L’tape 10 de ce tour du monde en simulation de vol s’effectue entre la Pologne et l’Allemagne. Deux appareils très diffrents serviront complter le trajet durant cette journe de voyage en vol VFR : un vieux Junkers Ju 52/3m et un hlicoptère d’affaires moderne, le H160 d’Airbus.
Le dpart s’opère partir de l’aroport de Lublin (EPLB) en Pologne. Le Junkers Ju 52/3m dcolle sur une courte distance et sans problème. Le gros trimoteur roue de queue est aussi prvisible que le Cessna C-170B que j’avais utilis dans la vraie vie pour traverser le Canada en 1981. On aperçoit ci-dessus les champs cultivs de la Pologne.
La matine s’annonce très belle quant la mto. La première tape du trajet permet le survol du château de Moritzburg (Schloss Moritzburg), au nord-ouest de Dresde. Sa construction date de 1542 et tait originalement le pavillon de chasse du duc de Saxe.
Sur le trajet en direction Halle se trouve un grand parc d’oliennes. L’Allemagne comme l’Europe dveloppe son nergie verte rapidement. L’attitude rcente de la Russie face l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe a drastiquement chang la planification nergtique des pays avoisinants.
Ci-dessus, au centre de la photo, se trouve une vue partielle du Muse national de la prhistoire de Halle (Landesmuseum für Vorgeschichte Halle) qui se situe non loin de Leipzig. Il s’agit d’un des principaux muses archologiques d’Europe centrale.
Avant d’atteindre l’aroport de Calden pour changer d’appareil, nous contemplons le monument Kyffhaüser (Kyffhaüser Denkmal). Une fois Calden, nous sauterons dans un hlicoptère moderne construit par Airbus, le H160, pour nous diriger vers Göttingen, plus prcisment au-dessus de la rue Münchhausenstrasse.
Nous avons obtenu la permission de survoler cette artère très basse altitude, le temps de saluer une vieille connaissance. Cette autorisation douteuse va probablement causer la perte de son poste au ministre des Transports de l’Allemagne.
Un survol de cette rue de Göttingen est ncessaire pour vrifier l’ampleur de la circulation.
La descente se fait graduellement entre les bâtiments. Nous effectuons un vol stationnaire juste au-dessus des voitures. Les pitons semblent nous saluer, mais il se peut que nous interprtions le geste de façon errone.
Notre ami est la fenêtre et prend le temps de cesser sa lecture d’une excellente bande dessine pour nous envoyer la main. Nous poursuivons ensuite notre route jusqu’ l’aroport de Padderborn Lippstadt (EDLP), la destination pour aujourd’hui.
Il y a tout de même passablement d’activit l’aroport. Tout de suite après l’atterrissage, nous commencerons la planification de l’tape 11 de ce voyage autour du monde en simulation de vol et mto relle.
Avec « Super canon — Le marchand d’armes qui visait les toiles », l’auteur Philippe Girard nous offre un roman graphique de très grande qualit, autant par le scnario que par le dessin et les choix de couleurs. Pour cette œuvre, il a bnfici d’une rsidence d’auteur Liège.
Il a certainement mieux apprci son exprience en Belgique que sa rsidence d’crivain en Pologne où il avait dû se dbrouiller seul, car les hôtes n’avaient pas respect les prsentations et rendez-vous prvus l’horaire. À l’poque, il s’tait servi de sa malchance pour, malgr tout, produire un ouvrage très intressant portant le nom de « Le Starzec — un mois Cracovie ».
« Super canon » se base sur une histoire vcue, celle de l’ingnieur canadien Gerald Vincent Bull. Bien sûr, il est impossible de retracer pas pas la vie de cet homme et l’auteur a donc cr un personnage dsign Docteur Gerry.
À la lecture du bouquin, on ralise le talent incroyable de Gerald Bull, ce scientifique qui a rvolutionn la balistique. On tmoigne de son destin en dents de scie, tourment qu’il tait entre ses rêves de jeunesse et ses ambitions sans limites.
Pour boucler ses budgets de recherche et garder sa compagnie flot, il se transforme progressivement en marchand d’armes. Il se met au service de multiples Etats, dont le Canada, les Etats-Unis, Israël, l’Irak, l’Iran, la Chine. Ce faisant, il devient l’objet d’une surveillance constante de la part de plusieurs agences et accumule les ennemis.
On a de toute vidence affaire un gnie qui a dessein bloqu toute rflexion critique quant ses armes de destruction. Il rêve d’un canon très puissant pour envoyer des satellites dans l’espace, mais les organismes de renseignement d’autres pays ont des projets très diffrents pour ses canons.
Il croit naïvement qu’il pourra servir plusieurs maîtres aux intrêts divergents, sans que cela puisse lui causer le moindre problème. Cela frise le raisonnement enfantin, l’aveuglement volontaire dans le but de s’offrir la grande vie.
Ma seule rserve propos du contenu concerne la première page du rcit. Je trouve qu’il existe une ambiguït propos de l’Irak et les armes de destruction massive (case 5, page 3). C’tait effectivement la crainte initiale souleve par les Etats-Unis, mais des suivis rpts des inspecteurs des Nations Unies avaient montr que Saddam Hussein ne possdait pas de pareilles armes. On ne pouvait justifier l’invasion de l’Irak sur une telle base. Cette invasion a tout de même eu lieu, et on n’a pu trouver aucune de ces supposes armes en Irak. J’aurais souhait que les conclusions de l’ONU soient mentionnes. Cela aurait permis que le scnario du bouquin s’tablisse partir d’une base ne laissant planer aucun doute.
Autrement, chose certaine, vous apprcierez ce roman graphique extrêmement bien conçu.
Il s’agit du livre qui a inspir la nouvelle srie de Tom Hanks et Steven Spielberg. « Les maîtres de l’air » est un livre de près de 700 pages dont le contenu est absolument fascinant. Très bien document, il raconte l’histoire des jeunes bombardiers amricains qui ont fait partie de la 8e Air Force amricaine ayant combattu l’Allemagne nazie. L’impact de l’arrive de tous ces quipages et avions sur le sol britannique est dcrit en dtail…
Le lecteur constate combien d’quipages de bombardiers sont morts inutilement du fait que le commandement arien croyait qu’une flotte de bombardiers B-17 pouvait effectuer des bombardements sans avoir besoin d’escorte pour assurer sa dfense. On comprend mieux l’importance de l’arrive des avions de chasse Mustang sur la scurit des oprations.
Les stratgies d’attaque, de dfense et les ides prconçues quant aux meilleurs types de bombardements y sont discutes en dtail, très souvent en citant les acteurs de l’poque. Les choix des cibles, de même que les manquements importants dans le renseignement sont analyss.
J’ai cit quelques passages, au fur et mesure de la lecture, pour vous donner une ide de l’intensit des propos :
« Les mitrailleurs de tourelle centrale, forcs d’y rester pendant des heures au-dessus du territoire ennemi, urinaient dans leurs vêtements; leur dos, leurs fesses et leurs cuisses gelaient « si violemment que les muscles se dtachaient et mettaient les os nu » » p.131
« Un agent du renseignement britannique a estim que pour chaque aviateur abattu qu’on parvenait vacuer [du territoire ennemi], un membre [des rseaux clandestins], français, belge ou nerlandais, tait tu ou mourait sous la torture » p.141
« Alors que Rooney et
quelques autres journalistes attendaient devant une tour de contrôle le retour
d’une escadrille de bombardiers, la rumeur se rpandit qu’un mitrailleur de
tourelle ventrale tait coinc dans sa bulle de plastique, sous l’appareil.
« Le mcanisme, qui faisait tourner la bulle pour mettre le mitrailleur en
position de tir ou le ramener la position qui lui permettait de sortir et de
remonter dans l’appareil, avait t touch et s’tait bloqu. Le mitrailleur de
tourelle ventrale tait enferm dans une cage en plastique. »
Juste avant l’atterrissage, le système hydraulique de la Forteresse [B-17], cribl de balles, a mal fonctionn, empêchant le pilote de sortir le train d’atterrissage. La commande manuelle du train d’atterrissage avait t dtruite. Il allait devoir atterrir sur le ventre. « Il y eut huit minutes de discussions dchirantes entre la tour de contrôle, le pilote et l’homme pig dans la tourelle ventrale. Il savait ce qui touche le sol en premier lorsqu’il n’y a pas de roues. Nous avons tous regard avec horreur ce qui arrivait. Nous avons vu cet homme mourir, cras entre le bton de la piste et le ventre du bombardier. » p.169
« Seuls trente-trois des 178 Liberator [B-24] qui avaient t envoys Ploesti revinrent et furent en tat de voler le lendemain. » p.257
« Certains bombardiers
atterrissaient avec deux ou trois cents trous dans leur carlingue, et des hommes
en plus mauvais tat que leur avion : des bras et genoux arrachs, des
yeux sortis de leur orbite, des poitrines ouvertes si larges que les mdecins
ariens pouvaient voir les poumons des morts » p.418
« La première semaine de juillet, 434 000 juifs hongrois avaient t envoys Auschwitz et près de 90% d’entre eux avaient t assassins. » p.424
« Le 1er janvier, tandis que les Amricains se battaient toujours dans des conditions arctiques dans les Ardennes, la BBC annonça que l’Arme rouge, installe sur les rives de la Vistule, se prparait avancer. Près de quatre millions d’hommes et dix mille tanks formaient un front qui s’tendait de la mer Baltique jusqu’aux Balkans. » p.532
« L’ordre insens de Hitler de combattre jusqu’au bout allait faire s’abattre sur l’Allemagne un vritable dluge de destruction dans les derniers mois de la guerre. La dcision du gouvernement japonais de continuer se battre après la chute des Philippines dbut 1945 allait rendre la fin de la guerre encore plus terrible pour la population de ses villes de papier et de bois, très vulnrables aux incendies. » p.535
« Même si le [Messerschmitt Me 262] avait malgr tout russi faire durer la guerre jusqu’ la fin de l’t 1945, c’est l’Allemagne, et non le Japon, qui aurait probablement t la cible des premières bombes atomiques, armes dveloppes au dpart par des quipes scientifiques, où les juifs taient majoritaires, pour frapper les nazis. « Si les Allemands n’avaient pas capitul, j’aurais apport la bombe par ici, dclara après la guerre l’ancien pilote de la 8e Air Force Paul Tibbets, le commandant d’Enola Gay. […] Mes instructions taient de crer une force de bombardement d’lite, […] et il tait entendu que, une fois entraîne, elle serait divise en deux groupes : un envoy en Europe, et l’autre dans le Pacifique. Le Japon n’tait pas la cible prioritaire. Tous nos plans initiaux prvoyaient que nous larguerions les bombes presque simultanment sur l’Allemagne et le Japon ». » p.588
« Aucun dbarquement n’aurait t possible en 1944 sans les souffrances et les sacrifices de l’Arme rouge et de la population russe sur le front de l’Est de l’Allemagne, où moururent plus de citoyens et de soldats que sur tous les autres fronts de la guerre runis. » p.606
Cliquez sur le lien pour d’autres articles portant sur le renseignement sur mon blogue.
L’auteur est un journaliste et documentariste allemand qui a travaill pour Stern et Der Spiegel. Il est galement l’auteur de quatre autres livres. Le titre original de son livre crit en allemand est : « Der totale Rausch. Drogen im Dritten Reich ».
La recherche effectue pour ce livre dmontre que durant les annes prcdant la Seconde Guerre mondiale, la population allemande utilisait rgulièrement des drogues pour supporter plus facilement la dfaite de la Première Guerre mondiale. La consommation de narcotiques tait banalise. Il fallait changer les habitudes de la population.
Hitler est alors prsent comme « un modèle de vie pure tous gards […], l’ascète, l’ennemi des drogues qui fait fi de ses propres besoins » (p.25). Mais s’il y a quelqu’un en Allemagne qui en vient utiliser rgulièrement des drogues et a même accès son fournisseur personnel, en l’occurrence le fameux docteur Morell, c’est bien Hitler.
Dans les documents prsents par l’auteur, Hitler est aussi dcrit comme le Patient A. « Hitler s’habitue aux piqûres rptition ainsi qu’ ces mystrieuses substances qui coulent dans ses veines pour soi-disant le revigorer ». (P.37.)
En 1937, les usines Temmler crent la première mthylamphtamine allemande, appele aussi pervitine. L’utilisation gnralise se rpand dans la population allemande de même que dans l’arme. La pervitine, c’est le coup de fouet artificiel qui dure plus de douze heures. C’est le remède artificiel qui « règle les problèmes » et qui tient aussi en veil le soldat allemand pendant plusieurs jours d’affile. « En consommer devient aussitôt aussi naturel que de prendre une tasse de caf » (p.44)
L’arme allemande, qui ne dort que tous les deux ou trois jours, fonce travers l’Europe. C’est le fameux Blitzkrieg. Les blinds ne s’arrêtent plus. Alors que les soldats allis doivent sommeiller tour de rôle, le soldat allemand fonce sans prendre de repos, nergis la mthamphtamine.
La Pologne est la première surprise. « […] pourvue de drogue foison, mais prive d’indications posologiques, la Wehrmacht fond sur le voisin polonais qui, lui, n’est pas dop et n’a pas ide de ce qui l’attend. » (p.63)
Trente-cinq millions de doses sont commandes pour l’arme et la Luftwaffe. « La Wehrmacht devient ainsi la première arme au monde tabler sur la drogue chimique […]. Une nouvelle forme de guerre va faire son apparition. » (p.76)
Peter Steinkamp, un historien de la mdecine, affirme que « le Blitzkrieg a t men grâce la mthamphtamine, pour ne pas dire qu’il tait fond sur l’usage de la mthamphtamine » (p.85)
Les officiers allemands n’obissent plus aux ordres, griss par les victoires rapides. « Guderian […] continue son offensive alors qu’il a formellement reçu l’ordre de faire halte » (p.86). C’est la même chose pour Rommel, qui n’obit plus aux ordres du gnral Hoth : « Il a perdu tout sens du danger [ce qui est] un symptôme typique d’une consommation excessive de mthamphtamine. Il poursuit son offensive de jour comme de nuit ». (P.88.) Hitler ne contrôle plus les gnraux des divisions blindes qui agissent maintenant de façon autonome.
Dcid reprendre le contrôle sur ses officiers, Hitler prendra alors une dcision qui vacue momentanment toute stratgie militaire. Il ordonne ses troupes de s’arrêter pendant dix jours, alors que celles-ci ont pratiquement termin d’encercler les Allis. Les officiers allemands insistent auprès d’Hitler pour achever la campagne militaire, mais « Hitler veut montrer l’arme de terre que c’est lui et personne d’autre qui mène cette guerre » (p.95). À Dunkerque, « plus de 340,000 soldats français, belges et britanniques s’chappent ainsi par la mer » (p.95).
L’auteur cite de nombreux documents de recherche faisant tat des tmoignages de soldats et officiers consommant massivement des produits dopants. Cette consommation excessive est pratique jusqu’aux plus hauts niveaux de la hirarchie militaire. La population civile en consomme galement : « Il ne faut pas bien longtemps pour que le nombre de comprims qui ont atterri dans les estomacs et le sang des Allemands passe la barre des cent millions de doses » (p.114).
Un Hitler quotidiennement dop et au jugement altr commet une autre grave erreur stratgique quant aux combats qui font rage en Russie. Il interdit tout mouvement de repli des troupes allemandes sans son autorisation. La Wehrmacht subit ainsi de lourdes pertes face aux divisions d’lite russes « fraîchement arrives de Sibrie » (p.135).
Une autre erreur stratgique survient en dcembre 1941 alors que l’Allemagne dcide de dclarer la guerre aux Etats-Unis : « [L’Allemagne] est dj puise par les combats qu’elle mène sur les diffrents fronts tandis que le colosse industriel d’outre-Atlantique est, lui, prêt mener bataille » (p.139).
L’entêtement d’Hitler « ne pas vouloir cder un pouce des territoires conquis trouve ici une raison plus profonde : que les chemines fonctionnent le plus longtemps possible l’est, dans les champs d’extermination d’Auschwitz, Treblinka, Sobibor, Chelmno, Majdanek et Belzec. Tenir toutes les positions, jusqu’ ce que tous les Juifs aient t tus. S’loignant toujours un peu plus des lois humaines [Hitler] continue sa guerre contre les faibles » (p.140).
L’auteur poursuit son rcit quant aux autres erreurs de stratgie militaire d’Hitler. Il donne galement des prcisions quant la liaison troite qui lie le Dr Morell et Hitler, de même que des dtails pointus quant aux cocktails de mdicaments consomms quotidiennement par Hitler, dont l’Eucodal, la cocaïne et la morphine. Profitant de son lien troit avec le patient A, le Dr Morell en profite galement pour accroître son influence et sa fortune personnelle.
Le lecteur constate le dclin progressif du Führer et les consquences des dcisions dsespres de ce dernier. Il est tout de même tonnant que dans les biographies d’Hitler cette consommation aussi intensive de drogues et ses consquences soient peine soulignes.
Vers la fin du livre se trouvent des passages importants, particulièrement difficiles, sur certaines expriences effectues sur les prisonniers des camps de concentration.
Le livre « L’extase totale » permet de comprendre de façon diffrente la Seconde Guerre mondiale et la psychologie du peuple allemand cette poque. Il est extrêmement surprenant de constater quel point les drogues chimiques ont jou un rôle primordial avant et pendant ce conflit mondial. Même la comprhension du Blitzkrieg s’en trouve altre.
La technologie de pointe et la stratgie militaire allemande combine l’usage intensif de drogues chimiques par les troupes ont, dans un premier temps, donn un avantage important aux Allemands. Cependant, avec le temps, un manque de contrôle adquat sur ces drogues et une absence volontaire de sensibilisation quant aux effets secondaires de la pervitine et autres mixtures chimiques ont eu des consquences ngatives irrversibles sur un grand nombre de soldats et d’officiers et occasionn de graves erreurs de stratgie militaire. La drape idologique a galement occasionn la perte de millions de vies humaines.
Ce livre raconte les oprations quotidiennes et les habitudes de vie des gens ayant travaill au dcodage des messages allemands Bletchley Park, en Angleterre, durant la Seconde Guerre mondiale. Le lecteur ralise rapidement l’impact incroyable de ces travailleurs de l’ombre sur l’issue des batailles les plus connues, telles les Bataille d’Angleterre et d’El Alamein, de même que sur le dbarquement comme tel. Mais par-dessus tout, il permet au lecteur de pntrer dans les baraquements pour tmoigner de la rigueur et du professionnalisme de ces hommes et femmes qui ont œuvr jour et nuit, malgr la grande tension et l’puisement, pour accomplir leur devoir.
Leurs efforts pour obtenir des rsultats frôlaient l’obsession. Même en dormant, les cerveaux taient au travail. On y apprend qu’une avance majeure a eu lieu après qu’un chercheur se soit rveill au beau milieu de la nuit avec la solution qu’il esprait trouver depuis longtemps. Naturellement, des noms comme ceux d’Alan Turing, John Herivel ou Dillwyn Knox reviennent frquemment. Mais ils sont accompagns d’une multitude d’autres personnes ayant toutes jou un rôle essentiel.
Bletchley Park tait d’une grande efficacit pour plusieurs raisons :
1. Une judicieuse combinaison des employs possdant les capacits et les formations les plus diverses : les comptences croises et la culture gnrale taient recherches. Les femmes et hommes travaillant au dcodage possdaient bien sûr une intelligence très suprieure et une grande capacit de concentration. Des connaissances dans plusieurs disciplines taient requises : il y avait des experts en mathmatique autant qu’en histoire, en lettres classiques ou en linguistique. Dillwyn Knox, une des vedettes de Bletchley, tait lui-même expert en vieux papyrus. L’association des intelligences donna lieu des innovations très importantes.
2. La capacit de maintenir le secret : les employs taient judicieusement slectionns et l’tanchit entre les bâtiments où ces derniers travaillaient tait totale. S’il y avait eu une taupe l’intrieur d’un bâtiment en particulier, il lui aurait t impossible de traverser d’un emplacement physique l’autre pour tenter de recueillir de l’information privilgie. L’existence d’un but commun et du sentiment profond de l’importance de ce qui devait être fait transcendait la fatigue du personnel et contribuait diminuer l’intensit des invitables conflits internes. Cela a même assur des annes de discrtion après que le conflit mondial ait t rgl.
3. Un traitement spcial pour les casseurs de codes : même si Bletchley servait essentiellement des fins militaires, il n’y avait pas de rgime militaire strict : « Au fil des annes et des siècles, nous pouvons constater que le renseignement britannique est en partie une affaire militaire, mais demeure surtout rgi par de talentueux civils ». Les casseurs de codes avaient besoin d’un traitement spcial : « […] On a jug très important que les “experts” aient suffisamment d’espace et de libert pour mener bien leurs raisonnements gniaux. Il ne fallait donc pas les perturber avec les restrictions et la discipline imposes tous les autres ». Cet objectif de prserver certains employs des contraintes inutiles a aujourd’hui t rpt avec succès dans les compagnies internationales voues l’innovation.
4. La collaboration entre les pays : il importe de mentionner la collaboration essentielle entre la Pologne, l’Angleterre et la France dans l’accumulation des rsultats visant craquer le code Enigma. Jusqu’ l’effondrement de la France, toutes les solutions trouves taient partages. D’ailleurs, les cryptanalystes polonais furent les premiers dchiffrer les codes de la première version de la machine Enigma, rsultats qu’ils partagèrent avec les deux autres pays.
5. L’importance du facteur chance dans le succès des oprations : l’lment chance devait jouer un rôle très important dans la capacit de Bletchley Park de demeurer en activit sur une longue priode. Malgr l’intensit des bombardements allemands, très peu de dommages furent infligs aux bâtiments où travaillaient les dcodeurs : « Cela tient du miracle que seules deux bombes aient touch Bletchley Park […]. En outre, une autre est tombe près de l’endroit où Knox et Lever travaillaient, mais n’a pas explos ». Par ailleurs, deux autres bombes sont tombes sur la proprit, galement sans exploser.
Il y avait malgr tout des obstacles l’efficacit, dont l’existence de paliers inutiles qui nuisaient aux oprations. L’information primaire commence être transforme dès qu’elle est relaye un premier niveau pour interprtation. Plus il y a de paliers travers lesquels l’information doit circuler et plus celle-ci est transforme. Il y a des gens qui deviennent maîtres dans l’art de protger leur statut et leur emploi et constituent ventuellement un palier inutile. De par leur niveau hirarchique plus lev, ils sont difficiles dloger. Cette situation n’a pu être vite non plus Bletchley Park. Comme l’crivait Knox l’poque, « […] Nous sommes actuellement encombrs d’officiers du renseignement qui malmènent nos rsultats et ne font aucun effort pour vrifier leurs corrections arbitraires ».
Un passage du livre m’ayant particulièrement touch est l’histoire de ces trois marins britanniques qui nagèrent jusqu’ un U-Boat, le U-559, alors qu’il avait commenc couler, et rcuprèrent une machine Enigma quatre rotors (la nouvelle version complexifie) de même que les cls Stark utilises. Les deux marins qui pntrèrent dans le U-Boat prirent, car ils n’eurent pas le temps d’en sortir temps. Le troisième, demeur l’extrieur, put ramener le matriel (plac judicieusement dans un sac tanche) vers son bateau. Mettre ainsi la main sur une machine Enigma et ses cls devait s’avrer capital pour neutraliser les forces allemandes sur les ocans.
Je termine avec une citation de Mavis Batey, qui rsume bien l’tat d’esprit des gens œuvrant Bletchley Park : « Vous faites ou non des choses, mais si vous n’agissez pas, personne ne le fera votre place ».