Voici l’tape 2 du travail d’agrandissement de la bande dessine de Blake et Mortimer : la valle des immortels. L’album original se trouve au bas de l’image pour donner une ide de l’chelle.
Pour occuper tout l’espace d’une toile 24×36 partir d’un album de bande dessine standard, il faut transformer l’chelle en ajoutant 10 % de plus sur la hauteur. Cependant, quand vient le temps de dessiner le cercle parfait se trouvant tout en haut et gauche de l’album, il faut revenir une chelle normale de façon ne pas trop transformer les visages des deux hros qui nous regardent de face. Le tableau contenant deux chelles ne donnera pas une copie conforme, mais sera tout de même acceptable et raliste.
L’ajout des couleurs constitue une tape un peu plus exigeante, car il arrive souvent que chaque couleur imiter en ncessite quatre pour obtenir l’ambiance dsire. L’exprience passe montre qu’il faut laisser scher plusieurs minutes sur une autre toile toute couleur nouvellement cre pour s’assurer qu’on ne s’loigne pas trop de la couleur recherche. Les erreurs demeurent malgr tout invitables…
En travaillant les jours de mauvaise mto, raison de quelques heures par jour, il semble bien que je complterai la toile d’ici l’t.
Je publierai un troisième et dernier article lorsque j’aurai effectu le travail.
Ce nouvel album des aventures de Blake et Mortimer constitue une très belle surprise. C’est la première fois que Jos-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Antoine Aubin travaillent ensemble et le rsultat de cette collaboration en a tonn plus d’un.
Depuis plusieurs annes, les combinaisons d’auteurs et de dessinateurs se succèdent pour assurer un rythme constant de publication, c’est–dire une bande dessine de Blake et Mortimer par anne.
Pour Dargaud-Lombard, il s’agit d’une source de revenus non ngligeable, cette srie ayant des adeptes travers le monde depuis plusieurs dcennies.
« Huit heures Berlin » nous plonge dans la guerre froide, au moment où le mur de Berlin vient d’être construit. Les lecteurs plus âgs connaissent les vnements entourant la construction du mur, mais pour les plus jeunes il s’agira gnralement d’une première approche de cette priode.
Tout y est dans cet album : quelques notions d’histoire et de politique, les reconstitutions d’poque quant l’architecture extrieure, le mobilier, les vhicules, les couleurs judicieusement choisies par Laurence Croix et surtout un scnario suffisamment bien ficel pour empêcher le lecteur de prvoir le droulement de l’intrigue.
On se promène entre l’Allemagne et les anciens pays du bloc communiste, on marche dans un tunnel cr l’poque par l’Occident pour couter les conversations ayant lieu Berlin-Est, on pnètre dans un ancien asile supposment abandonn depuis longtemps. De plus, comme toujours dans cette bande dessine, le mlange entre le rel et la science-fiction ajoute l’intrêt.
Les auteurs s’efforcent de rajeunir un peu le vieux Mortimer sans toutefois perdre en chemin les inconditionnels. Les femmes obtiennent parfois un rôle positif, parfois ngatif, mais elles ne sont plus des potiches tenant un sac main. Difficile imaginer qu’on aurait pu voir un jour dans un album de cette srie un nu sur un calendrier de garage. Quel scandale ! Ça n’aurait pas pass l’poque où Edgar P. Jacobs travaillait avec Herg pour les albums Tintin…
Bref, un beau succès que ce vingt-neuvième album de la srie. Il est vident que ce trio de crateurs se verra confier d’autres albums.
En fvrier 2023, j’ai commenc le transfert de la couverture de l’album Blake et Mortimer « La valle des immortels – tome 1 » sur une toile de 24 x 36 pouces.
La photo ci-dessus montre l’album original pos sur le haut de la toile et le travail en cours. Il reste encore beaucoup faire avant de terminer le dessin et le lettrage.
Viendra ensuite l’tape de la coloration, pour obtenir des tons aussi fidèles que possible avec l’album original. La couverture comporte de très nombreuses couleurs, ce qui n’est pas le cas avec plusieurs autres albums Blake et Mortimer.
Cet album particulier me rejoint davantage pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les auteurs utilisent dans le scnario un avion de type Cessna C-170B, ce qui me rappelle des souvenirs de pilotage. En effet, une heureuse coïncidence fait qu’en 1981, j’avais travers le Canada en pilotant ce petit appareil datant de 1952. Ce dernier n’tait quip d’aucun instrument de navigation arienne, l’exception d’une vieille boussole. Nous n’tions pas encore l’ère du GPS! J’ai publi le rcit de ce voyage entre St-Jean et Edmonton sur mon blogue.
Une autre raison qui augmente mon intrêt pour l’album est galement lie un souvenir. Sur la couverture, Mortimer se retrouve dans Wan Chai District, un quartier que j’ai pu visiter en 1990 lors d’un voyage Hong-Kong et les Nouveaux-Territoires. À l’poque, le Boeing B-747 de Cathay Pacific avait utilis le lgendaire aroport de Kaï Tak pour son atterrissage et nous avions survol lors de l’approche une manifestation gigantesque de plus de 100,000 personnes qui voulait rappeler l’anniversaire du massacre de Tiananmen Square.
Je publierai d’autres photos de la progression du dessin et de la peinture au courant des prochains mois, en numrotant le titre de chaque article de façon ce que ceux qui s’intressent au sujet puissent s’y retrouver.
Cliquez sur le lien pour l’article sur mon blogue qui porte sur la peinture de « Tintin et l’île noire ».
Dans la photo ci-dessus, vous avez certainement reconnu Tintin habill en Ecossais alors qu’il fait face au mchant docteur Müller. Ces deux personnages font partie de l’album de bandes dessines Tintin et l’île noire . Les Francophones ont probablement tous lu cet album dans leur jeunesse. Et, même devenus adultes, certains d’entre nous (j’en suis) avons revisit cette œuvre de Herg pour y rechercher des dtails qui nous ont forcment chapp jadis.
Les restrictions et le confinement lis la pandmie de Covid-19 m’ont permis de consacrer davantage de temps au dessin et la peinture. J’ai dcid de recopier la couverture de l’album de Tintin « L’île noire » en employant de l’acrylique.
Le dessin l’chelle d’un album Tintin se rapproche d’un ratio 2 : 3 et donc le format 24 pouces par 36 pouces faisait parfaitement l’affaire. Ci-dessous, on peut comparer la diffrence d’chelle entre le livre original et le dessin en devenir.
Un crayon mine 2H pour le dessin sur la toile exigera moins de travail au moment d’effacer les traits les plus vidents et de poser la peinture. Celui que j’ai utilis (HB) tait trop fonc et a demand plus d’attention que prvu.
Reproduire un album de Tintin nous amène constater progressivement le gnie de Herg, ce crateur belge. On s’attarde sur ses choix ditoriaux, la composition, les angles. Dessiner les rochers de l’île noire et leurs ombres est, cet gard, très rvlateur.
Dans la photo ci-dessus, Tintin se dirige vers l’Île noire. On le sent anxieux, d’où sa posture lgèrement penche vers l’avant. Il scrute l’île droit devant. Herg aurait pu le dessiner bien droit sur son bateau, confiant. Il a choisi de le positionner comme tant plutôt observateur d’une situation problmatique. De même, Milou nous regarde avec un air inquiet et on doit rpter exactement son expression pour ne pas changer l’atmosphère de la scène.
Il manque encore les oiseaux noirs autour de l’île, dont un semble se diriger tout droit vers Tintin. Vous les verrez dans le prochain article : ils sont nombreux, noirs et ne semblent pas très amicaux.
Le ciel, quant lui, n’est pas couvert de jolis cumulus mais plutôt de nuages stris et effils envahissant l’horizon, plusieurs ayant l’apparence pointue d’une dague. Placs de façon oblique travers la couverture pour plus de dynamisme, Herg leur a galement donn une forme lgèrement circulaire.
Au moment de peindre les lettres, on se rend compte des choix ditoriaux de Herg. Plusieurs de ces particularits exigent notre attention, dont la lettre « O » qui n’est pas ronde mais ovale et penche sur le côt. Egalement, Herg aligne les deux mots du titre droite et cela a une incidence au moment de calculer les espaces entre les lettres.
En essayant de reproduire exactement une couleur, on doit effectuer plusieurs essais pour dcouvrir la recette. Souvent, on combine trois ou quatre couleurs afin d’en arriver un rsultat satisfaisant. Et lorsque la tonalit nous satisfait, une surprise nous attend : une fois pose sur la toile, la peinture acrylique change de couleur et devient beaucoup plus fonce en schant. Tenter de prvoir le rsultat après schage devient ncessaire pour viter d’avoir recommencer.
Nous avons tous entendu parler du drame vcu par les habitants de Lac-Mgantic en 2013, alors qu’un train ptroliersans conducteur de la compagnie CP tirant des centaines de wagons de ptrole explosif, draille en pleine nuit, explose et tue 47 habitants de la ville.
La bande dessine (ou roman graphique pour certains) « Mgantic – Un train dans la nuit » vient complter ce que l’on pensait connaître de cette histoire vcue, en exposant plusieurs informations capitales passes sous silence ou survoles trop rapidement par les mdias.
L’autrice Anne-Marie Saint-Cerny a travaill durant des annes sur le dossier et, pour bien transmettre le contenu et les motions en images, s’est assur le concours de Christian Quesnel. Le rsultat est extrêmement intressant. La formule fonctionne : les dessins sont d’une grande prcision, la mise en page laisse de l’espace pour la rflexion, les couleurs sont choisies judicieusement.
Dans l’explosion du train Lac-Mgantic, il y a plusieurs facteurs en jeu, dont :
Des dirigeants de la compagnie CP qui font des choix catastrophiques.
Un dsir de satisfaire, comme toujours, les exigences des actionnaires. On coupe le personnel et on s’auto-value quant la scurit.
Un seul chauffeur est autoris pour un train transportant des centaines de citernes d’explosifs.
Les politiciens donnent leur accord avec les nouvelles coupes proposes par la compagnie.
On a affaire de la pense magique: en cas de ppin avec le chauffeur, le train s’arrête tout seul grâce un mcanisme qui, pourtant, est toujours susceptible de faire dfaut ventuellement.
Les rails ne sont pas ce qu’il y a de plus rcent.
Le transportde la marchandise dangereuse est accord une compagnie la rputation douteuse, la MMA.
Les citernesDOT-111 utilises sont dcries comme tant trop fragiles pour les matières dangereuses et cibles dans plus de 25 enquêtes.
Il y a galement une entente pour trafiquer les bons de connaissement du ptrole. Au lieu d’indiquer comme il se doit le code PG1 (le plus dangereux, le plus explosif), on dcide d’inscrire PG111 (pas dangereux).
La locomotive de tête est use au maximum.
Le chauffeur signale un problème avec sa vieille locomotive. On lui dit de forcer la note, de continuer sa route.
À Lac-Mgantic, le train chauffe. On dit au chauffeur d’appliquer les freins, de laisser l’engin fonctionner, qu’il va refroidir. On autorise le chauffeur quitter les lieux et aller se coucher. C’est une des rpercussions d’autoriser un seul conducteur.
Dans la nuit, un feu est signal sur la locomotive de tête, celle qui avait des problèmes. Le moteur est coup par les pompiers. « En teignant le moteur, la pression d’air dans les freins pneumatiques est relâche. Eventuellement, le train commencera se mettre en mouvement seul et descendre la pente vers Lac-Mgantic ».
Avec un seul chauffeur qui est forcment aller dormir huit heures, il y a maintenant 5 000 000 de litres d’explosifs en marche que personne n’arrêtera.
« Les pompiers croient combattre du ptrole peu inflammable. Ils ignorent que le CP et World Fuel ont falsifi les papiers, camouflant leur ptrole class le plus explosif et dangereux ». Il y a 47 morts, dont plusieurs suicids.
Maintenant qu’il y a eu une catastrophe, les personnes impliques directement ou indirectement se renvoient la balle, comme c’est la coutume lors de tragdies. Le livre mentionne, au niveau politique, les noms de Denis Lebel, Lisa Raitt, John Baird et plus tard Marc Garneau. Au niveau des compagnies, l’autrice mentionne Hunter Harrison, PDG de CP, et Edward Burkhardt, PDG de MMA.
Les changements se produisent, mais pas ceux que l’on pense…
Naomi Klein analyse la « stratgie du choc » conçue par Milton Friedman. Dans l’tape 1, « on profite de ce que la population est encore tourdie : elle ne pourra s’opposer ce que l’on veut lui imposer ». On change le zonage en vitesse pour inclure l’expropriationde maisons qui sont totalement en dehors de la zone touche par la catastrophe. Il y en a qui s’intressent aux terrains…
Dans l’tape 2 de la « stratgie du choc », on « prtexte une dcontamination obligatoire pour faire table rase de l’Ancien Monde. Exclure la population du lieu du drame, pour qu’elle ne puisse s’y accrocher, pour qu’il n’y ait plus de retour possible ».
Enfin l’tape 3 : « Face une population dont le choc a t exacerb par la destruction de ses repères et habitudes, on peut lancer une reconstruction ou « rinvention » qui sera reçue avec une acceptation rsigne ». On a le cas de gens vivant Fatima, un secteur loign et pargn par la catastrophe : le propritaire doit signer en vitesse son expropriation sinon il perd tout. Quand les proprios sont enfin tasss, c’est une pharmacie Jean Coutu qui vient s’installer sur les terrains librs.
Côt lgal, on arrête les petits joueurs et on limite l’enquête au maximum. Des prises de contrôle sont effectues et les rendements aux actionnaires dmultiplis.
Le livre fait talage de certaines manœuvres politiques et entrepreneuriales visant protger les compagnies ferroviaires. Même l’aube de 2022, soit huit ans plus tard, les rails passent toujours au centre-ville de Lac-Mgantic.
« MMA-Canada, essentiellement en faillite, n’a rien pay et n’a pas t poursuivie en justice ».
« Rien n’a chang dans les lois ferroviaires au Canada depuis la tragdie : les compagnies s’auto-rglementent, s’auto-surveillent et, en cas d’accident, s’auto-enquêtent. Ainsi, c’est le CP lui-même qui a enquêt sur la mort de trois de ses employs lors d’un accident survenu en fvrier 2019 en Colombie-Britannique. L’enquêteur du CP, empêch d’enquêter, a dnonc son employeur et rclam une enquête indpendante de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Bureau de la Scurit des transports du Canada (BST), une enquête immdiatement accepte par l’enquêteur en chef responsable du cas au BST. Le jour même, cet enquêteur du BST a t dmis de ses fonctions. L’enquêteur du CP a conclu sur un no-fault du CP ».