Le roman « Que notre joie demeure » de Kevin Lambert a suscité de la grogne au moment de sa parution. Alors qu’il rédigeait son bouquin, l’auteur aurait consulté des personnes pour s’assurer qu’elles ne se sentiraient pas blessées par les propos du livre. Certains y ont vu un désir d’être politiquement correct envers les divers groupes d’intérêt représentés dans l’histoire.
Une fois la crise passée et les critiques adressées, je dois souligner l’excellence de la trame et l’habileté avec laquelle l’écrivain nous transporte dans les salons de la grande bourgeoisie. Le roman a d’ailleurs obtenu le prix Médicis 2023.
À travers les fenêtres ouvertes d’une luxueuse propriété de Montréal, nous pénétrons en courant d’air dans l’univers des gens aisés et devenons témoins des attitudes, conversations et intrigues ayant cours tout au long de cette soirée mondaine où une architecte de renom tient le rôle principal.
Nous participons à la vie et à l’histoire de cette femme célèbre qui planifie la construction d’un immense bâtiment dans un secteur moins nanti de Montréal. D’où vient-elle et comment a-t-elle acquis ses lettres de noblesse ? Comment une personne du sexe féminin est-elle considérée dans le milieu architectural et quelles embûches doit-elle encore affronter pour préserver sa réputation dans un environnement où le genre masculin prédomine largement ?
Le récit se veut une présentation habile des contraintes auxquelles doivent faire face les créateurs au Québec et spécialement à Montréal lorsqu’il s’agit d’architecture. La nouvelle construction empiètera sur des espaces adoptés de longue date par les moins nantis. Quel rôle joue l’information et comment les groupes de pression s’organisent-ils pour tenter de contrecarrer le projet en cours ? Quels sont les excès auxquels on doit s’attendre?
Le personnage principal traverse une tempête médiatique à un moment de sa vie où elle s’approche d’une retraite bien méritée. Comment considère t’elle sa contribution et de quelle façon s’ajuste-t-elle, si elle s’ajuste ?
L’auteur conserve notre intérêt du début à la fin et adopte un style littéraire favorisant l’immersion. Il utilise également le genre féminin lorsque possible.
Bonne lecture !
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Avec tout ce qui se publie aujourd’hui dans une année, on doit forcément prendre des risques ici et là. Au Salon du livre de Québec 2023, j’ai tenté ma chance avec deux ou trois bouquins dont je n’avais pas entendu parler. Celui qui m’a surpris le plus était un petit roman du nom de Von Westmount.
Le design de la couverture attirait l’attention. En voyant la maison cossue et le terme Westmount, je me doutais bien qu’un détour dans l’ouest de Montréal s’imposerait. Pour les personnes n’habitant pas le Québec, on connaît Westmount en tant qu’un secteur plus aisé financièrement et où la majorité des habitants utilisent la langue anglaise comme moyen de communication, dans un Québec majoritairement francophone.
Pendant l’année où l’on suit Aline, l’héroïne de Jules Clara, elle abat péniblement des petits boulots et mène sa vie tant bien que mal jusqu’à ce que le hasard lui permette de tenter sa chance avec un nouvel emploi.
Elle se retrouve éventuellement dans le milieu anglophone de l’ouest de Montréal et, à travers elle, nous témoignons du mode de vie et des conversations se déroulant dans une résidence privée de la ville de Westmount. Est-ce que l’héroïne une fois installée dans cette résidence cossue saura s’adapter rapidement à ses nouvelles fonctions et faire les choix conformes à ses intérêts et ses valeurs? Comment évoluera sa vision de Montréal au sens propre et figuré?
J’ai adoré ce petit livre jusqu’à la fin. Il convient de noter que certaines personnes ont eu de la difficulté à comprendre la conclusion, une conclusion qui me semblait certainement un choix logique à inclure dans une histoire de ce genre.
Des gens ont aussi contesté l’utilisation de la langue anglaise pour quelques sections du roman. En ce qui me concerne, je crois que cette langue avait tout à fait sa place et jouait un rôle important dans le déroulement du récit. Mais il faut bien connaître l’anglais et non en balbutier quelques mots.
Bref, vous passerez un très bon moment avec Von Westmount si vous appréciez un livre bilingue et que vous vous intéressez à la dynamique spéciale entre l’ouest et l’est de Montréal.
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Il y en a pour tous les goûts dans le Microfictions de 2007. Les nouvelles ne sont pas exactement pour les âmes sensibles et les lecteurs qui perçoivent tout au premier degré. Quand Régis Jauffret traite du comportement humain, il tire dans toutes les directions : souffrances de la vie, relations humaines, manque d’empathie, problèmes sexuels, vie de la famille, obésité, suicide, médiocrité intellectuelle, avortement, solitude et vieillissement, stress, stupidité, maladies mentales, société et politique, bourgeoisie, entrepreneuriat. Le sociopathe, le bourgeois, le fraudeur et bien d’autres vivent leur heure de gloire dans le bouquin.
Plusieurs nouvelles amusent le lecteur par les tournures de phrases et l’humour noir utilisés. D’autres surprennent par l’intensité des propos et une pause peut être nécessaire avant de continuer la lecture. Il y a des nouvelles qui frappent comme un marteau. Si vous êtes habitués à la censure et à la mesure dans tout ce que vous lisez, vous serez certainement secoué par Microfictions!
Comme l’aurait peut-être dit Régis Jauffret : « Si vous trouvez les nouvelles trop noires, arrêtez-vous avant d’avoir envie de vous défenestrer! »
Voici quelques citations pour vous mettre l’eau à la bouche :
« Les terroristes ne plaignent pas leurs victimes avec la sensiblerie d’une amie des bêtes qui vient d’écraser une poule » (p.49).
« Personne dans l’aérogare, à part une femme endormie sur un chariot qui semblait être une grande bourgeoise tombée de haut » (p.163).
« Je me suis tout de suite senti à l’aise dans cet endroit prestigieux où l’intelligence faisait bon ménage avec la répression » (p.393).
« L’un d’entre eux s’est tué l’été dernier dans un accident de la route. Je n’ai pas regretté d’être toujours en vie pour pouvoir profiter d’une nouvelle aussi réjouissante » (p.462).
« Avec ma mère, nous nous passerions très bien de l’humanité. Elle me nourrirait des légumes du potager, et afin de nous divertir tous les deux je la poursuivrais dans la campagne avec une pioche » (p.622).
« Le mois prochain, j’accueillerai mes quarante ans comme une tante éloignée à qui on offre une tasse de thé avant de la foutre dehors » (p.647).
« Nous serions honnêtes si nous en avions les moyens. Au lieu de voler, nous frauderions comme les riches qui font magouiller leur feuille d’impôt par un avocat » (p. 671).
« […] et je me demande de temps en temps si je ne ferais pas mieux de devenir dans une autre vie un de ces fils à papa qui passent l’été sur un yacht et le reste de l’année dans un pensionnat suisse où les profs les servent avec l’obséquiosité des esclaves qui craignent d’être vendus à des terroristes pour leur servir d’otages » (p.697).
« Elle s’est mise à pleurer à petites gouttes, on aurait dit une bruine de larmes » (p.826).
« Je lui ai donné une petite tape dans le dos, et je suis parti en claquant bruyamment des dents pour ne pas l’entendre sangloter » (p.842).
« Une grande démocratie ne peut s’empêcher d’inspirer la terreur à ses citoyens, et chaque élection nous prouve à quel point ils réclament davantage de sévérité, de répression, et d’arbitraire s’il le faut, pour qu’ils puissent continuer à vivre dans un pays pacifique où l’ordre règne comme dans une maison bien tenue » (p.939)
« Personne ne m’avait jamais sodomisé. Il est vrai que je perds un peu la mémoire, mais il me semble que je m’en souviendrais » (p.981)
Je traduis les propos de l’auteur au meilleur de ma connaissance, pour ceux qui ont de la difficulté avec la langue anglaise.
Comme l’auteur Herb Boyd l’écrit, « c’est le premier livre à considérer le Détroit noir à partir d’une perspective historique » (p.14). Si vous recherchez une personne de race noire qui a influencé l’histoire de Détroit, elle se trouve dans le livre.
L’auteur couvre l’arrivée des Noirs à Détroit via le « Chemin de fer clandestin», le type de travail qu’ils pouvaient trouver, la musique qu’ils ont créée, le besoin d’avoir leur propre église pour éviter le racisme, le travail chez Ford, l’influence des unions, les conditions pitoyables d’habitation, etc.
Évidemment, il y a plusieurs paragraphes sur le racisme, la répression policière et la violence inutile, les problèmes causés par le KKK et comment plusieurs Noirs ont réagi face à la menace, le Smith Act, la Guerre Civile Américaine et le désir d’en finir avec l’esclavage, la présence de Rosa Parks dans la ville et la visite de Détroit par Nelson Mandela en 1990.
Il n’y a pas seulement des informations sur l’histoire et le développement de Detroit, mais aussi des idées sur le futur de la ville et la façon dont elle devra gérer le fait que tellement de gens choisissent de vivre dans les banlieues au lieu de Détroit elle-même.
Étant donné que le combat pour l’égalité des droits, le racisme, la répression policière et les morts inutiles de tellement de Noirs ont continué d’être un problème aux États-Unis, j’ai choisi quelques citations du livre sur ces sujets.
J’ai choisi un paragraphe sur la visite de Nelson Mandela à Détroit. Quand Nelson Mandela a quitté les États-Unis pour retourner vers l’Afrique du Sud, son avion a dû faire un arrêt à Iqaluit, dans l’Arctique canadien. Je travaillais comme spécialiste en information de vol (FSS) à Iqaluit en 1990, j’ai donc pu les voir, lui et sa conjointe Winnie, en train d’assister à une cérémonie au milieu de la nuit dans dans le terminal de l’aéroport. Vous pouvez lire les histoires vécues à Iqaluit sur mon site web.
Détroit et le Canada
« En 1795, Détroit était sous juridiction britannique et la ville était de facto partie du Haut-Canada » (p.22)
« Le juge Woodward stipula plus tard dans un arrêté que si des noirs américains pouvaient obtenir leur liberté au Canada, ils ne pourraient être retournés en esclavage aux États-Unis. Deux des enfants de Denison […] profitèrent de cet arrêté en se sauvant vers le Canada pour quelques années pour ensuite retourner à Détroit en tant que citoyens libres. Leur cas fît jurisprudence et fût cité dans de nombreux appels pour l’émancipation des esclaves Afro- Américains. » (p.25)
Le Smith Act
« Le Smith Act fût écrit de telle façon que les organisations de travailleurs et l’agitation pour l’égalité des droits soit compris comme sédition et trahison, la même chose que de se battre pour renverser le gouvernement par la force » (p.162)
La répression policière et la brutalité
« […] Vingt-cinq noirs avaient été tués alors qu’ils étaient en garde à vue au poste de police en 1925, huit fois le nombre tué sous supervision policière cette année-là à New York, ville dont la population noire était au moins deux fois plus importante. » (p.112) « Durant la première année d’opération du STRESS (Stop the Robberies and Enjoy Safe Streets – « Arrêtez les vols et profitez de rues sécuritaires ») en tant qu’escadron de la mort / équipe SWAT [vers 1970], les forces policières de la ville avaient le plus haut nombre de civils tués par capita de tous les départements de police américains. Durant ses trois ans et demi d’existence, les policiers du STRESS tirèrent et tuèrent 24 hommes, 22 d’entre eux étant des Afro-Américains. […] Parmi les officiers du STRESS, aucun cas ne semblait autant problématique que celui du chef d’équipe Raymond Peterson. Avant qu’il soit assigné au STRESS, il avait accumulé un nombre record de plaintes. Durant ses deux premières années au sein de l’escouade, il prit part à neuf meurtres et trois fusillades avec blessures par balle. Les balles provenant du révolver de Peterson tuèrent cinq des victimes. Aucune accusation ne fût portée dans aucun chacun des cas. » (p.226-227)
« [Vers 1999] l’embourgeoisement était une chose dont il fallait se soucier, mais la brutalité policière était une menace beaucoup plus immédiate pour les jeunes noirs de Détroit. Ils étaient pleinement conscients qu’il y avait peu de pitié à attendre de la police, pas plus que des conseillers d’école ou des agences de placement, et certainement pas des revendeurs de drogues ». (p.292)
« [Vers 2001] Détroit, selon les reportages de plusieurs journaux locaux, avait le nombre le plus élevé de tirs mortels parmi les grandes cités de la nation ». (p.300)
« À travers la nation durant les décennies précédentes, de 1999 à 2009, la violence par arme à feu avait enlevé la vie à des milliers de jeunes femmes et hommes noirs, et des centaines d’entre eux étaient des victimes non-armées d’une violence policière injustifiée. Peu de ces terribles tragédies furent aussi bouleversantes que le meurtre de Aiyana Jones, une jeune fille de sept ans, par un policier en mai 2010. Il était autour de minuit et Aiyana était endormie sur le divan avec sa grand-mère qui regardait la télévision. Aucune d’entre elles n’eût le temps de réagir au cognement à la porte ni à la grenade assourdissante lancée dans le salon par la police au début du raid.
L’officier Joseph Weekley commença immédiatement à tirer à l’aveugle avec sa mitraillette MP5 à travers la fenêtre dans la fumée et le chaos. Une des balles entra dans la tête de Aiyana et ressorti par le cou. Elle fût tuée instantanément. L’équipe SWAT était venue pour chercher un suspect de meurtre qui vivait au deuxième étage, mais quitta avec seulement un enfant mort. […] » (p.327-328)
Éducation
« Ethelene Crockett , après avoir élévé trois enfants, obtint un diplôme de médecine de l’université Howard en 1942. Elle compléta son internat à l’hôpital Detroit Receiving, et parce que l’hôpital de Détroit n’acceptait pas de femme médecin Afro-Américaine, elle fit sa résidence à New-York. Finalement en 1952, elle fût acceptée à l’hôpital de Détroit, devenant la première femme dans son domaine de obstétrique et gynécologie à pratiquer dans l’état. » (p.163)
Pas de classe moyenne pour les jeunes noirs.
« Avec la route traditionnelle vers le succès dans la classe moyenne bloquée, les jeunes noirs de Détroit recherchèrent d’autres moyens de survie, spécialement à travers l’économie souterraine ». (p.254)
Nelson Mandela à Détroit
« Durant l’été de 1990, Nelson Mandela visita plusieurs villes des États-Unis après avoir passé vingt-sept années en prison. […] Quand Mandela et sa femme Winnie sortirent de l’avion [à Détroit], une des premières personnes qu’ils reconnurent fût Rosa Parks. Nelson Mandela dit que Parks avait été son inspiration durant de longues années alors qu’il était incarcéré à Robben Island et que son histoire avait inspiré les combattants pour la liberté de l’Afrique du Sud. » (p.268)
Le futur de Détroit
« La plupart des habitants de Détroit vivent dans des quartiers où le développement est inégal. Il y a des signes d’amélioration, mais dans l’ensemble les communautés sont aux prises avec le chômage, le crime et des écoles peu performantes. Détroit est une ville avec de grandes étendues de terres inhabitées où l’on trouve 31,000 maisons vacantes et dilapidées. Dans diverses localités de la ville, des organismes communautaires ont travaillé sans relâche pour maintenir leurs régions respectives contre une vague de négligence et de désinvestissement. L’administration municipale actuelle a essayé d’utiliser un assortiment de méthodes pour arrêter le déclin des quartiers, avec un succès modéré. Cette tâche gargantuesque a été aidée par l’aide massive de l’administration Obama, mais la ville a encore des obstacles majeurs à franchir avec une grande population pauvre, non qualifiée et semi-alphabétisée.
Le président américain Donald Trump prépare sa réélection de l’automne 2020 en mettant en pratique une recette utilisée par la machine Daley, de Chicago. Le père et le fils Daley ont régné sur Chicago pendant des décennies en utilisant la répression policière.
Le policier Derek Chauvin, qui a tué l’Afro-Américain George Floyd, offre une occasion au président des États-Unis d’utiliser une recette éprouvée. Le meurtre ayant été suivi de manifestations et éventuellement de pillage, Trump s’est plaint de la faiblesse des dirigeants et a suggéré non seulement que les forces de l’ordre dominent la rue, mais que l’utilisation de l’armée serait possiblement requise contre la population.
Voici un court extrait d’un résumé du livre « Chicago » qui se trouve sur mon site web :
« L’exploitation des peurs raciales connaissait beaucoup de succès à Chicago. Daley défendait ses politiques en disant que “la plupart des gens s’inquiétaient bien plus d’une émeute des Noirs que d’un maire qui ordonne l’usage de la force létale pour y mettre un terme et qu’ils se reconnaissaient bien moins dans des manifestants pacifistes que dans les policiers qui les frappaient à coups de matraque”. (p.319)
Les fortes tensions sociales et la violence inutile qui suivent la répression policière génèrent toujours plus de peur, et c’est de cette peur dont profitent certains politiciens.
Les politiciens les plus conservateurs ont appris depuis longtemps que d’installer la peur dans la population est payant politiquement. C’est la méthode facile et expéditive. Le gouvernement s’occupe de “dominer” les ennemis réels et bien plus souvent fictifs et, ce faisant, rassure la population tout en diminuant les droits et libertés de la population américaine pour pouvoir agir à sa guise plus tard dans d’autres dossiers.
Même les généraux américains, habituellement silencieux, en sont rendus à faire des apparitions publiques pour tenter de sauver les valeurs américaines. Car selon plusieurs observateurs, il y a un glissement graduel vers un contrôle politique autoritaire inquiétant.
Le respect de la population Afro-Américaine était le principal facteur en jeu lors de la guerre de Sécession américaine qui dura quatre ans, entre 1861 et 1865 et fît 750,000 morts. Elle couta également la vie au président Lincoln. Le problème du respect des Afro-Américains est toujours d’actualité.
Tous ces gens que l’on voit en train de protester contre la mort de George Floyd représentent le côté non raciste des États-Unis. Il ne faut pas oublier qu’il existe une grosse partie de la population américaine qui rêve encore de conserver le pouvoir blanc traditionnel. Une population qui ne peut admettre que les États-Unis se transforment et dont la richesse provient de la mixité des cultures et des races. La solide base d’électeurs américains qui appuient Donald Trump, ce menteur pathologique qui peut dire tout et son contraire dans une même phrase, n’est pas prête à le laisser tomber.
D’autres facteurs non négligeables favorisent Trump lors des élections présidentielles américaines à l’automne 2020 : 1) une caisse électorale très bien garnie (les groupes de pression tels que la NRA sont de grands donateurs et influenceurs, 2) des candidats du Parti républicain qui approuvent la méthode Trump ou choisissent le silence quand ils ne sont pas d’accord, 3) un Joe Biden hésitant qui ne fera pas le poids au moment des confrontations lors des débats politiques télévisés, 4) une économie qui reprendra rapidement avec un chômage qui a déjà commencé à diminuer, juste à temps pour la campagne électorale. Les médias de droite se chargeront de passer sous silence l’affreux bilan occasionné par la pauvre gestion initiale du COVID-19, le temps que les élections soient passées.
Si j’ai tord dans ma prédiction, jamais je n’aurai été aussi content de mon erreur!
Ce roman Microfictions 2018 de Régis Jauffret rassemble des centaines de nouvelles faisant toutes environ une page et demie, pour un total de 1024 pages.
Microfictions 2018 a gagné le Goncourt 2018 de la nouvelle.
J’ai acheté le livre sur recommandation de la revue « Le Libraire ». Je ne m’attendais cependant pas à trouver des nouvelles de ce genre. J’ai persisté dans la lecture pour découvrir progressivement un auteur hors-normes. Les tournures de phrases, la capacité de synthèse et le vocabulaire méritent vraiment une lecture attentive. Les propos peuvent cependant être dérangeants pour certaines personnes.
Les nouvelles sont souvent percutantes et portent entre autres sur : la détresse, le suicide, la violence conjugale, la maltraitance, les problèmes sexuels, le harcèlement, le vieillissement, la maladie mentale, les écarts de richesse, la folie, l’exclusion sociale, etc.
Régis Jauffret a choisi d’y inclure une bonne dose d’humour noir, et même très noir parfois, pour équilibrer le propos et parfois passer un message.
J’ai choisi quelques citations, à travers les 1000 pages de
texte, pour donner une idée du style de l’auteur :
« La
réceptionniste m’a tendu la clé avec tellement de haine dans le regard qu’il me
semblait la voir suinter au coin des yeux ». P.53
« Je n’en pouvais déjà plus de cette soirée dont nous
étions en train de grimper les premiers kilomètres ». p.58
« À notre époque flaccide, un cadeau doit réveiller son
bénéficiaire comme une raclée ». P.75
« Je n’aimais pas assez les enfants pour rater mon
existence à cause d’eux ». P.101
« Ma mère n’est pas morte, mais elle a le regard vague
depuis son attaque et à chaque fois que je la vois je ne peux m’empêcher de
fixer longuement ses mollets en me demandant lequel de ses pieds a déjà disparu
dans la tombe ». P.133
« Il m’est arrivé de me demander si je me jetterais un
jour à corps perdu dans l’existence ». P.180
« Fonder une famille reviendrait à jeter mes gamètes
dans un utérus comme une paire de dés dans un cornet. Je préfère thésauriser
plutôt que de risquer un mauvais placement ». P.180
« […] des militaires traînant des pieds pour mener une
guerre métaphysique contre l’armée d’anges déchus que Lucifer jette sur les
vierges afin de capturer leurs hymens dont il nourrit ses enfants qui rissolent
de jour comme de nuit sur leur lit chauffé à blanc dans la maison flambante où
il vit en bourgeois dans la haine du Christ ». P.185
« Nous l’avions envoyé en colonie de vacances. Par
prudence nous avions choisi un organisme laïc. Il n’en avait pas moins été
abusé par un moniteur et il nous était revenu libidineux comme une chatte en
chaleur, se dandinant, se frottant aux meubles, s’enroulant autour des jambes
des invités en minaudant ». P.197
« Les filles ont accepté d’appeler maman la mère de substitution dont je me suis amouraché pour tirer
avec moi la charrette du quotidien ». P.208
« À huit ans il sait déjà compter jusqu’à l’infini. Je
dois l’obliger à reprendre son souffle sinon il s’étouffera en essayant
d’atteindre en apnée le dernier des nombres ». P.213
« Non, je ne critique pas nos enfants. Ils sont polis,
polyglottes, ouverts aux nouvelles technologies. Nous les avons si bien élevés
qu’ils sont ennuyeux comme des caniches de concours ». P.238
« Il ne me pardonnera jamais de l’avoir surpris emboîté
dans un jeune homme ». P.253
« La transplantation sera réalisée par un robot assez intelligent
pour se contenter d’un déficient mental en fait de chef de service ». P.283
« Il a su autrefois lire et écrire son nom, mais par
paresse il préfère à présent laisser son empreinte ADN en crachant sur les
documents administratifs plutôt que de les signer ». P.345
« J’ai plus honte de toi encore que de mes hémorroïdes.
Du reste avec ton mari et tes gosses vous leur ressemblez comme deux gouttes
d’eau. La différence c’est que vous n’êtes pas opérables et qu’on ne peut pas
davantage adopter un trou-du-cul que l’abandonner au bord d’une autoroute comme
un chien dont on ne veut pas s’encombrer pendant les vacances. Je regretterai
toujours de ne pas t’avoir portée dès ta naissance aux enfants trouvés. Tu
aurais fait le malheur d’une autre pendant que j’aurais élevé Laurent avec
autant de fierté que Marie a torché Jésus. » p.364
« Elle est réapparue scintillante de haine » p.439
« Le ciel rose pommelé de nuages ressemblait à une
photo de maladie de peau. » p.451
« Nos filles sont maintenant adultes, intelligentes,
resplendissantes, exaspérantes de perfection ». p. 453
« Elle avait des parents catholiques aux yeux noirs et
durs comme les clous de la croix du Christ ». P.455
« Même si vous avez tous les deux plus de quatre-vingts
ans, ce n’est pas une raison pour refuser d’évoluer ». p.471
« Un garçon aussi terne que notre Carole avec son intelligence basique sans aucun accessoire ni enjoliveur ni option d’aucune sorte. Ils auraient formé un couple insipide qui aurait mis au monde des êtres appartenant comme eux à la grosse cavalerie de l’humanité. » P.482
« Celui qui survivra à l’autre décédera en essayant
d’attraper la main tiède de l’infirmière affamée qui se dérobera pour aller
terminer sa barquette de hachis Parmentier à la cantine » p.487
« […] cet endroit où j’ai effectué mon enfance avec autant de joie qu’une peine de prison. » p.515
« Quand vous êtes né dans un sale état, si vous voulez jouer les Roméo vous avez intérêt à être un génie du piano ou un cerveau assez hypertrophié pour découvrir chaque matin un nouveau cousin au boson de Higgs ». P.524
« Son corps décapité était resté devant le comptoir des
hors-d’œuvre ». p.560
« Elle se ressemblait, même si son visage froissé
aurait mérité un coup de fer. » p.576
« La terre est
un lieu de passage, une rue, un boulevard, une place publique dont on a depuis
longtemps arraché les bancs et lubrifié le bitume afin d’assurer aux humains
une meilleure glisse vers le crématorium ». P.591
« Je portais un appareil d’orthodontie posé à l’œil par
une organisation de dentistes chrétiens qui donnait à mon sourire des airs de
clôture électrifiée ». P.609
« La solitude fait un bruit de frigo qui se déclenche régulièrement toutes les vingt minutes […] » P.655
« Né de parents
communistes assez cruels pour aller chaque année en pèlerinage sur les lieux
des anciens goulags, assez cons pour se suicider en 2007 le jour anniversaire
de la mort de Staline […] » P.671
« Je suis entrée dans la police par goût de la répression » P.683
« Ta voix était indécrottable. Un larynx aussi encombré qu’un intestin grêle dont aucun phoniatre ne viendrait jamais à bout. Nous qui espérions faire de toi un artiste lyrique pour dissimuler ta médiocrité intellectuelle derrière les contre-ut et les trilles ». P.715
« À dix-sept ans notre aîné a révolutionné le monde des
mathématiques en inventant un onzième chiffre […] » p.722
« Je vais
entamer bientôt des pourparlers avec mon décès. Il a beau faire preuve de la
plus grande discrétion, comme tout le monde il est avide d’exister. » P.832
« Encore sa manie végétarienne de servir de la laitue
fatiguée mêlée de tomates molles, d’œufs durs au goût de vomi avec une
guirlande lumineuse qui clignote au fond du plat pour donner un air de fête à
ce fatras ». P.840
« J’ai suivi l’enterrement de mon père à la fosse
commune avec les gens du village sous l’objectif d’une chaîne de télévision
locale à l’équipe nonchalante qui semblait accompagner le cortège par
désœuvrement. » P.850
« La géométrie ne peut pas servir continuellement
d’excuse à un enseignant pour humilier un être humain ». p.893
« On peut avoir une opinion différente sans organiser une fatwacontre les élèves qui comme moi se rebellent contre sa conception fondamentaliste des maths ». P.893
« Elle a intégré dès la semaine suivante un pensionnat clos de murs dans le Vercors pour méditer sur les vertus de l’abnégation dont ont fait preuve son arrière-grand-père et bien d’autres antisémites chrétiens au nom de la haine du Boche en s’engageant dans la résistance au mépris de leurs convictions raciales ». P. 901
« Les habitants d’un endroit pareil ne valent pas plus
cher que son climat. Dans le coin aucune famille sans son meurtrier, son
voleur, son auteur de crime sexuel dont à chaque réveillon un pervers oncle
saoul raconte avec envie la carrière » p.959
« Elle allait rater sa licence, un diplôme certes
médiocre, mais qui lui manquerait le jour où elle serait en panne de papier de
toilette ». P.965
« Quand je suis enfin couché je me dis que j’aurais mieux fait de naître sous forme de foule pour n’être pas seul à supporter ma vie navrante ». P976
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Photo prise durant l’été 2016 sur Hastings Street à Vancouver.
Il me semble qu’une telle scène se conçoit mieux en noir et blanc…
L’homme qui est allongé sur le trottoir, sous un soleil de plomb, tient dans sa main gauche un verre vide pour recevoir de la monnaie, si jamais il y en a.
L’auteur est un journaliste et documentariste allemand qui a travaillé pour Stern et Der Spiegel. Il est également l’auteur de quatre autres livres. Le titre original de son livre écrit en allemand est : « Der totale Rausch. Drogen im Dritten Reich ».
La recherche effectuée pour ce livre démontre que durant les années précédant la Seconde Guerre mondiale, la population allemande utilisait régulièrement des drogues pour supporter plus facilement la défaite de la Première Guerre mondiale. La consommation de narcotiques était banalisée. Il fallait changer les habitudes de la population.
Hitler est alors présenté comme « un modèle de vie pure à tous égards […], l’ascète, l’ennemi des drogues qui fait fi de ses propres besoins » (p.25). Mais s’il y a quelqu’un en Allemagne qui en vient à utiliser régulièrement des drogues et a même accès à son fournisseur personnel, en l’occurrence le fameux docteur Morell, c’est bien Hitler.
Dans les documents présentés par l’auteur, Hitler est aussi décrit comme le Patient A. « Hitler s’habitue aux piqûres à répétition ainsi qu’à ces mystérieuses substances qui coulent dans ses veines pour soi-disant le revigorer ». (P.37.)
En 1937, les usines Temmler créent la première méthylamphétamine allemande, appelée aussi pervitine. L’utilisation généralisée se répand dans la population allemande de même que dans l’armée. La pervitine, c’est le coup de fouet artificiel qui dure plus de douze heures. C’est le remède artificiel qui « règle les problèmes » et qui tient aussi en éveil le soldat allemand pendant plusieurs jours d’affilée. « En consommer devient aussitôt aussi naturel que de prendre une tasse de café » (p.44)
L’armée allemande, qui ne dort que tous les deux ou trois jours, fonce à travers l’Europe. C’est le fameux Blitzkrieg. Les blindés ne s’arrêtent plus. Alors que les soldats alliés doivent sommeiller à tour de rôle, le soldat allemand fonce sans prendre de repos, énergisé à la méthamphétamine.
La Pologne est la première surprise. « […] pourvue de drogue à foison, mais privée d’indications posologiques, la Wehrmacht fond sur le voisin polonais qui, lui, n’est pas dopé et n’a pas idée de ce qui l’attend. » (p.63)
Trente-cinq millions de doses sont commandées pour l’armée et la Luftwaffe. « La Wehrmacht devient ainsi la première armée au monde à tabler sur la drogue chimique […]. Une nouvelle forme de guerre va faire son apparition. » (p.76)
Peter Steinkamp, un historien de la médecine, affirme que « le Blitzkrieg a été mené grâce à la méthamphétamine, pour ne pas dire qu’il était fondé sur l’usage de la méthamphétamine » (p.85)
Les officiers allemands n’obéissent plus aux ordres, grisés par les victoires rapides. « Guderian […] continue son offensive alors qu’il a formellement reçu l’ordre de faire halte » (p.86). C’est la même chose pour Rommel, qui n’obéit plus aux ordres du général Hoth : « Il a perdu tout sens du danger [ce qui est] un symptôme typique d’une consommation excessive de méthamphétamine. Il poursuit son offensive de jour comme de nuit ». (P.88.) Hitler ne contrôle plus les généraux des divisions blindées qui agissent maintenant de façon autonome.
Décidé à reprendre le contrôle sur ses officiers, Hitler prendra alors une décision qui évacue momentanément toute stratégie militaire. Il ordonne à ses troupes de s’arrêter pendant dix jours, alors que celles-ci ont pratiquement terminé d’encercler les Alliés. Les officiers allemands insistent auprès d’Hitler pour achever la campagne militaire, mais « Hitler veut montrer à l’armée de terre que c’est lui et personne d’autre qui mène cette guerre » (p.95). À Dunkerque, « plus de 340,000 soldats français, belges et britanniques s’échappent ainsi par la mer » (p.95).
L’auteur cite de nombreux documents de recherche faisant état des témoignages de soldats et officiers consommant massivement des produits dopants. Cette consommation excessive est pratiquée jusqu’aux plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. La population civile en consomme également : « Il ne faut pas bien longtemps pour que le nombre de comprimés qui ont atterri dans les estomacs et le sang des Allemands passe la barre des cent millions de doses » (p.114).
Un Hitler quotidiennement dopé et au jugement altéré commet une autre grave erreur stratégique quant aux combats qui font rage en Russie. Il interdit tout mouvement de repli des troupes allemandes sans son autorisation. La Wehrmacht subit ainsi de lourdes pertes face aux divisions d’élite russes « fraîchement arrivées de Sibérie » (p.135).
Une autre erreur stratégique survient en décembre 1941 alors que l’Allemagne décide de déclarer la guerre aux États-Unis : « [L’Allemagne] est déjà épuisée par les combats qu’elle mène sur les différents fronts tandis que le colosse industriel d’outre-Atlantique est, lui, prêt à mener bataille » (p.139).
L’entêtement d’Hitler « à ne pas vouloir céder un pouce des territoires conquis trouve ici une raison plus profonde : que les cheminées fonctionnent le plus longtemps possible à l’est, dans les champs d’extermination d’Auschwitz, Treblinka, Sobibor, Chelmno, Majdanek et Belzec. Tenir toutes les positions, jusqu’à ce que tous les Juifs aient été tués. S’éloignant toujours un peu plus des lois humaines [Hitler] continue sa guerre contre les faibles » (p.140).
L’auteur poursuit son récit quant aux autres erreurs de stratégie militaire d’Hitler. Il donne également des précisions quant à la liaison étroite qui lie le Dr Morell et Hitler, de même que des détails pointus quant aux cocktails de médicaments consommés quotidiennement par Hitler, dont l’Eucodal, la cocaïne et la morphine. Profitant de son lien étroit avec le patient A, le Dr Morell en profite également pour accroître son influence et sa fortune personnelle.
Le lecteur constate le déclin progressif du Führer et les conséquences des décisions désespérées de ce dernier. Il est tout de même étonnant que dans les biographies d’Hitler cette consommation aussi intensive de drogues et ses conséquences soient à peine soulignées.
Vers la fin du livre se trouvent des passages importants, particulièrement difficiles, sur certaines expériences effectuées sur les prisonniers des camps de concentration.
Le livre « L’extase totale » permet de comprendre de façon différente la Seconde Guerre mondiale et la psychologie du peuple allemand à cette époque. Il est extrêmement surprenant de constater à quel point les drogues chimiques ont joué un rôle primordial avant et pendant ce conflit mondial. Même la compréhension du Blitzkrieg s’en trouve altérée.
La technologie de pointe et la stratégie militaire allemande combinée à l’usage intensif de drogues chimiques par les troupes ont, dans un premier temps, donné un avantage important aux Allemands. Cependant, avec le temps, un manque de contrôle adéquat sur ces drogues et une absence volontaire de sensibilisation quant aux effets secondaires de la pervitine et autres mixtures chimiques ont eu des conséquences négatives irréversibles sur un grand nombre de soldats et d’officiers et occasionné de graves erreurs de stratégie militaire. La dérape idéologique a également occasionné la perte de millions de vies humaines.
Catherine Mavrikakis dédie son roman « Les derniers jours de Smokey Nelson » à ceux et celles « qui meurent assassinés par les gouvernements de nombreux États de l’Amérique ». Elle désire également souligner le travail de « David R. Dow qui, au Texas, tente de les sauver ».
L’auteure présente les travers de l’Amérique profonde avec en toile de fond les meurtres sordides d’une famille de quatre personnes dans un motel, il y a une vingtaine d’années. Les détails du crime ne présentent qu’un intérêt accessoire dans le roman.
Ce crime est l’occasion pour l’auteure de présenter les vies très différentes des personnes qui ont été directement touchées par le drame. À travers les histoires personnelles de ces individus, s’expriment les peurs et les déséquilibres des Américains.
Catherine Mavrikakis a une façon originale d’aborder les injustices vécues à cause d’une couleur de peau différente. Elle élabore également de façon très habile sur les conséquences que peuvent avoir la religion, la maladie mentale, l’usage des médicaments et de l’alcool, le manque d’éducation et les écarts de richesse sur les citoyens Américains.
Il est également question dans le roman de cette peur du gouvernement qui est perçu comme l’ennemi des citoyens américains et dont il est nécessaire de se protéger par les armes. Le citoyen américain, tel Timothy McVeigh, se transforme lui-même en terroriste tant il est certain « du complot de l’État contre ses croyances ».
Le roman aborde également de la différence du traitement entre Blancs et Noirs face à la justice. Cela n’est d’ailleurs une surprise pour personne. Il y a beaucoup plus de Noirs que de Blancs en prison, et également beaucoup plus de Noirs qui se retrouvent dans le couloir de la mort.
L’inégalité de traitement entre Blancs et Noirs est également présente lorsque l’auteure rappelle à la mémoire les ravages causés par l’ouragan Katrina et les doutes quant à certains détails entourant la destruction des digues protégeant les différents quartiers.
Les rumeurs voudraient que l’on ait volontairement détruit certaines sections des barrages pour contrôler le trajet des inondations. Le désir de protéger les quartiers favorisés, majoritairement occupés par des Blancs, aurait causé la destruction et l’inondation des quartiers noirs du Lower Ninth Ward. Il appartient au lecteur de déterminer si une recherche plus approfondie sur le sujet est justifiée.
Certaines sections du récit résument à merveille les contradictions dans le discours religieux. À de nombreuses occasions, il est possible d’assister au discours d’un Dieu vantard devant qui les humains doivent se prosterner sans discuter afin de célébrer « sa gloire ». Un Dieu par qui la violence arrive néanmoins et qui justifie les actions radicales afin de venir à bout d’un Satan qui, parfois, prend la liberté de prendre une pause. Cette courte absence est toujours une occasion que ne rate pas Dieu pour rayonner pleinement.
En toute fin de récit, le condamné à mort, après avoir pris un dernier repas copieux, réfléchit sur l’utilité de rencontrer un prêtre juste avant d’être exécuté. Il a cette délicieuse observation : « Un pasteur, c’est comme un steak, au dernier moment, cela ne se refuse pas ».
Cette scène de photographie de rue, capturée à Paris avec un appareil-photo plein format Canon 5D MKII, fonctionne mieux dans la langue française car le mot « occupé » y joue un rôle crucial.
À l’arrière-plan, des personnes enlèvent des autocollants apposés sur un magasin d’une grande marque internationale. On peut voir le mot « occupé » inscrit sur une bannière, qui est signe d’une agitation ouvrière. Dans le plan moyen, tous les gens sont en mouvement. Leur regard se fixent partout sauf au premier plan où se trouve un mendiant sans jambes qui espère recevoir des dons.
Trois niveaux de richesse sont présents sur la photo : celle du propriétaire de la marque de commerce du magasin (dissimulée en partie pour des raisons légales), celle des citoyens qui déambulent et celle du mendiant.
J’ai voulu saisir le mot « occupé » pour exprimer une autre signification dans la photo : les gens qui marchent et qui semblent bénéficier d’un confort financier relatif n’ont pas le temps de s’arrêter pour l’homme qui ne marche pas et qui ne bénéficie certainement pas d’un confort acceptable. Chacun est « occupé ».
Une pomme verte, déposée devant l’homme, et un sac vert derrière lui, semblent constituer les biens de ce mendiant handicapé.
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