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La Terre a soif.

La Terre a soif, par Erik Orsenna.
La Terre a soif, par Erik Orsenna.

J’apprécie Erik Orsenna pour son érudition, sa pensée cartésienne, sa poésie et sa capacité à rechercher le détail qui amusera le lecteur tout en l’informant. Dans son livre, l’auteur aborde avec un même confort une grande variété de thèmes portant sur l’histoire, la religion, la philosophie, l’environnement, les changements climatiques, les énergies renouvelables, la science pure, la politique et l’économie.

Étant d’abord un homme de terrain, il a rapidement reconnu la nécessité de développer et conserver des contacts politiques dans de très nombreux pays de façon à faciliter ses déplacements dans des zones souvent considérées comme problématiques. Le lecteur bénéficie de ces accès privilégiés.

Dans la « La Terre a soif », il nous présente le portrait de trente-trois fleuves à travers le monde. La liste n’est bien sûr pas exhaustive, car pressé par l’éditeur après des années de voyage et d’observations, il a bien fallu qu’il finisse par pondre son bouquin. Je sais bien que si cela ne tenait que de lui, il serait encore sur la route à accumuler des informations toutes plus intéressantes les unes que les autres.

Voici quelques-uns des fleuves dont il est question dans ce livre: Mississipi, St-Laurent, Nil, Loire, Congo, Gange, Mékong, Colorado et même les deux fleuves de Panama. Le plus petit des fleuves mentionnés dans le livre coule en Bretagne et se nomme Trieux, alors que le plus important est l’Amazone au Brésil.

Avec certains pays plus puissants comme la Chine ou Israël, la négociation pour l’administration équitable d’un cours d’eau s’avère difficile. Les barrages construits réduisent le débit en aval et les plus petits pays environnants s’arrangent avec ce qui reste. La captation des eaux assèche aussi les terres sur de grandes distances, affectant la production agricole.

Le transport maritime local doit également s’adapter à la diminution du débit, par exemple pour le canal de Panama : « Le manque d’eau, c’est justement la grande crainte de Panama. On se rappelle que le cœur du canal est le grand lac Gatún. S’il s’asséchait, les bateaux buteraient sur des rochers et du sable : ils ne pourraient plus transporter leur cargaison d’une mer à l’autre. Les camions devraient prendre le relais » (p.242).

À l’opposé, l’auteur montre qu’il y a moyen de gérer un important cours d’eau en en faisant bénéficier les pays riverains et cite en exemple la gestion du fleuve St-Laurent par les États-Unis et le Canada.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser quand il s’agit de traiter d’environnement et de rareté de l’eau, tout n’est pas que négatif dans ce livre. Au contraire, Erik Orsenna a compris que le lecteur en a un peu marre des propos alarmistes. L’auteur a donc conçu un bouquin très bien balancé où il est possible de faire évoluer la pensée du lecteur sans que ce dernier sente le besoin de prendre un antidépresseur à chaque chapitre.

Cliquez sur le lien pour d’autres livres portant sur l’environnement et la géopolitique dans mon blogue.

Titre : La Terre a soif

Auteur : Erik Orsenna

Éditions : Fayard

© 2022

ISBN : 978-2-213-72075-3