Avec tout ce qui se publie aujourd’hui dans une année, on doit forcément prendre des risques ici et là. Au Salon du livre de Québec 2023, j’ai tenté ma chance avec deux ou trois bouquins dont je n’avais pas entendu parler. Celui qui m’a surpris le plus était un petit roman du nom de Von Westmount.
Le design de la couverture attirait l’attention. En voyant la maison cossue et le terme Westmount, je me doutais bien qu’un détour dans l’ouest de Montréal s’imposerait. Pour les personnes n’habitant pas le Québec, on connaît Westmount en tant qu’un secteur plus aisé financièrement et où la majorité des habitants utilisent la langue anglaise comme moyen de communication, dans un Québec majoritairement francophone.
Pendant l’année où l’on suit Aline, l’héroïne de Jules Clara, elle abat péniblement des petits boulots et mène sa vie tant bien que mal jusqu’à ce que le hasard lui permette de tenter sa chance avec un nouvel emploi.
Elle se retrouve éventuellement dans le milieu anglophone de l’ouest de Montréal et, à travers elle, nous témoignons du mode de vie et des conversations se déroulant dans une résidence privée de la ville de Westmount. Est-ce que l’héroïne une fois installée dans cette résidence cossue saura s’adapter rapidement à ses nouvelles fonctions et faire les choix conformes à ses intérêts et ses valeurs? Comment évoluera sa vision de Montréal au sens propre et figuré?
J’ai adoré ce petit livre jusqu’à la fin. Il convient de noter que certaines personnes ont eu de la difficulté à comprendre la conclusion, une conclusion qui me semblait certainement un choix logique à inclure dans une histoire de ce genre.
Des gens ont aussi contesté l’utilisation de la langue anglaise pour quelques sections du roman. En ce qui me concerne, je crois que cette langue avait tout à fait sa place et jouait un rôle important dans le déroulement du récit. Mais il faut bien connaître l’anglais et non en balbutier quelques mots.
Bref, vous passerez un très bon moment avec Von Westmount si vous appréciez un livre bilingue et que vous vous intéressez à la dynamique spéciale entre l’ouest et l’est de Montréal.
Cliquez sur le lien pour d’autres romans sur mon blogue.
La communauté musulmane de Québec vient de perdre six de ses membres, et peut-être davantage, selon ce qu’il adviendra des personnes qui sont actuellement aux soins intensifs. Je leur offre bien humblement, en tant que Québécois de la Ville de Québec, et en tant que Canadien, mes plus sincères condoléances.
Il est difficile pour moi de réaliser que dans ma ville si belle et si tranquille, un tel acte puisse être commis. Mais tous les citoyens qui ont vécu une telle tragédie dans leur ville se disent la même chose. Parlez-en aux Français ou aux Berlinois. Québec n’est donc pas différente.
Le maire de la Ville de Québec, Régis Labeaume, était tout heureux des statistiques récentes concernant les actes violents à Québec : imaginez, vingt-et-un mois sans homicide. Et voilà qu’en plein Carnaval de Québec, au moment où la ville invite citoyens et touristes à profiter des joies de l’hiver et du plaisir d’être ensemble, une ou des personnes déséquilibrées venant du Québec s’attaquent à d’autres Québécois pacifiques. Pas fort.
Le terme « terrorisme »
Je ne sais pas trop exactement pour quelle raison précise, mais il semble bien que l’on désignera les meurtres de masse du 29 janvier 2017 à Sainte-Foy, Québec, comme du « terrorisme ». Probablement parce qu’il vise une communauté spécifique qui pratique une religion différente de celle du ou des tueurs. Ou qu’il vise à terroriser des individus. Ou les deux.
Le mot « terrorisme » est à la mode. Aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump ferme sa frontière aux pays suspects, au cas où un « terroriste » potentiel se glisserait parmi les gens arrivant au pays.
On a vite fait d’oublier, pour prendre des raccourcis politiques faciles, qu’il y a des citoyens américains encore plus dangereux, ceux qui n’arrivent pas de l’extérieur, ceux qui tuent des dizaines de milliers d’américains par année avec les multiples armes qu’on leur laisse le droit de posséder grâce à une Constitution qui n’est pas écrite pour s’appitoyer sur les vies fauchées depuis des décennies.
Malgré le carnage à gauche et à droite, incluant la mort de dizaines d’enfants dans les écoles, il ne s’agit pas de « terrorisme » et il n’y a donc pas de mesure drastique de prise. On tergiverse pendant quelques semaines après une tragédie et puis tout revient à la normale. Le meurtre « terroriste » a cependant une bien plus grande signification sociale que tout autre meurtre. Et il permet de fermer les yeux sur le laisser-aller généralisé quant au droit de n’importe qui aux États-Unis d’acquérir pratiquement ce qu’il veut quant aux armes à feu et de s’en servir comme bon lui semble. Mais si vous venez de l’Irak, alors là, attention! Danger!
Quelques photos de la belle Ville de Québec
En attendant, je mets en ligne quelques belles photos de la Ville de Québec, comme je l’ai fait pour la France lors des récents attentats. Elles ont été prises avec un appareil-photo Canon 5DSR. C’est une autre façon de dire aux citoyens et aux visiteurs que Québec, comme Paris, Nice ou Berlin, est une belle ville, normalement très paisible et pleine de gens heureux. Et qu’on ne va pas se laisser dicter nos actions et nos façons de penser par les êtres les plus violents et très souvent les plus mentalement fragiles de nos sociétés.
(Histoire précédente : la licence d’instructeur de vol)
Au début des années 80, la crise pétrolière oblige les compagnies aériennes à limiter fortement l’embauche. Cela n’est pas apparent au moment où nous suivons notre formation de pilote, mais devient une réalité incontournable au moment de faire une demande d’emploi un an plus tard.
Cependant, du côté gouvernemental, la situation est bien différente. Transports Canada est à la recherche de nouveaux employés pour remplacer le personnel approchant l’âge de la retraite. La seule option qui m’est immédiatement accessible est un poste de spécialiste en information de vol (FSS). Je sais vaguement ce que cela représente, sans plus. Mais les conditions salariales et d’emploi sont autrement meilleures que celles offertes à un instructeur de vol à ses débuts. Il faut plonger.
Pour le Québec, deux examens écrits, sans aucun lien avec l’aviation, se tiennent au Pavillon Judith-Jasmin de l’Université du Québec à Montréal. En deux jours, 1500 postulants se succèdent pour tenter de réussir ces tests. Dans les semaines et mois suivants, ceux qui se sont qualifiés sont soumis à une entrevue de même qu’à des tests linguistiques, médicaux et de sécurité.
Nous sommes maintenant trois candidats du Québec à nous diriger vers l’école de Transports Canada à Cornwall pour y recevoir un entraînement théorique et pratique qui durera plusieurs mois. Il y aura trente-cinq heures de cours théorique et pratique par semaine. La pression sera continue et désirée, de façon à éliminer les candidats susceptibles de présenter des problèmes quant au stress.
Nous serons payés pour étudier. Un candidat aura droit à un emploi assuré à condition de réussir des dizaines d’examens écrits et d’évaluations pratiques, sans avoir plus de deux notes sous 80 %. Étant donné que le cours FSS 82-01 ne s’adresse pas qu’aux Québécois seulement, il ne sera pas offert en français. Le tout se fera donc dans la langue de Shakespeare et le groupe d’étudiants sera composé de Canadiens provenant de presque toutes les provinces.
L’école de Transports Canada à Cornwall n’est rien de moins qu’exceptionnelle pour celui qui est décidé à étudier et réussir.
Pour aider l’étudiant à endurer trente-cinq heures de cours par semaine et de fréquents examens, l’école dispose d’installations très intéressantes. Chaque étudiant a sa chambre privée avec service de nettoyage quotidien. Une cafétéria offre trois choix de mets pour chaque repas. Les calories peuvent être brûlées à la piscine, au gymnase, à la salle d’haltérophilie, sur les terrains de tennis ou de baseball. Un casse-croûte demeure ouvert pour les fringales de fin de soirée. Un comptoir bancaire est mis à la disposition des étudiants, de même qu’un salon de coiffure, un bar, une salle de jeux vidéo, des tables de billard, etc.
De façon à ce que l’on comprenne ce qui nous attend, on nous annonce qu’il y a traditionnellement dans chaque classe plusieurs étudiants qui ne pourront suivre le rythme et qui devront être renvoyés chez eux, malgré leurs efforts. Pour un francophone dont la vie quotidienne ne comportait pratiquement aucun usage d’une autre langue , il est évident que d’intégrer de la nouvelle théorie présentée en anglais durant sept heures et demie par jour et cinq jours par semaine devient exigeant. Je dois compenser les moments où ma concentration diminue par des études en soirée.
Il y a une bibliothèque de même que de nombreuses salles équipées de différents simulateurs conçus pour toutes les carrières envisagées par les étudiants.
Dans la cour intérieure, les étudiants peuvent apercevoir un paon et d’autres petits animaux se promener, de même qu’entendre une source d’eau couler dans des aménagements paysagers très bien planifiés. Les avantages offerts sont tout simplement renversants. Le message est clair : « Transports Canada ne vous demande que d’étudier et réussir. Pour ce qui est du reste, on s’en occupe.».
Finalement, le grand jour arrive. Les étudiants ayant réussi à se rendre jusqu’au bout célèbrent leur remise de diplôme.
Les affectations sont distribuées. Ceux qui travailleront dans les postes nordiques savent très bien que l’horaire de travail ne comprend pas de congés et donc qu’ils seront en devoir tous les jours. Le nouvel employé sera naturellement rémunéré pour les heures supplémentaires et le coût de la vie plus élevé, de même qu’il bénéficiera d’un loyer subventionné.
Mon départ est prévu sous peu pour Inukjuak (CYPH), un poste situé le long de la côte est de la baie d’Hudson, au Nunavik. La vie prendra bientôt un virage radical.
(Prochaine histoire : en route vers la première mutation : Inukjuak)