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Histoires vécues comme spécialiste en information de vol (FSS): Rouyn-Noranda FSS

Propair, les Caribous (DHC4) et l’Irangate

DHC-4 Caribou C-GVGX de Propair  Inukjuak en 1982
DHC-4 Caribou C-GVGX de Propair Inukjuak en 1982

En 1986, le hangar de la compagnie Propair tait situ très près de la station d’information de vol de Transports Canada l’aroport de Rouyn-Noranda (CYUY). Les changes entre leurs employs et les spcialistes en information de vol (FSS) taient frquents. Un jour, un membre de leur personnel nous raconta que deux pilotes amricains venaient de passer par l’aroport de Rouyn-Noranda pour prendre possession d’un aronef de type cargo Caribou DHC-4 qui avait t vendu par Propair.

L’appareil serait export. Le DHC4 est reconnu comme un appareil très pratique, car il transporte de lourdes charges et peut dcoller ou atterrir sur une distance très courte.Le dcollage se fit et on n’entendit plus parler d’eux jusqu’ ce que les mdias alertent le public travers la planète sur ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler l’Irangate. Je me permets d’en parler parce que cela est d’ordre public : des dtails se retrouvent sur internet.

La compagnie arienne Propair de Rouyn-Noranda avait en ralit vendu non pas un mais deux DHC-4 Caribous usags un consultant travaillant pour une compagnie panamenne. Un des DHC-4 serait ventuellement enregistr au El Salvador.

Un des deux Caribous connut une panne de moteur au-dessus des montagnes en route vers l’El Salvador. Compte tenu de l’humidit et de la chaleur de l’air extrieur, l’quipage n’eut d’autre choix, pour rester en vol, que de se dbarrasser d’un tas de pièces et d’un moteur de rechange. La porte arrière de l’avion-cargo fut donc ouverte et tout l’quipement fut jet hors de l’avion encore en vol au-dessus de la jungle. L’aronef dut atterrir un peu avant d’arriver sa destination initiale, cette dernière tant cense être l’aroport d’Ilopango.

Ces oprations taient relies aux contras engags dans une gurilla qui avait pour but de renverser le gouvernement de gauche de Daniel Ortega au Nicaragua. De façon financer ces oprations clandestines, un budget secret tait ncessaire : des Amricains vendaient des armes l’Iran, malgr un embargo officiel, et l’argent reçu servait financer la gurilla. Un journaliste qui avait suivi l’affaire de très près et fait quelques dcouvertes capitales fut retrouv mort. Il s’tait apparemment tir deux balles dans la tête…

Un des pilotes qui s’tait envol de Rouyn-Noranda avec le DHC-4 portait le nom de Wallace Sawyer. Ce type devait ventuellement piloter, lors d’oprations clandestines organises par la CIA, un avion-cargo de type C123 qui fut abattu dans le sud du Nicaragua. Ce pilote et son copilote perdirent la vie, mais un des passagers, Eugene Hasenfus, russit en sortir vivant en sautant en parachute. Il fût dûment interrog et rvla des dtails qui permirent de dcouvrir ventuellement l’histoire des ventes secrètes d’armes l’Iran.

On entendit parler de cette histoire pendant des annes, spcialement du temps du tmoignage d’Oliver North. Il y eut une enquête du Congrès amricain, et comme toutes choses, le temps fit son œuvre et cette histoire fut graduellement oublie. Trente ans plus tard, je ne me souviens que des multiples appels tlphoniques que la station d’information de vol avait reçus en provenance des mdias.

Un livre publi en 2013 et intitul « Raymond Boulanger, le pilote mercenaire », ajoute plusieurs dtails significatifs cette histoire, puisque monsieur Boulanger faisait lui-même partie des pilotes effectuant des vols dans ces rgions pour le compte de la CIA.

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Les pilotes : du meilleur et du pire.

Octobre 1984. Les vacances annuelles sont arrives. La Floride est prvue au programme. Ce qui rend le voyage plus intressant, c’est que l’astronaute canadien Marc Garneau doit bientôt dcoller de la Floride bord de la navette spatiale Challenger et devenir ainsi le premier astronaute canadien avoir effectu une mission dans l’espace.

L'astronaute canadien Marc Garneau (range du haut, extrême droite) et les astronautes amricains choisis par la Nasa pour la mission 41-G avec la navette spatiale Challenger (de gauche  droite et de bas en haut: Jon A.McBride, Sally K. Ride, Kathryn D. Sullivan, David C. Leestma, Paul D.Scully-Power, Robert L. Crippen, Marc Garneau) sur carte postale aviation.
L’astronaute canadien Marc Garneau (range du haut, extrême droite) et les astronautes amricains choisis par la Nasa pour la mission 41-G avec la navette spatiale Challenger (de gauche droite et de bas en haut: Jon A.McBride, Sally K. Ride, Kathryn D. Sullivan, David C. Leestma, Paul D.Scully-Power, Robert L. Crippen, Marc Garneau) sur carte postale aviation.

Les billets d’avion sont achets et une journe durant le voyage sera rserve au dcollage. J’en profite pour tenter de prendre une photo partir de la plage de Cocoa Beach. Le dcollage aura lieu au petit matin, alors qu’il fait encore très sombre.

L’appareil-photo Pentax est rudimentaire et tous les rglages doivent être faits la main. L’ouverture et la vitesse d’obturation sont ajustes pour assurer une photo bien balance. Mais je ne me doute pas encore que la combustion des gaz illuminera un ciel alors très noir. Je crois, comme beaucoup de gens, que j’entendrai les rugissements des moteurs en guise d’avertissement que le dcollage vient d’avoir lieu.

Mais, la vitesse de la lumière tant plus grande que la vitesse du son, un grand changement s’effectue soudain dans la luminosit ambiante. J’ai peine le temps d’ajuster un peu les rglages de mon appareil photo que dj la navette vient d’entrer dans les nuages. Mais il reste tout de même une petite photo de l’ambiance en souvenir…

Navette Challenger au dcollage en 1984, avec Marc Garneau  bord
Navette Challenger au dcollage en 1984, avec Marc Garneau bord

Je venais d’assister un spectacle incroyable. Je savais qu’il y avait bord des pilotes au talent exceptionnel.

Cependant, deux mois auparavant, alors que j’tais en poste la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada Rouyn-Noranda (CYUY), j’avais assist un autre genre de performance. Une journe où j’coutais une frquence qui n’est pas normalement utilise pour les communications entre les pilotes et les services de la circulation arienne, j’ai entendu deux pilotes s’changer les questions et rponses de plusieurs examens crits servant russir une licence de pilote de ligne. Les commentaires des deux pilotes donnaient penser qu’ils seraient bien chanceux s’ils russissaient un tel examen.

J’ai pris le microphone et, sans me nommer, suis intervenu comme troisième interlocuteur-surprise. J’ai demand un des pilotes de rpter la question et la rponse qu’il venait de donner parce que je n’avais pas eu le temps de la copier.

Les deux pilotes ont t sidrs de raliser que d’autres personnes les coutaient s’changer les questions d’examen. Un des deux s’est exclam : « T’as entendu ça? » Ils ont tout de suite mis fin leur communication radio. Le simple fait d’utiliser des frquences radio pour des activits de cet ordre en disait long sur leur jugement. Et le jugement est une qualit essentielle de tout bon pilote…

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Un bimoteur évite un pêcheur debout dans sa barque.

Cessna 310 C-GAFO stationn sur la rampe  Rouyn-Noranda durant les annes '80
Cessna 310 C-GAFO stationn sur la rampe Rouyn-Noranda durant les annes ’80

Durant l’t, de la surveillance arienne est ncessaire pour surveiller l’closion de nouveaux feux de forêt dans le centre et le nord de la Province de Qubec. Il peut cependant y avoir des journes entières où les pilotes n’ont strictement rien signaler. Ils accumulent les heures de vol en attendant d’apercevoir un feu ou d’être dirigs, par le rgulateur, vers une nouvelle zone de feux de forêt signale par un citoyen. Ces pilotes agissent galement comme pointeurs pour les Canadairs CL215 et CL415.

Durant les annes « 80, dans la rgion de l’Abitibi, un Cessna 310 est en vol depuis quelques heures et le pilote n’a toujours rien signaler. Dsirant briser la monotonie, il dcide de descendre très basse altitude au-dessus de la surface d’une rivière. Durant quelques minutes, il s’amuse suivre les multiples mandres du cours d’eau. la sortie d’un virage, l’avion se retrouve soudainement la hauteur d’un pêcheur debout dans sa barque en train de lancer sa ligne. Imitant les gestes du pêcheur, le pilote confie qu’il n’a pas t le seul être surpris…

Il peut sembler difficile de croire qu’un aronef puisse voler aussi bas, spcialement la sortie d’un virage. Mais après plusieurs dcennies dans le monde de l’aviation, je peux affirmer qu’ peu près tout est possible. J’imagine la raction du pêcheur, debout dans sa barque, lançant tranquillement sa ligne en ce beau matin d’t. Pendant que le pêcheur se penche, le pilote tire sur le manche…

voir l’expression dans le visage du pilote, il est clair qu’il eut sa dose d’motions pour la journe… j’aimerais bien dire que ce fut sa dernière incartade, mais ce serait bien mal connaître les pilotes en quête de sensations fortes.

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Des procédures officielles imaginaires à la tour de contrôle de Val-d’Or

HS-125 Avion ambulance C-FSEN Valentine Lupien du Gouvernement du Qubec vers 1986
HS-125 Avion ambulance C-FSEN Valentine Lupien du Gouvernement du Qubec vers 1986

Durant les annes ’80, alors que j’occupe la fonction de spcialiste en information de vol (FSS) la station d’information de vol de Transports Canada Rouyn-Noranda (CYUY), je reçois un tlphone de la part d’un contrôleur arien de l’aroport de Val-d’Or (CYVO) me signalant un problème avec l’ARCAL type K. Le système ARCAL est un quipement qui permet un pilote d’ouvrir les lumières de piste distance.

Normalement, le pilote a le choix entre trois intensits d’clairage : faible, moyenne et leve. Mais pour une priode prolonge, l’intensit la plus faible de l’ARCAL ne fonctionnera pas. Le contrôleur me demande d’mettre un NOTAM signalant que personne ne peut utiliser l’ARCAL pour une priode indfinie.

Je ne suis pas d’accord avec cette demande. Un système ARCAL que l’on dcide de rendre disponible facilitera la vie d’un pilote en lui permettant de choisir parmi les intensits restantes lors de l’approche ou du dcollage. Les pilotes du HS125 du Gouvernement du Qubec (photo ci-dessus) charg des vacuations mdicales durant la nuit apprcieront, j’en suis sûr.

Je mentionne donc au contrôleur que je ne connais pas de procdures approuves pour les pannes concernant l’ARCAL de type K et que je ne vois pas pourquoi je considrerais comme totalement non fonctionnel un système dont seule une intensit sur trois pose problème.

Il me rpond que ce sont des procdures crites qui se trouvent la tour de contrôle et qu’une demande doit être faite son gestionnaire si je dsire les obtenir. Comment est-il possible que des procdures rgissant un système install sur plusieurs aroports travers le Canada, avec ou sans tour de contrôle, puissent se trouver seulement dans des tours de contrôle slectionnes? Cela est impensable.

Je demande donc, par gestionnaire interpos, de recevoir une copie des fameux crits. Mais il semble maintenant que les procdures ne se trouvent pas Val-d’Or, mais au bureau rgional de Transports Canada Montral. J’essaie donc de les obtenir du bureau de Montral, mais personne ne peut rien trouver de concret.

Il semble de plus en plus vident que les procdures ne sont que fabulation. Pourtant, tous les intervenants dfendent les procdures fictives, pour les raisons les plus diverses.

l’poque, il existe un programme intitul « Prime l’initiative ». Ce programme invite le personnel faire connaître toute suggestion susceptible d’amliorer l’efficacit de la fonction publique. Si la suggestion est retenue par les plus hauts niveaux de gestion, une prime en argent et un certificat sont remis l’employ par le sous-ministre des transports. Ralisant que je ne pourrai avoir gain de cause en discutant avec les instances rgionales, je me sers donc d’une formule de prime l’initiative.

Une anne plus tard, je reçois un appel d’un inconnu qui dit travailler Ottawa. Il me questionne concernant ma suggestion sur l’ARCAL de Val-d’Or. Il sous-entend que la proposition ne passera pas.

Je lui parle alors en tant que contribuable canadien. Je lui signale que j’ai pay, comme les autres canadiens, pour faire installer ce système de commande d’clairage, et que tant qu’il y aura une intensit qui fonctionnera, le système devra être accessible pour les pilotes, que cela lui plaise ou non. S’il s’obstine, qu’il se prpare rendre des comptes au public canadien et Benoît Bouchard, alors ministre des Transports.

Deux mois plus tard, je reçois un chèque et une lettre du sous-ministre me remerciant pour la suggestion amliorant l’efficacit de la fonction publique. Il aura fallu quatorze mois pour passer des procdures fictives un système fonctionnel de gestion des pannes de l’ARCAL. Et les nouvelles procdures concernent maintenant tous les aroports canadiens quips d’un tel système de commande distance de l’clairage d’une piste.

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Le Cessna 172 qui traînait un bloc de ciment de 100 kilos à Rouyn-Noranda.

Spcialiste en information de vol (FSS) au travail  Rouyn-Noranda vers 1986
Spcialiste en information de vol (FSS) au travail Rouyn-Noranda vers 1986

Durant une belle journe d’t de juillet l’aroport de Rouyn-Noranda (CYUY), un pilote d’un aroclub local contacte la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada pour obtenir les informations relatives un dcollage. Il volera avec un Cessna 172. Il obtient les dtails et commence circuler vers la piste. Je note rapidement que l’aronef semble traîner derrière lui un objet. L’utilisation des jumelles confirme la prsence d’un bloc de ciment d’une centaine de kilos attach par une corde, bloc qui sert normalement immobiliser l’avion après chaque vol.

Avion Cessna C172 C-GUCU  Rouyn-Noranda vers 1986
Avion Cessna C172 C-GUCU Rouyn-Noranda vers 1986

Il apparaît clair que le pilote n’a pas fait l’inspection de son avion avant de dmarrer le moteur, procdure obligatoire pour noter toutes anomalies. Traîner ce bloc de ciment sur l’asphalte doit certainement ncessiter plus de puissance de la part du moteur. Je demande au pilote : « Ne trouvez-vous pas qu’aujourd’hui il vous faut plus de puissance pour circuler? » Il me rpond qu’en effet il a not le besoin d’augmenter les rvolutions du moteur et que cela est probablement dû la grande chaleur et l’humidit.

Sans plus attendre, je lui rponds : « Avez-vous fait votre inspection avant-vol pour vous assurer que tout tait correct? » L, de toute vidence, il comprend que quelque chose cloche. Il immobilise l’aronef sur la voie de circulation, sort de l’appareil et constate l’norme bourde qu’il vient de commettre. Sans rien dire de compromettant sur les ondes puisqu’il sait que les communications radio sont enregistres, il m’annonce qu’il retourne l’aroclub parce qu’il a « oubli quelque chose »…

Le poste de travail de l’ancienne station d’information de vol de Transports Canada Rouyn-Noranda ne permettait qu’une vue partielle de la piste 08/26, mais une vue complète de la voie de circulation où se trouvait le Cessna 172 alors qu’il traînait son bloc de ciment.

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Le journal « Le Moyen Terme »

Une section de la page titre de mon journal "Le Moyen Terme"
Une section de la page titre de mon journal « Le Moyen Terme »

Comme les stations d’information de vol (FSS) de Transports Canada au Qubec taient dissmines sur un très grand territoire, les communications entre les employs des diffrentes stations taient passablement limites. Il tait assez difficile d’obtenir des informations sur les mouvements de personnel, informations vitales lorsque venait le temps d’argumenter pour choisir l’endroit de la prochaine mutation.

Comment dire un gestionnaire qu’il y a de la disponibilit Montral si l’employ n’a pas devant lui, au moment de la discussion, toutes les informations concernant les mouvements de personnel. Pour corriger la situation, une fois en poste Rouyn-Noranda FSS, je dcidai donc de crer mon propre journal, intitul « Le Moyen Terme ».

Le nouveau journal tait distribu toutes les stations d’information de vol du Qubec, l’cole de Transports Canada Cornwall (IFTC), au bureau rgional de Montral et Ottawa. Soudainement, les spcialistes en information de vol du Qubec avaient accès une information vrifie et actualise rgulièrement.

J’avais des collaborateurs d’un peu partout et, le journal gagnant en crdibilit, des gens m’crivaient même d’Ottawa. Je finançais le journal, rdigeais la plupart des articles et postais une nouvelle dition tous les deux mois. N’tant redevable personne, je m’assurais d’une totale libert. Cela n’empêcha pas la rception ventuelle d’une lettre d’avocat, mais dans un milieu aussi contrôl, cela n’tait pas tonnant. Je prsentai cette lettre d’avocat un juge bien connu qui se chargea de l’affaire gratuitement. La cause s’arrêta net.

Chaque dition tait constitue de dix quinze pages. Elle tait tape la main sur une vieille machine crire et les erreurs taient corriges avec du liquide correcteur. Certaines informations n’avaient pour but que de divertir alors que d’autres taient davantage de nature ditoriale. Ces dernières suscitaient gnralement des ractions positives des employs et cela contribuait maintenir une correspondance continue.

La page "Faits et rumeurs" du journal "Le Moyen Terme"
La page « Faits et rumeurs » du journal « Le Moyen Terme »

La section possiblement la moins apprcie par le bureau rgional tait intitule : « Où sont-ils? ». Sur cette page, nous retrouvions le nom de tous les employs prsents une station en particulier, de même que son anciennet. Dsormais, ces donnes devenaient accessibles tous très rapidement. Les informations fournies par la gestion pouvaient être vrifies par les employs et servir de base d’argumentation lors des discussions concernant une mutation. Cela ennuyait possiblement des gestionnaires qui avaient eu, jusqu’ tout rcemment, une tâche relativement plus aise dans les attributions de poste.

Page "Où sont-ils?" de mon journal "Le Moyen Terme"
Page « Où sont-ils? » de mon journal « Le Moyen Terme »

Après plusieurs parutions, un gestionnaire profita de mon passage au bureau rgional de Transports Canada Montral pour m’intimer de cesser la parution du journal. Je lui rpondis qu’il n’en serait rien et que le journal avait visiblement son utilit pour plusieurs employs. Cette rponse, l’poque, ne fût pas de nature me faire bnficier de support en haut lieu, mais cela n’tant pas mon but, le journal continua de paraître pendant encore près de deux ans. Je dcidai de mettre fin sa parution lorsque je n’eus plus assez de temps pour le rdiger, occup avec plusieurs cours universitaires distance en même temps que je travaillais sept jours par semaine la station d’information de vol d’Iqaluit (CYFB). Tant qu’ diluer ou diminuer le contenu et la qualit du journal que j’avais cr, je choisis alors de cesser sa parution.

(Note : personnages crs par Gotlib)

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En route vers la deuxième mutation : Rouyn-Noranda FSS

Nouvelle station d'information de vol de Rouyn-Noranda. Photo prise autour de 2002. Auteur inconnu.
Nouvelle station d’information de vol de Rouyn-Noranda. Photo prise autour de 2002. Auteur inconnu.
Ancienne station d'information de vol de Rouyn-Noranda. Photo prise en 1984
Ancienne station d’information de vol de Rouyn-Noranda. Photo prise en 1984

Novembre 1983. Il tait maintenant temps de quitter Inukjuak (CYPH) après y avoir travaill comme spcialiste en information de vol (FSS) tous les jours pendant plus d’un an. La nouvelle station d’information de vol de Transports Canada tait situe l’aroport de Rouyn-Noranda (CYUY). Mais les choses se compliquèrent au moment du dpart, la mto se dgradant rapidement. Un Twin Otter de la compagnie Air Creebec ferait dsormais le vol, partir de Kuujuaraapik (CYGW). Mais il y aurait dsormais de multiples arrêts le long de la Baie-James.

Avec les vents forts et les nuages bas, j’tais conscient que nous nous ferions brasser tout le long du vol. Les nuages n’tant qu’ quelques centaines de pieds au-dessus des conifères, les pilotes devaient effectuer toutes les tapes du vol et des diffrentes escales entre la cime des arbres et la base des stratus. Aucun aroport ne possdait d’quipements permettant un atterrissage aux instruments. Les pistes taient courtes, en gravier ou en terre, et des arbres empêchaient parfois des descentes et des montes un taux considr comme « normal » par la plupart des voyageurs.

Après quelques heures de vol dans cette turbulence mcanique soutenue, plusieurs passagers n’en purent plus et durent utiliser le sac fourni en cas de mal de l’air. Je me changeai les ides en regardant par la fenêtre. Il n’y avait pas de musique propose durant le vol; les râlements des passagers servirent de bruit de fond.
Finalement, la nuit venue, l’atterrissage se fit Val-d’Or (CYVO), sur une longue piste asphalte quipe d’instruments adquats. Une heure de route plus tard, j’tais Rouyn-Noranda. Bienvenue dans le Sud…!

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La glace et les navires

(Histoire prcdente : des raisins et des bleuets Inukjuak)

Un oprateur radio  bord d'un navire ancr au large de Inukjuak vers 1982
Un oprateur radio bord d’un navire ancr au large de Inukjuak vers 1982
La timonerie d'un navire de marchandise ravitaillant Inukjuak en 1982
La timonerie d’un navire de marchandise ravitaillant Inukjuak en 1982

Plusieurs bateaux naviguent le long des côtes de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava lorsque l’t arrive. Parfois, les spcialistes en information de vol (FSS) de Transports Canada Inukjuak (CYPH) sont autoriss monter bord, le temps de quelques photos, comme cela a t le cas pour les deux photos ci-dessus.

Lorsque les navires effectuent de très longs trajets pour finalement atteindre les petits villages de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava, ils frappent rgulièrement des petits morceaux de glace dans leur avance. C’est l’quipage de dterminer si la coque du bateau est suffisamment rsistante pour emprunter le passage dsir.

Malheureusement, il n’est pas toujours possible de juger correctement de la situation et la coque du navire se brise alors sous l’impact avec le glacier. La photo ci-dessous montre le navire Kanguk, au large d’Inukjuak, l’automne 1982, sa coque endommage durant son voyage vers un des petits villages de la côte.

Coque brise du Kanguk  Inukjuak
Coque brise du Kanguk Inukjuak

(Prochaine histoire : en route vers la deuxième mutation : Rouyn-Noranda FSS)

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Des raisins et des bleuets à Inukjuak

(Histoire prcdente : Le cockpit d’un Boeing 747 de KLM lors d’un vol de nuit au-dessus de l’Atlantique)

Durant les mois où il y avait un cuisinier sur place pour prparer les repas Inukjuak, nous avions la vie facile puisque tout tait prêt lorsque l’heure des repas arrivait. Il reste que les desserts auraient bnfici d’un peu de varit. Ces derniers taient base de raisins ou de bleuets, semaines après semaines, mois après mois.

Muffins aux carottes et raisins
Muffins aux carottes et raisins
Muffins aux bleuets et citrons
Muffins aux bleuets et citrons

Ainsi, nous avions le choix entre des gâteaux aux raisins, des tartes aux raisins, des poudings aux raisins, des muffins aux raisins et des biscuits aux raisins. Quand il n’y avait plus aucune possibilit d’ingrer des raisins supplmentaires, c’tait le tour des bleuets : les gâteaux aux bleuets, les tartes aux bleuets, les poudings aux bleuets, les muffins aux bleuets. Cependant, pour varier un peu, il n’y avait pas de biscuits aux bleuets. J’ai t longtemps sans pouvoir manger des raisins ou des bleuets suite ces mois intensifs de consommation des mêmes ingrdients.

Le cuisinier n’tant pas particulièrement patient, il me vint l’ide de le faire rigoler un peu en le faisant participer une attrape dont serait victime un nouveau spcialiste en information de vol (FSS) de Transports Canada arriv Inukjuak au dbut de l’après-midi. Ce dernier n’avait pris encore aucun repas la cuisine du staff house. Je savais que le repas du soir tait servi 17 h et qu’il fallait toujours s’organiser pour être l’heure. J’annonçai donc au cuisinier que j’arriverais cinq minutes en retard avec le nouvel employ. Le cuisinier pourrait ainsi entrer dans une terrible colère, simule mais convaincante.

L’heure du souper arriva, je savais qu’il tait 17 h mais l’entraînement du nouveau FSS se prolongea volontairement de cinq minutes. Puis, feignant la surprise, nous lui avons annonc qu’il fallait se diriger au plus tôt vers le staff house, car le cuisinier tait probablement rouge de colère. Dans le corridor menant la cuisine, nous entendions dj les chaudrons lancs sur le comptoir et le cuisinier crier que les nouveaux employs se prenaient pour des rois et manquaient de respect au personnel charg de les nourrir.

Le nouveau me signala qu’il n’avait plus vraiment faim. Visiblement, il ne tenait pas affronter la colère du cuisinier. La situation empira encore lorsque je l’incitai malgr tout se diriger vers la cuisine pour qu’il tente de s’expliquer. En le voyant arriver, le cuisinier redoubla d’efforts. Puis soudainement, tous les employs prsents clatèrent de rire et le cuisinier souhaita la bienvenue au nouveau FSS en le remerciant de lui avoir donn la chance de se dtendre un peu.

(Prochaine histoire : la glace et les navires)

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Le cockpit d’un Boeing 747 de KLM lors d’un vol de nuit au-dessus de l’Atlantique

(Histoire prcdente : une cuisine comme aide la navigation l’aviation)

Vue du cockpit et de l'quipage d'un B747 de KLM, sur un vol de Montral vers Amsterdam (EHAM). La photo a t prise alors que l'aronef se trouve  mi-chemin au-dessus de l'Atlantique en 1983.
Vue du cockpit et de l’quipage d’un B747 de KLM, sur un vol de Montral vers Amsterdam (EHAM). La photo a t prise alors que l’aronef se trouve mi-chemin au-dessus de l’Atlantique en 1983.

Il fut un temps où visiter le cockpit d’un aronef durant le vol tait fort simple. Une demande tait faite l’hôtesse de l’air, qui allait ensuite voir le commandant de bord pour obtenir son accord. Même durant cette priode cependant, plusieurs compagnies interdisaient les visites lorsque l’avion tait au-dessus de l’ocan.

En 1983, lors d’un voyage au dpart de Montral vers la Hollande, j’ai tout de même pos la question au personnel de bord, esprant pouvoir prendre une photo souvenir.

Le vol s’effectuait sur un Boeing B747 de la compagnie KLM. Au beau milieu de la nuit, alors que l’appareil tait en vol de croisière depuis plusieurs heures et que la plupart des passagers taient assoupis, je demandai discrètement une hôtesse de l’air l’autorisation de visiter le cockpit. Naturellement, elle refusa. Revenant la charge, je lui mentionnai mon travail comme spcialiste en information de vol (FSS) pour Transports Canada Inukjuak (CYPH) et le fait que KLM communiquait rgulièrement avec nous pour recevoir les services essentiels. Afin de dissiper un dernier doute toujours possible, je lui donnai les numros des vols de KLM survolant le nord du Qubec, au Nunavik.

Elle accepta de transmettre le message et, vingt minutes plus tard, me dit : « Vous pouvez venir avec moi en faisant attention de ne pas rveiller les passagers de première classe installs près de l’escalier tournant qui mène au cockpit ». mon entre dans le poste de pilotage, le commandant de bord se retourna, me salua en croquant dans une pomme et retourna son travail. Tout tait tranquille dans l’habitacle et on pouvait entendre un sifflement lger continuel caus par le frottement de l’air.

Après une courte discussion avec le personnel, je demandai aux deux pilotes et l’ingnieur de bord de fermer les yeux un court instant, le temps de la prise d’une photo avec flash. Une photo qu’il me serait impossible de prendre aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, cause du niveau de scurit plus lev.

Et, tant donn que je venais de commencer des vacances annuelles dans un cockpit d’avion, je pensai qu’il serait intressant, une fois rendu en Hollande, de visiter le fameux monde miniature de Madurodam, histoire de ne pas s’loigner trop longtemps du monde de l’aviation…

Le monde miniature de Madurodam en Hollande, 1983
Le monde miniature de Madurodam en Hollande, 1983
Madurodam, Hollande 1983
Madurodam, Hollande 1983

(Prochaine histoire : des raisins et des bleuets Inukjuak)

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