’chec avant même de commencer. Par exemple, le lecteur prend connaissance de sances de psychothrapies où tous les patients taient nus et sous l’influence du LSD. Il y a galement eu des essais pour que ce soient les criminels qui tentent de se soigner entre eux : un voleur d’auto fut ainsi attach un meurtrier en srie qui avait tu trois enfants Toronto…
L’effet ngatif des psychopathes hautement placs dans la socit
L’auteur tente de vrifier, en se servant de la liste de Robert Hare, s’il est vrai que ce sont les psychopathes qui dirigent le monde. Il avoue son insuccès partiel catgoriser tous les dirigeants de la même façon. Cela semble bien raisonnable puisqu’il y aurait environ 1 % des gens qui sont psychopathes dans la socit et que cette proportion augmenterait 3 % chez les dirigeants de compagnie ou les politiciens. De 3 % 100 %, la barre tait place bien haut dès le dbut du livre.
L’auteur cite une de ses sources, Essi Viding, qui tudie les psychopathes : [ma traduction] « Les psychopathes ne changent pas. Ils n’apprennent pas suite une punition. Le mieux que vous pouvez esprer est qu’ils deviennent un jour trop âgs ou trop paresseux pour faire l’effort de commettre un acte criminel. Et ils peuvent être impressionnants, charismatiques. Les gens sont merveills. Donc, oui, les vrais problèmes commencent lorsqu’un de ces psychopathes russit monter dans l’chelle sociale. » (p.60)
Les psychopathes actifs sur les marchs boursiers peuvent être aussi dangereux que les psychopathes tueurs en srie. Comme le dit Robert Hare : « Les tueurs en srie dtruisent les familles. Les psychopathes corporatifs, politiques ou religieux dtruisent les conomies. Ils dtruisent les socits » (p.112)
Les vingt critères de la liste PCL-R de Robert Hare servant tablir si une personne est psychopathe
Voici donc, très sommairement, une numration des points de la liste de Robert Hare. Si une personne obtient environ 30 points sur 40, elle est considre comme psychopathe :
1. Charme superficiel 2. Sentiment dmesur de sa propre importance 3. Besoin de stimulation/s’ennuie facilement 4. Menteur pathologique 5. Manipulateur 6. Ne se sent pas coupable/n’a pas de remords 7. Incapacit de vivre une gamme d’motions 8. Impitoyable/insensible/manque d’empathie 9. Mode de vie parasitaire 10. Peu de contrôle sur son comportement 11. Comportement sexuel banalis 12. Problèmes de comportement dès le jeune âge 13. Manque de ralisme quant ses projets long terme 14. Impulsivit 15. Irresponsable 16. N’accepte pas de prendre la responsabilit pour ses propres actions 17. Plusieurs relations de couple de courte dure 18. Dlinquance juvnile 19. Rvocation d’une libration conditionnelle 20. Eventail assez large des crimes commis
Les vingt critères de la liste PCL-R appliqus au candidat du Parti rpublicain Donald Trump lors des lections prsidentielles amricaines de 2016
Au moment où je lis le livre « The Psychopath Test », la tlvision amricaine nous rapporte quotidiennement les faits et gestes de certains grands noms de la politique amricaine, tous en comptition pour prendre la tête du Parti rpublicain pour les lections prsidentielles amricaines de 2016. J’entends tous les jours les journalistes se plaindre du comportement (point 10) et des paroles irresponsables (point 15) d’un des candidats en vue, Donald Trump.
Plusieurs dclarations du prtendant s’avèrent mensongères lorsque vrifies (point 4). Je constate rgulièrement son impulsivit devant les imprvus ou les contradictions (point 14). Son populisme, qui propose des rponses simples des questions complexes, aide dans la manipulation du vote des lecteurs amricains. (point 5).
De même, il refuse d’accepter la responsabilit pour ses actions et propos (point 16), ne semble pas avoir de remords, d’où sa très grande difficult s’excuser clairement (point 6). Selon l’avis des analystes politiques les plus connus et respects, il y a un manque de ralisme dans la plupart des projets qu’il mettrait de l’avant s’il tait lu comme Prsident amricain (point 13).
De plus, son manque d’empathie l’endroit de millions de citoyens des Etats-Unis fait rgulièrement les manchettes (point 8). Il parle parfois de lui-même la troisième personne, en mettant continuellement de l’avant sa propre importance (point 2). Je laisse au lecteur le soin de faire une recherche sur les autres points manquants.
CNN a cependant pris le temps en septembre 2016 de mentionner des dtails sur la vie personnelle de M. Trump et si l’on se fie leur reportage, il conviendrait d’ajouter les points 11 et 17. Mais n’ayant aucune comptence en psychanalyse, je ne me suis servi de la liste de Robert Hare que comme divertissement et aucune conclusion avise ne saurait être tire ici.
Le psychopathe Emmanuel (Toto) Constant et Haïti
Parlant de politique amricaine, le lecteur prend connaissance des effets qu’a eus Emmanuel (Toto) Constant sur Haïti. Il s’agit d’un meurtrier de masse, psychopathe, qui travaillait pour la CIA Haïti. Il fut immdiatement relâch de prison lorsqu’il menaça de divulguer des secrets sur la politique extrieure amricaine Haïti. Emmanuel Constant « modifia profondment la socit haïtienne pendant trois ans, la faisant basculer dans la mauvaise direction, dtruisant au passage des milliers de vies et affectant des centaines de milliers d’autres ». (p.129)
Tl-ralit et maladies mentales tries sur le volet
L’auteur discute galement des programmes de tl-ralit où les invits s’affrontent de façon agressive, verbalement et même physiquement. Une personne interroge et responsable de monter chaque mission lui confie que les invits sont choisis en fonction des drogues qu’ils consomment pour stabiliser leur maladie mentale. Cela ne se fait pas sans erreurs et il mentionne le cas d’un membre d’une famille qui s’est suicid tellement elle se sentait coupable de la façon dont elle s’tait comporte en prparation pour le programme de tlvision.
Êtes-vous psychopathe?
Êtes-vous psychopathe? « Si vous commencez craindre que vous puissiez être psychopathe, si vous reconnaissez certains des traits en vous et que vous ressentez une certaine anxit ce sujet, cela signifie que vous n’en êtes pas un. » (p.114). Le psychopathe n’a pas d’motions face sa situation : cela ne le rend pas triste, il ne se pose pas de questions quant sa condition pas plus qu’il n’est heureux d’être classifi en tant que psychopathe.
Les intrêts financiers des grandes compagnies pharmaceutiques
Evidemment, de gros intrêts financiers sont en jeu lorsqu’il s’agit de prescrire des mdicaments pour les millions de patients susceptibles de se retrouver un jour avec un diagnostic de maladie mentale : le rôle des compagnies pharmaceutiques et la pression qu’elles exercent sont donc soulevs avec justesse dans le livre. « Il y a videmment beaucoup de personnes vraiment malades dans ce monde. Mais il y aussi des individus dans l’entre-deux qui sont faussement surdiagnostiqus avec des maladies relies la folie par des gens qui bnficient de ce faux diagnostic. » (p.267)
Mes rserves
À quelques reprises, l’auteur m’a surpris avec un raisonnement assez sommaire. Par exemple, il s’tonne du fait que les blogueurs crivent alors qu’ils ne sont pas pays. Il faudrait donc que tout acte de cration dans la socit soit essentiellement rmunr, sinon il ne ferait aucun sens? À un autre endroit où la discussion porte sur les vènements du 11 septembre 2001, l’auteur crit [je garde le texte en anglais pour plus de fidlit] : « 9/11 obviously wasn’t an inside job ». Le terme « obviously » remplace ici un travail de recherche consquent et ne tient pas compte du fait que la moiti du peuple amricain a des questions restes sans rponses sur ce sujet.
Conclusion
En guise de conclusion, voici un passage du livre qui, je crois, rsume le mieux la pense de l’auteur : « Il n’y a pas d’vidence que nous avons t placs sur cette terre dans le but d’être spcialement heureux ou spcialement normaux. Et, en fait, notre mcontentement ou notre tranget, nos anxits et compulsions, tous ces aspects remarquables de notre personnalit, sont souvent ce qui nous amène accomplir des choses particulièrement intressantes » (p.271)