(Histoire prcdente: le gestionnaire qui avait perdu l’apptit)
Durant les annes où la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada Inukjuak (CYPH) tait en activit, il y avait une chose sur laquelle un pilote d’Austin Airways pouvait compter : dès l’arrive de l’avion, il y aurait presqu’ coup sûr des gens sur place pour aider aux oprations de dchargement ou pour offrir les services requis permettant l’aronef de redcoller le plus rapidement possible. En effet, les Inuits du village tlphonaient rgulièrement la station FSS pour savoir si des avions taient prvus, et si tel tait le cas, l’heure estime d’arrive. Nous tions habitus aux questions telles que : « What time plane? », « Is that food plane? », « Is that mail plane? ».
Dès l’atterrissage nous pouvions voir arriver, en provenance du village, des pick-up, un camion-citerne et plusieurs vhicules trois roues Honda. Le maître de poste venait chercher le courrier, les gens du village se pressaient pour saluer les membres de leur famille, et les quelques commerçants aidaient au dchargement de leur matriel ou s’occupaient du ravitaillement en carburant.
L’intrêt tait similaire en ce qui concerne l’arrive des premiers navires de la saison, tard en t. Outre la prsence occasionnelle d’un brise-glace, nous assistions l’arrive d’un navire de la compagnie Shell charg de ravitailler les villages. Des barges charges de centaines de caisses et de machinerie lourde atteignaient enfin les villages du Nord le long des baie d’Hudson et d’Ungava après plus d’une semaine de navigation, profitant de la mare basse pour livrer leur cargaison. Certains de ces vaisseaux avaient t endommags par les glaces durant leur voyage et devaient parfois être rpars sur place avant de pouvoir reprendre leur route.
Une bonne journe, un avion de patrouille anti-sous-marine CP140 Aurora venant de terminer son travail au-dessus de la baie d’Hudson nous contacta pour recevoir des informations. Puisque ses oprations semblaient momentanment termines et qu’il se dplaçait maintenant vers un autre secteur, il lui fût demand de faire une « passe » basse altitude au-dessus de la station d’information de vol. Le pilote accepta et dans les minutes qui suivirent, l’avion passa en trombe près de nos installations pour disparaître quelques instants plus tard dans les nuages. Je me souviens encore du dluge d’appels tlphoniques que le passage de l’aronef occasionna dans le village. Faute de pouvoir apercevoir l’aronef, les gens surpris demandaient : « Is that food plane? » « Is that mail plane? ».
Un survol basse altitude est demand, l’occasion, pour observer un aronef de près et pouvoir entendre le son des moteurs au moment du passage. Cela permet galement la prise d’une photo. Chaque pilote que j’ai connu au cours des annes acceptait avec joie cette occasion de mettre un peu de piquant dans sa routine.
(Prochaine histoire: l’Inuit qui voulait tirer des Blancs avec une carabine de calibre .303)
Pour lire les autres histoires vcues en tant que FSS Inukjuak, cliquez sur le lien suivant: Spcialiste en information de vol (FSS) Inukjuak