(Histoire prcdente : Inukjuak : dernier espoir pour un Twin Otter bas en carburant)
Occasionnellement, un sculpteur Inuit visitait la station d’information de vol (FSS) de Transports Canada Inukjuak (CYPH), de même que les bâtiments environnants pour tenter de vendre sa dernière cration. Le problème principal est que ces visites taient interdites par la cooprative des travailleurs dont font partie les sculpteurs. S’il se faisait prendre vendre sans passer par un intermdiaire, il perdait son droit de vendre sa production la cooprative du village. Mais les tentations de passer outre aux règlements en place taient importantes, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, certains sculpteurs considraient qu’ils ne recevaient pas suffisamment d’argent de la cooprative pour leur travail, surtout que la plupart connaissaient le prix de vente rel de leur œuvre une fois celle-ci rendue sur les talages des magasins du Sud. Deuxièmement, il y avait des sculpteurs qui avaient un srieux problème d’alcoolisme. Ils ne pouvaient se procurer leur boisson Inukjuak, mais savaient que les Blancs avaient gnralement de l’alcool en leur possession. Ils prenaient alors la chance de vendre leur cration en se dplaçant vers les bâtiments où se trouvaient les Blancs, une fois l’obscurit venue.
Certains Blancs profitaient de cette dpendance l’alcool pour acqurir de très belles pièces en change d’une bouteille. Il y avait et il y a toujours plusieurs problèmes associs avec une telle attitude : premièrement, le Blanc perptue les difficults vcues par les communauts autochtones par rapport l’alcool. Nous connaissons tous les ravages causs par l’alcool et les drogues dans certains villages du nord du Canada et c’est pour cette raison que plusieurs emplacements ont mis en place une interdiction stricte de consommation d’alcool. Aucun magasin n’en vend.
Mais un habitant d’un village nordique sait que le Blanc possède de l’alcool dans sa maison. Des employs sont parfois revenus du travail pour s’apercevoir que leur maison avait t visite par un intrus. Rien n’avait t vol sauf l’alcool, bien que des objets de valeur aient t immdiatement la disposition du voleur. Le problème est que des gestes violents sont commis surtout lorsqu’il y a intoxication. Il importe d’viter d’être un acteur indirect d’un drame potentiel.
Le sculpteur tant l’auteur de sa cration, il a parfaitement le droit de prendre un risque pour tenter d’obtenir un meilleur prix pour son travail en vitant la cooprative. Cependant, cela est un coup de ds : ses tentatives vont lui rapporter plus d’argent jusqu’ ce qu’il se fasse prendre.
Une rare occasion d’acheter une pièce directement d’un sculpteur s’est prsente un soir d’hiver alors que je travaillais la station d’information de vol. Un sculpteur s’est prsent avec une sculpture qu’il a dpose sur le comptoir. Elle semblait être de grande taille, du moins d’après le format de l’emballage. Elle tait protge par une simple couverture et devait bien avoir dix-huit pouces de haut par douze ou quinze pouces de large.
Il m’annonça immdiatement qu’il dsirait des spiritueux et rien d’autre. Je lui rpondis que je ne buvais pas de spiritueux. Il me demanda alors de la bière. J’avais de la bière chez moi, mais refusai de lui dire. Je lui offris alors de l’argent qu’il refusa net : il voulait de l’alcool en ce dbut de week-end. Je refusai de modifier ma ligne de conduite et, quelques secondes plus tard, voyais le sculpteur disparaître avec sa cration, confiant qu’il trouverait rapidement le client recherch.
(Prochaine histoire : allgations concernant le massacre de chiens de traîneaux durant les annes » 50 et « 60)
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