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« Papa » par Régis Jauffret

Le roman "Papa" de Rgis Jauffret.
Le roman « Papa » de Rgis Jauffret.

Autant Sorj Chalandon, dans son roman « Enfant de salaud », que Rgis Jauffret dans « Papa » tentent de saisir la personnalit nigmatique de leur père. Celui de Sorj Chalandon aurait t rsistant et traître la fois, alors que le père de Rgis Jauffret aurait t film en sortant d’une sance d’interrogatoire de la Gestapo, la terreur sur le visage. Où se situe la vrit ? Qui sont vraiment ces pères ?

Dans un texte prcdent, j’ai prsent le livre « Enfant de salaud ». Au tour maintenant du roman « Papa » de Rgis Jauffret.

Comme on peut s’y attendre avec Rgis Jauffret, le style d’criture diffère radicalement. L’auteur est laurat du prix Goncourt de la nouvelle (2018) pour son roman « Microfictions 2018 ». Son sens de la synthèse, de l’humour noir et même du cynisme fait de ce retour dans le pass du père une aventure littraire autant qu’historique. Le lecteur comprend rapidement que l’auteur se fait plaisir en prsentant ses dcouvertes. Il ajoute même un peu de fiction au besoin.

Fidèle mon habitude quand il s’agit de Rgis Jauffret, je prsenterai son livre travers des citations choisies. En effet, l’intrêt du livre rside autant dans le contenu que dans la façon dont Rgis s’exprime pour clairer son propos. Voici donc quelques citations susceptibles de donner le ton du bouquin :

« Elle me raccompagne ravie, limite hilare, en me donnant de lgères tapes dans le dos ».

« — J’ai communi.

Quelqu’un m’a fait remarquer en sortant que je n’tais pas croyant.

   — Justement, une hostie ou des chips.

      J’ai souri mais après ce blasphème je n’en menais pas large. Quand on a t duqu religieusement on conserve toujours dans un repli de son cerveau la terreur de Dieu ».  

« Il venait d’avoir un AVC qui loin de le handicaper semblait l’avoir ragaillardi ».

« Elle me raconta que l’humidit avait fait sauter le bois de placage [du cercueil]. Ne restait plus qu’une caisse de planches noircies. Je n’tais pas d’humeur assez badine pour appeler la dame des pompes funèbres afin de faire jouer la garantie ternelle dont jouit sans doute ce genre de produits mtaphysiques ».

« Un de ces souvenirs de bonheur qui vous donnent raison de n’être jamais entr chez un armurier pour acheter de quoi vous tirer une balle dans la tête ».

« […] Alfred avait pour consigne de serrer les dents pendant le coït sans mettre un soupir tandis qu’elle demeurerait aussi stoïque que lorsque sans anesthsie le dentiste taquinait une de ses molaires du bout de sa fraise ».

 « Par l’entremise du vaste pavillon en cuivre d’un gramophone perch sur un pidestal dont on avait vol la statue, Edith Piaf gueulait “J’ai dans avec l’amour” tandis que du sous-sol montaient les cris des martyrs ».

« Ecrire sur soi-même est une forme d’incontinence ».

« On est condescendant avec les sourds sans statut ni talent mais on prfère les frquenter parcimonieusement. Quand on ne les a pas aperçus assez tôt pour s’être planqu derrière un engin de chantier ou un homme volumineux, on les salue de loin en filant ».

« Si je n’avais pas vu ces images, tu serais rest dans les gouts de ma mmoire ».

« Si je dure aussi longtemps que Madeleine, je serai un centenaire qui ruminera inopinment son père dans son cerveau dessch comme un raisin de Corinthe tandis qu’un aide-soignant bâti comme un colosse balancera jambes en l’air mon corps dcharn pour changer ma couche ».

« Minable descendante de protozoaires devenus difficultueusement êtres multicellulaires pourvus d’encphale, l’humanit n’a aucun motif de pavoiser ».

« C’est hroïque en temps de guerre d’assumer le rôle de bourreau quitte se tromper parfois puisque dans les situations extrêmes le doute ne profite jamais l’accus ».

« Il discourait du matin au soir. La moindre personne connue de lui rencontre dans la rue se voyait douche de langage comme un imprudent sur une jete un jour de tempête par une dferlante. À son bureau, tout le monde en tait tremp. Si bien qu’on le fuyait mais il parvenait toujours trouver quelqu’un qui par gentillesse se laissait inonder ».

« Je ne l’ai jamais entendu non plus parler de sa journe. Il avait fait beau, il avait neig, il avait plu, un chamois avait travers la piste en queue-de-pie, un homme touch par l’orage s’tait enflamm, une dame tait tombe dans une crevasse en chantant une cantate de Jean-Sbastien Bach ».

« Pendant ce temps, Jean-Jacques et Honor entreprirent les sœurs rouges comme de la viande bleue de se retrouver en prsence de deux garçons dont les pantalons la mode du temps moulaient l’appareil gnital dont elles redoutaient par avance la piqûre ».

Bonne lecture !

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Titre : Papa

Auteur : Rgis Jauffret

Editions : Roman/Seuil, 2020.

ISBN : 978-2-02-145035-4

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Comportement humain

La puissance de la joie

Frdric Lenoir est un homme aux multiples facettes : philosophe, sociologue, chercheur, il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont t traduits dans une vingtaine de langues. Ci-dessous se trouvent quelques passages de son livre « La puissance de la joie ». Ces citations visent vous donner une ide de l’tendue des sujets couverts dans ce livre pratique qui mrite d’être relu plusieurs reprises.

Couverture du livre "La puissance de la joie"
Couverture du livre « La puissance de la joie »

« Le bonheur, c’est de continuer dsirer ce qu’on possède dj ». (Formule attribue St-Augustin). p.24

« Ce qui fait la valeur d’une vie n’est pas la quantit de choses que nous y avons accomplies, mais la qualit de prsence qu’on aura place dans chacune de nos actions ». p. 60-61

« La joie […] est le fruit d’un amour altruiste qui consiste se rjouir du bonheur de l’autre. » p.71

« La comparaison et la jalousie secrètent du malheur, alors que de se rjouir des qualits et de la russite d’autrui est source de joie. » p. 72

« La vie est un change permanent. Nous recevons, apprenons donner. » p.78

« La sagesse stoïcienne nous invite ne pas lutter vainement contre les vnements de la vie qui ne dpendent pas de nous. Le lâcher-prise, dans ce sens, n’est pas du fatalisme, mais une prise de distance, une forme de dtachement. Il est l’acceptation de la vie. » p. 82

Quatrième de couverture du livre "La puissance de la joie"
Quatrième de couverture du livre « La puissance de la joie »

« Il est capital de prendre soin de son corps, de tout faire pour le maintenir en bonne sant par une nutrition saine et quilibre, un bon sommeil, de l’exercice physique. » p. 91

« Il est stupide et vain de vouloir être aim par tout le monde. Cela est valable aussi dans toutes les situations professionnelles. » p.106

« La plus grande servitude, celle qui nous plonge dans la plus grande peine, c’est la servitude l’gard de nos propres passions. Rien n’est plus important que d’accomplir ce patient travail sur nous-mêmes : nous affranchir de nos tyrans intrieurs, non seulement pour parvenir la joie mais aussi pour amliorer le monde. » p. 108

« Un être humain qui est parvenu surmonter ses passions, les transformer en joies actives, ne peut plus nuire autrui. Il a vaincu en lui l’goïsme, la jalousie, l’envie, le besoin de dominer, la peur de perdre, le manque d’estime de soi ou une trop grande estime de soi, bref tout ce qui cre des conflits entre les individus et les guerres entre les peuples » p. 117

« J’ai une toute autre vision de l’amour. Je le vois comme une relation ouverte et saine, où l’on est heureux que l’autre ait un jardin secret, où il peut dambuler sa guise, avoir des amis, des relations qui lui sont propres sans que nous vivions pour autant dans une inscurit permanente. » p.133

« Ce n’est pas en refusant les souffrances de la vie qu’on trouvera le bonheur, mais en les acceptant lorsqu’elles sont invitables et en comprenant que nous pouvons aussi grandir travers elles ». p. 182-183

« La question primordiale n’est pas de savoir si nous sommes contents de nous-mêmes, mais si nous sommes contents de quoi que ce soit » (Nietzsche) p.185

Titre : La puissance de la joie
Auteur : Frdric Lenoir
Editions : Fayard
ISBN : 978-2-213-66135-3
© Fayard 2015