Le fleuve Saint-Laurent étant un cours d’eau assez difficile à naviguer, la loi canadienne oblige les capitaines de certains gros navires à accepter que des pilotes locaux connaissant parfaitement les particularités de la voie maritime montent à bord pour les trajets les plus risqués.
Une fois que le pilote québécois aide la capitaine Explora 1, parce qu’il s’agit bien d’une capitaine cette fois-ci, le navire poursuit sa route vers Québec en contournant l’île d’Orléans, comme le montre la photo ci-dessous. Après avoir joué son rôle de taxi des mers, la petite embarcation des pilotes du St-Laurent s’éloigne du navire et revient au Bassin Louise du port de Québec.
Serena Melani, « première femme au monde à mener un navire de croisière hors d’un chantier naval », assure une approche en douceur du Explora 1 pour le quai 30 du port de Québec. Ce navire tout neuf a complété ses essais en mer en avril 2023 et Québec fait partie des premières destinations prévues au calendrier de l’année 2023.
Tous les capitaines aimeraient bien accoster au populaire quai 22, car ce dernier offre une vue parfaite sur le Château Frontenac. Mais en cette belle journée d’octobre, le Norwegian Sky occupe déjà l’endroit.
Le navire de croisière Norwegian Joy, qui jauge près de 168 000 tonnes, fait partie des plus gros vaisseaux qui accostent dans le Vieux-Québec en automne.
Il peut accueillir 3852 passagers et, pour le service à bord, on compte 1851 membres d’équipage, soit presque un employé pour deux vacanciers. Sa construction date de 2017. Malgré son jeune âge, il a bénéficié de rénovations en 2020.
Dans la photo ci-dessus, vous observez en haut à gauche un tube transparent surélevé au-dessus du pont supérieur. Au moyen d’un grossissement de la photo, on s’aperçoit que des personnes glissent à grande vitesse, la tête en bas, à l’intérieur de cette glissade d’eau. Le cliché ci-dessous vous aidera à mieux voir le type en maillot de bain rouge et bleu qui passe à vive allure. On doit régler la vitesse d’obturation de l’appareil-photo à 1/2000 pour éviter un flou de bougé.
Cette journée-là, je n’emportais qu’un zoom Canon EF 11-24 mm f/4 USM. J’ai dû recadrer quelque peu pour grossir la photo, mais on aperçoit tout de même assez bien la scène. Une partie du tube donne au sportif l’impression qu’il plonge soudainement vers le sol, car l’installation dépasse des côtés du navire.
Pendant que les gens s’amusent sur le pont supérieur, toute une équipe s’affaire à ravitailler le navire et assurer sa sécurité. On peut même observer, dans la photo ci-dessus, un chien qui fait le tour des palettes avec son maître pour détecter les possibles produits dangereux ou illicites.
Voici une dernière photo du Norwegian Joy prise de l’intérieur d’une passerelle en cèdre récemment construite près du quai 22 du port de Québec. Le soleil qui filtre à travers les barreaux offre un beau jeu de lumière, le tout capté par un zoom Canon EF 11-24 mm f/4 USM réglé sur 11 mm. On améliore encore l’effet en utilisant le mode pseudo HDR offert par les logiciels de traitement numérique.
L’automne à Québec annonce l’arrivée en grand nombre de bateaux de croisière. Certaines journées voient l’arrivée et le départ de cinq navires. Tous ces passagers débarquent par milliers dans le Vieux-Québec et font le bonheur des commerçants. Pour une première fois à Québec, on pouvait récemment apercevoir le paquebot Mein Schiff 6 amarré au quai 22 du port de Québec.
L’inscription « Mein Schiff » sur le côté signifie « mon bateau » en allemand. Notez la majuscule obligatoire pour le nom commun « Schiff » dans cette langue. Les noms communs s’écrivent en minuscule en français. On observe aussi la mention « Wohlfüllen » sur le côté, qui évoque quelque chose comme « sentiment de bien-être ».
Ce bateau de croisière qui arrive de l’Europe comporte 15 ponts et peut accueillir 2517 passagers. Plus de 1000 employés assurent le service à bord. Pour ce voyage à Québec, il emporte surtout des Allemands. La société qui ravitaille le paquebot à Québec se nomme Hapag Lloyd. Elle bénéficie d’un rayonnement international et est également de propriété allemande.
Hapag Lloyd possède aussi des navires porte-conteneurs et des avions-cargo. Je travaillais à Iqaluit (code d’aéroport CYFB et anciennement connu sous Frobisher Bay), sur la Terre de Baffin, lorsque j’ai pu apercevoir un Boeing 737 tout neuf aux couleurs de la compagnie. Il arrivait de Boeing Field (KBFI) et transitait par le Canada pour le dédouanement et le carburant avant de poursuivre sa route vers l’Allemagne.
La prochaine destination du Mein Schiff 6 en quittant Québec sera Charlottetown sur l’Île-du-Prince-Édouard.
Dimanche 24 septembre 2023, la compagnie Quatre Natures organisait un cours certifié de kayak de mer niveau 1 sur le fleuve Saint-Laurent, à partir de l’île d’Orléans. L’inscription se faisant longtemps d’avance, on devait avoir un peu de chance lors de l’activité, car elle aurait lieu autant par beau temps que par météo pourrie.
Je tente donc ma chance. Heureusement, une journée incroyable attend les six étudiants en cette fin de septembre : plein soleil et une vingtaine de degrés Celsius. Comment doit-on se vêtir pour les circonstances ? On sait que la température du corps humain est de 37 degrés Celsius. Le kayakiste additionne la température de l’eau et celle de l’air et compare le total à la température du corps humain. Le fleuve étant cette journée-là à 18 degrés et l’air autour de 20 degrés, cela donne un total de 38. Ce chiffre étant légèrement supérieur à la température normale du corps, on peut porter des vêtements usuels pour les activités dans l’eau, et non pas une combinaison isothermique.
L’avant-midi sert à couvrir la théorie. Personne ne met un pied dans l’eau. L’instructeur discute de ce que le kayakiste doit obligatoirement avoir à bord, de la qualité relative des différents équipements, de la préparation, des communications et fréquences radio, de la sécurité et de la prévention de l’hypothermie, etc.
Après le dîner, on place d’abord les kayaks sur le gazon puis on apprend le vocabulaire relié à chaque partie du kayak. Par la suite, l’étudiant s’installe dans l’embarcation et se familiarise avec les ajustements des cale-pieds du kayak, la façon de tenir la pagaie, l’installation de la jupette, etc. On apporte ensuite les embarcations sur la rive et la pratique du kayaking débute.
Tout d’abord, on apprend les manœuvres de base. Comment embarquer et débarquer, la trajectoire que la pagaie doit suivre dans l’eau selon que l’on veut avancer, reculer, tourner. On discute de la position correcte du corps, des bras et des poignets sur la pagaie et de l’importance de la rotation du bassin pour forcer adéquatement. On réalise rapidement l’influence des vents de côté sur le kayak, spécialement lorsqu’il n’a pas de dérive ou de gouvernail.
On considère le fleuve comme étant de niveau 2 pour la pratique du kayak. Le courant est important et on compose avec des marées de trois mètres. Le vent autour de l’île est également plus fort qu’à Québec. Le pratiquant de niveau 1 est invité à se trouver des endroits de niveau 1 pour prendre de l’expérience et de ne jamais partir seul à cette étape de son apprentissage.
Pendant les exercices, on aperçoit au large les navires porte-conteneurs et les différents bateaux de plaisance. Les plus gros bâtiments génèrent des vagues qui prennent entre cinq et dix minutes avant d’atteindre la rive. Lorsque celles-ci approchent, l’instructeur avertit les kayakistes novices de se tourner face à l’onde, de façon à limiter les effets sur l’embarcation.
Puis viennent les manœuvres d’urgence : quelle est la procédure pour sortir d’un kayak qui vient de chavirer ? Comment aider quelqu’un qui a chaviré ?
Je n’ai pas eu le temps de me rendre à cette étape du cours. J’ai chaviré avant. Je ne me rappelle pas comment j’ai fait pour m’extirper du kayak et revenir à la surface, mais on ne parle pas ici d’une méthode approuvée. Le cerveau détecte immédiatement le danger et s’organise pour que le corps sorte du kayak et que la tête ne reste pas trop longtemps sous l’eau.
Dans les minutes qui suivent, l’instructeur nous enseigne comment s’effectue la sortie classique d’un kayak chaviré. Nous travaillons par groupes de deux. Au niveau 1, il n’est pas encore question d’utiliser la pagaie pour forcer la rotation du kayak.
Pour obtenir la certification KDM 1, tous doivent se pencher de côté pour que le kayak se renverse. Une fois submergé, l’étudiant se penche vers l’avant, décroche la jupette attachée au kayak, tape lentement trois fois sur la coque du kayak pour signaler qu’il est en contrôle de ce qu’il fait. On veut éviter les réactions imprévisibles. Il se pousse ensuite hors du kayak en plaçant ses mains à la hauteur des hanches sur la hiloire. Dès sa sortie de l’eau, il doit absolument se tenir le long de son kayak, grâce à la ligne de vie. Le tout ne prend que quelques secondes. Ici et là, on entend un peu tousser à la sortie de l’eau, mais sans plus. Une bonne gorgée de fleuve Saint-Laurent renforce le système immunitaire.
Vient ensuite la récupération de la personne dans l’eau. Comme nous travaillons en équipe, le ou la kayakiste en difficulté s’accroche au-devant de notre kayak et demeure là, le temps que l’on rattrape son kayak, le monte sur notre embarcation, le vide de son eau, le retourne et le positionne correctement.
La personne accrochée au kayak lâche ensuite sa prise, et selon la méthode enseignée, grimpe à nouveau dans son embarcation pendant qu’on la tient solidement. L’important ici est de conserver son centre de gravité le plus bas possible. Si la personne ne se presse pas et procède par étapes, l’opération est un succès à tous les coups.
Quelques autres exercices suivent et le retour s’effectue vers la plage de l’île d’Orléans quelques heures plus tard. Une fois tous les participants séchés et rhabillés chaudement, le cours se termine par quelques notions de météo, dont la nécessité de consulter les prévisions et les radars météorologiques ainsi que de revenir rapidement au bord lorsqu’il y a présence de cellules orageuses.
On survole également le calcul de la marée (règle des 12) et la façon d’attacher un kayak sur un toit d’auto. Combien de points de fixations ? Quels sont les équipements disponibles pour faciliter la tâche ? Où doit-on passer les harnais pour éviter de briser le kayak ? Etc.
La remise du certificat KDM 1 se fait environ huit à neuf heures après le début du cours, selon l’évaluation de l’instructeur. J’ai noté que lors du retour à la maison, dans la chaleur de la voiture, je n’avais vraiment pas envie de me presser sur la route. Mais on revient vite à la réalité quand on voit la vitesse à laquelle les autos arrivent derrière soi.
Bref, une journée bien remplie dont on se souvient!
P.-S. Je prends la liberté de traduire les citations du livre « The Man and his Art » de R.G. Smith de l’anglais vers le français, pour faciliter la vie des lecteurs.
« En ce temps-là, nous n’avions pas de télévision. Mes soirées étaient donc utilisées à lire sur l’histoire ou à dessiner, surtout des avions ».
« [Le capitaine de corvette Beaumont] influença ma vie en tant qu’artiste. […] Il participa à l’opération Deep Freeze en Antarctique. Là où d’autres ne voyaient que du blanc et du bleu dans cette contrée glaciale, Beaumont trouvait de merveilleuses couleurs et les appliquait dans ses œuvres. Il ajoutait de l’alcool à ses peintures pour les empêcher de geler, étant donné qu’il travaillait à des températures sous le point de congélation. Il sortait à l’extérieur pour des périodes de 30 minutes, retraitant ensuite à l’intérieur, avant de ressortir de nouveau ».
« C’est Beaumont qui m’apprit la composition, comment balancer les couleurs et comment regarder une scène pour ensuite la transposer sur du papier ou une toile ».
« Beaumont soulignait le fait qu’il n’est pas nécessaire de faire une réplique exacte d’une scène pourvu que le résultat final produise un effet dramatique ».
« Bob Poole […] m’enseigna comment neutraliser un peu les couleurs trop vives. Il m’enseigna également qu’en mélangeant les couleurs, je pouvais ajouter du mouvement aux avions et ajouter un peu de douceur aux lignes trop bien définies ».
« Comprendre la lumière et ses effets est évidemment critique pour un artiste. […] Par exemple, au moment où la lumière du soleil couchant frappe le côté d’un pétrolier, cela crée un ton cuivré très brillant. Nous avons appris que si nous ne pouvions pas imiter cette couleur sur papier en dedans de 30 minutes, la lumière serait perdue et le riche ton cuivré se changerait rapidement en un brun sans vie ».
« Les aspirants-artistes veulent savoir comment dessiner et peindre, mais très peu veulent prendre le temps d’apprendre ».
« Évitez de croire que votre travail ne demande plus d’amélioration. N’arrêtez jamais de pratiquer. Chaque peinture est une autre étape dans une courbe d’apprentissage sans fin. Le succès vient d’un travail acharné, de la discipline et d’un programme constant de pratique et d’apprentissage ».
« La précision demande une étude et une connaissance profonde de votre sujet. […] Généralement, plus de 50 pour cent du temps que j’investis dans une peinture va en recherche ».
« En ce qui a trait à la planification d’une peinture, mon approche consiste à faire plusieurs esquisses d’idées pour la scène que je veux créer avant de décider de la composition finale ».
« Créez la trame de fond en premier, en sachant à l’avance où vous placerez l’avion, qui lui doit être la dernière phase de votre peinture ».
« Ma critique quant à la représentation de l’aviation dans l’art aujourd’hui est que plusieurs artistes sentent le besoin de peindre chaque rivet d’un avion ou chaque ligne d’un navire. Il semble souvent que certains artistes coupent leur avion à partir d’une photographie et le collent sur la trame de fond ».
« […] L’œil et le cerveau font la plus grande part du travail, reliant les points et les lignes. En d’autres mots, vous n’avez pas besoin d’inclure chaque détail, mais seulement une impression de détails ».
« Étudiez le travail des artistes que vous admirez, ou le style de ceux que vous désirez imiter ».
« Certains artistes ne perçoivent un avion que comme un objet mécanique. Par conséquent, leur représentation de l’aéronef est mécanique et figée plutôt que d’offrir du caractère, du mouvement ou une intensité dramatique ».
« Je ne suis pas un homme compliqué et il ne m’a jamais fallu beaucoup de biens matériels pour me rendre heureux. La plupart de mes plaisirs proviennent de ma famille, ma carrière, mes loisirs, mes livres et mes amis. Les autres expériences et opportunités merveilleuses qui se sont présentées à moi étaient le glaçage sur le gâteau ».
Titre : The Man and His Art / An Autobiography (with Rosario « Zip » Rausa) Auteur : R.G. Smith avec Rosario « Zip » Rausa Droit d’auteur : 1999 par R.G. Smith Éditions : Schiffer Publishing Limited ISBN : 0-7643-0755-X
Le YM Saturn est un navire de la marine marchande transportant des produits chimiques. Il appartient à la Yilmar Shipping and Trading, à Istanbul, en Turquie. Il a été construit en 2007 et utilise le pavillon Malte lors de ses déplacements internationaux. On le voit ici en rapprochement de la Ville de Québec, en 2014. À l’arrière-plan, il est possible d’apercevoir le pont de l’Île d’Orléans.
De façon à encadrer le navire lors de son approche, je me suis positionné sur le coin de la rue Buade dans le Vieux-Québec. Les arbres et la rue offraient un cadre naturel dans lequel il était possible de positionner le navire. Les conditions météo étaient variables, avec des averses dispersées qui ont permis d’obtenir une rue offrant quelques reflets. Le bateau était passablement loin, mais la perspective compressée créée par un objectif Canon 70-200mm 2.8 muni d’un doubleur donne l’impression d’une plus grande proximité.
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