A Man, a Time and the Deadliest Hurricane in History
Pour les personnes bilingues, je suggère la lecture de « Isaac’s storm ». Le livre relate les vènements entourant une catastrophe cause par un ouragan majeur ayant eu lieu aux Etats-Unis en 1900. L’auteur prend soin de vulgariser les notions scientifiques relies la mtorologie sachant bien qu’une grande partie de son lectorat n’a que des connaissances lmentaires quant cette science.
J’ai apprci la façon dont les vènements sont raconts, car les dtails ne se limitent pas seulement la catastrophe humaine ou matrielle qui dcoula du passage de l’ouragan sur Galveston et les villes environnantes. On y discute du dveloppement des services mtorologiques aux Etats-Unis, des quipements utiliss l’poque, de l’aide apporte par les capitaines de bateaux quant aux observations mto, des pressions politiques et commerciales sur le personnel du US Weather Bureau.
La catastrophe de Galveston ne dpend pas du mauvais fonctionnement des instruments mtorologiques ni de leur limitation. Elle a plutôt t cause par les gos dmesurs du prvisionniste Isaac Cline et de ses patrons, de même que par des pressions de toutes sortes sur Isaac en tant qu’observateur et prvisionniste.
Isaac Cline : un go dmesur
Isaac avait acquis une excellente rputation au cours des annes. Peu peu, son approche scientifique fit place une certitude d’avoir toujours raison et au dsir d’être perçu comme une sommit dans le domaine de la mtorologie. Dans un de ses crits, il rfute ouvertement cent annes de connaissances accumules en mtorologie.
La population de Galveston avait demand qu’un brise-lames soit construit pour tenter de limiter les dgâts potentiels causs par un ouragan majeur. Mais Isaac crivit un article dans lequel il expliquait que Galveston n’tait pas susceptible de recevoir de plein fouet les effets d’un ouragan important. Le brise-lames n’tant plus vu comme un projet pressant, l’ide de sa construction fût abandonne.
Un go plus grand que nature de la part de certains administrateurs du US Weather Bureau
Sur l’île de Cuba, en 1900, il y avait des observateurs amricains travaillant pour le US Weather Bureau et des observateurs cubains chargs de surveiller la mto pour leur propre pays. Les Cubains, en tant que rsidents naturels de l’île, avaient progressivement acquis une grande exprience dans la prdiction du passage et de la trajectoire des systèmes mtorologiques majeurs. Les grandes puissances ayant une tendance naturelle sous-estimer les capacits et l’exprience des habitants des plus petites nations, les avis des Cubains furent balays du revers de la main.
Si le US Weather Bureau avait t l’coute des commentaires des observateurs mto de Cuba en 1900, le terrible ouragan qui a dvast Galveston aurait eu des consquences beaucoup moins tragiques. Mais, dans le livre « Isaac’s storm », on constate que les communications ont t volontairement coupes entre les deux pays par le US Weather Bureau. On considrait les prvisionnistes de Cuba comme de pauvres habitants capables de dceler une tempête seulement lorsqu’elle avait pratiquement quitt l’île.
[Ma traduction] « La journe même où le US Weather Bureau publia, dans les journaux de Havana, que l’ouragan avait atteint l’Atlantique, le Belen Observatory (Cuba) crivait, dans les mêmes journaux, que le centre de l’ouragan avait travers la portion est de l’île de Cuba et qu’il atteindrait sans aucun doute le Texas. Quelques heures plus tard, le premier fil tlgraphique annonçant les ravages causs par l’ouragan Galveston tait reçu ». Six jours après la catastrophe de Galveston, le Dpartement de la Guerre des Etats-Unis ordonna que les communications soient rtablies avec les services mtorologiques de Cuba.
De fortes pressions exerces par les commerçants de Galveston sur le prvisionniste et observateur mto
Un premier type de pression sur l’observateur tait d’ordre commercial : il y avait une concurrence entre Houston et Galveston pour dterminer laquelle des deux villes deviendrait le pôle d’attraction commercial dans le sud du Texas. Galveston tait cependant plus vulnrable aux ouragans, car il s’agit d’une île alors que Houston se situe l’intrieur des terres. Isaac Cline, l’observateur et prvisionniste bas Galveston, minimisa les chances que sa ville puisse subir de plein fouet les effets dvastateurs d’un ouragan. Il n’tait pas question de dvaloriser Galveston aux yeux de potentiels investisseurs.
De fortes pressions exerces par des gestionnaires du US Weather Bureau sur le prvisionniste et observateur mto
Un autre type de pression sur l’observateur provenait directement des patrons d’Isaac, au US Weather Bureau. l’poque, les prvisions mto n’taient qu’ un stade lmentaire et le US Weather Bureau voulait viter d’alarmer la population par l’utilisation des mots comme « ouragan ». On ne voulait pas être la rise de la population si le fameux ouragan n’tait en fait qu’une vulgaire tempête. Isaac savait que son rôle consistait retarder le plus possible l’utilisation de ce mot. Pour ne pas dsobir aux ordres et conserver sa cote auprès du Bureau, il s’est ventuellement convaincu qu’il n’y aurait pas de système mtorologique majeur qui approchait Galveston. Il a même conseill la population de rester sur place.
Galveston souffrait et souffre toujours d’une position gographique dfavorable. Les eaux chaudes du golfe du Mexique taient et sont toujours un ingrdient essentiel permettant aux ouragans d’y puiser leur nergie. Mais, dans la catastrophe de 1900, Galveston a galement t victime de la combinaison des gos dmesurs, du manque de jugement et des pressions commerciales et politiques de multiples niveaux exerces sur le prvisionniste et observateur. Au total, environ 10,000 personnes prirent Galveston et des milliers d’autres dans les villes environnantes.
Si la population avait t avise de façon approprie, les dommages matriels auraient malgr tout t extrêmement importants, mais les pertes de vie auraient t ngligeables.
Auteur : Erik Larson
Crown Publishers, New York
ISBN 0-609-60233-0
© 1999